
Figure 2. Lésions post-traumatiques : contusion +
hématome sous-dural + embarrure.
La Lettre du Neurologue • Vol. XV - n° 4 - avril 2011 | 119
Résumé
L’apparition, le déroulement et les caractéristiques de l’épilepsie dans le cadre de différentes pathologies
(tumeurs, traumatismes, lésions hémorragiques, malformations vasculaires, infections, etc.) recensées dans un
service de neurochirurgie ont été assez mal caractérisés. Il s’agit par définition d’épilepsies symptomatiques.
Chaque fois, la conduite thérapeutique à tenir va dépendre de plusieurs paramètres, qui doivent être bien
analysés et adaptés à chaque patient. Le choix de la molécule antiépileptique est variable. Idéalement, on
préfère un produit qui possède une titration rapide, qui dispose d’une possible voie veineuse, qui a peu
d’effets indésirables et qui n’a pas d’interférences avec d’autres traitements. Actuellement, la molécule
idéale n’existe pas. La réponse aléatoire des crises après traitement de la cause suggère l’implication de
multiples facteurs non encore parfaitement explicités. Des études bien conduites sont nécessaires pour
établir des recommandations fiables et consensuelles dans ce domaine encore inexploré et controversé.
Mots-clés
Neurochirurgie
Épilepsie
Antiépileptiques
Tumeurs
Métastases
Hémorragie méningée
Cavernomes
Malformations
artério-veineuses
Traumatisme crânien
Hématome sous-dural
Abcès cérébral
Summary
The progress and the charac-
teristics of epilepsy within the
framework of various patholo-
gies (tumors, traumatic injuries,
hemorrhagic lesions, vascular
malformations, infections, etc.)
listed in a neurosurgery depart-
ment are rather badly charac-
terized. By definition, we speak
about symptomatic epilepsies.
Each time, the treatment will
depend on several parameters,
which must be well analyzed
and adapted to every patient.
The choice of the antiepileptic
drug is variable. Ideally, we
would need a drug possessing a
fast titration, having a possible
venous way, having few side
effects and having no interac-
tion with other treatments. At
present, we don’t have ideal
molecule. The fact that only
some patients respond after
etiological treatment suggests
the implication of multiple
factors. These factors are not
yet perfectly clarified. Well
driven studies are necessary
to establish reliable recom-
mendations.
Keywords
Neurosurgery
Epilepsy
Antiepileptics
Tumors
Metastases
Subarachnoid hemorrhage
Cavernomas
Arteriovenous malformation
Head
Injury
Subdural hematoma
Brain abscess
le cas de tumeurs oligodendrogliales. En général,
pour les gliomes de bas grade, le niveau de preuves
est fort pour le traitement des crises déclarées et
pour l’abstention de tout traitement prophylactique
chez les patients n’ayant jamais présenté de crises.
Si l’on est face à une crise unique, il est recom-
mandé d’instaurer immédiatement un traitement
antiépileptique, car une diminution du risque de
récurrence des crises par rapport à un traitement
différé a été constatée (classe 1). Les crises d’épi-
lepsie dans les gliomes de haut grade sont moins
fréquentes, mais elles peuvent être plus difficiles à
contrôler. La récurrence des crises d’épilepsie, après
une longue période sans crise par exemple, peut être
le premier signe d’une maladie évolutive avant que
la progression radiologique soit visible. Malgré un
traitement multimodal (chirurgie, radiothérapie et
chimiothérapie), le pronostic des patients atteints
de glioblastome est encore pauvre (4).
Dans un service de neurochirurgie, problème de
l’épilepsie associée à une métastase cérébrale
seront posés surtout dans le contexte de la maladie
oncologique.
Concernant le choix du traitement antiépilep-
tique, et d’après plusieurs études, la lamotrigine,
la gabapentine, l’oxcarbazépine et le topiramate
ont démontré une équivalence avec la carbama-
zépine, la phénytoïne et le valproate. Dans l’étude
SANAD (5), la lamotrigine a été supérieure à la
carbamazépine, à la gabapentine et au topiramate
(classe 1). Les preuves scientifiques issues de la litté-
rature ont été évaluées et classées selon les lignes
directrices de l’European Federation of Neurological
Societies (EFNS). Des recommandations ont ainsi été
formulées (tableau I). Il est souhaitable d’éviter les
antiépileptiques inducteurs enzymatiques qui inter-
fèrent avec certains agents chimiothérapiques (4).
Le valproate peut potentialiser l’hématotoxicité
de la chimiothérapie. Dans l’autre sens, la chimio-
thérapie interfère avec l’absorption de médicaments
antiépileptiques, conduisant à une diminution de
leurs concentrations sériques, ce qui peut potentiel-
lement compromettre leur efficacité (6). Le choix
de la molécule antiépileptique s’avère donc parti-
culièrement important.
Traumatismes crâniens
L’épilepsie est une complication fréquente (6 %)
du traumatisme crânien (7). On parle de crises
précoces (24 heures après le traumatisme crânien),
de crises aiguës (dans les 7 premiers jours après un
traumatisme) et de crises tardives (plus de 1 semaine
après un traumatisme crânien, soit une épilepsie
post-traumatique). Dans la plupart des cas, l’épi-
lepsie post-traumatique se développe après un inter-
valle libre de crises (période de latence) qui peut
être variable (la littérature a décrit des périodes de
latence pouvant atteindre 20 ans). La probabilité de
développer une épilepsie post-traumatique est signi-
ficativement corrélée à la sévérité du traumatisme
(figure 2). On reconnaît plusieurs facteurs de risque
du développement d’une épilepsie post-traumatique :
Tableau I. Gliomes de bas grade : recommandations pour le traitement antiépileptique (EFNS).
Le traitement antiépileptique prophylactique n’est pas requis en l’absence de crises Niveau A
Le traitement antiépileptique doit être débuté après la première crise Niveau A