E. COLLIN
INFECTION D’UN CHEPTEL LAITIER PAR MYCOPLASMA WENYONII : 1ÉRE DESCRIPTION EN FRANCE
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coplasma ovis) et les porcs (Mycoplasma haemo-
suis), entrainant souvent une anémie hémolytique
avec un ictère. Récemment un autre mycoplasme
(Mycoplasma haemobos) a été relaté chez les bo-
vins, mais son implication pathologique est encore
incertaine, toutefois une synergie avec Mycoplasma
wenyonii est possible.
M. wenyonii est largement répandu dans le Monde
(Amérique du Nord et du Sud, Afrique, Australa-
sie, Moyen Orient et en Europe dans les iles britan-
niques et en Suisse) (1). A ce jour, la description en
France n’a pas été rapportée.
La source de l’infection se trouve chez des animaux
infectés permanents et la transmission a lieu lors de
toute occasion d’inoculation de sang infecté : cette
transmission horizontale se produit donc lors de
piqûres d arthropodes (Insectes), mais aussi lors de
toute pratique zootechnique permettant un pas-
sage de sang contaminé chez l’hôte réceptif.
L’infection subclinique est la règle et elle est fré-
quente dans les régions infectées. La maladie s’ex-
prime sur des animaux ou des troupeaux en baisse
d’immunité, liée à un stress ou un autre agent im-
munodépressif. Les animaux splénectomisés sont
également plus sensibles.
Quand la maladie s’exprime cliniquement dans un
troupeau laitier, les signes suivants sont décrits : hy-
perthermie, chute de production, raideurs et diar-
rhée (Goff).
Un syndrome touchant des génisses en début ou mi-
lieu de lactation est également décrit en fin d’été
ou début d’automne qui se traduit par une hyper-
thermie, un gonflement des trayons, un œdème des
membres postérieurs et une augmentation du vo-
lume des ganglions pré-cruraux avec une évolution
sur 7 à 10 jours (2).
Des taureaux ont également exprimé un œdème du
scrotum et des membres postérieurs ainsi qu’une in-
fertilité (5).
M. Tagawa (communication personnelle) décrit
également des retards de croissance chez des veaux
présentant une bactériémie à M. wenyonii (frottis
et PCR).
Sur le plan pathogénique, les infections expérimen-
tales (4) montrent une période d’incubation d’une
à trois semaines, suivie d’une intense infection cli-
nique de 5 à 10 jours. La présence des mycoplasmes
à la surface des globules rouges modifie certains
déterminants antigéniques entrainant le dévelop-
pement d’anticorps anti-érythrocytes. Il apparait
alors une anémie qui peut durer de un à deux mois.
Dans la phase aiguë, la consommation importante
de glucose par les mycoplasmes peut entrainer une
hypoglycémie.
Sur le plan diagnostique, un examen direct d’un
frottis fixé et coloré peut être effectué ( cf. photos
4 et 5). La bactériémie est plus intense avant l’appa-
rition de l’anémie et il devient difficile de la détec-
ter au fur et à mesure de l’évolution de la maladie,
b-Evolution de la première phase
A J3, J4, J5, trois autres animaux sont touchés et
présentent les mêmes symptômes alors que le pre-
mier animal n’a pas une évolution favorable. Sur les
animaux un œdème des trayons assez marqué est
observé (cf. Photo1), mais il ne s’étend pas au reste
de la mamelle. Un engorgement des jarrets est éga-
lement présent ( cf. photo 2).
c-La seconde phase
Une seconde phase débute trois semaines plus tard
(J23 à J32) où 15 animaux supplémentaires expri-
ment les mêmes symptômes (cf. Figure 1). Après
cette période aucun autre signe n’a été détecté.
Figure 1 : Incidence journalière de la maladie
3- Démarche diagnostique
A la suite de l’examen du premier animal atteint,
le diagnostic envisagé a pris en compte un phé-
nomène infectieux sur un animal isolé qui présen-
tait des difficultés de traite (attribuées à la baisse
de production),. Un traitement symptomatique est
instauré (trimethoprime 40mg/ml-sulfamethoxypy-
ridazine 200mg/ml, 40ml IV puis 40ml /j IM et me-
loxicam one shot 20mg/ml 15ml IV). L’évolution à
J3 de ce cas n’est pas favorable et un autre se dé-
clare, plus marqué sur l’aspect œdémateux des jar-
rets. L’orientation vers une pathologie comparable
à l’Erhlichiose bovine (EGB) conduit à modifier le
traitement antibiotique (passage à l’Oxytétracycline
10 mg/ kg IV puis IM 3 jours). L’EGB est une affection
fréquente dans la région et bien que l’exposition
aux tiques soit assez ancienne, une résurgence est
toujours possible.
Avant tout traitement, une prise de sang est ef-
fectuée sur les animaux malades. Le frottis fixé et
coloré (RAL) révèle la présence en périphérie des
globules rouges (GR) de petits éléments basophiles,
compatibles avec Mycoplasma wenyonii (ex Epery-
throzoon wenyonii) ( cf. photo 3.).
4- Mycoplasma wenyonii
Il s’agit d’un mycoplasme hémotropique qui était
classé jusqu’à présent parmi les Rickettsies sous le
nom de genre Eperythrozoon.(2). D’autres espèces
peuvent infecter spécifiquement les ovins (My-
2-Clinique observée
a-Premier animal :
L'éleveur appelle le vétérinaire pour un animal qui, à la traite du soir (J1)
présente un syndrome fébrile marqué (abattement, chute de lait importante
repérée à la traite et forte baisse d’appétit), alors que rien n a été remarqué le
matin même. L’examen clinique montre une hyperthermie nette (40,5°C), une
hypomotilité ruminale et une polypnée sans autre signe respiratoire. Aucun
signe d’infection mammaire aiguë n'est présent (mais le lait est difficile à obtenir
par la mulsion). Les muqueuses ne sont pas congestives, mais plutôt pâles et les
fèces sont normales.
b-Evolution de la première phase
A J3, J4, J5, trois autres animaux sont touchés et présentent les mêmes
symptômes alors que le premier animal n’a pas une évolution favorable. Sur les
animaux un œdème des trayons assez marqué est observé (cf. Photo1), mais il ne
s’étend pas au reste de la mamelle. Un engorgement des jarrets est également
présent ( cf. photo 2).
c-La seconde phase
Une seconde phase débute trois semaines plus tard (J23 à J32) où 15 animaux
supplémentaires expriment les mêmes symptômes (cf. Figure 1). Après cette
période aucun autre signe n’a été détecté.
Figure 1 : Incidence journalière de la maladie
3-Démarche diagnostique
A la suite de l’examen du premier animal atteint, le diagnostic envisagé a pris
en compte un phénomène infectieux sur un animal isolé qui présentait des
difficultés de traite (attribuées à la baisse de production),. Un traitement
symptomatique est instauré (trimethoprime 40mg/ml-sulfamethoxypyridazine
200mg/ml, 40ml IV puis 40ml /j IM et meloxicam one shot 20mg/ml 15ml IV).
L’évolution à J3 de ce cas n’est pas favorable et un autre se déclare, plus marqué
sur l’aspect œdémateux des jarrets. L’orientation vers une pathologie