Mycoplasma wenyonii: une nouvelle

MYCOPLASMA WENYONII l MALADIE VECTORIELLE l TROUPEAUX LAITIERS l BOVINS
FOCUS
Par Éric COLLIN
Président de la Commission épidémiologie de la SNGTV
[email protected]
Infection de troupeaux laitiers par
Mycoplasma wenyonii : une nouvelle
maladie vectorielle en France
Plusieurs cas présentant la même
symptomatologie, rapportés
dans des cheptels laitiers de
Bretagne depuis 2013, ont abouti
à l'identification d'une nouvelle
maladie vectorielle en France.
Une infection souvent subclinique, qui
s'exprime parfois de manière aigüe
Dans les pays où la maladie est présente, l’infection est souvent subclinique et la maladie s’exprime sur des animaux ou
des cheptels en baisse d’immunité. Dans les cas relatés, il faut
rechercher une absence d’immunité sur une maladie émergente, ou bien une rupture d’immunité sur une maladie déjà
présente, ce qui paraît moins probable. L’incubation est de
1 à 3 semaines et la maladie clinique dure de 7 à 10 jours. Les
animaux restent ensuite porteurs de l’agent.
Mycoplasma wenyonii est un agent coccoïde (parfois en bâtonnet), situé en périphérie des hématies (Photo ci-dessus),
mais aussi dans le plasma. Sa présence en surface des globules
rouges modifie les déterminants antigéniques et entraîne le
développement d’anticorps anti-globules rouges, avec donc
une anémie qui peut durer 2 mois. La consommation de glucose par les mycoplasmes peut entraîner une hypoglycémie
pendant la phase d’infection.
La bibliographie relate, en plus des signes décrits, une hyper16
BULLETIN DES GTV - N°80 DÉCEMBRE 2015
Cliché : Éric COLLIN
D
epuis 2013, il a été rapporté dans différents cheptels
laitiers de Bretagne plusieurs cas cliniques atypiques
(isolés ou groupés) présentant la même symptomatologie, plutôt en automne. Les animaux présentent brutalement
un syndrome fébrile : une hyperthermie (40-41 °C), une perte
d’appétit, une chute de lait (baisse de production de 50 à
80 %), de l’abattement. Les signes locaux associés sont :
œdème des trayons rendant la traite difficile, engorgement des
jarrets entraînant une raideur dans la démarche. Les muqueuses sont plutôt pâles, la motricité ruminale est diminuée.
Les examens complémentaires révèlent une anémie ainsi
qu’une inversion de formule sanguine. Les frottis sanguins
réalisés ont permis d’observer, en périphérie des hématies, de
petits éléments basophiles, rattachés à Mycoplasma (ex-Eperythrozoon) wenyonii, agent infectieux hémotropique transmis
par inoculation de sang infecté à un hôte réceptif (diptères
piqueurs, pratiques zootechniques ou médicales) (confirmation par le Pr Schelcher, Unité mixte de recherche pathologie
bovine, École nationale vétérinaire de Toulouse).
Mycoplasma wenyonii (ci-dessus, grossissement au microscope)
est un agent coccoïde (parfois en bâtonnet), situé en périphérie
des hématies, mais aussi dans le plasma.
trophie du ganglion préfémoral ainsi que des cas d’œdème
scrotal avec infertilité chez les mâles, associée à un œdème des
membres postérieurs.
Frottis sanguin pour confirmer la suspicion et traitement à l'oxytétracycline
Sur le plan des examens complémentaires, un frottis sanguin
(fixation et coloration RAL) permet de confirmer la suspicion
clinique dans les premières phases de l’infection, mais il doit
être effectué, fixé et lu très rapidement après le prélèvement.
La sérologie présente peu d’intérêt. Dans les pays confrontés à
cette pathologie, une analyse PCR existe. Son développement
en France est en cours.
Le traitement à mettre en place sur les animaux atteints est
l’oxytétracycline à 10 mg/kg durant trois jours. L’évolution
est très généralement favorable. Sinon, les mycoplasmes sont
également sensibles aux macrolides.
Il s'agit d’une nouvelle maladie présente en France, vectorielle, avec un impact économique ponctuel mais qui peut
être important si plusieurs animaux sont atteints en même
temps, ou si le troupeau naïf présente une réponse immunitaire insuffisante. Il est mis en place une étude visant à préciser
la prévalence de la maladie, avec la mise au point d’un test de
dépistage, l’évaluation de l'impact éventuel sur la reproduction et de la possible transmission verticale. 
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