(50 % des cas, dont 30 % de cardiopathies de diagnostic diffi-
cile) est impérative.
Les anomalies chromosomiques (Dr A. Bazin, Cergy-Pon-
toise) doivent être systématiquement recherchées devant une
HCD. Lorsqu’elle est isolée, la hernie diaphragmatique
s’accompagne exceptionnellement d’une anomalie chromoso-
mique. La trisomie 18 est la plus souvent retrouvée. Viennent
ensuite la trisomie 13, le Turner, la trisomie 21 étant excep-
tionnelle. Certains syndromes plus rares peuvent être associés
à une hernie diaphragmatique :
– délétion 4p ou syndrome de Wolf-Hirschhorn, qui associe
une dysmorphie faciale en “casque de guerrier grec”, un
micrognatisme et un retard mental sévère ;
– délétion 8p 23.1. Le phénotype est peu évocateur, avec un
RCIU, parfois une cardiopathie, un retard mental variable. Le
diagnostic est fait dans l’enfance ;
– tétrasomie 12p ou syndrome de Pallister-Killian. Il s’agit le
plus souvent d’une mosaïque, avec une duplication en miroir
du bras court du chromosome 12. On retrouve une dysmorphie
avec anomalies des membres, une pigmentation cutanée. Le
retard mental est très sévère, avec des anomalies organiques
associées.
Les syndromes polymalformatifs (Dr N. Philip, Marseille)
pouvant comporter une HCD et de cause non chromosomique
sont nombreux (58 répertoriés) ; leur diagnostic est nécessaire
pour fournir un conseil génétique éclairé. Il faut connaître le
syndrome de Fryns, récessif autosomique, associant une HCD
avec hypoplasie pulmonaire, une dysmorphie (traits grossiers),
une hypoplasie des ongles et des phalanges terminales, ainsi
que des anomalies viscérales. Il évolue vers un retard mental
sévère et est en général létal. Le syndrome de Cornelia de
Lange est de survenue sporadique. Le retard mental profond et
la dysmorphie faciale, les anomalies des extrémités permettent
en règle générale le diagnostic. Il n’y a pas de possibilité
actuelle de recherche moléculaire. Citons également le syn-
drome facio-oculo-acoustico-rénal, récessif autosomique, et le
syndrome thoraco-abdominal, lié au chromosome X.
Les nouveaux critères pronostiques (Dr D. Mahieu, Paris) de
la HCD sont nécessaires pour préciser les cas où la proposition
d’IMG est licite. À côté des critères classiques de mauvais pro-
nostic (hydramnios, estomac intrathoracique, déviation
médiastinale), on s’intéresse à l’étude du déséquilibre des cavi-
tés cardiaques au profit du ventricule droit (rapport
VG/VD < 0,8 de bon pronostic), du rapport surface pulmo-
naire/surface thoracique (un rapport > 12 % s’accompagne
d’une survie de 93 %), ou encore de la surface pulmonaire
controlatérale rapportée au périmètre crânien (mortalité
constante si rapport < 0,6 et survie de 100 % si rapport > 1,35).
L’étude du foie est plus complexe. Sa présence intra-abdomi-
nale est corrélée à un taux de survie de 100 %. Beaucoup plus
intéressante est la recherche d’une déviation de la veine ombi-
licale, qui, si elle est majeure, s’accompagne d’une mortalité
très élevée. L’appréciation du volume pulmonaire par IRM
dans le cadre de la hernie diaphragmatique a déjà été évoquée.
Elle fait l’objet d’une étude multicentrique et ne peut actuelle-
ment être utilisée en pratique clinique.
La prise en charge postnatale (Dr P. Jouvet, Paris) doit lutter
contre l’hypoplasie pulmonaire grâce à la ventilation par oscil-
lation à haute fréquence en utilisant de petits volumes. Le délai
de l’intervention est fonction de la qualité pulmonaire. Si
celle-ci le permet, la chirurgie a lieu dans un délai de trois
jours. Si l’état respiratoire est mauvais, l’enfant sera opéré en
réanimation à six jours de vie.
Devenir à long terme (Dr M. Fayon, Bordeaux) : l’avenir de
ces enfants est grevé d’un nombre élevé de complications,
incluant le risque de dysplasie bronchopulmonaire oxygéno-
dépendante, avec son risque additionnel d’évolution à l’âge
adulte vers la bronchopneumopathie obstructive, le problème
des malformations associées, et les pathologies acquises après
la naissance (reflux gastro-œsophagien, bronchiolite, asthme
ou allergie).
PATHOLOGIE BRONCHOPULMONAIRE FŒTALE
Après une revue nosologique de ces malformations relative-
ment rares (Pr D. Gaillard, Reims), les critères diagnostiques
et pronostiques ont été présentés. La maladie adénomatoïde
(Dr B. Broussin, Bordeaux), de type micro- ou macrokystique,
a une évolution anténatale capricieuse, allant de la régression
spontanée à l’évolution vers l’anasarque par compression
médiastinale, de mauvais pronostic. La séquestration pulmo-
naire (Dr M.F. Sarramon) est définie par la présence de paren-
chyme pulmonaire non fonctionnel, isolé par rapport à l’arbre
bronchique et vascularisé par un système aberrant venant de
l’aorte. Elle peut être intra- ou extralobaire, et son évolution
anténatale est également variable (régression, stagnation, évo-
lution vers la compression et l’anasarque). L’anomalie se pré-
sente comme une plage bien circonscrite, hyperéchogène, le
plus souvent inférieure à 4 cm, unilatérale. Elle est gauche
dans 90 % des cas, et développée aux dépens du lobe inférieur.
Le doppler couleur peut visualiser la vascularisation aberrante.
Une masse hyperéchogène avec un vaisseau aberrant est
pathognomonique de la séquestration pulmonaire. La
recherche des signes de compression (hydramnios, œdème
sous-cutané) est impérative.
Les malformations kystiques intrathoraciques (Pr P. Barba-
rino, Nancy) sont très rares, représentées par le kyste broncho-
génique, le kyste neuro-entérique et le kyste gastro-entérique.
D’autres malformations rares ont été évoquées par le
Dr C. Talmant (Nantes). L’atrésie laryngée ou trachéale est
exceptionnelle et constamment létale, entraînant une rétention
de liquide pulmonaire, avec une augmentation de la surface
alvéolaire. L’hamartome pulmonaire est également exception-
nel et de diagnostic difficile.
Quand une prise en charge fœtale est-elle nécessaire ?
(Pr P. Gaucherand, Lyon)
Les indications de drainage pleuroamniotique anténatal, voire
de chirurgie in utero, sont réservées aux formes compressives
(anasarque) des MKAP ou séquestrations, avant 30 semaines
d’aménorrhée.
La prise en charge postnatale passe, pour le Pr Y. Revillon
(Paris), par une exploration systématique par scanner thora-
ACTUALITÉ
8
La Lettre du Gynécologue - n° 253 - juin 2000