
sur le LDL ? Les études ALLIANCE, IDEAL et PROVE IT ten-
teront de répondre à cette question. D’autres études ont pour
objectif de préciser l’intérêt des statines chez le diabétique
(FIELD, UKPDS, ASPEN, CARDS), après accident vasculaire
cérébral (SPARCL), chez les personnes âgées (RESPECT, PROS-
PER), les hypertendus (ALLAAT, ASCOT), l’insuffisant rénal
(4D), en complément de la cardiologie interventionnelle (AVERT,
MIRACL après angor instable ou infarctus sans onde Q, COU-
RAGE : simvastatine versus simvastatine + angioplastie coro-
naire). Le choix entre statine et fibrate n’est pas univoque, notam-
ment chez les diabétiques avec hyperlipidémie mixte ou
hypertriglycéridémie prépondérante.
TRAITEMENT HORMONAL SUBSTITUTIF DE LA MÉNO-
PAUSE ET RISQUE CARDIOVASCULAIRE
(A. Vacheron, Paris ;
F. Berthezène, Lyon)
L’étude de Framingham a montré que le risque cardiovasculaire
est deux fois plus important chez les femmes ménopausées que
chez celles du même âge qui ne le sont pas. Cette différence était
attribuée à la disparition à la ménopause de l’effet bénéfique des
estrogènes sur la paroi artérielle et sur le LDL-cholestérol. Le
bénéfice d’un traitement hormonal substitutif a été suggéré dans
plusieurs études non randomisées, en particulier dans la Nurses
Health Study portant sur 48 000 femmes suivies pendant 10 ans
(diminution de 50 % du risque de cardiopathie ischémique chez
les femmes traitées). Les études randomisées n’ont cependant pas
confirmé ce bénéfice. Dans l’étude HERS (estrogène + progesté-
rone versus placebo chez les femmes ménopausées coronariennes),
le suivi à 4 ans ne retrouve pas de différence en termes d’infarc-
tus, de décès cardiovasculaire ou de mortalité totale, avec même
plus de complications thromboemboliques dans le groupe traité.
Cette absence de bénéfice du traitement hormonal substitutif a été
confirmée par l’étude anglaise PHASE et par l’étude coronaro-
graphique d’Herrington (Oestrogen Replacement and Athero-
sclerosis Trial, New England Journal of Medicine du 24 août
2000).
Une augmentation du risque de cancer du sein a été rap-
portée sous traitement hormonal substitutif. Il semble donc justi-
fié de limiter ce traitement aux patientes dont la qualité de vie est
diminuée
par la ménopause (bouffées de chaleur, ostéoporose), et de ne pas
retenir l’indication d’un traitement en prévention d’infarctus.
INSUFFISANCE CARDIAQUE
(P. Messner-Pellenc, Nîmes ;
M. Komajda, Paris)
Les études épidémiologiques de l’insuffisance cardiaque chro-
nique sont rares. P. Gibelin (Nice) a étudié rétrospectivement les
décès par insuffisance cardiaque chronique survenus en France
entre 1992 et 1996 (n = 138 602) et les hospitalisations pour la
même cause entre 1995 et 1997 (n = 324 013). La mortalité
annuelle est de 47,5/100 000, stable sur les 5 ans. La mortalité et
l’hospitalisation augmentent fortement avec l’âge, avec un pic en
décembre et janvier particulièrement important après 85 ans. Ce
pic peut s’expliquer par une plus grande fréquence des broncho-
pneumopathies en hiver. La complexité de la prise en charge de
ces patients nécessite une collaboration étroite entre cardiologues,
généralistes et gériatres.
L’objectif de l’étude EPICAL était d’évaluer l’incidence, la cli-
nique, le traitement et le coût de l’insuffisance cardiaque sévère
(F. Zannad, Dommartin-lès-Toul). L’étude a porté sur 499 patients
hospitalisés en Lorraine pour une insuffisance cardiaque de
stades III/IV avec fraction d’éjection < 30 % et/ou index cardio-
thoracique > 60 %. L’incidence annuelle était de 8/100 000 avant
60 ans et 74/100 000 après 60 ans. La cardiopathie était d’origine
ischémique dans 46 % des cas. La mortalité était de 14 % lors de
l’hospitalisation initiale et de 35 % à un an. Le coût annuel était
estimé à 126 000 F, essentiellement lié aux hospitalisations
itératives.
La mise en place de réseaux pourrait permettre d’éviter les
hospitalisations itératives chez les patients avec insuffisance
cardiaque (J.B. Bouhour, Nantes). L’objectif de ces réseaux est
de privilégier l’éducation du patient et son maintien à domicile
ou en maison médicalisée. La faisabilité et l’apport d’une orga-
nisation en réseau sont actuellement testés à Lorient, Nantes et
La Roche-sur-Yon. Les patients randomisés dans le groupe “en
réseau” sont éduqués à l’hôpital, puis suivis par leur généraliste
et leur cardiologue, avec la coordination d’une infirmière spé-
cialisée qui assure une visite puis un appel téléphonique men-
suels.
La prévention de l’insuffisance cardiaque permet de réduire
la mortalité, la morbidité et le nombre d’hospitalisations, et
d’améliorer la qualité de vie (F. Delahaye, Lyon). La prévention
de l’insuffisance cardiaque peut s’envisager à trois niveaux
(figure 2). La prévention primaire consiste à empêcher l’appari-
tion d’une cardiopathie, en corrigeant les facteurs de risque car-
diovasculaire, en particulier en normalisant les chiffres tension-
nels afin d’éviter l’hypertrophie ventriculaire gauche. La
prévention secondaire consiste, en présence d’une cardiopathie,
à éviter l’apparition de l’insuffisance cardiaque. Ces mesures
concernent la chirurgie valvulaire, la revascularisation myocar-
dique, les mesures de prévention secondaire après infarctus du
myocarde, le traitement pharmacologique (IEC, bêtabloquants...).
La prévention tertiaire consiste, chez le patient avec insuffisance
cardiaque, à éviter la survenue d’événements cardiovasculaires
par le traitement digitalo-diurétique et antihormonal, les mesures
hygiéno-diététiques, le développement de réseaux. La prévention
de l’insuffisance cardiaque doit donc être mise en œuvre dans
une démarche multifactorielle et multidisciplinaire.
La Lettre du Cardiologue - n° 344 - avril 2001
8
I
NFORMATIONS
Prévention
HTA
HVG
Dyslipidémie
Diabète
Prévention
primaire
Maladie causale
Coronaropathie
Myocardiopathie
Valvulopathie
Dysfonction
ventriculaire
gauche
Prévention
secondaire
Insuffisance
cardiaque Événements
cardiovasculaires
Prévention
tertiaire
Figure 2. Les trois niveaux de prévention de l’insuffisance cardiaque.