Extraitd’articledelarevueMutuelleetSantén°40
Parmi les facteurs d’environnement, l’alimentation interviendrait pour
certains spécialistes à une hauteur de 35 % dans le risque de développer
un cancer, loin devant le tabac (22 %) et l’alcool. Ces données découlent
de l’étude épidémiologique de différentes populations ; ces études
comparent la fréquence des cancers en fonction des origines ethniques,
des habitudes de vie, d’alimentation, etc. de différentes populations
(recherche des facteurs de risque). A titre d’exemple, entre 1968 et 1977,
la fréquence des cancers de l’estomac des femmes japonaises ayant
émigré à Hawaii chute de presque la moitié à la première génération
(celle qui a migré) et aux 2/3 à la seconde génération (enfants
d’émigrants). Au contraire, le risque de cancer du sein est multiplié par 3
à la première génération, par 4-5 à la seconde, et le risque de cancer
colorectal est multiplié par 4 à la première génération mais reste
inchangé à la seconde (Kolonel LN et al, 1980). De telles modifications de
fréquence sous l’influence d’une simple migration sont manifestement
sous la dépendance de facteurs d’environnement et d’habitudes de vie,
en particulier alimentaires. En comparant ces habitudes avant et après
l’émigration, on peut développer des hypothèses sur des facteurs de
risque ou de protection.
Le facteur alimentaire
Notre alimentation (et notre mode de vie) s’est considérablement
modifiée au cours des dernières décennies : moins d’activité physique et
une alimentation trop riche, avec augmentation des corps gras en
particulier d’origine animale, réduction des vitamines (légumes et fruits
frais) et d’autres acides gras d’origine végétale, réduction des céréales
complètes, des légumes secs (fibres).
Cette même alimentation trop riche et une activité physique insuffisante
sont pour une grande part responsables de l’augmentation sensible du
nombre d’individus en surpoids dans les populations occidentales, or
l’obésité est indéniablement un facteur associé à un risque accru de
cancer. Il existe aujourd’hui des données scientifiques convaincantes
pour affirmer qu’une consommation accrue de fruits et légumes est
associée à une réduction du risque de cancer du poumon, du colon, du
rectum, de l’estomac, de l’œsophage et de la cavité buccale, et cette
réduction est plausible dans la plupart des cancers fréquents.
Une activité physique augmentée est aussi probablement associée à une
réduction du risque de cancer du colon, peut-être du sein et du poumon.
Nos dirigeants ont compris l’enjeu que représente l’alimentation et
l’exercice physique dans l’évolution de la santé des Français. Ainsi le