
6  |  La Lettre du Gynécologue • n° 362 - mai 2011    
ÉDITORIAL
e caractère viro-induit du cancer du col de l’utérus 
est formel, et le virus HPV oncogène (une quin-
zaine de génotypes différents) est le seul facteur 
de risque indépendant (nécessaire mais 
non suffisant). La force d’association entre 
ce cancer et cet agent viral est un exemple, à part en 
pathologie humaine, et il est tel qu’il ne peut y avoir de 
cancer du col sans HPV oncogène. Ce cancer fait suite à 
la progression non obligatoire de lésions précancéreuses, 
qui sont toutes la conséquence d’un portage persistant 
en HPV oncogène. Ces états précancéreux relèvent d’une 
prévention secondaire, mais, malgré le dépistage par 
frottis cervico-utérin, le cancer du col reste fréquent avec 
une incidence moyenne estimée en 2005 en France à 7,1 
pour 100 000 femmes. De nombreuses études, rando-
misées et contrôlées pour certaines, démontrent que 
l’intégration de la biologie moléculaire pour la recherche 
du virus HPV améliore le dépistage en diminuant notable-
ment les faux négatifs. Deux vaccins HPV prophylactiques 
extrêmement efficaces sont disponibles, l’un quadrivalent 
dirigé contre les HPV-6, 11, 16 et 18, l’autre bivalent dirigé 
contre les HPV-16 et 18. Ils sont recommandés en France 
par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), avec 
comme population cible les jeunes filles de 14 ans et un 
rattrapage possible chez les 15-23 ans.
Si les outils pour une excellente prévention du cancer du 
col existent aujourd'hui, son impact a été largement sous-
évalué. En effet, le taux de cancers du col évité grâce à la 
vaccination a été calculé sur la base d’une responsabilité 
à l’échelon mondial à hauteur de 70 % pour les HPV-16 
et 18, alors qu’en France, ces 2 génotypes sont respon-
sables à eux seuls de plus de 80 % des cas. De même, 
les condylomes acuminés sont évités par la vaccination 
quadrivalente plus de 9 fois sur 10.
Mais la carcinogenèse HPV induite ne se limite pas au 
col de l’utérus, et même si les forces d’association des 
autres sites n’atteignent pas les 100 %, elles n’en sont pas 
moins importantes. En effet, au niveau du tractus génital, 
d’autres cancers peuvent être dus à l’HPV : le cancer du 
vagin pour 90 % des cas, de la vulve pour 40 % des cas et 
du pénis pour 40 % des cas. De même et plus fortement 
lié, le cancer de l’anus est dû à l’HPV dans plus de 90 % 
des cas et c’est très majoritairement l’HPV-16 qui est en 
cause (plus que pour le col). Enfin, les cancers ORL, en 
particulier de l’oropharynx, sont clairement en relation 
avec les HPV oncogènes.
Tout cela montre, d’une part, que les impacts réels de la 
prévention primaire que sont les vaccins ont été totale-
ment sous-évalués et, d’autre part, qu’il faudra réfléchir 
prochainement à l’extension de la vaccination à l’homme.
La prévention secondaire du cancer du col de l’utérus, qui 
a pour but d’éviter l’invasion, nécessite des méthodes de 
dépistage sensibles pour prendre en charge efficacement 
les lésions précancéreuses. La difficulté post-thérapeu-
tique réside dans notre capacité à affirmer la guérison 
dans cette population à risque réel et prolongé d’inva-
sion ; là encore, les tests HPV sont très utiles. Ces tests 
permettraient également une optimisation du dépistage 
dans des populations à risque majoré comme les immuno-
déprimés iatrogènes.
Il faut donc poursuivre la promotion de la préven-
tion en proposant activement la vaccination dans 
le cadre des recommandations afin d’améliorer la  
couverture vaccinale et son observance, 
et militer pour une organisation 
du dépistage avec une intégration
logique et raisonnée des nou- 
velles technologies.
Ce dossier de La Lettre du Gyné- 
cologue, rédigé par des experts
reconnus de la question, a pour but 
de faire le point, au travers d’une 
approche de certaines populations, sur l’infection et les 
pathologies dues aux HPV et de reparler de la prévention 
au sens large.
Les maladies HPV induites (human 
papillomavirus) ou l’évidente sous-évaluation 
de l’impact de la prévention
HPV infections or the under evaluation of the prevention impact
D. Riethmuller*
* Service de gynécologie obstétrique, hôpital Saint-Jacques, 2, place Saint-Jacques, 
25030 Besancon Cedex.
LG 2011-05 bonne version.indd   6 17/05/11   16:41