TD 1 : la seconde république
Au 19e siècle il y a toute une série de régimes qui se succède :
1er empire jusqu’en 1814 avec un retour fugitif de Napoléon 1er en 1815 = 100 jours
Restauration : on restaure la monarchie des Bourbons. C’est Louis XVIII qui devient roi
Révolution en 1830 = « révolution des 3 Glorieuses » car a duré 3 jours de juillets 1810 et a
abouti à la chute de Charles X et la fin de la restauration
La monarchie de juillet : née de journées révolutionnaires précédentes. On est allé cher-
cher un cousin du roi Charles X = Louis Philippe 1er. Cette monarchie de juillet va durer jus-
qu’au début de 1848.
Révolution parisienne chasse Louis XVIII = fin de la monarchie du juillet et fin des rois.
Commence ensuite la 2e république.
Il y en a eu une 1re : de 1792 à 1814. Elle est très brève, dure très peu de temps, de 1848 à 1851. Elle ter-
mine par un coup d’téta aux bénéfices du futurs Napoléon III
I. La mise en place de la république : février 1848, mai 1849
Louis Philippe partit c’est un vide radical. Il n’y a plus de dynastie, ni de constitutions, plus rien. Il faudra un
an pour établir des institutions. Plusieurs phases vont avoir lieu durant cette année.
a. Le gouvernement provisoire de février à mai 1848
Il est composé exclusivement de républicains. Personne parmi eux n’a participé à un gouvernement aupa-
ravant. Lamartine est le plus célèbre de celui-ci. Il a écrit l’histoire des girondins = faction politique qui a
agit pendant la révolution et éliminé par Robespierre et ses amis. Ce sont des républicains modérés sociale-
ment. Ce gouvernement provisoire va prendre des mesures tout à fait nouvelles et assez exceptionnelles.
Proclame la république tout de suite et annonce l’élection d’une assemblée constituante :
assemblée chargée de rédiger une constitution = cadre institutionnel qui définit un régime
politique et les pouvoirs exécutifs et législatifs.
Le 2 mars : suffrage universel masculin. C’est une révolution complète car la majorité des
français ne votent pas. Sous la monarchie de juillet le droit de vote était réservé à une mi-
norité fortunée = suffrage censitaire, fondé sur l’impôt. Mais les femmes ne votent toujours
pas, très rare étaient d’ailleurs ceux qui proposaient le vote féminin. Il faudra attendre
1944 pour que les femmes françaises aient le droit de vote.
Instauration d’une liberté totale pour la presse et pour les réunions = liberté d’expression :
dire ce que l’on veut mais aussi liberté de la presse (seul véhicule politique à l’époque), et
liberté de réunion.
Supprime la peine de mort pour délit politique.
Abolition de l’esclavage dans les colonies françaises.
Il y a aussi des actions sociales :
Proclamation du droit au travail
limitation du temps de travail à 10h quotidiennes à Paris et 12h en provinces
création une institution destinée à lutter contre le chômage (car France en crise sur le plan
économique et sociale depuis 1846) = ateliers nationaux qui auront pour but de fournir du
travail aux chômeurs.
Cette œuvre a été accomplie dans un état d’esprit particulier : l’esprit de 1848. Dans l’éducation se n timen -
tale de Flaubert l’intrigue se passe pendant cette période. On y prend bien la mesure de ce qu’a pu être cet
esprit :
souvenir de la grande révolution
romantisme qui est le principal littéraire de la 1re moitié du 19e et qui a inspiré la littéra-
ture, les arts et la peinture mais aussi une influence dans le domaine politique et dans le
domaine religieux. En 1848 on a une vision très idéaliste de la politique et de l’avenir de
l’homme, on est optimiste, on exalte la fraternité (1re fois qu’il sera utilisé abondamment).
On veut s’inspirer de l’Evangile qui repend un message fraternel et universalité. On voit
dans les villes et villages les prêtres bénir les arbres de la liberté qu’on plante devant les
mairies.
Socialisme
La 1re décision du gouvernement a été de convoquer les français pour une assemblée constituante. Ces
élections ont eu lieu le 23 et 24 avril 1848. Elles ont été un succès massif, les français ont voté massive-
ment : 84% de votants. Le droit à l’abstention est reconnu. C’était la 1re expérience de suffrage universel.
880 députés ont été élus. A partir du moment où il y a une assemblée il y a des tendances. A droite il y a
environ 300 députés monarchistes, à l’autre extrémité de l’échiquier politique (extrême gauche) il y a une
centaine de républicain avancés qui se définissent ou comme radicaux ou comme socialistes. A l’époque le
terme « radical » nous classe à l’extrême gauche car on était partisan de réformes très profondes. Au
centre il y avait environ 480 députés qui sont des républicains modérés. C’est donc la majorité. Ce sont des
gens qui socialement sont conservateurs. Le SU a joué dans un sens conservateur car la grande majorité des
électeurs à l’époque c’était les paysans (pays encore très rural) et les ruraux étaient conservateurs sociale-
ment, encore attachés aux hiérarchies traditionnelles etc.
a. L’œuvre de l’assemblée constituante
C’est une assemblée unique. On est dans un système « monocamérale » (une seule chambre). C’était re-
prendre la tradition de la révolution française. Pour assurer le gouvernement elle a désigné 5 membres qui
composent une commission exécutive provisoire. Parmi eux se trouve Lamartine. Ce sont surtout des répu-
blicains modérés qui composent cette commission. Le problème de celle-ci et de cette assemblée est qu’à
la fin du mois de juin elle va être confrontée à une espèce de guerre civile dont la 2e république ne s’est ja-
mais remise. Les républicains modérés détiennent tous les pouvoirs mais l’extrême gauche, notamment pa-
risienne qui s’appuie sur le monde ouvrier parisien veut aller vers sinon une révolution des réformes très
profondes. La tension ne va cesser de grandir entre les modérés et l’extrême gauche jusqu’à la fin de juin ;
ce qui va mettre le feu aux poudres est la décision prise de fermer les ateliers nationaux (employer chô-
meurs sur chantiers publiques) alors qu’il y en avait 115 000. On les ferme car ils coutent chers à une
époque où les finances publiques sont dans un état difficile. On va avoir l’émergence d’une insurrection po-
pulaire qui le 23 juin va tourner à une guerre civile. Mais ces insurgés qui érigent des barricades vont se
trouver face à un pouvoir qui n’est pas décidé à céder et à l’armée. La commission exécutive démissionne
et une dictature provisoire est confiée au ministre de la guerre Cavaignac. La répression va s’opérer contre
l’extrême gauche, les quartiers insurgés sont repris les uns après les autres. 11 000 personnes sont empri-
sonnées et parmi eux 4000 seront condamnés à al prison ou à la déportation (en Algérie, nouvelle colonie
française). Ces journées de juin ont marquées la population parisienne et ont eu des conséquences poli-
tiques :
orépublique sera privée du soutien des ouvriers (notamment parisien qui se sont es-
timés trahis)
obipolarisation croissante de la vie politique avec d’un côté les forces conservatrices
qui se regroupent dans le partie de l’ordre et de l’autre des forces de gauche et
d’extrême gauche qui se radicalisent de plus en plus.
Après ces journées restait le problème de la constitution. Le dessin général de l’organisation des pouvoirs
est simple : deux pouvoirs égaux et uniques : d’un côté une assemblée unique = assemblée législative com-
posée de 750 députés élus pour 3 ans. Son rôle sera de faire la loi et de voter le budget. C’est toujours au-
jourd’hui le rôle du parlement. Il y a aussi un pouvoir exécutif : un président de la république est élu au SU
comme les députés pour 4 ans qui est en même temps chef de l’état et chef du gouvernement. On peut fa-
cilement voir que ce président élu pour 4 ans au SU et qui est en même temps chef d’état et de gouverne-
ment c’est le système américain. Il sera doté de pouvoirs importants : il peut présenter des projets de loi,
est le chef des armées, négocie et signe les traités, nomme et révoque les ministres. Les deux pouvoirs sont
séparés et ne peuvent pas interagir l’un sur l’autre : le président n’a pas le droit de dissoudre la chambre (=
l’assemblée) et à l’inverse les députés ne peuvent rien contre le président. Le président a des pouvoirs très
importants mais cela dit il y a des limites à ce pouvoir :
tous ses actes doivent être contresignés par un ministre = contreseing
élu pour 4 ans mais n’a pas le droit de se représenter une 2e fois dans la foulée, seulement
après 4 ans de retrait
a. Les élections présidentielles et législatives
On a commencé par élire le président de la république en décembre 1848, tout de suite après le vote de la
constitution. Pour celles-ci plusieurs candidats sollicitèrent les suffrages des français :
général Cavaignac, champion des républicains modérés,
Lamartine qui nourrit l’illusion de rassembler tous les républicains sous son nom
Ledru Rollin
Raspail qui se présente sous l’étiquette socialiste
Louis napoléon Bonaparte = un neveu de Napoléon, fils d’un des frères de Napoléon =Louis,
roi de Hollande. Il a fait deux tentatives de coup d’état sous la monarchie de juillet et fera
ainsi de la prison mais s’évadera en Angleterre. C’est à ce moment que ses ambitions poli-
tiques se font corps. Très habilement il va jouer de plusieurs cornes : se présente comme
l’héritier de son oncle, incarne la légende napoléonienne. Il se présente comme progres-
siste, favorable aux ouvriers et donne des gages et se présente comme le meilleur garant
de l’ordre.
L’élection présidentielle a été un triomphe pour Louis Napoléon Bonaparte car il a eu 74% des voies. Ce ras
de marais est dû pour l’essentiel aux votes des paysans quoi constitue l’essentiel du corps électoral. Les
autres candidats ont été laminés. On voit se dessiner pour la 1re fois ce qui sera la carte politique de la
France. Géographie électorale = on ne vote pas de la même façon dans les différentes régions.
L’élection législative aura lieu au mois de mai 1849. Ce sera la dernière étape de la mise en place du pou-
voir. Elles ont été marquées par une forte bipolarisation. C’est un triomphe du parti de l’ordre. Les droites
coalisées dans ce parti de l’ordre récoltent plus de 450 sièges sur 750. Ce triomphe est le signe irrécusable
que la majorité de la France est encore conservatrice. A l’extrême gauche on a une poussée significative car
a plus de 200 sièges et le reste c’est pour les républicains modérés qui sont laminés.
I. Les conflits entre les pouvoirs : mai 1849, décembre 1851
A priori on peut penser que ce régime et les deux élections qui ont eu lieu allaient assurée stabilité mais en
fait ce n’est pas comme ça que les choses ont évoluées. Pendant deux ans : double antagonisme : entre la
majorité de la chambre et l’extrême gauche et entre le président (= pince-président) et la majorité de la
chambre conservatrice.
a. Le combat entre la gauche et la droite à l’assemblée
Même si ce sont les conservateurs qui dominent largement cette assemblée l’extrême gauche a quand
même connu des succès, une poussée assez forte et ça a effrayé les membres du parti de l’ordre. Les dépu-
tés membres de la majorité, de droite, qui se sentent menacés par l’activisme de la gauche des mesures à
partir de fin mai 1849 destinées à cantonner ou limiter les forces de la gauche.
Ça a commencé par une restriction des libertés publiques : La presse se voit ainsi à nouveau
très surveillées te toujours sou la menace d’une répression.
On rétablit la censure sur les spectacles qui risquaient d’être les vecteurs « des mauvaises
idées » = théâtre
on interdit les grèves à partir de novembre 1949
l’assemblée règlemente le colportage= marchand ambulant qui parcourt les campagnes et
allait de village en village pour distribuer toutes sortes de choses aux paysans (« médica-
ments », almanach, livres mais aussi tracts [c’est là le danger]).
Loi Falloux car école est un enjeu, par le biais de l’enseignement on peut inculquer cer-
taines valeurs qui favorisent les idées conservatrices et éviter la diffusion des mauvaises
idées, tout cela en accordant une place éminente à l’Eglise catholique dans l’enseignement.
Ainsi on permet à l’Eglise catholique et d’ouvrir ses écoles et ses collèges. De tout cela on
espère des écoliers et lycéens acquis à l’ordre conservateur.
En direction du SU, on a trouvé un moyen détourner pour gommer certains aspect du SU et
le rendre moins universel qu’il ne l’était= loi de mai 1850 = SU soumis à deux conditions :
hommes ont droit de vote sauf ceux qui ne peuvent pas faire état d’un domicile continu de
trois ans dans la même commune, et condition fiscale : être inscrit sur les registres des im-
pôts. Ainsi on élimine les gens trop pauvres pour payer un impôt direct et toutes les popu-
lations migrantes et migrantes qui représentent beaucoup de personnes (ouvriers plus ou
moins spécialisés qui vont de villes en villes pour s’engager sur les chantiers). De ce fait les
conservateurs en espéraient un moindre poids de la gauche et de l’extrême gauche. Cette
loi n’a jamais été appliquée car LNB par son coup d’état a fait qu’elle n’a jamais été appli-
quée. Si elle l’avait été, on aurait retiré le droit de vote à 30% des français. A paris ça aurait
été encore pire : la moitié du corps électoral aurait cessé d’exister en tant que tel
a. Le conflit entre l’assemblée et le prince-président
Dès 1849 on se rend bien compte que le prince-président, LNB élu en décembre 1848 a des ambitions per-
so qui vont au-delà de son mandat présidentiel. Les années qui suivent vont être marquées par une série
d’étape menant au coup d’état de décembre 1851. En octobre 1849 le président congédie tous ses mi-
nistres qui pourtant avaient la confiance de l’assemblée et els remplace par un ministère composé
d’hommes proches de lui. A partir de ce moment le conflit était ouvert entre l’assemblée qui majoritaire-
ment rêve d’une restauration de la monarchie et qui considère que la république était une solution d’at-
tente en espérant que les deux branches de la famille royale qui aspirait à installer la monarchie à leur pro-
fit se réconcilie car il y avait à partir de 1848 deux courants dans la famille monarchiste : légitimiste atta-
chée à la branche légitime de la famille royale = branche ainée , et la branche orléaniste qui défend les cou-
leurs. Cette majorité monarchiste va se heurter aux ambitions de LNB qui entend restaurer l’empire à son
profit. Il va y avoir un jeu complexe pendant presque deux ans entre les deux pouvoirs : la présidence de la
république et la majorité de l’assemblée. Le président très habilement va s’appuyer sur l’armée, se pré-
sente comme le défenseur de l’ordre établit face aux rouges = ceux qui menacent cet ordre social existant,
et va multiplier les voyages en provinces. Finalement ce qui va déterminer le clash et la rupture et le coup
d’état c’est un problème de calendrier et de règles constitutionnelles. L’année 1852 devait être l’année où
les deux pouvoirs devaient être renouvelés et la constitution prévoyait que le président n’avait pas le droit
de se représenter tout de suite (devait laisser passer 4 ans). En 1851 le président tente de grandes
manœuvres pour essayer de modifier la constitution pour qu’il se représente. Mais d’après la constitution
cette modification devait être votée par au moins les ¾ des députés, or les monarchistes ont refusés cette
révision. Désormais LNB n’a plus qu’une solution pour rester au pouvoir : faire un coup d’état.
b. Le coup d’état du 2 décembre 1851
Les coups d’états ne sont jamais improvisés. Il est préparé dès l’été 1851. Il a autour de lui des fidèles qui
vont l’aider, dont son demi-frère = duc de Morny et l’un de ses fidèles = Persigny. Le secret des préparatifs
va être gardé et tout le monde a été pris de court. Le 2 décembre 1851 est une date qui a une valeur sym-
bolique = date anniversaire du sacre de Napoléon 1er et un an plus tard, victoire d’Austerlitz. Dans la nuit du
1er au 2 des affiches sont placardées sur tous les murs de la capitale et dans les plus grandes villes de
France : l’assemblée législative est dissoute, peuple convoqué pour un plébiscite (=référendum) pour
confier presque tous les pouvoirs à LNB. Grâce aux mesures de police, à l’armée le coup d’téta réussit par-
faitement. Il y a quand même eu des résistances : à peu près 200 députés de l’assemblée, résistance popu-
laire à partir du 3 décembre qui a été brisée dès le lendemain par l’armée, et une résistance populaire en
province entre le 4 et le 10 décembre : une vingtaine de département des milliers de paysans prennent les
armes, quittent les villages, marchent sur le chef-lieu du département. La répression a été terrible : 26 000
personnes emprisonnées.
Ce coup d’état marque la fin de la 2e république qui a légué à la France quelque chose d’essentiel : le SU.
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