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fiche
médecine du sport
Sous la responsabilité de son auteur
P. Le Goux*
Comment faire le diagnostic clinique
d’une douleur de hanche chez le sportif ?
Figure 1. Glissade jambe tendue
© Photos FFT
© Photo FFT
mobilisant les adducteurs.
Figure 2. Pathologie de l’ilio-psoas :
course vers l’avant.
* Rhumatologue médecin du sport, praticien attaché de l’hôpital Ambroise-Paré,
Boulogne-Billancourt ; médecin de la Fédération française de tennis,
consultant à l’Institut national du sport et de l’éducation physique (INSEP).
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evant toute douleur susceptible de se rapporter à la hanche, il
faut, dans un premier temps, par l’examen clinique, orienter le
diagnostic selon la topographie de la douleur. Chez le sportif
comme chez tout patient, il sera nécessaire de passer en revue
l’ensemble des affections touchant le complexe pelvi-fémoral et
d’évoquer certains diagnostics difficiles, qui pourront être confortés
par une imagerie appropriée (radiographie, échographie, IRM) et par
un opérateur expérimenté :
• les douleurs projetées à la hanche ; par exemple, les radiculalgies
crurales L3 ou L4, les sciatalgies tronquées L5 et autres syndromes
de branche postérieure ;
• les douleurs fessières, notamment l’atteinte sacro-iliaque (d’étiologie mécanique ou inflammatoire, telle la spondylarthrite ankylosante [SA]), mais aussi les radiculalgies S1 tronquées à la fesse ;
• les fractures de fatigue du bassin (sacrum, aile iliaque, etc.) ;
• les pathologies tendino-musculaires périarticulaires, très fréquentes (tendinopathie du moyen fessier ou du moyen glutéal,
atteinte de l’ilio-psoas ou du droit fémoral, désinsertion proximale
des ischio-jambiers, atteinte des adducteurs, bursite du tenseur du
fascia lata ou autre conflit avec hanche à ressaut, etc.) ;
• la pathologie de hanche intra-articulaire à proprement parler, avec
les coxarthroses débutantes, les autres coxopathies et les conflits
intra-articulaires comme le conflit fémoro-acétabulaire, dont l’existence reste relativement controversée.
Ces deux dernières entités font l’objet d’une attention et d’un intérêt
tout particuliers chez le sportif et doivent être bien connues.
On constate souvent, dans la genèse des accidents tendinomusculaires de la hanche ou dans les facteurs impliqués, une raideur
du bassin au niveau du segment sous-pelvien et une “dysbalance”,
c’est-à-dire une mauvaise coordination entre les groupes musculaires
agonistes et antagonistes. La technique et le matériel (course à pied,
tennis, jeu collectif, etc.), la préparation et la récupération physiques
insuffisantes, l’alimentation, la surcharge d’activité, les conditions
climatiques, la reprise trop rapide du sport après une période d’inactivité ou encore le stress sont autant d’éléments pouvant expliquer
la survenue de ces “technopathies”.
• La loge postérieure de la cuisse, représentée par les ischio-jambiers,
dont la loge est postéro-latérale à la cuisse (semi-membraneux en
avant, tendon commun du semi-tendineux et du long biceps en
arrière), est relativement vulnérable dans une situation de mise en
La Lettre du Rhumatologue • No 372 - mai 2011 |
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© Photo P. Le Goux
© Photo Dr Petrover
Figure 3. Étirements de l’ilio-psoas et du droit fémoral.
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4. Pfirrmann CW, Mengiardi B, Dora C, Kalberer F, Zanetti M, Hodler J. Cam and pincer femoroacetabular impingement: characteristic
MR arthrographic findings in 50 patients. Radiology 2006;240:778-85.
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3. Beck M, Kalhor M, Leunig M, Ganz R. Hip morphology influences the pattern of damage to the acetabular cartilage: femoroacetabular
impingement as a cause of early osteoarthritis of the hip. J Bone Joint Surg Br 2005;87(7):1012-8.
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1. Cohen M, Coudreuse JM. Pathologies de l’ilio-psoas. In: Rodineau J, Besch S, eds. Pathologie du complexe pelvi-fémoral du sportif.
27e Journée de traumatologie du sport de la Pitié-Salpêtrière. Paris : Elsevier Masson, 2009.
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Références bibliographiques
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Figure 5. Effet came, dysmorphie cervico-céphalique chez un sportif jeune. Une
bosse osseuse de la jonction tête/col et latérale “en crosse de pistolet” est
visible de face.
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Figure 4. Effet came et effet tenaille, très souvent associés (3, 4).
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fiche médecine du sport no 7
action brutale lors d’une course. La difficulté du diagnostic lésionnel
pour ces tendons, notamment si l’échographie est négative, tient à
la proximité du passage du nerf sciatique, ce dernier pouvant être
impliqué dans la symptomatologie douloureuse.
• La loge médiale de la cuisse est occupée par les adducteurs sur
3 plans avec, d’avant en arrière, le long adducteur, le court adducteur
et le grand adducteur, dont l’insertion se situe sur la branche pubienne.
Il faut penser à cette pathologie quand des douleurs se produisent
à la racine interne de la cuisse lors de certains gestes techniques :
tacles au football ou glissades jambe tendue en fond de court au
tennis (figure 1). On évoquera une pubalgie si la douleur est plus
médiane et que, localisée sur la symphyse pubienne, elle implique
également la paroi abdominale (obliques, grand droit, etc.).
• L’ilio-psoas s’insère en profondeur à la face antérieure de la hanche
en passant sous le ligament inguinal, et provient de 2 chefs (l’un
de la face endopelvienne du bassin et l’autre des vertèbres dorsolombaires). Le tendon commun se fixe sur l’extrémité supérieure du
fémur à la face latérale du petit trochanter. L’ilio-psoas entraîne une
flexion puissante de la hanche et une antéversion du bassin. Il peut
être lésé lors de courses exigeant un démarrage brutal vers l’avant
(figures 2 et 3) et être responsable de cruralgies ou de douleurs de
la région inguinale dont le diagnostic est difficile. Il y a 4 entités (1) :
les lésions myotendineuses, les lésions tendineuses, les bursopathies
et les ressauts à la partie antérieure de la hanche. Lors de l’examen
clinique, les amplitudes articulaires sont conservées, ce qui écarte
une pathologie coxofémorale. Les différents muscles périarticulaires
sont testés contre résistance, notamment par le test d’élévation de la
jambe tendue en légère rotation externe à 30°, qui peut être positif
dans le cadre d’une atteinte de l’ilio-psoas.
Quant à la coxarthrose, il importe de l’évoquer chez un coureur à
pied qui a des douleurs de la hanche et qui pratique de longues
distances (2). Les études épidémiologiques mettent en évidence un
odds-ratio à 1,24 chez le coureur de fond, et le sport de haut niveau
(marathon) pourrait multiplier par 3 le risque arthrogène par rapport
à une population contrôle. La radiographie standard est impérative
(bassin de face et 2 faux profils de la hanche) pour évaluer l’interligne.
Il faut savoir que, dans 30 à 40 % des cas, une dysplasie coxofémorale existe. Une IRM est parfois utile pour diagnostiquer une fracture
de contrainte, un œdème sous-chondral ou toute autre étiologie. Il
convient de mettre en garde les patients porteurs d’une prothèse totale
de hanche et qui poursuivent le sport malgré le risque de descellement
ou de fracture de contrainte à proximité de l’implant.
Le conflit fémoro-acétabulaire est un conflit dynamique dû à la
répétition d’un contact anormal entre la zone de jonction tête/col du
fémur et le rebord acétabulaire. Il concerne notamment le sujet jeune
et a pour conséquences des lésions chondrales et/ou des lésions du
bourrelet acétabulaire susceptibles d’évoluer vers une coxarthrose
précoce (3). Ce conflit intra-articulaire (figures 4 et 5) se produit
en flexion-adduction-rotation interne si l’anomalie architecturale
siège du côté fémoral (effet came) ou du côté acétabulaire (effet
tenaille) [4].
Enfin, l’analyse d’une douleur de la hanche chez le sportif passe
nécessairement par un examen global des axes des membres inférieurs et par la recherche d’une bascule du bassin ainsi que, sur
podoscope, d’anomalies statiques des pieds.
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