12 | La Lettre du Pneumologue • Vol. XIV - n° 1 - janvier-février 2011
Indications des inhibiteurs de tyrosine kinase de l’EGFR dans le cancer
bronchique non à petites cellules : pratiques actuelles et perspectives
MISE AU POINT
étaient respectivement de 67 %, 15,7 et 31,3 mois
pour les patients EGFR mutés et de 9 %, 2,7 et
18,1 mois pour les patients EGFR sauvages. Dans le
bras erlotinib-carboplatine-paclitaxel, les valeurs
étaient respectivement de 73 %, 17,2 et 39 mois
pour les patients EGFR mutés et de 33 %, 4,8 et
13,7 mois pour les patients EGFR sauvages. En
outre, la tolérance de l’erlotinib était meilleure que
celle de l’association erlotinib et chimiothérapie.
Ces résultats confirment l’intérêt d’un ITK-EGFR en
première ligne de traitement chez les patients EGFR
mutés, l’inutilité d’adjoindre une chimiothérapie
à l’ITK-EGFR et la valeur prédictive des mutations
activatrices de l’EGFR. Ces dernières représentent
le premier biomarqueur prédictif robuste et validé
dans les CBNPC (figure 7) [19, 20]. À ce titre, la
détermination du statut mutationnel EGFR des
patients doit entrer dans la pratique courante.
Traitement des PS ≥ 2
par ITK-EGFR
La prise en charge des patients de PS 2 s’avère diffi-
cile, car le rapport bénéfice/risque est faible dans
cette population. Les recommandations ASCO 2009
préconisent la mono-chimiothérapie et soulignent un
niveau de preuve insuffisant pour un doublet (16). À
ce jour, pour les patients de PS 3, voire 4, l’abstention
thérapeutique associée aux meilleurs soins de support
reste le standard. La facilité d’emploi et la bonne
tolérance des ITK-EGFR incitaient à évaluer ces agents
chez les patients de PS ≥ 2. Goss et al. ainsi que Lee
et al. ont conduit des essais randomisés avec respec-
tivement géfitinib (n = 201) et erlotinib (n = 670)
contre placebo en première ligne. Il s’agissait de
patients âgés de plus de 75 ans et/ou de PS ≥ 2 (21,
22). Dans ces 2 études, il n’y avait pas de bénéfice en
termes de qualité de vie ou de survie entre le placebo
et l’ITK-EGFR. Avec l’essai d’Inoue et al., la situation
de ces patients de PS ≥ 2, ou plus exactement d’une
partie d’entre eux, se trouve transformée. En effet,
ces auteurs ont démontré une amélioration de l’état
général (PS) et de la survie sous géfitinib en première
ligne chez 30 patients fragiles (PS ≥ 2 avec 17 % de
PS 4) et EGFR mutés (23). L’amélioration du PS était
constatée dans 79 % des cas et la médiane de survie
était de 18 mois. Chez les patients EGFR sauvages,
le géfitinib n’obtenait qu’une médiane de survie de
3 mois, comparable à celle observée dans le bras
placebo des essais de Goss et de Lee. Ces résultats
incitent à changer les pratiques pour rechercher les
mutations de l’EGFR chez ces patients de PS ≥ 2. En
cas de mutations activatrices, ces patients relèvent
d’un traitement par ITK-EGFR.
Traitement d’entretien
par ITK-EGFR
Selon les recommandations de l’ASCO 2009, la
première ligne de chimiothérapie doit être arrêtée
en cas de progression ou après 4 cycles chez les
non-répondeurs et le doublet ne doit pas être admi-
nistré plus de 6 cycles. Ces recommandations indi-
quent encore qu’il n’y a pas d’argument en faveur
Figure 5. Essai EURTAC : erlotinib contre chimiothérapie en première ligne chez les
patients caucasiens EGFR mutés.
Première ligne métastatique
• EGFR muté (exon 19 ou L858R)
• ECOG PS 0-2
• n = 130
Erlotinib 150 mg/j
jusqu’à progression
Cisplatine
+ cytotoxiques
de 3e génération
R
Objectif principal : SSP
Objectifs secondaires : RO, survie à 1 an, SG, tolérance, qualité de vie, site de progression.
Figure 6. Réponse objective chez un patient EGFR mutés traité par ITK-EGFR en première
ligne (clichés : département d’imagerie médicale du centre Oscar-Lambret).
23 septembre 2009 11 juillet 2010