198 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXIII - n° 6 - juin 2014
Prévention nutritionnelle descancers
Actualités sur
la PRÉVENTION
physique totale de 5 MET-h/sem.d (3). Pour le cancer
du sein en postménopause, la diminution du risque a
été estimée à 3 % pour une augmentation d’activité
physique de 7 MET-h/sem. (2). Les principaux méca-
nismes qui pourraient expliquer l’effet bénéfi que de
l’activité physique sur le risque de cancer seraient
liés à la diminution des taux circulants de divers
facteurs de croissance et hormones (insuline, IGF-1,
etc.). D’autres mécanismes semblent plus spécifi ques
de certaines localisations : accélération du transit
intestinal réduisant l’exposition de la muqueuse
digestive aux cancérogènes d’origine alimentaire
pour le cancer du côlon ; diminution de la concen-
tration d’estrogènes et stimulation de l’immunité
pour les cancers du sein en postménopause et de
l’endomètre. Pour l’année 2000, il a été estimé que,
en France, environ 2 200 décès par cancer étaient
attribuables à l’inactivité (7). En France, entre 6 et
8 adultes sur 10 ont un niveau d’activité physique
équivalent à au moins 30 minutes d’activité physique
“modérée” par jour au moins 5 fois par semaine.
Cette proportion est similaire chez les hommes et
chez les femmes. En revanche, pour le niveau d’acti-
vité physique “élevé”, le chiffre est de 3 à 5 sur 10,
niveau atteint par un plus grand nombre d’hommes
que de femmes (13). Il est important d’inciter à la
pratique d’une activité physique régulière.
➤
La consommation de fruits et légumes a un
effet protecteur jugé comme probable contre
les cancers des voies aérodigestives supérieures
(cavité buccale, pharynx, larynx et œsophage) et
les cancers de l’estomac et du poumon (pour les
fruits seulement). L’effet protecteur des fruits et
légumes serait dû à leur teneur en divers micro-
nutriments et microconstituants, capables d’agir
sur des mécanismes potentiellement protecteurs :
activités antioxydantes, modulation du métabolisme
des xénobiotiques, stimulation du système immuni-
taire, activités antiprolifératives, modulation de la
concentration des hormones stéroïdes et du méta-
bolisme hormonal, etc. De plus, faibles en calories,
les fruits et légumes participent au maintien d’un
poids corporel normal et à la prévention du surpoids
et de l’obésité. Une alimentation riche en fi bres
(céréales complètes, fruits, légumes, légumineuses)
est associée à un moindre risque de développer un
cancer colorectal (niveau de preuve : convaincant).
La consommation de fruits et légumes des adultes
est actuellement, en moyenne, de 283 g/j (144 g
de fruits et 139 g de légumes) (11). Une proportion
élevée de la population adulte a une consommation
insuffi sante de fruits et légumes : 57 % des adultes
consomment moins de 5 fruits et légumes par jour,
et 35 % sont de petits consommateurs (moins de
3,5 portions par jour) [13]. Il convient de les encou-
rager à augmenter leur consommation.
➤
L’allaitement a, chez la mère, un effet protecteur
jugé convaincant contre le cancer du sein. Les princi-
paux mécanismes mis en jeu seraient, d’une part, la
diminution des concentrations sanguines d’hormones
sexuelles (estrogènes, androgènes) pendant la période
d’aménorrhée liée à l’allaitement, réduisant, chez les
femmes ayant allaité, l’exposition au cours de la vie à
ces hormones, facteurs de risque connus du cancer du
sein ; d’autre part, l’involution de la glande mammaire
en fi n de lactation, contribuant à l’élimination de
cellules porteuses de lésions de l’ADN. En 2012, plus
des 2/3 des nourrissons (69 %) étaient allaités à la
maternité (60 % de façon exclusive). À 1 mois, le taux
d’allaitement était de 54 % (35 % exclusif) [14]. Il est
important de sensibiliser les femmes enceintes et les
jeunes mamans aux bénéfi ces de l’allaitement.
Quelques facteurs
pour lesquels la relation
est à éclaircir
➤
Concernant la consommation des aliments
préparés par des méthodes de cuisson à haute
température (grillades, barbecue, etc.), en parti-
culier des viandes et des poissons, plusieurs études
indiquent une association positive avec le cancer
de l’estomac. Ces données sont cependant limitées
et ne permettent pas de conclure défi nitivement.
➤
Certaines études épidémiologiques suggèrent
un rôle protecteur des phytoestrogènes (essentiel-
lement apportés par le soja) contre divers cancers,
mais le niveau de preuve de ces associations est
limité et ne permet pas d’émettre une recomman-
dation. Les données scientifiques concernant le lien
entre la consommation d’acide gras transe et le
risque de cancer sont actuellement peu nombreuses
et ne permettent pas de conclure. La consomma-
tion de lait ou de calcium diminue avec un niveau
de preuve probable le risque de cancer colorectal
chez l’homme et chez la femme. Cependant, chez
l’homme, un excès de produits laitiers
f
et d’aliments
riches en calcium (apports en calcium équivalents
ou supérieurs à 1,5 g/j, ce qui correspond approxi-
mativement à 2 fois les apports nutritionnels
conseillésg) augmente avec un niveau de preuve
probable le risque de cancer de la prostate. Un
apport élevé en calcium a donc un effet ambivalent
chez l’homme.
d. L’équivalent métabolique (Meta-
bolic Equivalent of Task [MET]) est le
rapport du coût énergétique d’une
activité donnée sur la dépense éner-
gétique au repos. Le MET est utilisé
comme unité de mesure de l’inten-
sité d’une activité physique : 1 MET
correspond au niveau de dépense
énergétique au repos ; moins de
3 MET, à une activité d’intensité
légère ; 3 à 6 MET, à une activité
d’intensité modérée (métabolisme
3 à 6 fois plus élevé que le métabo-
lisme au repos, ce qui équivaut à la
marche rapide), et plus de 6 MET,
à une activité intense (équivalente
à la course à pied).
e. Les acides gras trans sont des
acides gras insaturés naturellement
présents dans le lait, les produits
laitiers et la viande de ruminants. Ils
sont aussi formés lors de processus
technologiques (par exemple hydro-
génation partielle des huiles végé-
tales) et sont retrouvés dans les
margarines, biscuits, viennoiseries,
etc.
f. Le PNNS recommande 3 portions
quotidiennes chez l’adulte.
g. Les apports nutritionnels conseillés
en calcium sont de 900 mg/ j chez
l’adulte.