MISE AU POINT Indications des inhibiteurs de tyrosine kinase de l’EGFR dans le cancer bronchique non à petites cellules : pratiques actuelles et perspectives EGFR tyrosine kinase inhibitors in non-small-cell lung cancer: current and future practices E. Dansin*, C. Ferté* * Département de cancérologie générale, centre Oscar-Lambret, Lille. Tableau I. Essais des phases III des ITK-EGFR en deuxième et troisième lignes (1, 2). ISEL (1) BR 21 (2) Nombre de patients (n) Géfitinib 1 129 Placebo 563 Erlotinib 427 Placebo 211 Réponse objective (%) 8 - 9 <1 Maladie stable (%) NC NC 35 27 Médiane de survie (mois) 5,6 5,1 6,7 4,7* Survie sans progression (mois) NC NC 2,2 1,8* Survie à 1 an (%) 27 21 31 22 * p < 0,0001. 8 | La Lettre du Pneumologue • Vol. XIV - n° 1 - janvier-février 2011 Historique des ITK-EGFR Le développement des ITK-EGFR a d’abord été conduit chez des patients non sélectionnés. Dans ce contexte, l’erlotinib a obtenu une AMM en deuxième et troisième lignes (figure 1, tableau I) [1, 2] et il a été démontré que l’adjonction d’un ITK-EGFR à la chimiothérapie de première ligne n’apportait pas de bénéfice (tableau II) [3-6]. L’identification de certaines caractéristiques 100 p < 0,001 (test log-rank) Hazard-ratio = 0,70 (IC95 : 0,58-0,85) 80 Patients (%) L es inhibiteurs de l’activité tyrosine kinase du récepteur de l’EGF (ITK-EGFR) occupent une place primordiale dans la prise en charge des cancers bronchiques non à petites cellules (CBNPC) métastatiques et leurs 2 principaux représentants, le géfitinib et l’erlotinib, ont largement contribué à l’évolution des algorithmes thérapeutiques. Après un bref rappel des modalités de leur développement initial, cet article abordera les données récentes sur les ITK-EGFR et les changements de pratiques qui en résulteront en première ligne métastatique, chez les patients fragiles ou encore en maintenance. Les perspectives ouvertes par l’arrivée d’une nouvelle génération d’ITK et l’identification de nouveaux biomarqueurs seront également évoquées. 60 40 20 0 Erlotinib Placebo 0 6 12 18 24 Mois Figure 1. Essai BR 21 : survie globale (2). 30 Résumé Les inhibiteurs de l’activité tyrosine kinase du récepteur de l’EGF (ITK-EGFR) occupent une place majeure dans la prise en charge du cancer bronchique non à petites cellules. Après un développement initial chez des patients non sélectionnés, leurs indications actuelles intègrent des critères biocliniques sélectifs : première ligne des patients EGFR mutés, maintenance des patients stables après induction. La génération récente d’ITK-EGFR ouvre des perspectives thérapeutiques en première ligne et/ou en cas de résistance après erlotinib ou géfitinib. L’identification de nouveaux profils moléculaires et les nouvelles thérapies ciblées bouleverseront encore les algorithmes thérapeutiques. Tableau II. Essais de phase III de chimiothérapie avec ou sans ITK-EGFR en première ligne chez des patients non sélectionnés. Essais Protocoles n Réponse objective (%) Médiane de survie (mois) Survie à 1 an (%) CG CG + géfitinib 250 mg CG + géfitinib 500 mg 363 365 365 47 51 50 10,9 9,9 9,9 44 41 43 INTACT 2 (4) CbP CbP + géfitinib 250 mg CbP + géfitinib 500 mg 345 345 347 29 30 30 9,9 9,8 8,7 42 41 37 TALENT (6) CG CG + erlotinib 586 586 30 32 10,1 9,9 42 41 TRIBUTE (5) CbP CbP + erlotinib 540 539 19 22 10,5 10,6 44 47 INTACT 1 (3) CG : cisplatine-gemcitabine. CbP : carboplatine-paclitaxel. Tableau III. Prévalence des mutations de l’EGFR. Non-fumeur 40 % Fumeur 7 % ADK (TRU, papillaire, CBA non mucineux) 16 % Non ADK 3 % Asiatiques 30 % - 50 % Caucasiens 10 % Femmes 17 % Hommes 6 % ADK : adénocarcinome. TRU : Terminal Respiratory Unit. CBA : cancer bronchiolo-avéolaire. cliniques (sexe, statut tabagique, origine, histologie) et surtout la découverte des mutations du gène codant pour l’activité tyrosine kinase de l’EGFR ont radicalement changé la donne et ouvert de nouvelles perspectives aux ITK-EGFR (tableau III et figure 2, p. 10) [6-9]. ITK-EGFR et sélection des patients La supériorité en première ligne des ITK-EGFR sur la chimiothérapie conventionnelle a été démontrée chez des patients sélectionnés sur des paramètres clinico-pathologiques (population asiatique, non-fumeur, sexe féminin, adénocarcinome) ou spécifiquement biologiques (mutations de l’EGFR). Certaines populations fragilisées (sujets âgés, performance status [PS] = 3-4) qui ne relevaient pas d’un traitement systémique peuvent maintenant bénéficier des ITK-EGFR sous réserve de la présence de mutations activatrices de l’EGFR (exons 19 et 21). Ces évolutions diagnostiques (identification d’un biomarqueur prédictif d’efficacité) et thérapeutiques (nouvelles indications) marquent une nouvelle étape pour les ITK-EGFR. Une meilleure compréhension de certains mécanismes de l’oncogenèse (la voie HER) et des phénomènes de résistance aux ITK-EGFR (amplification cMET, mutations Kras, mutations EGFR inactivatrices, etc.) contribue aussi à modifier la vision du cancer bronchique et sa prise en charge. Mots-clés Inhibiteurs de l’activité tyrosine kinase du récepteur de l’EGF Cancer bronchique non à petites cellules Erlotinib Géfitinib Summary EGFR tyrosine kinase inhibitors (TKIs) play an essential part in managing NSCLC. Their initial development concerned non selected patients, but now their indications integrate selective bio-clinical parameters : 1st line in mutated EGFR patients, maintenance in stable patients after the induction chemotherapy. Recent EGFR-TKIs demonstrate efficiency in first line and/or acquired resistance to erlotinib and gefitinib. Soon therapeutic algorithms will probably be turned upside down by new molecular profiles and targeted agents. Keywords EGFR tyrosine kinase inhibitors Non-small-cell lung cancer Erlotinib Gefitinib Traitement de première ligne par ITK-EGFR La voie du traitement de première ligne par ITK-EGFR a été ouverte par Inoue et al. ainsi que par Sequist et al. Chez respectivement 25 et 34 patients EGFR mutés traités en première ligne par géfitinib, Inoue et al. observaient un taux de réponse objective (RO) de 75 % et Sequist et al. notaient une survie sans progression (SSP) de 9,2 mois (10, 11). Les analyses de sous-groupes des essais de phase III de deuxième et troisième lignes ISEL (géfitinib contre placebo) et INTEREST (géfitinib contre docétaxel) avaient également mis en évidence un bénéfice en termes de SSP en faveur de l’ITK-EGFR chez les patients EGFR mutés (1, 12). L’essai IPASS de phase III de La Lettre du Pneumologue • Vol. XIV - n° 1 - janvier-février 2011 | 9 MISE AU POINT Indications des inhibiteurs de tyrosine kinase de l’EGFR dans le cancer bronchique non à petites cellules : pratiques actuelles et perspectives EGF binding Exon 2 5 EGF binding TM 7 13 16 17 Autophosphorylation Tyrosine kinase 18-21 22-24 Délétion Exon 18 (nucleotide-binding loop) G719C N700D G719S E709K/Q G719A S720P V689M (5 %) Mutations associées à la sensibilité de la molécule Exon 19 ∆E746-A75O ∆E746-T7S1 ∆E746-A750 (ins RP) ∆E746-T751 (ins A/I) ∆E746-T751 (ins VA) ∆E746-S752 (ins A/V) ∆L747-E749 (A750P) ∆L747-A75O (ins P) ∆L747-T751 ∆L747-T751 (ins P/S) ∆L747-S752 ∆L747-752 (E746V) ∆L747-752 (P753S) ∆L747-S752 (ins Q) ∆L747-P753 ∆L747-P753 (ins S) ∆S752-1759 28 Substitution Exon 18 (activation loop) Exon 20 L858R (40-45 %) N826S A839T K846R L861Q G863D V765A T783A (< 1 %) (40-45 %) (45 %) Figure 2. Mutations activatrices de l’EGFR prédictives d’efficacité des ITK-EGFR (9). Tableau IV. Essais de phase III des ITK-EGFR contre chimiothérapie en première ligne chez des patients sélectionnés. IPASS (13) First SIGNAL Lee (WCLC 2009) Pays n Sélection Comparateur Asie 1 217 Clinique (NF, ADK) CbP Clinique (NF, ADK) CG Corée 316 Résultats géfitinib contre chimiothérapie SSP ITT : HR = 0,74* Mutés : HR = 0,48* ITT - SG : 21 contre 23 mois (NS) >> impact de la 2e ligne Mutés - RO : 85 % contre 38 %* - SSP : 8 contre 7 (NS) NEJ 002 (14) Japon 230 Bio-mol Mutés EGFR CbP WJTOG 3405 (15) Japon 198 Bio-mol Mutés EGFR C/Docétaxel RO : 74 % contre 31 %* SSP : 10,8 contre 5,4 mois* HR = 0,30 SG : 30,5 contre 23,6 mois (NS) RO : 75 % contre 30 %* SSP : 11 contre 6 mois* * différence significative. NF : non-fumeur. ADK : adénocarcinome. lTT : intention de traiter. NS : non significatif. CbP : carboplatine-paclitaxel. CG : cisplatine-gemcitabine. C : cisplatine. 10 | La Lettre du Pneumologue • Vol. XIV - n° 1 - janvier-février 2011 Mok et al. a été le premier à randomiser en première ligne des patients sélectionnés entre un bras de traitement par ITK-EGFR (géfitinib) [n = 609] et un bras chimiothérapie (carboplatine-paclitaxel) [n = 608] (13) [tableau IV]. L’objectif principal de cet essai était la SSP. Les critères d’inclusion (Asiatiques, adénocarcinomes, non-fumeurs) laissaient présumer d’une incidence élevée de patients EGFR mutés (population enrichie) [figure 3]. L’analyse de SSP en fonction du statut mutationnel EGFR mettait en évidence des différences très intéressantes. Chez les patients EGFR mutés (n = 261), la SSP du bras géfitinib était significativement supérieure à celle du bras chimiothérapie avec respectivement 9,5 contre 6,3 mois (HR = 0,48 ; p < 0,0001). En revanche, chez les patients EGFR non mutés (EGFR sauvages), la meilleure SSP était observée dans le bras chimiothérapie (n = 176, 5,5 contre 1,5 mois) [figure 4]. Les résultats de l’essai IPASS en faveur du traitement de première ligne par ITK-EGFR chez les patients EGFR mutés viennent d’être confortés par 2 essais asiatiques encore plus sélectifs. En effet, les essais NEJ 002 et WJTOG 3405 n’ont inclus que des patients EGFR mutés (n = 230 et 198) pour les randomiser entre géfitinib et respectivement carboplatine-paclitaxel et cisplatine-docétaxel (14, 15). Les résultats des 2 essais se sont révélés tout à fait concordants, avec des taux de RO et des médianes de SSP très en faveur du traitement par géfitinib. Globalement, ces essais démontrent que, chez des patients asiatiques EGFR mutés, il est possible d’obtenir sous géfitinib administré en première ligne des taux de RO de l’ordre de 70 % et une SSP de l’ordre de 11 mois alors que, sous chimiothérapie conventionnelle, ces résultats demeurent à 30 % et 6 mois (figure 4). Le géfitinib a obtenu une AMM chez les patients EGFR mutés et les dernières recommandations de l’ASCO indiquent que cet ITK-EGFR peut être administré en première ligne chez les patients EGFR mutés (16). Ces résultats issus d’essais asiatiques sont-ils pour autant transposables aux patients caucasiens ? Rosell et al. ont apporté, en 2009, un élément de réponse avec une étude dans laquelle l’erlotinib était administré en première ou deuxième ligne chez 217 patients EGFR mutés sur 2 105 patients analysés (17). Chez les patients traités en première ligne (52 % des cas), les résultats de RO, de SSP et de survie globale (SG) étaient très favorables (respectivement 71 %, 14 et 28 mois). Les résultats de l’essai randomisé de phase III EURTAC incluant des patients caucasiens EGFR mutés traités en première ligne par erlotinib ou chimiothérapie à base de platine sont MISE AU POINT très attendus (figure 5, p. 12). En cas de résultats favorables de l’essai EURTAC, il est possible que l’erlotinib dispose à son tour d’une AMM pour le traitement de première ligne des patients EGFR mutés. Il s’agit d’un changement fondamental dans la prise en charge des patients atteints de CBNPC, car il convient maintenant d’identifier les 10 % à 15 % de patients présentant une mutation activatrice de l’EGFR (figure 6, p. 12). Dans cette optique, l’Institut national du cancer (INCa) a contribué à la mise en place de plates-formes régionales de biologie moléculaire (www.e-cancer.fr/component/ docman/doc_download/3150-liste-des-platesformes-hospitalieres-de-genetique-moleculaire). Les praticiens doivent maintenant totalement intégrer la recherche des mutations de l’EGFR dans leur prise en charge du CBNPC. Des collaborations sont nécessaires entre les anatomo-pathologistes et les plates-formes de biologie moléculaire pour une transmission rapide des lames et/ou des blocs tumoraux. Les endoscopistes et les radiologues interventionnels sont aussi largement concernés par ces changements, car la qualité de leurs prélèvements est essentielle. Après cette démonstration de l’efficacité des ITK-EGFR en première ligne chez les patients EGFR mutés, il semblait logique de réévaluer la combinaison, chez eux, d’un ITK-EGFR avec une chimiothérapie. Jänne a présenté à l’ASCO 2010 l’essai de phase II CALGB 30406 mené dans une population enrichie et randomisée avec un groupe erlotinib (n = 81) et un groupe erlotinib-carbopla- tine-paclitaxel (n = 100). Les résultats sont comparables dans les 2 groupes avec, respectivement, les RO, SSP et SG suivantes : 35 % contre 48 %, 6,7 contre 6,6 mois, 24,3 contre 19,6 mois. Les résultats selon le statut mutationnel (33 patients EGFR mutés dans chaque bras) n’indiquent pas de bénéfices significatifs pour l’association erlotinib et chimiothérapie (RO : 67 % contre 73 % ; SSP : 15,7 contre 17,2 mois) [18]. En revanche, les résultats au sein de chaque bras de traitement selon le statut mutationnel (EGFR mutés contre EGFR sauvages) confirmaient bien la valeur prédictive des mutations EGFR. Dans le bras erlotinib, les RO, SSP et SG Patients asiatiques • Non prétraités • Âge ≥ 18 ans • Adénocarcinome • Jamais, ex-“petits” fumeurs • Espérance de vie ≥ 12 semaines • PS : 0-2 • Stade IIIB/IV mesurable Géfitinib Carboplatine + paclitaxel Figure 3. IPASS : essai de phase III d’un ITK-EGFR contre chimiothérapie en première ligne chez des patients sélectionnés (13). Mutations EGFR positives Mutations EGFR négatives 0,8 0,6 Géfitinib (n = 132) 0,4 C/P (n = 129) 0,2 0 1,0 HR = 0,48 (IC95 : 0,36-0,64) p < 0,0001 Probabilité de SSP Probabilité de SSP 1,0 0 4 8 Médiane : 9,5 contre 6,3 mois 12 Mois 16 Objectif principal • Survie sans progression (non-infériorité) Objectifs secondaires • Réponse objective (%) • Survie globale • Qualité de vie • Amélioration des symptômes • Tolérance Biomarqueurs • Mutation EGFR • FISH EGFR • IHC EGFR 20 24 HR = 2,85 (IC95 : 2,05-3,98) p < 0,0001 0,8 0,6 C/P (n = 85) 0,4 Géfitinib (n = 91) 0,2 0 0 4 8 12 Mois 16 20 24 Médiane : 1,5 contre 5,5 mois Figure 4. Essai IPASS : courbes de survie sans progression selon le statut mutationnel EGFR (13). La Lettre du Pneumologue • Vol. XIV - n° 1 - janvier-février 2011 | 11 MISE AU POINT Première ligne métastatique • EGFR muté (exon 19 ou L858R) • ECOG PS 0-2 • n = 130 Indications des inhibiteurs de tyrosine kinase de l’EGFR dans le cancer bronchique non à petites cellules : pratiques actuelles et perspectives Erlotinib 150 mg/j jusqu’à progression R Cisplatine + cytotoxiques de 3e génération Objectif principal : SSP Objectifs secondaires : RO, survie à 1 an, SG, tolérance, qualité de vie, site de progression. Figure 5. Essai EURTAC : erlotinib contre chimiothérapie en première ligne chez les patients caucasiens EGFR mutés. 23 septembre 2009 11 juillet 2010 Figure 6. Réponse objective chez un patient EGFR mutés traité par ITK-EGFR en première ligne (clichés : département d’imagerie médicale du centre Oscar-Lambret). étaient respectivement de 67 %, 15,7 et 31,3 mois pour les patients EGFR mutés et de 9 %, 2,7 et 18,1 mois pour les patients EGFR sauvages. Dans le bras erlotinib-carboplatine-paclitaxel, les valeurs étaient respectivement de 73 %, 17,2 et 39 mois pour les patients EGFR mutés et de 33 %, 4,8 et 13,7 mois pour les patients EGFR sauvages. En outre, la tolérance de l’erlotinib était meilleure que celle de l’association erlotinib et chimiothérapie. Ces résultats confirment l’intérêt d’un ITK-EGFR en première ligne de traitement chez les patients EGFR mutés, l’inutilité d’adjoindre une chimiothérapie à l’ITK-EGFR et la valeur prédictive des mutations 12 | La Lettre du Pneumologue • Vol. XIV - n° 1 - janvier-février 2011 activatrices de l’EGFR. Ces dernières représentent le premier biomarqueur prédictif robuste et validé dans les CBNPC (figure 7) [19, 20]. À ce titre, la détermination du statut mutationnel EGFR des patients doit entrer dans la pratique courante. Traitement des PS ≥ 2 par ITK-EGFR La prise en charge des patients de PS 2 s’avère difficile, car le rapport bénéfice/risque est faible dans cette population. Les recommandations ASCO 2009 préconisent la mono-chimiothérapie et soulignent un niveau de preuve insuffisant pour un doublet (16). À ce jour, pour les patients de PS 3, voire 4, l’abstention thérapeutique associée aux meilleurs soins de support reste le standard. La facilité d’emploi et la bonne tolérance des ITK-EGFR incitaient à évaluer ces agents chez les patients de PS ≥ 2. Goss et al. ainsi que Lee et al. ont conduit des essais randomisés avec respectivement géfitinib (n = 201) et erlotinib (n = 670) contre placebo en première ligne. Il s’agissait de patients âgés de plus de 75 ans et/ou de PS ≥ 2 (21, 22). Dans ces 2 études, il n’y avait pas de bénéfice en termes de qualité de vie ou de survie entre le placebo et l’ITK-EGFR. Avec l’essai d’Inoue et al., la situation de ces patients de PS ≥ 2, ou plus exactement d’une partie d’entre eux, se trouve transformée. En effet, ces auteurs ont démontré une amélioration de l’état général (PS) et de la survie sous géfitinib en première ligne chez 30 patients fragiles (PS ≥ 2 avec 17 % de PS 4) et EGFR mutés (23). L’amélioration du PS était constatée dans 79 % des cas et la médiane de survie était de 18 mois. Chez les patients EGFR sauvages, le géfitinib n’obtenait qu’une médiane de survie de 3 mois, comparable à celle observée dans le bras placebo des essais de Goss et de Lee. Ces résultats incitent à changer les pratiques pour rechercher les mutations de l’EGFR chez ces patients de PS ≥ 2. En cas de mutations activatrices, ces patients relèvent d’un traitement par ITK-EGFR. Traitement d’entretien par ITK-EGFR Selon les recommandations de l’ASCO 2009, la première ligne de chimiothérapie doit être arrêtée en cas de progression ou après 4 cycles chez les non-répondeurs et le doublet ne doit pas être administré plus de 6 cycles. Ces recommandations indiquent encore qu’il n’y a pas d’argument en faveur MISE AU POINT de l’administration d’une chimiothérapie différente avant la progression chez les patients stables ou répondeurs à la première ligne (16). Ces éléments seront très probablement amendés, en tenant compte des résultats de plusieurs essais de phase III récemment publiés ou présentés en congrès. La question du traitement d’entretien change avec le pémétrexed et les ITK-EGFR, dont la bonne tolérance permet d’envisager une administration sur le long terme. L’essai JMEN a démontré un bénéfice du pémétrexed sur le placebo en termes de SG pour les lésions non épidermoïdes (13,4 contre 10,6 mois) [24]. Trois essais intégrant des thérapies ciblées apportent aussi un éclairage nouveau sur le concept d’entretien (maintenance) [tableau V]. L’essai de phase III randomisé SATURN évaluait l’erlotinib comparativement au placebo administré en entretien chez 884 patients répondeurs ou stables après une première ligne à base de platine (25). Cet essai ayant pour objectif principal la SSP a démontré l’intérêt de l’erlotinib en le comparant au placebo (3 contre 2,7 mois ; HR = 0,71 ; p < 0,0001). Les analyses en fonction de la réponse à la première ligne démontraient que le bénéfice statistiquement significatif en termes de SG était limité aux patients stables après la première ligne et recevant de l’erlotinib (11,9 contre 9,6 mois). Les analyses en fonction du statut mutationnel EGFR révélaient que les 2 groupes de patients (EGFR mutés contre EGFR sauvages) tiraient bénéfice, en termes de survie, de l’erlotinib en traitement d’entretien. Ce bénéfice est cependant beaucoup plus marqué chez les patients EGFR mutés traités par erlotinib (HR = 0,10 ; p < 0,0001). Il faut toutefois prendre en compte le faible nombre de patients EGFR mutés traités par erlotinib (n = 18) ou placebo (n = 22) ainsi que le faible recul et les traitements de deuxième et troisième lignes qui peuvent influer sur les résultats de SG. L’essai IFCT-GFPC 0502 présenté à l’ASCO 2010 comportait un bras erlotinib en traitement d’entretien comparativement à une surveillance après une première ligne par cisplatine-gemcitabine (26). La SSP à 6 mois des patients recevant de l’erlotinib en traitement d’entretien (n = 153) était significativement supérieure à celle des patients non traités (n = 152) avec respectivement 2,9 et 1,9 mois (HR = 0,82 ; p < 0,002). Ce résultat en faveur de la poursuite d’un traitement était retrouvé pour tous les types histologiques et quelle que soit la réponse à la première ligne de traitement (RO ou stabilité). L’essai de phase III randomisé ATLAS incluait, après une première ligne par chimiothérapie et bévacizumab, 743 patients Mutation de KRAS Mutation inactivatrice de l’EGFR (T790M) Mutations activatrices de l’EGFR (exons 19-21) Amplification/ hyperexpression EGFR (FISH, IHC) Amplification de cMET Protéine de fusion EML4-ALK Sensibilité Pronostic péjoratif Résistance Pronostic favorable Figure 7. Biomarqueurs prédictifs et pronostiques dans le CBNPC (19). Tableau V. Essais de phase III d’entretien par ITK-EGFR. Essai SATURN (25) ATLAS (27) IECT-GFPC 0502 (26) Sélection histologique Non Oui Non Traitement de 1re ligne Platine-3G Platine-3G-BVZ CG n 889 743 453 Bras contrôle Placebo BVZ Observation Bras expérimental Erlotinib BVZ + erlotinib G + erlotinib Objectif principal SSP SSP SSP SSP (expérimental/contrôle) 2,9/2,6 4,8/3,7 3,8/1,9 2,9/1,9 SG 12/11 15,9/13,9 NA Sous-groupes bénéficiaires EGFR mutés Stables Tous 3G : cytotoxiques de 3e génération. BVZ : bévacizumab. CG : cisplatine-gemcitabine. G : gemcitabine. NA : non applicable. recevant du bévacizumab ± erlotinib en traitement d’entretien (27). Les résultats présentés à l’ASCO 2010 mentionnaient un bénéfice en termes de SSP du traitement d’entretien par anti-VEGF et ITK-EGFR comparativement au bras anti-VEGF seul (4,8 contre 3,7 mois), mais sans impact significatif sur la SG (15,9 versus 13,9 mois). Contrairement à la situation de première ligne et sous réserve des analyses complémentaires des essais récents, un traitement d’entretien par ITK-EGFR ne semble pas réservé aux seuls patients EGFR mutés. L’identification de facteurs prédictifs biologiques permettra peut-être de préciser les indications d’entretien dans la prise en charge des CBNPC. La Lettre du Pneumologue • Vol. XIV - n° 1 - janvier-février 2011 | 13 MISE AU POINT Indications des inhibiteurs de tyrosine kinase de l’EGFR dans le cancer bronchique non à petites cellules : pratiques actuelles et perspectives Perspectives des ITK-EGFR Malheureusement, l’efficacité des ITK-EGFR se trouve d’emblée limitée soit par l’existence d’une résistance primaire (mécanisme rare), soit, le plus fréquemment, par l’émergence d’une résistance acquise. Ce mécanisme est lié à l’apparition sous ITK-EGFR de mutations inactivatrices, dont la plus fréquente est la mutation T790M de l’exon 20 (9). D’autres événements moléculaires (amplification de cMET, mutation de Kras, inactivation de PTEN...) interviennent dans les mécanismes de résistance acquise aux ITK-EGFR (tableau VI) [29]. Les ITK-EGFR multicibles (encore appelés “irréversibles” ou “de deuxième génération”) et les inhibiteurs de cMET ou de son ligand HGF permettront peut-être de contourner ces mécanismes de résistance acquise au géfitinib et à l’erlotinib. Le BIBW 2992 et le PF299 représentent les premiers agents ITK-EGFR de deuxième génération. Leur action inhibitrice ITK-EGFR concerne aussi les récepteurs HER2 (BIBW 2992) et HER4 (PF299). Ces agents ont d’abord été étudiés en situation de progression après erlotinib ou géfitinib. L’essai LUX-Lung 1 évaluant l’efficacité du BIBW 2992 après progression sous erlotinib ou géfitinib apportera des informations essentielles sur ce nouvel agent et sa place en troisième ligne. Des résultats préliminaires indiquent aussi une efficacité de ces ITK-EGFR irréversibles en première ligne chez des patients sélectionnés (population enrichie et/ou EGFR mutés). Dans un essai de phase II, Mok et al. rapportaient un taux de RO de 100 % chez 14 patients EGFR mutés traités par PF299 (30). Chez 129 patients EGFR mutés, Tableau VI. Mécanismes de résistance aux ITK-EGFR (28). Fréquence Mutations acquises T790M 50 %-60 % D761Y < 1 % T854A < 1 % Activation de la voie cMET Amplification génique 10 %-20 % Hyperexpression HGF ? Inactivation de PTEN < 3 % Clones Kras mutés < 1 % Modification histologique < 1 % 14 | La Lettre du Pneumologue • Vol. XIV - n° 1 - janvier-février 2011 Yang et al. ont retrouvé des résultats prometteurs du BIBW 2992 en termes de RO et de SSP avec respectivement 62 % et 12 mois (31). Cette efficacité justifie l’essai de phase III randomisé de première ligne des patients EGFR mutés avec BIBW 2992 contre cisplatine-pémétrexed (essai LUX-lung 3). Dans l’hypothèse où l’efficacité des ITK-EGFR irréversibles se confirme en deuxième et troisième lignes, voire en première ligne, on perçoit les bouleversements à venir des algorithmes de prise en charge. La recherche fondamentale et l’expérience clinique sur les ITK-EGFR ont permis d’identifier certains mécanismes oncogéniques impliqués dans la différenciation des adénocarcinomes bronchiques : mutations Kras, Braf, EGFR, PIK3CA, HER2, AKT, EML4-ALK… Des corrélations clinico-moléculaires sont maintenant établies. La translocation EML4-ALK concerne environ 4 % à 6 % des adénocarcinomes. Il s’agit principalement de sujets masculins, non fumeurs, plutôt quinquagénaires, atteints d’adénocarcinomes Kras et EGFR sauvages. Dans la mesure où un agent anti-ALK, le crizotinib, s’avère très efficace chez ces patients ALK+, leur identification est essentielle. Bang et al. ont rapporté un taux de RO de 57 % chez 82 patients sous crizotinib, lourdement prétraités et présentant une translocation ALK+ (32). Tenant compte de ces perspectives, l’INCa a mis en place un programme national de détection de biomarqueurs émergents dans le cancer bronchique pour identifier, parallèlement à la recherche des mutations EGFR, les mutations HER2, Kras, Braf et la translocation ALK (www.e-cancer.fr/component/docman/doc_ download/5119-programme-inca--biomarqueursemergents). Le développement des ITK-EGFR illustre l’importance de la biologie moléculaire et son impact concret sur les pratiques. À côté des critères pronostiques évidents (âge, sexe, PS, stades, etc.) et des données histologiques, les informations moléculaires contribuent maintenant à une sélection rationnelle des patients. La biologie se rapproche de la clinique pour optimiser le traitement des patients, avancer sur la voie de l’individualisation thérapeutique et rationaliser les coûts de prise en charge. Le développement de techniques alternatives au séquençage telle l’immunohistochimie facilitera l’accès aux profils moléculaires (33). Le rôle des pneumologues est primordial, étant donné leur implication dans l’obtention, au diagnostic et lors des rechutes, de prélèvements de qualité. MISE AU POINT Conclusion Ces dernières années, les ITK-EGFR ont incontestablement marqué le traitement des CBNPC métastatiques en deuxième et troisième lignes. Ils restent d’actualité avec de nouvelles indications pour la première ligne chez les patients EGFR mutés quel que soit le PS ou en tant que traitement d’entretien chez les patients stables après chimiothérapie d’induction. Les ITKEGFR soulèvent aussi de nouvelles questions sur la conduite à tenir en cas de résistance, sur les associations avec d’autres thérapies ciblées (anti-cMET, inhibiteurs de mTOR, anti-MEK, etc.) ou encore sur leur place vis-à-vis des ITK-EGFR de nouvelle génération dits “irréversibles”. La mise à disposition des plates-formes de biologie moléculaire favorise l’accès à ces nouvelles stratégies thérapeutiques induites par les ITK-EGFR. Tous les intervenants dans la prise en charge des CBNPC se doivent de participer activement à cet élan porteur d’espoir pour les patients. ■ Références bibliographiques 1. Thatcher N, Chang A, Parikh P et al. Gefitinib plus best supportive care in previously treated patients with refractory advanced non-small-cell lung cancer: results from a randomised, placebo-controlled, multicentre study (Iressa Survival Evaluation in Lung Cancer). Lancet 2005;366(9496):1527-37. 2. 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