Médecine & enfance Infection congénitale à cytomégalovirus et surdité ORL N. Teissier, service ORL hôpital Robert-Debré, Paris [email protected] Le cytomégalovirus (CMV) est un virus ubiquitaire, de la famille des herpès, dont la séroprévalence au sein de la population est élevée (60 à 80 %). Chez le sujet immunocompétent, l’infection à CMV se manifeste par un syndrome grippal, souvent complètement anodin. Cependant, une infection en cours de grossesse peut être à l’origine d’une infection congénitale sévère et est la première cause de surdité congénitale et de retard mental de l’enfant. CAS CLINIQUE Rubrique dirigée par M. François Marine, dix mois, est amenée en consultation par ses parents pour suspicion de surdité. Ils ont constaté qu’elle ne tourne pas la tête quand le chien de la famille aboie à côté d’elle et quand une porte claque. Les babillages se font plus rares. C’est leur premier enfant. Elle est née à terme, avec un poids de naissance de 2,950 kg, à la suite d’une grossesse sans particularité en dehors d’une fièvre inexpliquée au deuxième trimestre. Les tests de dépistages auditifs à la naissance ont retrouvé la présence d’otoémissions provoquées des deux côtés. Un test auditif subjectif en champ libre (c’est-à-dire avec des hauts parleurs) retrouve actuellement un seuil à 70-80 dB (normale pour l’âge < 40 dB). Les potentiels évoqués auditifs pratiqués au moment de la sieste mettent en évidence un seuil élevé, à 50 dB à droite et 60 dB à gauche (normal < 20 dB) (figure 1). Devant l’existence de cette surdité moyenne bilatérale, d’allure progressive, un appareillage auditif bilatéral est proposé. Avec ses prothèses, Marine semble plus alerte et recommence à vouloir communiquer oralement. Marine ayant moins de deux ans, une recherche de CMV par PCR sur le carton de Guthrie est proposée aux parents, d’autant qu’on a la notion d’une fièvre inexpliquée au deuxième trimestre de grossesse. Celle-ci reviendra positive, ce qui conduit à proposer à cet enfant un bilan plus complet : ophtalmologique, neurologique et vestibulaire, à la recherche d’atteintes associées. mai 2012 page 212 Quelques mois plus tard, on note l’apparition d’un retard de langage ; l’enfant ne progresse plus, les vocalises sont pauvres et monotones. Le bilan audiométrique montre une aggravation de la surdité avec une absence de réponse à 100 dB en champ libre, confirmée par des potentiels évoqués auditifs (figure 2). Malgré l’optimisation de l’appareillage, aucun gain prothétique n’est constaté. Le bilan est alors complété par une imagerie. Sur le scanner, il n’y a pas d’anomalie de l’oreille interne, les cochlées et les vestibules sont normaux. A l’IRM, les nerfs VII et VIII sont présents et symétriques ; cependant, on constate l’existence de kystes temporaux, une polymicrogyrie et une dilatation des ventricules compatibles avec l’infection congénitale à CMV (figure 3). Compte tenu de l’aggravation de la surdité et de l’absence de bénéfice prothétique, en l’absence de contre-indication chirurgicale, une implantation cochléaire est réalisée. On note depuis une nette progression dans la production de mots simples et un rattrapage progressif du retard de langage. A quatre ans, Marine est scolarisée en deuxième section de maternelle dans une école normale et bénéficie d’un soutien orthophonique deux à trois fois par semaine. INFECTION CONGÉNITALE À CYTOMÉGALOVIRUS L’infection congénitale à CMV concernerait 0,2 à 1 % des naissances. 10 % Médecine & enfance Figure 1 PEA altérés : l’onde V est retrouvée à 50 dB à droite et à 60 dB à gauche. Figure 2 PEA plats : aucune onde V n’est obtenue avec des clicks à 90 dB, aussi bien à droite qu’à gauche. Figure 3 IRM T2 coupes axiale (à gauche) et coronale (à droite) mettant en évidence une polymicrogyrie avec un aspect irrégulier des sillons, une dilatation des cornes temporales des ventricules latéraux, prédominant à gauche, donnant l’impression de kystes temporaux. Il existe aussi quelques anomalies diffuses de la substance blanche. 15 % développent des séquelles neurologiques et une surdité. PHYSIOPATHOLOGIE de ces enfants font une forme symptomatique, marquée par un retard de croissance, un ictère néonatal, une hépato splénomégalie et éventuellement une thrombocytopénie ; parmi eux, 60 % présentent des lésions cérébrales et un handicap neurologique (microcéphalie, convulsions, hypotonie, troubles de déglutition et séquelles neurosensorielles à type de chroriorétinite et de surdité). Parmi les enfants asymptomatiques à la naissance, 8 à Plusieurs éléments influencent le pronostic des enfants infectés in utero par le CMV. Lors de la primo-infection, le risque d’embryofœtopathie et d’hypotrophie est important, et le risque de transmission materno-fœtale est de 30 à 50 %. Si l’infection survient dans les six mois qui précèdent la conception, le risque de transmission materno-fœtale reste présent, mais moindre. Cependant, l’immunisation antérieure ne protège pas contre le risque d’embryofœtopathie, et le risque de transmission materno-fœtale est estimé à 1,4 %. L’absence de protection d’une séropositivité peut être la conséquence soit d’une réinfection par une autre souche virale, soit d’une réactivation de la souche initiale quiescente à l’occasion d’une infection concomitante. Parmi les facteurs de risque d’infection materno-fœtale, le contact avec des enfants en bas âge et le jeune âge de la mère [1] constituent des éléments significatifs. En effet, les enfants porteurs d’infection congénitale à CMV sécrètent du virus dans les urines et la salive jusmai 2012 page 213 qu’à quarante-huit mois, et, par ailleurs, on a constaté que les femmes de moins de vingt ans lors de l’accouchement avaient trois fois plus de risque d’avoir un enfant contaminé à la naissance, les jeunes femmes se contaminant au début de leur activité sexuelle. Enfin, le statut immunologique de la mère influence le risque de transmission : les mères HIV positives présentent un risque plus important d’avoir un enfant symptomatique à la naissance en cas de séroconversion au CMV en cours de grossesse : 30,8 % des enfants seront symptomatiques versus 3,3 % en cas de sérologie HIV négative [2]. TRANSMISSION MATERNOFŒTALE : IMPORTANCE DES IGG NEUTRALISANTES La transmission materno-fœtale est corrélée à la charge virale et inversement corrélée au titre d’anticorps, en particulier au titre des anticorps neutralisants de forte avidité. En effet, le CMV se lie aux IgG lors du passage transplacentaire par transcytose [3]. En cas de forte avidité, le complexe est reconnu par les macrophages des villosités choriales, ce qui entraîne la destruction virale, alors qu’en cas de faible avidité, le complexe Médecine & enfance n’est pas reconnu par les macrophages, évitant ainsi la destruction et contaminant le fœtus. Par ailleurs, la transmission fœtale peut être augmentée en cas d’infection virale ou bactérienne concomitante à la séroconversion [4]. Enfin, la transmission fœtale est aussi inversement proportionnelle au terme, l’infection fœtale étant plus fréquente au cours du troisième trimestre [5]. CMV ET PATHOGÉNIE PLACENTAIRE Les lésions fœtales consécutives à l’infection congénitale à CMV peuvent être la conséquence d’atteintes placentaires ou fœtales. L’hypotrophie fœtale est le résultat d’une insuffisance placentaire plus que d’une atteinte virale directe sur le fœtus. En effet, le CMV est responsable de lésions vasculaires entraînant une inflammation, une fibrose et une nécrose des villosités choriales. Cela induit un épaississement placentaire, lui-même responsable d’une baisse de l’apport sanguin. A terme, cela entraîne une hypoxie fœtale, un retard de croissance et une hypotrophie. L’hypoxie elle-même a aussi pour conséquence une insuffisance hépatique et splénique, une thrombopénie, une leucomalacie périventriculaire et des calcifications. Le CMV lui-même peut être responsable d’une modification de la perméabilité placentaire [6]. Les atteintes neurologiques et sensorielles (auditives et visuelles) sont la conséquence de la conjonction de l’agression virale et de l’hypoxie placentaire. LA SUSCEPTIBILITÉ AU CMV ET AUX ATTEINTES NEUROLOGIQUES DÉPEND DE L’ÂGE GESTATIONNEL Du point de vue de la pathogénicité neurale, le CMV présente un tropisme particulier pour les cellules neurales non différenciées, et en particulier pour les cellules souches de la zone périventriculaire du cerveau [7]. Cela explique la topographie des lésions que l’on retrouve classiquement chez les enfants aux antécédents d’infection congénitale à CMV : le virus induit une perte de cellules souches et de cellules intermédiaires ; en conséquence, le cerveau est de petite taille et présente des troubles de maturation. On retrouve aussi fréquemment chez ces enfants une polymicrogyrie, une brachycéphalie ou une dilatation des espaces péricérébraux, témoins de l’altération de la différenciation des cellules neurales et de leur migration. DIAGNOSTIC D’UNE INFECTION CONGÉNITALE À CYTOMÉGALOVIRUS DIAGNOSTIC VIRAL : LE FŒTUS EST-IL INFECTÉ ? Toute la difficulté dans la prise en charge d’une infection à CMV au cours de la grossesse est de déterminer si le fœtus est atteint. Si l’infection fœtale est prouvée, la datation de l’infection est elle aussi importante. Plusieurs examens indirects peuvent orienter sur le statut immunologique de la mère. Tout d’abord une séroconversion avérée chez une mère antérieurement séronégative donne au clinicien des informations précieuses. Cependant, le statut préconceptionnel n’est pas toujours connu, le dépistage systématique n’étant pas recommandé en France pour l’instant ; de plus, la séroconversion n’induit pas systématiquement une transmission fœtale. Comme dans d’autres infections, l’existence des IgM oriente sur la chronologie de l’infection, mais, dans le cas du CMV, l’interprétation de la sérologie peut être trompeuse. Les IgM apparaissent lors de la primo-infection mais peuvent réapparaître à l’occasion d’une réactivation virale et persister plusieurs mois. Si la séroconversion ne peut être prouvée, l’association d’IgM anti-CMV et d’IgG de faible avidité est en faveur d’une primoinfection récente. L’avidité des IgG augmente avec le temps : les IgG de faible avidité peuvent persister vingt semaines après l’infection. Plus que l’infection maternelle, la transmai 2012 page 214 mission fœtale est l’information fondamentale : la recherche d’ADN viral dans le liquide amniotique ou dans le sang fœtal par PCR ou culture virale permet d’authentifier la contamination fœtale. Enfin, chez le nouveau-né, une recherche virale par PCR peut être effectuée sur les urines au cours des deux premières semaines (sensibilité 71 à 100 %, spécificité 99 %). Si elle est positive, elle témoigne d’une infection congénitale ; au-delà de ce délai, l’identification du CMV dans les urines peut être le témoin d’une infection postnatale, par le lait maternel, par exemple. Afin de déterminer rétrospectivement si un enfant était porteur d’une infection congénitale à CMV, une recherche d’ADN viral peut être effectuée par PCR sur les cartons des tests de Guthrie [8]. Cependant, cette recherche est limitée habituellement à deux ans après la naissance, car les cartons ne sont pas gardés au-delà. Quand l’infection a pu être identifiée précocement, la charge virale à la naissance est corrélée à l’importance des séquelles neurologiques chez les enfants symptomatiques et asymptomatiques. ÉCHOGRAPHIE PRÉNATALE : À LA RECHERCHE D’ÉLÉMENTS EN FAVEUR D’UNE INFECTION CONGÉNITALE À CMV Plusieurs auteurs ont suggéré que la surveillance échographique pouvait ne pas être suffisante pour suspecter une infection congénitale à CMV chez une femme non suivie sérologiquement. Dans une étude rétrospective publiée en 2005, Abdel-Fattah constatait que les signes habituellement évocateurs, comme le retard de croissance, les kystes périventriculaires, les échodensités hépatiques ou digestives, l’ascite, les microcalcifications ou encore la microcéphalie, étaient bien souvent trop tardifs [9] . L’étude rétrospective de Benoist (2008) a montré que l’échographie prénatale n’avait qu’une sensibilité de 86 % et une spécificité de 80 % chez des fœtus dont l’infection à CMV était connue [10]. L’étude menée par Guerra conclut que 1 fœtus sur 5 ou 1 fœtus sur 7 aura Médecine & enfance une échographie normale alors que l’infection est avérée [11]. IMAGERIE POSTNATALE : ÉVALUATION RÉTROSPECTIVE DE L’INFECTION CONGÉNITALE A la relecture systématique des scanners et IRM effectués chez des nourrissons infectés par le CMV, Iovino a constaté que 52 % des scanners étaient anormaux, 43 % avaient des élargissements des espaces sous-arachnoïdiens et 41 % des anomalies de la myélinisation [12]. Les autres anomalies fréquemment rencontrées sont les kystes cérébraux, en particulier au niveau du lobe temporal, des calcifications, des élargissements ventriculaires, des anomalies de la différenciation substance blanchesubstance grise, des microgyries ou encore des hypoplasies cérébelleuses. L’existence de certaines anomalies permet de dater l’infection : les kystes périventriculaires et les lésions corticales sont évocateurs d’infection avant la vingt-sixième semaine, alors que les anomalies des sillons sont plutôt évocatrices d’une survenue de l’infection entre la seizième et la vingt-deuxième semaine [13]. QUELS FACTEURS PRÉDICTIFS D’UNE INFECTION FŒTALE ? L’infection fœtale peut être suggérée par l’existence d’une hypotrophie, d’une thrombopénie fœtale ainsi qu’une élévation des γGT [14]. La faible avidité des IgG dans le sérum maternel est associée à un risque plus important d’infection. Enfin, la charge virale dans le liquide amniotique permet d’estimer le risque de transmission fœtale (> 1000 copies), voire le risque de maladie symptomatique à la naissance (> 5000 copies) [15]. CYTOMÉGALOVIRUS ET SURDITÉ NEUROSENSORIELLE INCIDENCE DE LA SURDITÉ Dans le cadre d’une étude prospective sur dix ans, 74 enfants sur 14021 nais- sances (soit 0,53 %) étaient porteurs d’une infection congénitale à CMV et ont été suivis ; 4 d’entre eux étaient symptomatiques à la naissance [16]. 60 enfants ont été évalués régulièrement pour leur audition. Une surdité a été identifiée chez 21 % des patients asymptomatiques et chez 33 % des patients symptomatiques à la naissance, soit chez 22 % des enfants infectés. 5 % ont présenté une surdité tardive, 11 % une surdité progressive et enfin 16 % une surdité fluctuante. En extrapolant ces données, il est estimé que 36 % des surdités neurosensorielles sont secondaires à une infection congénitale à CMV. Une étude portant sur le statut sérologique de la mère a montré que l’immunisation préalable de la mère ne conférait pas une protection contre une atteinte auditive chez l’enfant, cependant la surdité était alors le plus souvent unilatérale [17]. Le délai d’apparition de la surdité est de trente-trois mois en cas d’infection symptomatique et de quarante-quatre mois pour une infection asymptomatique [18]. Il est donc nécessaire de proposer une surveillance prolongée chez tout enfant aux antécédents d’infection congénitale à CMV du fait d’un fort risque de dégradation secondaire [19]. FACTEURS DE RISQUE DE SURDITÉ CHEZ UN ENFANT AYANT UNE INFECTION CONGÉNITALE À CMV Les risques identifiés de surdité neurosensorielle chez ces enfants sont : 첸 une infection symptomatique à la naissance (OR = 9,3) ; 첸 une charge virale supérieure à 5 000 PFU dans les urines et à 10 000 copies/ml dans le sang ; 첸 un retard de croissance intra-utérin ; 첸 une thrombopénie. ATTEINTES HISTOPATHOLOGIQUES DE L’OREILLE INTERNE L’analyse des rochers des fœtus dont la grossesse a été interrompue et des enfants décédés à la suite d’une infection néonatale sévère a permis de définir les cibles préférentielles du virus au sein de l’oreille interne. On retrouve une forte mai 2012 page 215 concentration virale au niveau de la strie vasculaire et des cellules sombres du labyrinthe, structures toutes deux responsables du recyclage du potassium, la première pour l’endolymphe de la scala media et la seconde pour la périlymphe du vestibule. La surdité pourrait alors être la conséquence d’un dérèglement du flux de potassium, l’échappement progressif expliquant la survenue parfois tardive ou fluctuante de la surdité. Paradoxalement, les cellules ciliées sont indemnes d’infection virale. L’atteinte vestibulaire est fréquente et ne doit pas être sous-estimée. PRISE EN CHARGE QUELLE PRÉVENTION POSSIBLE ? Pour certains auteurs, la clé de la prise en charge réside dans la prévention. Vauloup-Fellous a démontré dans une étude prospective que la sensibilisation des mères séronégatives aux mesures hygiéniques avait permis de diminuer de manière significative le taux de séroconversion [20]. Une autre piste envisagée est celle de la vaccination, mais celle-ci n’est pas encore fiable : l’existence de différents sérotypes rend la réalisation d’une immunoprotection efficace difficile [21]. L’espoir repose alors plus sur la baisse de la prévalence virale au sein de la population, qui entraînerait une diminution du risque de séroconversion, que sur une protection vaccinale efficace. PRISE EN CHARGE PRÉNATALE Plusieurs molécules antivirales sont disponibles, mais elles ne sont pas dénuées de risques chez la femme enceinte et le fœtus. Le ganciclovir et le valaciclovir sont les molécules habituellement proposées en cours de grossesse [22]. Il semblerait que la diffusion du valaciclovir dans le liquide amniotique soit satisfaisante et permette une baisse des lésions fœtales, cependant les études n’ont pas retrouvé une différence significative permettant de justifier une prise en charge systématique des femmes enceintes séroconverties. Nigro a proposé, quant à lui, des immunoglobulines polyvalentes chez les Médecine & enfance femmes enceintes ; il retrouve une diminution des atteintes virales sur le fœtus (organomégalie, dilatation ventriculaire, retard de croissance) ainsi que sur le placenta [23]. Il suggère un rôle protecteur permettant de diminuer le risque de contamination fœtale [24]. Ces études n’ont cependant pas été effectuées dans un cadre randomisé et il semble donc difficile d’en tirer des conclusions. En France, compte tenu de l’absence de consensus quant à un traitement prénatal dénué de risque pour le fœtus et la mère, une interruption de grossesse peut être proposée devant l’existence de lésions fœtales évocatrices d’une infection et la confirmation de la présence virale dans le liquide amniotique. TRAITEMENT POSTNATAL Kimberlin a démontré qu’un traitement de six semaines par ganciclovir, à raison de 12 mg/kg/j, permettait de diminuer de manière significative le risque de surdité, au moins pendant les deux premières années (21 % versus 68 % de surdité progressive à un an, p < 0,01) [25]. De plus, ce traitement semble avoir aussi un effet positif sur le pronostic neurologique. Cependant, la toxicité hématologique et le pouvoir mutagène Références [1] FOWLER K.B., STAGNO S., PASS R.F. : « Maternal age and congenital CMV infection : screening of two newborn populations 1980-1990 », J. Infect. Dis., 1993 ; 168 : 552-6. [2] LERUEZ-VILLE M. : « CMV congenital infection in children born to HIV infected mothers over a 10 yr period (1993-2004) », 2008 Congenital CMV conference, Nov 5-7 2008, Altanta, GA, USA. [3] MAIDJI E., MCDONAGH S., GENBACEV O. et al. : « Maternal antibodies enhance or prevent CMV infection in the placenta by neonatal Fc receptor-mediated trancytosis », Am. J. 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Pédiatr., 2009 ; 16 : 1503-6. ne permettent pas de le proposer systématiquement à tout enfant infecté à la naissance. D’autres études vont dans le même sens [26, 27]. CONCLUSION L’enfant doit être soumis à une surveillance audiométrique régulière. Un test de dépistage, otoémissions ou potentiels évoqués automatisés, doit idéalement être pratiqué pendant la période néonatale. Un suivi doit être effectué tous les six mois pendant les quatre premières années, à la recherche d’une dégradation auditive, comme dans le cas de Marine. La surveillance peut ensuite être annuelle, mais elle pourra être rapprochée à la moindre dégradation auditive. En cas de surdité neurosensorielle, un appareillage auditif sera mis en place, aidé, si besoin, d’un soutien orthophonique. En cas de surdité profonde à sévère bilatérale, un implant cochléaire sera proposé à l’enfant. En effet, les résultats auditifs sont bons, tout à fait comparables aux résultats obtenus pour les surdités génétiques, avec cependant un léger retard à l’acquisition du langage, rapidement compensé à un an. La prise en charge doit bien sûr être complétée par un accompagnement multidisciplinaire des autres éventuelles séquelles. L’infection congénitale à CMV est responsable de surdités neurosensorielles dont la fréquence est actuellement sousestimée. La responsabilité du virus dans la survenue d’une surdité n’est pas toujours facile à établir : l’histoire de la grossesse, les caractéristiques à la naissance peuvent orienter rétrospectivement. En l’absence de diagnostic anténatal ou néonatal, l’affirmation de l’existence d’une infection congénitale à CMV repose sur la recherche virale par PCR sur le carton de Guthrie. Cependant, cette identification est limitée par la durée de stockage des cartons. Une vigilance particulière doit être exercée à la découverte d’une surdité chez un jeune enfant ; la recherche sur carton de Guthrie doit alors être demandée, car elle permet de guider les parents sur les possibles profils évolutifs, et elle ne pourra être faite ultérieurement. En l’absence de consensus thérapeutique sur la prise en charge en cours de grossesse et de traitements dénués d’innocuité, les enfants contaminés in utero ne sont pas systématiquement traités. Ils doivent cependant faire l’objet d’une surveillance audiométrique rapprochée. 첸 [9] ABDEL-FATTAH S.A., BHAT A., ILLANES S. et al. : « TORCH test for fetal medicine indications : only CMV is necessary in the United Kingdom », Prenat. Diagn., 2005 ; 25 : 1028-31. [10] BENOIST G., SALOMON L.J., JAQUEMARD F. et al. : « The prognostic value of ultrasound abnormalities and biological paramaters in blood of fetuses infected with CMV », BJOG, 2008 ; 115 : 823-9. 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PRISE EN CHARGE DE LA SURDITÉ mai 2012 page 216