La Lettre du Cardiologue - n° 394 - avril 2006
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de la fonction contractile globale du ventricule gauche. La courbe
pression-volume télédiastolique est affectée de façon variable en
parallèle avec la variation de l’inflation du ballon au cours du
temps, avec une tendance (non significative) à la diminution de
la compliance (p = 0,06).
De plus, ce “ballon-patch” n’entraîne pas de trouble de la ciné-
tique segmentaire, et l’évaluation par microsphères du débit coro-
naire dans la partie non nécrosée retrouve une perfusion normale.
Une autre technique en cours d’évaluation est la transplantation
de myoblastes périphériques autologues. L’hypothèse sous-
jacente est que la transplantation cellulaire, en limitant le remo-
delage ventriculaire, peut aussi en limiter les effets sur les modi-
fications géométriques de l’appareil mitral, responsables de l’IM
ischémique. Ce “patch biologique” aurait l’avantage de pouvoir
être appliqué par voie percutanée.
Afin de tester cette hypothèse, un infarctus inférobasal est créé
chirurgicalement chez 13 moutons, produisant une IM isché-
mique chronique à 8 semaines. À ce stade, les animaux sont ran-
domisés pour injections intramyocardiques de myoblastes auto-
logues en culture (230 millions de cellules, 65 % positifs au CD 56)
(n = 6) ou de milieu de culture (n = 7). Les paramètres échogra-
phiques (3D et 2D) sont comparables entre les deux groupes à
l’état basal et en pré-Tx. On note un effet favorable de la greffe
de cellules à 2 mois post-Tx (c’est-à-dire 4 mois après l’infarc-
tus) avec une diminution de la progression de la fuite mitrale
(volume régurgitant : – 1,83 ± 0,32 ml versus 5,9 ± 0,7 ml dans
le groupe contrôle ; p < 0,0001) et de la fraction d’éjection
(2,01 ± 0,94 % versus – 4,86 ± 2,23 % dans le groupe contrôle ;
p = 0,02), et une amélioration du score de cinétique segmentaire
du VG (– 0,25 ± 0,11 versus 0,13 ± 0,03 dans le groupe contrôle ;
p < 0,01). La transplantation de myoblastes squelettiques auto-
logues atténue le remodelage local avec une diminution de la pro-
gression de la distance pilier-anneau mitral (– 0,41 ± 0,09 cm
versus 0,44 ± 0,12 dans le groupe contrôle ; p < 0,001) et une
tendance à la diminution de la progression du volume télésysto-
lique (23,3 ± 3,5 ml versus 35,4 ± 4,2 ml dans le groupe
contrôle ; p = 0,055). Ces résultats sont à placer dans la pers-
pective d’une application clinique en cas d’annuloplastie mitrale
et de pontage coronaire. L’injection de myoblastes squelettiques
autologues dans la région sous-jacente au pilier pourrait permettre
une régression du remodelage local, et ainsi améliorer le résul-
tat de l’annuloplastie (14).
CONCLUSION
Le traitement par voie percutanée de l’insuffisance mitrale répond
à un besoin clinique réel correspondant à une variété de patients
parcourant le spectre de présentation clinique de la maladie (du
patient asymptomatique à l’insuffisant cardiaque avec dysfonc-
tion VG). Le succès de cette nouvelle voie thérapeutique dépen-
dra du développement de l’imagerie 3D en temps réel, pouvant
guider le geste de façon précise et reproductible, et du choix de
la technique de réparation, qui devra garder les grandes lignes de
la philosophie de la plastie mitrale chirurgicale : identifier le méca-
nisme de dysfonction valvulaire avant de réparer la valve. ■
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MISE AU POINT