
TrIBUNE
36  |  La Lettre du Rhumatologue • N° 353 - juin 2009
Le traitement de la coxarthrose  
par prothèse de hanche
É. Lesur* 
L
e rhumatologue peut être amené à adresser 
son patient au chirurgien. L’ objectif de 
ce dernier est de proposer un protocole 
thérapeutique précis, et éventuellement de 
programmer un geste opératoire qui devra 
être réalisé durant une intervention unique, 
dont les résultats immédiats sont à l’heure 
actuelle excellents. Mais qu’en est-il sur le long 
terme ?
Les données acquises dans le domaine de l’arthro-
plastie prothétique de la hanche depuis plus de 
60 ans permettent de proposer à nos malades 
les solutions techniques ayant résisté à l’épreuve 
du temps. Pour le chirurgien, il est encore parfois 
difficile de faire le bon choix.
Les voies d’abord
La mode des techniques moins invasives, dont 
la presse spécialisée s’est fait l’écho à l’aube de 
notre siècle, et qui relève parfois du marketing, a 
permis de stimuler la réflexion des chirurgiens. En 
effet, beaucoup d’écoles restaient sur des posi-
tions anciennes, rendant parfois paradoxale la 
diminution de longueur des incisions, mais la 
persistance d’une morbidité liée à l’abord de 
l’articulation.
À nos yeux, une seule voie d’abord de hanche 
peut se prévaloir d’être la moins invasive : la voie 
de Hueter.
Elle est la plus naturelle, car la seule à emprunter 
l’espace intermusculaire entre le tenseur du fascia 
lata et le droit antérieur, mais aussi un espace 
internerveux, entre les territoires sciatique et 
crural. Décrite à la fin du XIXe siècle, cette voie 
d’abord est retenue par l’école du Pr Judet, dès 
1946, afin de réaliser le traitement prothétique 
des fractures du col du fémur. Quelques années 
plus tard, elle fut adaptée à l’arthroplastie 
totale.
À l’heure actuelle, son évolution peu invasive en 
fait la voie d’abord de référence ; en effet, son 
innocuité sur l’appareil musculaire fessier, sur 
la capsule postérieure (par l’auteur) et sur les 
pelvi- trochantériens garantit la stabilité de la 
néo- articulation, ses plus fines évolutions per-
mettant d’étendre son innocuité au psoas et au 
tenseur du fascia lata.
Les autres abords de hanche
Au milieu du XXe siècle, Sir John Charnley 
implante, à Wrightington, en Angleterre, 
les prothèses de hanche par voie “trans-
 trochantérienne” (qualificatif assez éloquent 
quant au traumatisme osseux causé !). D’autres 
utilisent la voie dite “transglutéale”, qui a très 
fréquemment pour séquelle majeure une insuffi-
sance du moyen fessier. On peut donc considérer 
que ces voies sont intrinsèquement vulnérantes, 
car elles peuvent entraîner des complications par 
insuffisance musculaire.
Peu après Judet, Moore propose des prothèses 
cervico-céphaliques, implantées par une voie 
postéro-externe. Elles présentent l’avantage de 
traiter les fractures du col fémoral, dont l’évo-
lution est souvent fatale, et d’être facilement 
implantables ; elles sont ainsi privilégiées par 
beaucoup de services de traumatologie. Malheu-
reusement, elles entraînent souvent une luxation 
postérieure, ce qui motive la création de nom-
breux artifices anti-luxation. La technique est de 
nouveau extrapolée aux arthroplasties totales, 
avec bien entendu les mêmes risques majorés 
d’instabilité, du fait de la réduction du diamètre 
des têtes prothétiques fémorales. Or, l’évolution 
pérenne d’une arthroplastie de hanche dépend 
d’abord de sa stabilité, ce qui rend nécessaire 
l’utilisation d’une voie d’abord sans morbidité.
Le couple de friction 
Une fois stabilisée, la néo-articulation doit encore 
faire preuve de longévité.
Plus un système est contraint, plus il est fragile. 
Cet état de fait conduit donc à éliminer d’emblée 
les artifices de stabilisation en polyéthylène, tels 
que les cotyles rétentifs, les rebords anti-luxation 
ou la double mobilité. Concernant cette dernière 
solution, très à la mode dans les pays franco-
phones européens, les dernières publications de 
la Société française de chirurgie orthopédique 
concluent à la non-amélioration de la durée de 
vie des arthroplasties mais aussi à des compli-
cations intrinsèques telles que des luxations 
intraprothétiques et une usure prématurée du 
polyéthylène. Nous ne retenons donc le poly-
* Service chirurgie orthopédique et 
traumatologie, clinique Saint-André, 
Vandœuvre-lès-Nancy.