Université Joseph Fourier, Grenoble Maths en Ligne
Théorie élémentaire de l’intégration
Jean-Pierre Demailly, Didier Piau et Bernard Ycart
Ignorer la théorie de l’intégration n’a jamais empêché personne de calculer des
primitives et des intégrales ; les techniques de calcul font d’ailleurs l’objet d’un chapitre
indépendant dans ce cours. Ce que vous trouverez ici est assez théorique et difficile.
N’espérez pas tout comprendre si vous n’avez pas auparavant bien assimilé l’art de
couper les epsilons en quatre. Un objectif minimal et raisonnable est d’apprendre à
reconnaître des sommes de Riemann quand vous en rencontrerez et de savoir calculer
leurs limites.
Table des matières
1 Cours 1
1.1 SommesdeRiemann ............................ 1
1.2 L’intégrale d’une fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.3 Propriétés élémentaires de l’intégrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.4 Le théorème fondamental de l’Analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.5 Calcul à l’aide de primitives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.6 Encadrements par des fonctions en escalier . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2 Entraînement 22
2.1 Vraioufaux................................. 22
2.2 Exercices................................... 24
2.3 QCM..................................... 27
2.4 Devoir .................................... 30
2.5 Corrigédudevoir.............................. 32
3 Compléments 37
3.1 Archimède et la quadrature de la parabole . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3.2 LafamilleibnQurra ............................ 39
3.3 Calcul numérique des intégrales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
3.4 Les différentes intégrales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.5 La mésaventure de Chasles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
8 novembre 2011
Maths en Ligne Théorie élémentaire de l’intégration UJF Grenoble
1 Cours
1.1 Sommes de Riemann
Dans tout le chapitre, aet bdésignent deux réels tels que a<b. Soit fune fonction
définie sur l’intervalle [a, b]et à valeurs dans R. La portion du plan comprise entre le
graphe de fet l’axe horizontal est l’ensemble des couples (x, y)tels que :
(06y6f(x)si f(x)>0
f(x)6y60si f(x)60.
Pour une fonction fsuffisamment régulière, nous souhaitons évaluer l’aire de cette
portion de plan, en comptant positivement les surfaces situées au-dessus de l’axe ho-
rizontal, et négativement celles situées au-dessous (figure 1). Nous parlerons de l’aire
algébrique située sous le graphe de f.
a b
x
y
A1
A2
A3
A4
A2A3A4
A1
+ + +=
++
= + − +A1A2A3A4
A
Figure 1 – Aire algébrique située sous le graphe de f.
L’idée est de découper l’intervalle [a, b]au moyen d’une subdivision puis de sommer
des aires de rectangles basés sur les intervalles de la subdivision.
Définition 1.
1. On appelle subdivision pointée de l’intervalle [a, b], la donnée de n+ 1 points
a=a0< a1<··· < an=b ,
et de npoints x1, . . . , xntels que :
i= 1, . . . , n , xi[ai1, ai].
1
Maths en Ligne Théorie élémentaire de l’intégration UJF Grenoble
La subdivision pointée sera notée :
D={([ai1, ai], xi)}16i6n.
Les réels hi=aiai1(amplitudes des intervalles) sont les pas de la subdivision
pointée.
2. Soit Dune subdivision pointée de l’intervalle [a, b]et fune fonction de [a, b]dans
R. On appelle somme de Riemann associée à fsur D, le réel :
SD(f) =
n
X
i=1
f(xi)(aiai1) =
n
X
i=1
f(xi)hi.
La somme de Riemann SD(f)est l’aire algébrique de la réunion des rectangles de
largeur hiet de hauteur f(xi)(figure 2). Il s’agit bien d’une aire algébrique (c’est-à-
dire pouvant être comptée positivement ou négativement, par opposition à une aire
absolue), puisque f(xi)hiest compté positivement si f(xi)>0et négativement si
f(xi)<0.
a0a1
hi
ai−1 ai
f(x )
i
an
xi
a b
x
y
Figure 2 – Somme de Riemann associée à fsur D.
Intuitivement, l’aire Acherchée est la limite de SD(f)quand les pas hitendent
vers 0. Un choix possible consiste à subdiviser en sous-intervalles égaux :
i= 0, . . . , n , ai=a+iba
n.
Dans ce cas,
i= 1, . . . , n , hi=ba
n.
2
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Comme premier exemple, considérons la fonction identité f:x7→ xsur l’intervalle
[0,1]. Pour n>1, posons :
a0= 0 , a1=1
n, . . . , ai=i
n, . . . , an= 1 .
Les pas de cette subdivision sont tous égaux à 1/n. Voici trois calculs de sommes de
Riemann, selon que l’on place les points xiau début, au milieu ou à la fin des intervalles
[ai1, ai](on rappelle que la somme des entiers de 1ànvaut n(n+ 1)/2).
xi=ai1:SD(f) =
n
X
i=1
i1
n
1
n=1
n2
n
X
i=1
(i1) = n1
2n,
xi=ai1+ai
2:SD(f) =
n
X
i=1
2i1
2n
1
n=1
2n2
n
X
i=1
2i1 = 1
2,
xi=ai:SD(f) =
n
X
i=1
i
n
1
n=1
n2
n
X
i=1
i=n+ 1
2n.
La seconde somme est égale à 1/2pour tout n, les deux autres tendent vers 1/2quand
ntend vers l’infini. Par ailleurs, l’aire du triangle sous le graphe de la fonction est bien
1/2(figure 3).
0 1
Figure 3 – Sommes de Riemann associées à l’identité sur [0,1].
Les trois propriétés des sommes de Riemann énoncées dans la proposition suivante
sont très faciles à vérifier à partir de la définition 1. Nous les retrouverons comme
propriétés des intégrales.
Proposition 1. Soit Dune subdivision pointée de l’intervalle [a, b]. Soient fet gdeux
fonctions de [a, b]dans R.
3
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1. Linéarité : Pour tous λ, µ R,
SD(λf +µg) = λSD(f) + µSD(g).
2. Monotonie : Si pour tout x[a, b],f(x)6g(x), alors
SD(f)6SD(g).
3. Relation de Chasles : Soient c>bun réel et Eune subdivision pointée de [b, c].
Soit fune fonction définie sur [a, c]. Alors DEest une subdivision pointée de
[a, c]et :
SD(f) + SE(f) = SDE(f).
1.2 L’intégrale d’une fonction
La figure 2 montre qu’une bonne approximation de l’aire associée à fdemande que
les intervalles de la subdivision pointée Dsoient petits. On mesure cela en parlant de
la finesse de D.
Définition 2. Soient D={([ai1, ai], xi)}une subdivision pointée de [a, b]et δR+
un nombre réel strictement positif. La subdivision pointée Dest δ-fine si les pas de D
sont bornés par δ, c’est-à-dire :
i= 1, . . . , n , hi=aiai16δ .
Remarquons que si δ6δ, alors toute subdivision δ-fine est aussi δ-fine.
Définition 3. Soit fune fonction définie sur l’intervalle [a, b]et à valeurs dans R.
1. On dit que fest intégrable sur [a, b] (au sens de Riemann)s’il existe un réel A,
représentant l’aire algébrique située sous le graphe de f, tel que pour toute marge
d’erreur ε > 0donnée a priori, on peut trouver un nombre δR+tel que pour
toute subdivision pointée Dde [a, b],δ-fine, on ait :
|SD(f)A|6ε .
On dit alors que δest ε-adapté àf.
2. Si fest intégrable sur [a, b], le nombre réel Adu point précédent est appelé in-
tégrale (au sens de Riemann) de fsur [a, b]et noté A=Zb
af(x) dx. On écrit
aussi :
Zb
af(x) dx= lim
DSD(f) = lim
D
n
X
i=1
f(xi)(aiai1).
et on dit que Zb
af(x) dxest la limite des sommes de Riemann, lorsque la subdi-
vision Ddevient de plus en plus fine.
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