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La Lettre du Cardiologue - n° 404 - avril 2007
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Diabète : “tu me fends le cœur”
XXe Journée de l’APIC
(Samedi 25 novembre 2006 [2e partie])
N. Laredj*
* Institut du Cœur, groupe hospitalier de la Pitié-Salpêtrière, Paris.
LA REVASCULARISATION DU DIABÉTIQUE
P. Henry (Paris)
Il existe actuellement entre 800 000 et 1 500 000 diabétiques
méconnus en France, et près de 50 % des patients non diabé-
tiques admis en soins intensifs cardiologiques sont en réalité
prédiabétiques. Il est également important de rechercher
une ischémie silencieuse chez le diabétique, car elle est plus
fréquente, avec une prédominance de lésions tritronculaires
sévères, de mauvais pronostic. Le dépistage de l’ischémie silen-
cieuse doit être réalisé chez les patients diabétiques qui ont des
facteurs de risque cardiovasculaire associés, qui présentent des
symptômes, même frustes, une autre atteinte vasculaire ou
encore une protéinurie. L’ancienneté du diabète ne semble pas
être un facteur déterminant dans la recherche d’une ischémie ;
elle permet essentiellement de préciser l’importance de la sévé-
rité des complications du diabète, en particulier des lésions de
microangiopathie.
Le risque de resténose avec les stents nus
Les facteurs prédictifs de resténose coronaire sont essentielle-
ment la taille de l’artère, la longueur de la lésion et la présence
ou non d’un diabète. Dans de nombreuses études telles que
RAVEL et SIRIUS, dans les sous-groupes de diabétiques, le
pourcentage de resténose est signifi cativement plus élevé chez
les patients qui ont un stent nu que chez ceux ayant un stent
actif (respectivement 41 % versus 0 % dans l’étude RAVEL à six
mois, p = 0,002 ; 48 % versus 8 % dans l’étude SIRIUS, p < 0,001).
Dans le groupe stent actif (CYPHER), le taux de revascularisation
était signifi cativement plus faible à deux ans, ainsi que le risque
d’événements cardiovasculaires majeurs défi nis par la mortalité
toute cause, l’infarctus et la revascularisation à deux ans.
Dans la méta-analyse des études TAXUS II, IV, V et VI – stents
actifs au paclitaxel –, qui a étudié le sous-groupe de diabétiques,
le taux de resténose était signifi cativement plus élevé chez les
patients avec un stent nu que chez ceux qui avaient un stent
actif, quel que soit leur traitement antidiabétique (traitement
oral ou insulinothérapie), de même que le taux de revascula-
risation à neuf mois.
Le risque de thrombose de stent
Il existe chez le diabétique, comparé aux autres patients, un
risque accru de rupture de plaque et de thrombose, en rapport
avec une “hyperagrégation plaquettaire” encore plus marquée,
une augmentation des récepteurs plaquettaires à la glycopro-
téine IIb/IIIa, ainsi qu’une sécrétion plus importante de facteurs
prothrombotiques tels que le fi brinogène, le facteur Willebrand,
les facteurs VII et VIII, PAI-1 ; d’où l’intérêt d’un blocage complet
ou du moins effi cace de l’agrégation plaquettaire. À cet eff et,
les anti-GPIIb/IIIa jouent un rôle important lors d’une procé-
dure d’angioplastie, comme le montrent les études EPILOG et
EPISTENT. La mortalité à un an était signifi cativement plus
faible chez les patients diabétiques ayant bénéfi cié d’abciximab
per procédure que dans le groupe contrôle.
Le risque de thrombose de stent est d’autant plus présent que
les lésions coronaires sont complexes, plus longues, siégeant sur
de petits vaisseaux ou sur des bifurcations, fréquemment sur
des stents longs. Ce risque est également proportionnel à l’âge
des patients et à la présence de comorbidités associées.
La revascularisation chirurgicale chez le diabétique
Si une indication de revascularisation chirurgicale est retenue,
il est actuellement recommandé de privilégier un pontage tout
artériel, par les artères mammaires internes, en particulier chez
le diabétique. La mortalité intra-hospitalière après un pontage
aortocoronarien reste supérieure à celle de l’angioplastie coro-
naire, et elle est d’autant plus élevée que le patient présente des
comorbidités associées.
Quelle revascularisation chez le diabétique ?
Dans l’essai ARTS II, réalisé chez 607 patients bénéfi ciant d’un
stent actif au sirolimus (26 % de diabétiques), et qui a inclus les
données de son prédécesseur ARTS I (comparant le pontage
aortocoronarien et les stents nus chez 1 202 patients, dont 18 %
de diabétiques ayant des lésions coronaires tritronculaires), les
résultats à un an n’ont pas démontré de diff érence signifi cative
entre les stents actifs et la revascularisation chirurgicale, et
ce concernant la mortalité totale, l’infarctus ou la réinterven-
tion. En revanche, il existait une diff érence nette entre les deux
groupes de stents, en faveur des stents actifs. Dans l’étude BARI,
la mortalité cardiovasculaire à cinq ans est signifi cativement plus
élevée chez les diabétiques qui ont bénéfi cié d’une angioplastie
que dans le groupe chirurgie.
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