nous notons une morbidité de 16 % (3,8 % d’infections, 2,7 %
de nécroses de la cicatrice, 6,6 % de séromes, 6 % de douleurs
jugées importantes). Le taux de reprise opératoire de la MRI,
sous anesthésie générale, a été de 26 %. Les causes peuvent
être multiples, représentées par une motivation de la patiente
(85 %), un mauvais résultat esthétique (72 %), une coque péri-
prothétique (Becker III-IV : 24 %), une infection (6 %) ou une
nécrose cutanée (4 %). Le plus souvent, le traitement a
consisté à changer la prothèse.
●
●Évaluation de la satisfaction des femmes ayant bénéficié
d’une MRI par prothèses.
Méthodologie : 149 patientes ayant bénéficié d’une reconstruc-
tion immédiate par prothèse ont répondu à un questionnaire qui
leur a été envoyé par courrier. Cette enquête comprenait 5 ques-
tions sur la qualité de l’information qui leur avait été fournie
lors du diagnostic, 30 questions sur l’évaluation de la qualité de
vie (questionnaire QLQ C-30 de l’EORTC), 3 questions sur
l’évaluation du retentissement sexuel de la MRI (questionnaire
QLQ B-23 de l’EORTC) et 6 questions sur l’évaluation. Les
réponses ont été traitées informatiquement pour déterminer la
qualité de vie de ces femmes, les causes d’insatisfaction, les
groupes n’ayant pas tiré profit de cette intervention. Le délai
moyen entre l’intervention chirurgicale et l’enregistrement des
réponses est de 55 mois (3-172) ; 96 % des patientes ont plus
de 6 mois de recul entre la MRI et la réponse au questionnaire.
Résultats :
– information sur l’intervention de MRI : 80 % des femmes ne
connaissaient pas la possibilité technique d’une mastectomie
avec reconstruction immédiate avant d’être confrontées à cette
pathologie. La proposition de MRI leur a été faite dans 90 %
des cas par le chirurgien qui les avait opérées ; dans 12 % des
cas, la patiente a demandé cette intervention. Les patientes
déjà informées détenaient cette information de leur médecin
(22 %), d’une amie (7 %), d’une femme déjà opérée de MRI
(7,4 %), d’un article de presse (6 %) ; 57 % des femmes ont
pris seule la décision d’effectuer une MRI, les autres ont été
aidées par leur médecin (32 %), leur mari (23 %), leur famille
(10 %), leur entourage (1 %) ;
– questionnaire qualité de vie (QLQ C-30) : l’appréciation du
statut de santé global est bonne : 66,7 %. Les différentes
dimensions de la vie quotidienne sont respectées : activité
sociale (100 %), activité physique (93,3 %), activité person-
nelle (83,3 %), activité intellectuelle (83,3 %), activité émo-
tionnelle (75 %). L’appréciation des différents symptômes est
globalement bonne. Seuls l’insomnie (33 %) et la notion de
fatigue et d’asthénie sont notées (22 %) ;
– Évaluation de l’impact sexuel de la MRI (QLQ B-23) :
l’activité sexuelle est conservée (66 %) mais le plaisir sexuel
est plus rare (33 %) ;
– appréciation esthétique de la MRI par la femme : l’évaluation
du résultat esthétique global note que 60 % des femmes se disent
satisfaites, que 13 % ne le sont pas et que 24 % le sont “un peu” ;
47 % des femmes considèrent le sein reconstruit comme proche
du résultat qu’elles en attendaient. De façon plus détaillée, elles
jugent le sein reconstruit moins souple et surtout insensible. Elles
considèrent ce sein reconstruit comme leur appartenant (51 %),
comme un corps étranger (30 %) ou comme un corps étranger
gênant (19 %). Elles montrent facilement ce sein à leur mari
(60 %), à leur famille (40 %), à leurs amies (32 %) ; 19 % des
patientes cachent la MRI, 13 % des patientes ont des difficultés
pour s’habiller, 28 % pour mettre des décolletés et 15 % redoutent
de se montrer en public ; 90 % des patientes conseilleraient cette
intervention à une amie qui devrait bénéficier d’une mastectomie ;
– recherche de groupes à risque : la moyenne des scores du
QLQ C-30 a été croisée avec les facteurs cliniques spécifiques.
Les femmes de plus de 45 ans présentent un score de santé glo-
bal (p : 0,09) et un score de dimension personnel (p : 0,001) et
social (p : 0,08) plus mauvais que les femmes de moins de
45 ans. Le BMI (Body Mass Index) et le volume de la prothèse
sont non significatifs. Les femmes opérées d’un cancer invasif
ont un score de dimension social (p : 0,02) et physique (p : 0,05)
significativement altéré.
Nos conclusions rejoignent celles de la littérature (5, 9-11)
concernant les mastectomies avec reconstruction immédiate. Les
techniques ont grandement évolué vers la sécurité du geste et de
son résultat, les nouvelles prothèses anatomiques, préremplies de
gel de silicone, vont permettre de diminuer la fréquence des lam-
beaux. Les limites actuelles de cette méthode sont d’ordre psy-
chologique. Le chirurgien doit sélectionner, avant l’intervention,
les femmes qui n’en tireront aucun profit psychologique.
Il persistera toujours des indications carcinologiques et esthé-
tiques de mastectomie pour la prise en charge loco-régionale
des cancers du sein. La barrière de 30 % de mastectomie sera
difficile à franchir sans l’apport d’un matériel biocompatible
qui comblera le defect mammaire en autorisant une irradiation
adjuvante. La mastectomie avec reconstruction immédiate
pourrait devenir, dans un avenir proche, le standard de cette
prise en charge mutilante. ■
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DOSSIER
14
La Lettre du Sénologue - n° 12 - avril/mai/juin 2001