R evue de presse Les cardiomyocytes capables de se régénérer n croyait que les cellules contracO tiles du cœur ainsi que les vaisseaux coronaires étaient incapables de se régénérer. Des suspicions sur la régénération cardiaque existaient déjà, car des malades porteurs de cardiomyopathies sévères pouvaient évoluer vers une amélioration fonctionnelle et hémodynamique, leur permettant ainsi de sortir des listes d’attente pour une transplantation cardiaque. Une étude immunopathologique a été réalisée au New York Medical College, portant sur 8 malades ayant bénéficié d’une transplantation cardiaque et décédés entre 4 et 552 jours après la greffe. Les receveurs (tous des hommes) avaient reçu des greffons provenant de femmes. Des recherches du chromosome Y ont été réalisées sur des échantillons des oreillettes et des ventricules du cœur greffé, ainsi que sur les oreillettes de celui du receveur. Les résultats ont été surprenants, car des cellules portant le chromosome Y ont été trouvées dans le myocarde ainsi que dans la paroi des artères coronaires et capillaires de tous les cœurs greffés. Les cellules des receveurs représentaient 10 à 20 % de l’ensemble, tant dans le muscle cardiaque lui-même que dans les artérioles et capillaires environnants. Grâce à des marqueurs, il a été possible de démontrer qu’il s’agissait de précurseurs de cellules cardiaques contractiles (myocytes) ou d’angioblastes. Des questions demeurent quant à l’origine des cellules : ces cellules souches se développent-elles localement à partir de résidus du cœur du malade, arrivent-elles par le sang à partir de la moelle osseuse, ou font-elles partie du contingent des cellules hématopoïétiques circulantes ? Le fameux dogme selon lequel les cellules contractiles du cœur ne peuvent se régénérer est sur le point de tomber, car les cellules souches de la personne greffée peuvent coloniser le nouveau cœur, se mêlant à celles du donneur et constituant ainsi une “chimère”. J.C. Chachques Quaini F, Urbanek K, Beltrami AP et al. Chimerism of the transplanted heart. N Engl J Med 2002 ; 346 : 5-15. ICOS-B7RP-1 : une nouvelle cible pour l’induction de tolérance activation complète des lymphoL’ cytes T nécessite l’intervention de plusieurs signaux de nature différente. Le signal 1 est donné par la reconnaissance de l’antigène présenté par les molécules d’histocompatibilité au récepteur T. Le signal 2, appelé signal de costimulation, vient de la liaison de ligands et de leurs récepteurs situés sur la cellule présentant l’antigène et sur le lymphocyte T. Enfin, le signal 3 est un signal de prolifération qui vient de la liaison des cytokines à leurs récepteurs. Le blocage des signaux de costimulation a un intérêt tout particulier en transplantation, car il pourrait permettre l’obtention d’un état de tolérance immunitaire. Les couples ligandrécepteurs de costimulation les plus étudiés sont B7-CD28 et CD40-CD154. Leur blocage permet en effet de prolonger la survie des greffons dans certains modèles animaux. Cependant, le blocage de B7-CD28 et de CD40-CD154 ne permet pas toujours d’induire un état de tolérance complet, suggérant que d’autres ligands sont impliqués dans la costimulation. Cela semble être le cas pour le couple de ligand-récepteur ICOSB7RP-1, qui paraît avoir un rôle déterminant dans la réaction d’allogreffe, et dont le blocage pourrait permettre d’induire un état de tolérance immunitaire. La molécule de coactivation ICOS est présente à la surface des lymphocytes T activés et se lie à B7RP-1, localisé sur les cellules présentant l’antigène. Dans une étude récente, Özkaynak et al. ont montré que l’expression d’ICOS à la surface des lymphocytes augmente au cours du rejet de cœur chez la souris. De plus, le blocage de la liaison d’ICOS à son ligand par un anticorps monoclonal ou par la molécule de fusion ICOS-Ig prolonge de façon significative la survie du greffon cardiaque. Ce traitement diminue non 35 seulement l’infiltration du greffon par les cellules CD4 et CD8, les macrophages et les cellules exprimant le récepteur de l’IL-2 de l’hôte, mais aussi la sécrétion de cytokines et de chémokines impliquées dans la réaction de rejet. Par ailleurs, le traitement des souris par l’association d’un anticorps anti-CD154 et de l’anticorps anti-ICOS permet la survie prolongée d’une allogreffe de cœur sans survenue de rejet chronique, contrairement au traitement par anti-CD154, où un rejet chronique se développe 30 jours après la transplantation. Enfin, un traitement de quelques jours par l’association d’anticorps anti-ICOS et ciclosporine permet la survie prolongée de greffons cardiaques à plus de 100 jours sans survenue de lésions de rejet chronique. Cette étude montre que le blocage simultané de plusieurs molécules de costimulation permet d’obtenir la survie prolongée d’allogreffe cardiaque sans rejet chronique chez la souris, et fait du couple ICOS-B7RP-1 une nouvelle cible pour l’induction de tolérance immunitaire. E. Morelon Özkaynak E. et al. Importance of ICOS-B7RP-1 costimulation in acute and chronic allograft rejection. Nature Immunol 2001 ; 2, 7 : 591-6. Profil d’absorption de la ciclosporine en microémulsion (Néoral®) durant les deux premières semaines après transplantation rénale es caractéristiques pharmacologiques L des traitements immunosuppresseurs sont des données indispensables pour le suivi et l’adaptation de ces traitements, en particulier pour les médicaments ayant un faible index thérapeutique (rapport dose efficace/dose toxique), comme la ciclosporine. L’étalon pour les mesures pharmacocinétiques est l’aire sous la courbe (ASC), mais celle-ci est de réalisation pratique difficile en raison des contraintes imposées aux patients. D’un autre côté, les concentrations résiduelles Le Courrier de la Transplantation - Volume II - n o 1 - janvier-février-mars 2002 R evue de presse ne reflètent qu’imparfaitement l’ASC. Enfin, il existe de forts arguments montrant que les concentrations obtenues durant la période précoce après la transplantation sont importantes pour le devenir clinique. Les auteurs rapportent l’expérience de six centres de transplantation canadiens. Dans ces centres, une pharmacocinétique complète (8 points) a été réalisée chez 16 patients. Les temps des prélèvements étaient C0 (avant la prise de médicament), puis 1, 2, 2,5, 3, 4, 6, 8 et 12 heures après la prise. Cette mesure a été réalisée à J3, J7 et J14 après la transplantation. Il n’existe qu’une corrélation faible (r2 à 0,5) entre les C0 et l’ASC entre 0 et 12 heures (ASC[0-12]). En revanche, une AUC abrégée entre 0 et 4 heures après la prise ([ASC[0-4]) est bien corrélée à l’ASC[0-12] (coefficients de corrélation supérieurs à 0,9 à J7 et J14). Aucune mesure isolée ne permet d’obtenir un coefficient supérieur à 0,9. Cependant, le C2 permet une corrélation correcte avec l’ASC[0-12] avec un coefficient supérieur à 0,80. Les corrélations cliniques montrent qu’une ASC[0-4] supérieure à 4 500 µg.h.l-1 ou un C2 supérieur à 1 500 µgl-1 sont associés à une diminution significative de survenue d’un épisode de rejet aigu (pour le C2 à J7, sensibilité 100 %, spécificité 75 %, valeur prédictive positive 58 % et valeur prédictive négative 100 %). Il n’existe pas de corrélation avec l’exposition à la ciclosporine et le risque de néphrotoxicité. Ces résultats montrent que le C0 n’est qu’un piètre marqueur pharmacocinétique et clinique. L’utilisation d’un marqueur unique tel que le C2 en période précoce après la transplantation améliore nettement le rôle des données pharmacocinétiques pour l’optimisation des résultats cliniques après transplantation rénale. E. Thervet Canadian Neoral® Renal Transplantation Study Group. Absorption profiling of cyclosporine microemulsion (Neoral®) during the first 2 weeks after renal transplantation. Transplantation 2001 ; 72 : 1024-32. Régression complète d’un syndrome lymphoprolifératif post-transplantation en utilisant des cellules T cytotoxiques spécifiques du virus Epstein-Barr partiellement HLA-compatibles es lymphomes après transplantation L d’organe sont des complications rares mais gravissimes qui peuvent survenir précocement après la transplantation. Ces lymphomes précoces sont souvent associés à une réplication du virus EpsteinBarr (EBV) qui infecte plus de 90 % de la population adulte. Les traitements de ces syndromes sont variables. Les traitements curatifs comprennent une baisse, voire un arrêt si possible de l’immunosuppression, une chimiothérapie et/ou une radiothérapie ou, plus récemment, l’utilisation d’anticorps monoclonaux anti-lymphocytes B. L’utilisation d’une thérapie cellulaire comportant des lymphocytes T cytotoxiques du receveur ou du donneur a été rapportée. En ce qui concerne les lymphocytes du donneur, ces essais se heurtent à l’impossibilité d’obtenir ces cellules en cas de donneur cadavérique. D’un autre côté, pour le receveur, la lymphopénie fréquente observée après transplantation rend aléatoire le recueil d’un nombre suffisant de lymphocytes après la greffe. Les auteurs rapportent l’observation d’un enfant âgé de 9 mois ayant reçu une transplantation intestinale et hépatique combinée en raison d’une maladie de Hirschsprung. Il développe 9 mois après la transplantation un syndrome lymphoprolifératif ganglionnaire. Les marqueurs pour les ARN du virus EBV (EBER) sont positifs par hybridation in situ. À partir d’une banque de lignées de cellules T cytotoxiques (CTL) EBV spécifiques obtenues à partir de donneurs de sang, les auteurs ont choisi la lignée la plus proche du receveur en termes de compatibilité HLA. Après perfusion de ces cellules (106/kg), ils notent, au bout d’une semaine, une régression du syndrome tumoral associée à la disparition 36 de la réplication virale dans le sang périphérique. Cette perfusion ne s’est accompagnée d’aucune toxicité décelable. Ce premier résultat est encourageant en ce qui concerne l’utilisation d’une thérapie cellulaire pour le traitement des syndromes lymphoprolifératifs EBV induits après transplantation, en évitant l’écueil du recueil difficile de la population cellulaire chez le donneur ou le receveur. E. Thervet Haque T et al. Complete regression of posttransplant lymphoproliferative disease using partially HLAmatched Epstein-Barr virus-specific cytotoxic T cells. Transplantation 2001 ; 72 : 1399-402. Le GM-CSF et l’IL-2 induisent une immunité cellulaire spécifique et permettent une protection contre les désordres lymphoprolifératifs du virus Epstein-Barr es lymphomes observés à la période L précoce après transplantation d’organe ou après greffe de moelle sont souvent induits par le virus Epstein-Barr (EBV). La compréhension des mécanismes de surveillance immunologique et de contrôle de l’infection à EBV est donc importante pour mieux prendre en charge cette complication. Les auteurs utilisent un modèle de tumeur humaine induite chez la souris. Des souris présentant un déficit immunitaire combiné sévère (souris SCID) ont été greffées avec des lymphocytes humains provenant de donneurs EBV séropositifs. Les souris ont alors développé un syndrome lymphoprolifératif de cellules humaines B qui ressemble à un syndrome prolifératif posttransplantation (PTLD). Grâce à ce modèle, les auteurs ont pu disséquer les intervenants de la réponse immunitaire et le rôle des différentes sous-populations. L’administration d’IL-2 à faible dose prévient la survenue d’un PTLD chez 100 % des souris. Après déplétion des cellules natural killer (NK), l’injection d’IL-2 ou de GM-CSF ne prévient plus le PTLD. Le Courrier de la Transplantation - Volume II - n o 1 - janvier-février-mars 2002 R evue de presse L’association de ces deux cytokines retarde le développement du PTLD même en cas de déplétion des cellules NK. En déplétant les différentes souspopulations cellulaires, les auteurs montrent que les cellules NK, les cellules T CD8+ et les monocytes interviennent dans l’action protectrice de l’IL-2 et du GM-CSF. Le traitement par IL-2 et GMCSF entraîne l’expansion d’une popula- N OUVELLES tion de lymphocytes CD3+ CD8+ qui se fixent spécifiquement sur des tétramères HLA complexés avec des peptides dérivés de l’EBV. IL-2 à faible dose et GM-CSF ouvre la voie à de nouvelles avancées thérapeutiques pour cette complication grave survenant après transplantation. E. Thervet Cette étude montre que les cellules CD8+, ce qui était déjà connu, mais aussi les cellules NK sont nécessaires à l’immunosurveillance des infections à EBV. De plus, l’efficacité de la combinaison Baiocchi RA et al. GM-CSF and IL-2 induce specific cellular immunity and provide protection against Epstein-Barr virus lymphoproliferative disorder. J Clin Invest 2001; 108 : 887-94. D E L’ I N D U S T R I E P H A R M AC E U T I Q U E Communiqués des conférences de presse, symposiums, manifestations organisés par l’industrie pharmaceutique Nouvel engagement de Roche-Pharma Roche-Pharma a annoncé, le 6 décembre 2001, qu’elle allait renouveler son soutien à la Roche Organ Transplantation Research Foundation (ROTRF) pour trois ans, soit jusqu’en 2006. La dotation annuelle de cinq millions de francs suisses à cette fondation indépendante de recherche avait été instituée en 1998 pour une période initiale de cinq ans. Cette extension témoigne d’un engagement à long terme en matière de recherche, visant à améliorer la vie quotidienne des milliers de patients bénéficiant chaque année d’une greffe d’organe. La ROTRF est un organisme autonome à but non lucratif ayant pour vocation de soutenir directement des projets de recherche innovants en attirant des chercheurs aux idées scientifiques novatrices, dans le but de pourvoir à des besoins médicaux non satisfaits dans le domaine des greffes d’organes solides. Le Pr P. Halloran, président du conseil d’administration de la fondation, a déclaré : “Nous sommes profondément reconnaissants à Roche d’avoir réaffirmé son engagement en faveur de la fondation. Grâce à cette nouvelle dotation, la ROTRF va pouvoir continuer à financer et promouvoir des travaux de recherche dans de nombreux pays, pour le plus grand bénéfice des patients greffés. De plus, les connaissances générées par cette recherche spécifique auront des retombées favorables sur les travaux menés dans d’autres disciplines”. W.M. Burns, chef de la division Pharma de Roche, a ajouté : “Roche a été très impressionnée par l’envergure des études financées par la ROTRF, et sa décision de prolonger son soutien à la fondation témoigne de son engagement en faveur des patients greffés. Nous sommes fiers de notre association avec cette remarquable fondation”. À ce jour, Nantes (trois fois) et Bordeaux (une fois) ont déjà fait partie des lauréats. ! A genda-congrès ! American Transplant Congress 2002 ! XIXe Congrès de “The Transplanta- du 26 avril au 1 mai 2002, Washington, États-Unis Renseignements : Meeting office, 17000, Commerce Parkway, Suite C, Mt Laurel, NJ, 08054 États-Unis Tél. : 856 439 0880 Fax : 856 439 1972 E-mail : [email protected] tion Society”, du 25 au 30 août 2002, Miami, États-Unis Renseignements : Central Business Office, The Transplantation Society, 205, Viger Avenue West, suite 201, Montreal, QC, Canada H2Z 1G2 Tél. : 514 874 1998 Fax : 514 874 1580 er 37 E-mail : [email protected] http://www.TxMiami2002.com ! Congrès de la Société francophone de transplantation, du 24 au 27 octobre 2002, Montréal, Canada Renseignements : http://www.SocfrancoTx2002.com Le Courrier de la Transplantation - Volume II - n o 1 - janvier-février-mars 2002