MISE AU POINT
Figure 2. L’érection est un mécanisme endothélium-dépendant. Le GMP cyclique avec
l’adénosine monophosphate cyclique (AMPc) sont les médiateurs fondamentaux de la
relaxation du muscle lisse intracaverneux et ils sont inactivés par des phosphodiestérases.
GMPc : Guanosine MonophosPhate cyclique (messager du NO dans la cellule endothéliale) ; NO : oxyde nitrique ; IPPD-5 :
phosphodiestérases de type 5.
Stimulus sexuel NO ➚ GMPc
GMP
PDE-5
Érection
Vasodilatation
des corps caverneux
TRAITEMENT
PAR IPPD-5
La Lettre du Cardiologue • n° 456 - juin 2012 | 25
(IPPD-5). Il n’existe aujourd’hui aucun équivalent de
cette classe thérapeutique pour les femmes, capable
de lutter contre le manque ou l’absence de désir
sexuel féminin. Une seule molécule, la fl ibansérine,
a été élaborée, mais aucun pays n’a encore autorisé
sa mise sur le marché. Même si l’étude VIOLET a
montré des résultats encourageants de la fi bran-
sérine sur la libido des femmes en périménopause,
cette molécule pourrait être responsable d’étour-
dissements et de dépressions incitant donc encore
à la prudence (20). En revanche, pour les hommes
comme pour les femmes, une bonne hygiène de vie,
un appareillage du syndrome d’apnées du sommeil
et la reprise d’une activité physique régulière
améliorent la fonction endothéliale et la sensation
de bien-être (1, 2, 9). En pratique, il est préférable
de dépister les troubles sexuels avant l’instauration
des traitements CV et d’informer le patient sur leurs
possibles effets indésirables.
Ensuite, il ne faut pas incriminer trop vite les médi-
caments dans le trouble sexuel, mais rechercher
d’autres facteurs confondants. Les IPPD-5 sont le
traitement de première intention par voie orale de
la DE masculine (2) [fi gure 2]. Ils améliorent la
dysfonction endothéliale, diminuent la résistance
vasculaire pulmonaire et la pression artérielle
pulmonaire, augmentent la tolérance à l’exercice
et l'index cardiaque. Ils favorisent la sécrétion de
NO, permettant le maintien de la vasodilatation
des corps spongieux péniens. Par ces différents
mécanismes, les IPPD-5 ont ainsi un effet facilitant
sur l’érection. Avant leur prescription, il convient
de prendre en compte les autres traitements, en
particulier les dérivés nitrés et les médicaments
“donneurs de NO”, qui sont formellement contre-
indiqués en cas de traitement par IPPD-5 (2, 9).
Leur coprescription concourt à l’augmentation
du GMPc, avec un risque d’hypotension brutale et
majeure. S’il s’agit d’un patient instable ou sévère,
l’hypotension et la tachycardie réflexe peuvent
décompenser dangereusement la maladie CV sous-
jacente. Le choix de l’IPPD-5 doit être expliqué, la
décision partagée avec le patient et sa partenaire.
Le sildénafi l, le tadalafi l et le vardénafi l sont les
3 IPPD-5 spécifi ques de la GMPc actuellement sur le
marché. Le cardiologue doit connaître les propriétés
de chaque molécule. Le critère de choix à retenir
sera la préférence du patient après information sur
les 3 IPPD-5, notamment sur leur délai, leur durée
d’action, ainsi que sur le mode de prise, en tenant
compte des autres pathologies et vulnérabilités,
des habitudes du couple et de son rythme d’activité
sexuelle. Les IPPD-5 sont un traitement facilitateur
de l’érection pris à la demande ou bien en une prise
quotidienne pour le tadalafi l au même moment
de la journée. Ces médicaments nécessitent une
stimulation sexuelle dont l’effet peut être visible dès
la première prise, et dont les résultats s’améliorent
au fi l du traitement, ce qui nécessite un minimum
de 4 à 6 essais. Les IPPD-5 peuvent être instaurés
chez le patient cardiaque stable. Le cardiologue doit
au préalable vérifi er le statut CV de son patient et
évaluer le risque lié à l’acte sexuel.
La prescription d’IPPD-5 doit être associée à une
modifi cation de l’hygiène de vie (réduction de la
consommation d’alcool et du poids chez le sujet
obèse, pratique régulière d’un exercice d’endurance,
réentraînement physique progressif pour les séden-
taires, gestion du stress) qui renforcera leur effi ca-
cité (2, 9). Toute prescription de dérivés nitrés doit
être évitée dans les 24 heures qui suivent la prise
de sildénafi l ou de vardénafi l, ou dans les 48 heures
après la prise de taladafi l (2). Le partenariat avec
l’andrologue et le médecin généraliste sont aussi
des gages d’effi cacité dans la prise en charge des
troubles sexuels chez les patients à risque. ■
Liens d’intérêts. Claire Mounier-Vehier, auteure principale,
est consultante pour plusieurs fi rmes pharmaceutiques pour
la rédaction d’articles et de diaporamas, pour la réalisation de
conférences et pour des missions de conseil. Elle a reçu des
subventions et des bourses de recherche pour conduire des
actions de recherche dans le domaine de l’éducation théra-
peutique. Les partenaires sont les suivants : AstraZeneca, Bayer
Pharma, BMS, Boeringher-Ingelheim, Bouchara-Recordati, Daiichi-
Sankyo, Ardix Therval-Euthérapie-Servier, Novartis Pharma,
Menarini, Merck Serono, Microlife, ResMed, MSD, Omron, Sanofi .