II – Mais dont l’existence peut paraître obsolète dans un Monde toujours plus complexe
A – Des cas particuliers trop nombreux pour justifier le maintien de cette limite
Nous observons bien des cas de pays qu’on a rangés dans l’une ou l’autre catégorie, mais dont les indicateurs de
développement viennent remettre en cause la division Nord-Sud du monde :
- Les pays émergents, dont la croissance économique est rapide et importante, viennent talonner, voire
dépasser certains pays du Nord. C’est le cas du Mexique, dont le PIB est similaire à la Russie, mais dont l’IDH
est supérieur à la Russie, pays anciennement communiste devenu capitaliste après 1991. D’une façon générale,
les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) qui s’affirment à l’échelle mondiale sont pourtant
répartis sur les deux côtés de la limite Nord-Sud : la Russie est au Nord, les autres sont au Sud. Les deux
indicateurs que sont le PIB et l’IDH nous montrent que cela n’est pas forcément justifié.
- Il en est de même pour l’Arabie Saoudite, pays producteur de pétrole, qui apparaît comme riche (doc. 1) et
plutôt développé (doc. 2) alors qu’il fait officiellement encore partie des pays du Sud (probablement en raison
des très fortes inégalités sociales).
- Quant à la Chine, seconde puissance mondiale après les Etats-Unis en PIB absolu, elle n’apparaît sur aucun
document comme une puissance quelconque. En effet, les plages colorées sont à l’échelle des pays et ne
distinguent pas les différentes régions : la Chine littorale est pourtant l’une des principales façades
maritimes mondiales, avec des ports d’importance planétaire comme Hong Kong ou Shanghai.
B – Une nouvelle donnée à prendre en compte : la population
Sur le cartogramme, la taille des pays est proportionnelle à leur population. Et nous avons du mal à reconnaître le
monde : la Chine et l’Inde, les deux grands géants démographiques avec plus d’un milliard d’habitants chacun, semblent
écraser le reste de pays du monde par leur importance démographique. D’une façon générale, l’Asie est plus peuplée
que les autres continents. Les Etats-Unis, l’Indonésie et le Brésil suivent ensuite les deux géants dans la
classification des pays les plus peuplés du monde.
Cette classification est indépendante de la limite Nord-Sud. Or la population peut constituer un atout majeur :
réserve de main d’œuvre qui attire les délocalisations, c’est aussi un bassin de consommation qui motive l’économie. La
Chine et l’Inde sont ainsi des pays où les délocalisations sont nombreuses, ce qui contribue à leur prospérité
économique.
C – Un nom à modifier ?
La limite Nord-Sud est poreuse, comme nous l’avons vue, et son existence n’est pas toujours très pertinente. Son
tracé très sinueux, avec l’Australie et la Nouvelle Zélande situés dans l’hémisphère sud mais appartenant au Nord,
semble compliqué. Le nom de Nord et de Sud n’apparaît pas pertinent, d’autant plus que le « Nord » est très varié
(comprenant à la fois des poids lourds comme la Triade, mais aussi les pays d’Europe centrale, moins développés), et le
« Sud » forme un groupe tout aussi hétérogène (comprenant des pays émergents ou encore des PMA, de niveaux très
inégaux de développement).