Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005
Il n’y a pas, pour le moment,
d’éléments précis indiquant
qu’un aliment donné, cou-
ramment consommé dans les
pays économiquement dévelop-
pés, peut être un carcinogène en
soi-même. En revanche, une con-
sommation excessive de viande
(cancer de l’intestin), de sel (can-
cer de l’estomac) ou d’alcool (can-
cers ORL, de l’estomac, du sein)
est susceptible d’en favoriser
l’émergence. Par ailleurs, des équi-
libres alimentaires différents peu-
vent avoir des conséquences favo-
rables ou “freinantes” dans le
développement de certains can-
cers.
Quelles relations
entre alimentation et cancer ?
La communauté médicale et
scientifique est très prudente en
raison des difficultés d’évaluer
avec précision les conséquences
des habitudes alimentaires.
Deux certitudes émergent cepen-
dant. Quelles que soient les pra-
tiques alimentaires, elles ont, en
France, une influence relativement
faible sur le développement des
cancers par rapport à des carcino-
gènes puissants tels que le tabac
ou la consommation élevée d’al-
cool. En revanche, la consomma-
tion élevée de fruits et de légumes
entraîne une réduction du risque
de développer un cancer. Des
études menées depuis plus de
50 ans démontrent que les sujets
consommant davantage de fruits,
de légumes, de poisson, et, dans
une moindre mesure, de céréales,
développent moins de cancers
des voies digestives.
Au contraire, deux études rando-
misées menées sur 55 000 volon-
taires, l’une aux États-Unis (pen-
dant 4 ans) et l’autre en Finlande
(pendant 7 ans) ont montré que
les fumeurs prenant du bêtacaro-
tène à dose élevée avaient entre
18 % et 28 % de risques supplé-
mentaires de développer un can-
cer du poumon par rapport aux
fumeurs n’en prenant pas. De
même, l’excès de poids constitue
un facteur de risque non négli-
geable. Ainsi, chez les femmes
ménopausées, la fréquence des
cancers du sein et de l’endomètre
est sensiblement supérieure quand
il y a obésité. Une hypothèse : au
moment de la ménopause, les
ovaires cessent de produire des
estrogènes. Ils continuent cepen-
dant de créer des hormones
androgènes, susceptibles de se
transformer en estrogènes dans
les tissus adipeux.
Un côté multifactoriel
Néanmoins, si nos connaissances
scientifiques restent imparfaites,
l’importance de la consommation
de légumes et de fruits pour la
prévention des cancers est donc
unanimement reconnue depuis
que cette idée a été confirmée par
l’étude européenne EPIC dans
10 pays et les données épidémio-
logiques du
World Cancer Re-
search
Fund International.
Parmi
les substances présentes dans les
fruits et les légumes qui agissent
comme des agents antioxydants
ou celles qui pourraient réduire la
prolifération cellulaire, stimuler des
enzymes protectrices ou encore
empêcher les carcinogènes de
rejoindre leurs cibles. À titre
d’exemple, d’après des travaux
américains le sulforaphane conte-
nu dans les plantes crucifères et,
en particulier, le brocoli, inhiberait
les souches de Helicobacter pylori
et aurait des vertus antitumorales.
Certes, il faut modifier les habi-
tudes alimentaires puisqu’il existe
une relation étroite entre la con-
sommation de fruits et de légu-
mes et la diminution de l’incidence
de différents cancers, mais aussi
éviter l’obésité, augmenter l’activité
physique (et essayer de se proté-
ger contre les facteurs de risque
environnementaux).
L’alimentation riche en graisses ani-
males augmente le risque de can-
cer de la prostate et il en va de
même pour la fréquence des réci-
dives de ce cancer. En ce qui
concerne le cancer du sein, les
données disponibles suggèrent
que la consommation excessive
des graisses favoriserait le dévelop-
pement d’une tumeur déjà pré-
sente. L’utilisation du soja qui
contient des isoflavones fait l’objet
d’un engouement à l’heure
actuelle, mais il convient de rappe-
ler que certaines de ses substances
ont des actions hormonales oppo-
sés : estrogéniques et anti-estrogé-
niques. Certaines études récentes
sont en faveur de l’utilisation d’ali-
ments enrichis en oméga 3 dans la
pathologie cancéreuse. Elles ont
montré notamment une améliora-
tion du pronostic en termes de sur-
vie pour certains cancers à un stade
évolué et en termes de diminution
de la cachéxie cancéreuse pour le
cancer du pancréas. Autre aliment
en vogue : le thé, riche en polyphé-
nols et dont la consommation en
quantité modérée est également
recommandée à la fois pour la pré-
vention du cancer et pour les
patients ayant déjà un cancer
déclaré.
LC
Ligue contre le cancer.
Conférences Dietecom
>> DOSSIER
Peu de données existent sur le rôle de l’alimentation sur le pronostic et la récidive une
fois le cancer déclaré. Toutefois quelques règles d’hygiène alimentaire ont montré leur
efficacité. Par ailleurs, il n’y a pas pour le moment d’éléments précis indiquant qu’un ali-
ment donné peut être un carcinogène en soi-même.
Alimentation
Un rôle de plus en plus étudié
CANCÉROLOGIE 33
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