Revue de presse
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. III - no 2 - avril-mai-juin 2012
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Quel schéma thérapeutique
choisir pour le sunitinib
danslecancer durein
métastatique ?
Le traitement par sunitinib sur la base
d’un schéma à 50 mg 4 semaines
sur 6 vient de l’étude de phase I et de phase III
faisant état d’une tolérance acceptable et,
surtout, d’une survie sans progression
médiane (mSSP) de 11 mois. Utiliser un
antiangiogénique selon un schéma
discontinu pourrait permettre à la tumeur
d’être revascularisée pendant la phase d’arrêt
du traitement. Par ailleurs, 2 études de
phase II avec le sunitinib en continu à la dose
de 37,5 mg ont rapporté des taux de réponse
de 20 à 35 % et une mSSP de 8,2 à
10,4 mois (1, 2). Une étude de phase II rando-
misée (n = 292) menée dans 59 centres améri-
cains a comparé le sunitinib en schéma
discontinu classique (50 mg 4 semaines sur 6)
au schéma continu (37,5 mg tous les
jours) [3]. Le critère principal était le temps
jusqu’à progression, en faveur du schéma
discontinu : 9,9 mois versus 7,1 mois
(HR = 0,77 ; IC95 : 0,57-1,04 ; p = 0,09). La mSSP
était de 8,5 mois dans le bras discontinu
versus 7 mois dans le bras continu (p = 0,7).
Aucune diff érence de survie globale n’a été
rapportée : 23,1 mois versus 23,5 mois
(p = 0,6). En termes de toxicité de grade 3-4,
aucune diff érence n’a été notée. Cependant,
dans le bras discontinu, plus de patients ont
arrêté le traitement pour toxicité (15 % versus
11 %). Mais, une moindre détérioration de
l’état général et la satisfaction de voir les
symptômes diminuer ou disparaître étaient
rapportées pendant la phase de repos.
Commentaire
Il s’agit d’une étude de phase II insuffi samment
puissante pour répondre à la question du meilleur
schéma thérapeutique possible en termes de
mSSP. La toxicité n’est pas différente dans les
2bras. Les résultats en termes de temps jusqu’à
progression et de SSP sont moins bons que dans
l’étude de phase III ayant comparé le sunitinib à
l’interféron. Dans cette étude de phase II rando-
misée, les patients sont de groupes pronostiques
plus péjoratifs, avec un pourcentage de patients
néphrectomisés moins élevé et un index de perfor-
mance (PS) plus bas. Quoi qu’il en soit, le schéma
de référence reste le sunitinib 50mg discontinu
4 semaines sur 6.
S. Oudard, Paris
1. Escudier B, Roigas J, Gillessen S et al. Phase II study of
sunitinib administered in a continuous once-daily dosing
regimen in patients with cytokine-refractory metastatic renal
cell carcinoma. J Clin Oncol 2009;27(25):4068-75.
2. Barrios CH, Hernandez-Barajas D, Brown MP et al. Phase II
trial of continuous once-daily dosing of sunitinib as fi rst-line
treatment in patients with metastatic renal cell carcinoma.
Cancer 2012;118(5):1252-9.
3. Motzer RJ, Hutson TE, Olsen MR et al. Randomized phase II
trial of sunitinib on an intermittent versus continuous dosing
schedule as fi rst-line therapy for advanced renal cell carci-
noma. J Clin Oncol 2012 (Epub ahead of print).
À quel moment introduire
uninhibiteur de mTOR
danslecancer du rein
métastatique ?
L’étude RECORD-1 avait pour objectif
d’évaluer l’effi cacité de l’évérolimus
par rapport à un placebo dans le cancer du
rein métastatique après ITK. Les patients
pouvaient avoir reçu 1 ou 2 ITK avant
l’inclusion. La médiane de survie sans
progression (mSSP) était de 4,9 versus
1,9 mois (HR = 0,33 ; p < 0,001), respecti-
vement (1).
La question qui se pose en deuxième ligne
est de savoir s’il faut changer de voie de
traitement (proposer un inhibiteur de
mTOR) ou maintenir un antiangiogénique
de la même thérapeutique (sorafénib ou
autre ITK) avant de proposer l’évérolimus en
troisième ligne. Les résultats de l’évérolimus
en termes de SSP montrent un avantage
à introduire celui-ci en deuxième ligne
(mSSP à 5,4 mois, HR = 0,32 ; IC
95
: 0,24-0,43 ;
p < 0,001) plutôt qu’en troisième ligne (mSSP
à 4 mois, HR = 0,32 ; IC
95
: 0,19-0,54 ; p < 0,001).
Proposer la même voie thérapeutique en cas
de toxicité du premier ITK risque de majorer
les eff ets secondaires (hypertension artérielle,
syndrome mains-pieds, cardiotoxicité) si le
choix thérapeutique concerne la même
classe. Les toxicités des ITK et des inhibi-
teurs de mTOR ne sont pas cumulatives et
autorisent ce changement de voie thérapeu-
tique. Le risque d’induire une résistance vraie
aux ITK est sans doute plus important en cas
de maintien de la même classe thérapeu-
tique. Après les séquences d’ITK et de mTOR,
l’effi cacité lors de la réintroduction d’un ITK
(sorafénib ou sunitinib en fonction de la
première ligne) est sans doute compromise
par l’apparition d’une résistance induite
par la libération du FGF. Un traitement par
l’ITK 258, qui inhibe cette voie de résistance
aux antiangiogéniques, est à l’étude dans
un essai prospectif comparant l’ITK 258 au
sorafénib en troisième ligne dans le cancer
du rein métastatique.
Commentaire
L’étude RECORD-1 montre l’intérêt de proposer
un inhibiteur de mTOR en deuxième ligne après
sunitinib, avec une amélioration de la SSP.
Àlasuite de l’étude de phase III AXIS (2) ayant
comparé le sorafénib à l’axitinib en deuxième
ligne métastatique, la question est désormais
de savoir s’il faut prescrire l’axitinib (mSSP :
4,8mois) ou l’évérolimus (mSSP : 5,4mois avec
un seul ITK, sans précision du type de molécule
[sorafénib ou sunitinib]).
S. Oudard, Paris
1. Calvo E, Escudier B, Motzer RJ et al. Everolimus in metastatic
renal cell carcinoma: subgroup analysis of patients with 1
or 2 previous vascular endothelial growth factor-tyrosine
kinase inhibitor therapies enrolled in the phase III RECORD-1
study. Eur J Cancer 2012;48(3):333-9.
2. Rini BI, Escudier B, Tomczak P et al. Comparative eff ec-
tiveness of axitinib versus sorafenib in advanced renal
cell carcinoma (AXIS): a randomised phase III trial. Lancet
2011;378(9807):1931-9.
Cancer du rein avancé naïf
d’antiangiogéniques :
phaseII randomisée du tivozanib
enattendant les résultats (positifs)
de la phaseIII
Après le sorafénib, le sunitinib,
le pazopanib et l’axitinib, le tivozanib
est le dernier né de la famille des inhibiteurs
de tyrosine kinases (ITK) anti-VEGF (Vascular
Endothelial Growth Factor). Sa particularité ?
Sa spécifi cité envers les récepteurs VEGFR-1,
VEGFR-2, VEGFR-3, c’est-à-dire le fait qu’il n’ait
pas d’eff et sur PDGF (Platelet-Derived Growth
Factor), c-KIT, RAF, etc., mais également qu’il
permette une inhibition des VEGFR très