Diverticulose : une anomalie le plus souvent bénigne – Test Santé

test santé 99 octobre/novembre 2010
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Même si vous
n’en êtes pas
conscient, il est
possible que votre
côlon présente de
petites hernies ou
diverticules. Cela
ne doit pas vous
inquiéter outre
mesure.
Une anomalie intestinale
le plus souvent bénigne
LA DIVERTICULOSE
Bien des personnes, les hommes
comme les femmes, ont sur la pa-
roi du gros intestin ou côlon de pe-
tites hernies ou "diverticules". Une
anomalie appelée diverticulose.
Leur nombre varie de quelques
diverticules isolés à des dizaines,
voire plus.
Dans près de 80 % des cas, la di-
verticulose n’entraîne aucune
gêne et restera asymptomatique
tout au long de la vie. Ce n’est donc
pas une maladie et il serait insensé
d’examiner tout un chacun pour
véri er la présence ou l’absence
de diverticules. Il arrive qu’un mé-
decin découvre fortuitement des
diverticules lors de l’un ou l’autre
examen de l’intestin, mais s’ils ne
provoquent pas de plaintes, aucun
traitement n’est recommandé.
Rare avant 40 ans, la présence de
diverticules devient plus fréquente
avec lâge : à partir de 60 ans, plus
de la moitié des gens en ont et vers
85 ans près de 7 personnes sur 10.
On ignore les causes exactes du
phénomène. Toutefois, on note un
lien entre une alimentation pauvre
en  bres et le risque de diverticu-
lose. Celle-ci est plus fréquente
dans les pays dits développés,
ce qui serait lié aux (mauvaises)
habitudes alimentaires. Lobésité
semble également un facteur fa-
vorisant, tout comme un manque
d’activité physique.
Parfois des plaintes
peu spécifi ques
Certaines personnes ont périodi-
quement des plaintes peu spéci -
ques, c-à-d qui peuvent avoir des
causes variées : coliques ou dou-
leurs dans le bas-ventre, ballon-
nements,  atulences, constipation
et/ou diarrhée... Souvent, la dou-
leur s’intensi e quand on mange
et s’atténue quand on va à selle ou
que l’on évacue des flatulences.
Dans certains cas ces problèmes
Dans la
plupart des
cas, la
diverticulose
n’entraînera
jamais de
problèmes
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LA DIVERTICULOSE
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tude, que 10 à 25 % des personnes
ayant des diverticules vont un jour
développer une diverticulite. Cel-
le-ci se caractérise notamment par
une douleur intense dans le bas-
ventre et des troubles du transit
(généralement de la constipation,
parfois de la diarrhée), mais aussi
par de la  èvre, une sensation de
malaise général, parfois des nau-
sées et vomissements.
Dans des cas peu sévères, le patient
peut souvent être soigné à domici-
le. Le traitement est un bref régime
liquide (yaourts, bouillons, jus de
fruits sans pulpe...), pour mettre le
côlon au repos. Souvent aussi, on
prescrit des antibiotiques. Nor-
malement, une amélioration se
produit dans les jours qui suivent,
à défaut de quoi il faut aviser.
Si toutefois le patient est très ma-
lade, très âgé ou sou re d’autres
affections, une hospitalisation
s’impose, pour optimiser la prise
en charge. Des examens sanguins
Pour confi rmer un diagnostic
de diverticulite, on procède
généralement à des examens
d’imagerie médicale.
Dix à 25% des
personnes
qui ont des
diverticules
risquent de
développer
un jour une
diverticulite
Les diverticules se trouvent le plus souvent sur la dernière
partie de l’intestin, le côlon sigmoïde
Gros intestin
(côlon)
Diverticules
Coupe d’un
diverticule
Côlon sigmoïde
seraient dus à la présence de diver-
ticules. Mais on ignore totalement
le pourcentage de plaintes réelle-
ment attribuable aux diverticules.
Il peut parfaitement s’agir d’autre
chose, par exemple d’un syndro-
me du côlon irritable. Si le méde-
cin  nit quand même par conclure
que les plaintes sont liées aux di-
verticules, on dira que le patient
sou re de "maladie diverticulai-
re". Pour soulager les symptômes,
on conseille alors généralement
d’augmenter les apports en  bres,
notamment par une consomma-
tion accrue de fruits et légumes
(on espère du même coup réduire
le risque d’une évolution vers une
inflammation potentiellement
dangereuse, la diverticulite, mais
cela reste très hypothétique).
P
our traiter les symptômes, on
préconise parfois aussi des sup-
pléments de fibres (son de blé,
psyllium, méthylcellulose...) ou le
recours à certains laxatifs (lactu-
lose, par exemple). L’utilité de ces
traitements est incertaine.
Certains médecins prescrivent
également des antispasmodiques,
contre les spasmes de la digestion.
Mais il n’est pas démontré qu’ils
soulagent vraiment les symptô-
mes pénibles attribués aux diver-
ticules.
Pour soulager les douleurs ab-
dominales, certains conseillent
aussi le paracétamol. Il n’y a pas
d’études pour con rmer que c’est
e cace. Quant à l’aspirine, l’ibu-
profène et les autres antidouleurs
à action anti-in ammatoire, on les
déconseille le plus souvent, car ils
peuvent endommager l’intestin.
Gare à l’infl ammation
Parfois, les diverticules peuvent
provoquer un saignement. Dans
la majorité des cas, celui-ci se ré-
sorbe spontanément, mais si l’hé-
morragie est importante une hos-
pitalisation peut être nécessaire.
Toutefois, le risque majeur lié à la
diverticulose est l’inflammation
d’un ou de plusieurs diverticules,
un problème baptisé "diverticuli-
te". On estime, sans trop de certi-
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QUE FAIRE ?
La diverticulose
n’entraîne que rarement
des problèmes
´ Une alimentation riche en fruits et lé-
gumes et une activité physique suffisante
réduisent probablement le risque de déve-
lopper des diverticules.
´ Dans la majorité des cas, la diverticulose
ne provoquera jamais de symptômes.
´ La découverte fortuite de diverticules
asymptomatiques ne nécessite aucun trai-
tement.
´ Il peut parfois se produire une infl amma-
tion appelée diverticulite. Une mise au repos
du tube digestif et des antibiotiques suffi sent
le plus souvent pour traiter le problème.
´ Dans des cas particuliers, traiter l’infl am-
mation nécessite une opération.
et d’imagerie médicale (échogra-
phie ou CT-scan, par exemple) se-
ront généralement e ectués pour
con rmer et préciser le diagnostic.
Dans la majorité des cas, on note
une amélioration rapide.
Après guérison, environ un tiers
des patients n’aura plus jamais de
problèmes. Un nombre analogue
continuera à ressentir périodique-
ment des douleurs abdominales,
sans pourtant qu’il soit question
d’une inflammation. Et environ
un tiers sou rira de nouveaux épi-
sodes de diverticulite.
Traitement chirurgical
parfois nécessaire
Parfois, le traitement de l’in am-
mation nécessite une intervention
chirurgicale. C’est surtout le cas
quand il s’agit d’une diverticulite
dite compliquée :
- présence d’un abcès ;
- présence d’une  stule (conduit
anormal qui s’est formé entre le
côlon et un organe voisin, par
exemple la vessie) ;
- occlusion (blocage empêchant le
passage des selles) ;
- péritonite (inflammation qui
s’étend à la cavité abdominale et
qui peut être mortelle).
Il est alors fréquent que l’on doive
dès que le patient avait vécu deux
nouveaux épisodes de diverticu-
lite. On en est un peu revenu. Le
bénéfice réel de cette chirurgie
préventive n’est pas clairement
établi. Si le principe n’est pas
abandonné, on ne devrait en tout
cas plus y procéder automati-
quement après seulement deux
récidives. Signalons encore que
l’on propose parfois même cette
opération aux personnes qui,
après guérison d’une diverticu-
lite, continuent à avoir simple-
ment des douleurs abdominales,
si celles-ci perturbent fortement
leur qualité de vie. Cependant,
on ne dispose pas d’études pour
a rmer que l’e et béné que sup-
posé l’emporte sur les risques et
inconvénients de lopération.
Maurice Vanbellinghen
AMÉLIORER LA PRISE EN CHARGE
ETUDES EN COURS
´
Les traitements de la diverticulite n’ont à ce jour pas été éva-
lués de manière optimale.
´
Parmi les questions en suspens, citons la réelle utilité des
antibiotiques dans les cas non compliqués de diverticulite,
ainsi que l’utilité des ablations préventives (on manque de
données pour décider en connaissance de cause si et quand
cette opération se justifi e).
´
Des études sont actuellement en cours, notamment aux Pays-
Bas, pour remédier à ces lacunes. Les résultats permettront
d’améliorer la prise en charge des diverticulites. Une bonne
chose, d’autant plus que le nombre de cas serait en augmen-
tation.
Les
traitements
de la
diverticulite
sont mal
évalués
enlever une partie du côlon.
Pour ce faire, on a de plus en
plus souvent recours aux opé-
rations laparoscopiques, où l’on
introduit les instruments à tra-
vers de petites incisions. Il n’est
pas certain que cette technique
soit toujours préférable à une
opération traditionnelle à ven-
tre ouvert. Le principal avanta-
ge démontré est que lopération
laparoscopique permet nor-
malement un retour à domicile
plus rapide (par exemple après
5 jours au lieu de 7). En ce qui
concerne notamment le risque
de complications et l’évolution
à long terme, les données sont
moins claires.
Opérations préventives
remises en question
Une opération est parfois égale-
ment proposée aux personnes
qui refont régulièrement des
diverticulites. Il est vrai que les
rechutes peuvent être pénibles.
On peut donc se dire que le
plus simple est encore d’élimi-
ner tout simplement la source
du problème, c-à-d le segment
d’intestin porteur de diverti-
cules. On a longtemps a rmé
que cette opération se justi ait
1 / 3 100%

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