La Lettre du Cardiologue • n° 480 - décembre 2014 | 5
ÉDITORIAL
desdécès cardiovasculaires de 20 % et des hospitalisations pour insuffi sance cardiaque
de21 %. Enfi n, les décès toute cause ont été réduits de 16 %.
La sécurité d’emploi a été bonne, avec en particulier moins d’épisodes d’aggravation
dela fonction rénale ou d’hyperkaliémie avec le LCZ qu’avec l’énalapril. L’eff etprotecteur
sur la fonction rénale résulte probablement de l’accroissement delaconcentration
plasmatique des peptides natriurétiques induit par l’inhibition delanéprilysine. Il y a eu,
en revanche, davantage d’épisodes d’hypotension artérielle, bien que ceux-ci n’aient pas
entraîné un nombre signifi cativement plus important d’interruptions de traitement.
Cette observation imposera néanmoins, lorsque le médicament sera disponible
surlemarché, de surveiller attentivement la pression artérielle, notamment
danslespremières semaines suivant l’instauration du traitement.
Un nombre limité d’angiœdèmes ont été rapportés sous LCZ(19, contre 10
danslegroupe énalapril).
Globalement, les résultats de l’étude PARADIGM-HF sont spectaculaires
etsoulèvent un certain nombre de questions importantes.
Pourquoi cette étude a-t-elle été positive, alors qu’il y a 10ans l’utilisation d’un autre
double inhibiteur, l’omapatrilat, ne s’est pas accompagnée d’un bénéfi ce clinique
dansl’insuffi sance cardiaque chronique ?
Plusieurs explications peuvent être proposées :
➤Le schéma de l’essai clinique, qui a inclus une période de “run in” avec le LCZ
et l’énalapril. Ce schéma a permis d’éliminer environ 12 % des patients qui étaient
intolérants à l’une des 2médications testées. À cet égard, le nombre d’intolérances
aétéplus important durant la phase de test de l’énalapril que lors de la phase de test
sous LCZ. Il est néanmoins discutable que le dessin de l’étude ait permis d’éliminer
apriori des patients intolérants.
➤Les modalités d’administration : le double inhibiteur a été administré 2fois/j, ce qui
apu éviter des problèmes d’hypotension artérielle importante après l'administration
d’une dose. Par ailleurs, l’omapatrilat était prescrit, dans l’étude OVERTURE, 1 fois/j,
etilest possible que cette administration unique n’ait pas couvert le nycthémère,
contrairement à PARADIGM-HF.
➤Le médicament lui-même : le LCZ comporte une activité de bloqueur des récepteurs
de l’angiotensine. Ce blocage n’a pas d’infl uence sur la concentration de bradykinine.
Àl’inverse, l’omapatrilat combinait le blocage de la néprilysine et de l’enzyme
de conversion, entraînant ainsi un fort accroissement de la concentration de
bradykinine, responsable de la survenue d’angiœdèmes. Même s’il est démontré
quelanéprilysine agit sur de nombreux substrats, dont la bradykinine, l’impact du LCZ
surla concentration de bradykinine s’en trouve donc réduit par rapport à celui
de l’omapatrilat. L’incidence d’angiœdèmes rapportés dans PARADIGM-HF a été,
eneff et, 2fois plus faible que dans l’étude OVERTURE avec l’omapatrilat.
Une autre question importante est de savoir si le bénéfi ce résulte principalement
dublocage de la dégradation des peptides natriurétiques et de l’eff et bénéfi que
quel’onpeut en attendre (vasodilatation, natriurèse, inhibition du système