La médecine générale can do it ! Un entretien avec Philippe Jaury* Propos recueillis par Florence Arnold-Richez et Didier Touzeau sance de la médecine générale au sein de l’université dont il est devenu l’un des 30 premiers médecins professeurs des universités… Aujourd’hui, il coordonne le premier Programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) sur le baclofène, fait en médecine ambulatoire, dont il est le concepteur, qui a reçu le soutien de l’Afssaps et un financement de la Sécurité sociale. Il gère plusieurs centaines de thèses de médecine générale et formations initiales et continues à l’addictologie, “bûche” à chaque fois pour une expertise à l’une ou l’autre des conférences de consensus concernant les patients “addicts” atteints d’hépatites C ou de douleur chronique, ou pour un audit demandé par la Cour des comptes (médecine scolaire en 2011, tabac en 2012)… Bref, il a 3 vies professionnelles : celle de médecin généraliste dans son cabinet du XVe arrondissement, celles de professeur et de chercheur dans les locaux de la fac de médecine Cochin. Avec beaucoup d’enthousiasme, sans burn-out ! Ni overdose ! Chevelure immaculée, à la chef d’orchestre ou poète romantique, sourire espiègle d’un éternel étudiant qu’on imagine plutôt “transgressif” version années 1970, Philippe Jaury, 63 ans, père de 2 enfants, est avant tout un pionnier : de l’engagement de la médecine générale dans les traitements de substitution aux opiacés (TSO) qui lui a valu d’être traité plus souvent qu’à son heure de “dealer en blouse blanche”, à l’époque où il était de bon ton “d’attendre la demande du toxico” et de lui proposer le sevrage puis la post-cure à la campagne (il a fait partie du comité d’organisation de la conférence “Intérêt et limites des TSO” de Châtenay-Malabry en 1994). De la pratique en réseaux (Rive Gauche) au temps où on les créditait de pouvoir résoudre bien des problèmes de santé, et aussi de quelques budgets. De la formation à la relation thérapeutique au travers des groupes Balint. De la prise en charge en ville des patients alcoolodépendants. De la prescription en avant-première du baclofène. De la reconnais- DE DYLAN ET MIKE JAGGER À CLAUDE ORSEL Le Courrier des addictions : Quel a été votre parcours ? À vous voir, tout jeune, aux côtés de Bob Dylan, de Mike Jagger ou de Brian Jones, on aurait pu penser que vous vous seriez orienté vers le rock ? Philippe Jaury : J’étais fan, c’est vrai ! Mais j’appartiens à cette génération de jeunes qui étaient au lycée à la fin des années 1960 lorsque les Rolling Stones, les Beatles et les chanteurs américains contestataires comme Bob Dylan sont montés sur les podiums. J’étais alors au lycée Condorcet, avec Jacques Dutronc d’ailleurs, avant qu’il ne s’en fasse virer. Les Rolling Stones venaient souvent répéter à Paris, dans un hôtel près du lycée, et je séchais pour les voir, après les avoir “tannés” pour y parvenir. Je parlais bien anglais, eux un peu le français, et nous avons sympathisé. Du coup, ils m’ont invité à une Philippe Jaury et Mike Jagger. répétition à l’Olympia… J’étais comblé ! Ensuite, je suis parti rejoindre une cousine aux ÉtatsUnis où j’ai pu être mis en contact avec le “Salut les Copains” américain. C’est par ce journal que j’ai rencontré Bob Dylan, au cours d’un concert où il s’était d’ailleurs fait copieusement siffler. Le journal m’a proposé ensuite d’être leur correspondant à Paris. Ils m’ont confié une carte de presse américaine et c’est ainsi que j’ai pu assister à des conférences de presse et faire des interviews, en Philippe Jaury et Brian Jones. anglais, de “rockers” ou de Bob Dylan, avec ma sœur cadette, Élisabeth. Un vrai poème ! Imaginez, Bob Dylan ! : “Vous aimez le jazz ? Non. Si vous deviez rencontrer quelqu’un à Paris, qui voudriezvous que ce soit ? Brigitte Bardot. Que faites-vous de votre argent ? Je le porte ! Quels sont vos plaisirs ? Fumer et manger. Fumer quoi ? Tout ! Comment vous sentez-vous quand vous n’êtes pas avec des journalistes. Je me sens bien. Que pensez-vous lorsque vous vous regardez dans une glace ? Je ne me regarde jamais dans une glace. Est-ce que vous * Coordonnateur du DES de médecine générale de l´université Paris-Descartes, faculté de médecine, coordinateur de l’essai Bacloville (baclofène), programme hospitalier de recherche clinique sur : “Traitement de l’alcoolisme : essai thérapeutique randomisé en double insu pendant 1 an en milieu ambulatoire versus placebo”. 7 Addict sept 2012.indd 7 savez ce que c’est qu’un peigne ? Non…” Laconique et décalé ! Je n’avais pas a priori le désir de faire médecine. C’était mon père qui souhaitait que je suive cette voie, car lui-même aurait voulu être médecin. En fait, le “déclic” m’a été donné par un voisin, médecin, qui m’a dit, alors que j’étais encore en classe de première à Condorcet : “Mon fils ne veut pas être médecin généraliste malheureusement. Mais toi, tu es doué, tu peux y arriver !” Et il m’a permis de faire des visites avec lui. À 17-18 ans ! J’ai trouvé ça génial ! Du coup, j’ai commencé mes études de médecine en 1968- Le Courrier des addictions (14) ­– n ° 3 – juillet-août-septembre 2012 21/09/12 15:18 1969, j’étais stagiaire au CHU Bichat-Beaujon, et déjà je “militais” en faveur de l’intégration des sciences humaines dans le cursus des études, dont je transportais le “Livre Blanc”, réalisé par des psychiatres réunis dans l’une des commissions de la faculté de médecine, dans différents endroits de Paris. J’ai passé mon diplôme universitaire de formation supérieure en médecine générale à la faculté de Bobigny en 1973-1974 (première promotion), et me suis installé en cabinet dans le XVe arrondissement. Le Courrier des addictions : Au début, vous soignez des patients souffrant d’angines ou de rhinopharyngites. Comment êtesvous arrivé à vous occuper de toxicomanes ? Vous avez été l’un des premiers à avoir pratiqué les traitements de substitution ? P.J. : Très vite et tout de suite, sans le programmer ! Dès le premier mois de mon installation, en 1976, j’ai vu arriver au cabinet un patient avec une colique néphrétique. J’ai fait, ce qu’on nous avait appris à faire dans ce cas-là : une injection de morphine. Peu de temps après, je vois débarquer un deuxième, puis un troisième patient... souffrant de colique néphrétique ! J’étais un peu interloqué par cette prévalence de la pathologie néphrétique !… À l’époque, je ne savais même pas faire vraiment la différence entre une drogue et une autre ! Alors je l’ai interrogé et il m’a mis “au parfum” : “Je vais vous expliquer : notre dealer est en prison”… Je lui ai alors prescrit de l’Eubispasme® à la codéthyline. Et voilà comment j’ai “fait de la substitution” dès 1976-1977 avec de la codéthyline associée à de la poudre d’opium, mieux tolérée que la codéine. Dans ces années là – et puisque Walter Salles vient de ressusciter J. Kerouac, W. Burroughs et Allen Ginsberg dans le film “Sur la route” (considéré comme le manifeste de la beat generation) –, William Burroughs s’émerveillait de ce que la France était un pays formidable où l’on pouvait se procurer un dérivé d’opium dans n’importe quelle pharmacie, sans ordonnance et pour quelques francs seulement (Néocodion®, sirop Niver®, Eubispasme® et Élixir parégorique®). Formidable ? Pas vraiment, car nous étions bien seuls : Cohen prescrivait du Palfium®, moi de l’Eubispasme®, Carpentier du Temgésic® et à Fernand-Widal et Sainte-Anne de la méthadone à une poignée de patients… Finalement, nous avons récupéré en cabinet de ville toutes les personnalités du show-biz qui ne voulait pas rencontrer les junkies dans les centres spécialisés comme Marmottan. J’ai gardé de nombreux contacts avec ces patients, dont certains ont été mis depuis et sont toujours sous méthadone ou buprénorphine… Alors, oui, je revendique d’avoir été l’un des premiers à avoir “fait” de la substitution aux opiacés, ce qui m’a valu d’être voué aux gémonies par la très grande majorité des spécialistes français de l’époque, comme “dealer en blouse blanche”. Bien entendu, au-delà de la prescription d’un produit, cela m’a permis de devenir le médecin de famille de toxicos. J’ai connu alors Claude Orsel, psychiatre et psychanalyste, avec lequel j’ai commencé à travailler. “Je m’occupe de la forme. Il faudrait s’occuper du fond…” Autour de moi, on jouait à me faire peur : “Tu vas te faire braquer !” Je confesse que je me suis mis à faire de l’aïkido ! Mais, je n’ai jamais rencontré de problèmes avec ces patients ! Ils ont tout de suite compris que j’étais là pour les soigner parce qu’ils étaient “en souffrance” et non pas pour leur débiter des produits parce qu’ils me menaçaient ! Ils m’ont beaucoup appris à les soigner. J’ai très vite compris qu’ils n’avaient pas de conduites suicidaires, mais qu’au contraire, ils avaient envie de vivre. En 1983, j’ai sorti un polycopié dans le cadre du “département de formation et de recherche sur les comportements thérapeutiques en médecine de famille” de l’UER expérimentale de Bobigny sur “Le médecin généraliste et le toxicomane”. Il était destiné à présenter le reflet de ma pratique de médecin généraliste ayant une expérience importante de l’abord et du traitement des patients qui se droguent. Le Courrier des addictions (14) ­– n ° 3 – juillet-août-septembre 2012 Addict sept 2012.indd 8 LES 3 PLEINS-TEMPS D’UN Professeur des universités DE MÉDÉCINE GÉNÉRALE Le Courrier des addictions : Avez-vous réussi à maintenir une part significative de votre activité pour les angines, les rhinopharyngites, les lumbagos, les hypertensions… ? P.J. : Oui, bien sûr : j’ai toujours tenu à limiter à 30 % la part de ma patientèle “addicte”… jusqu’à l’arrivée du baclofène, où je fais maintenant fifty-fifty. En fait, c’est bien plus compliqué, car parmi les patients toxicos, sous méthadone ou buprénorphine, j’en vois un certain nombre pour des problèmes “classiques” de médecine générale : grippes, panaris, diabète, hypertension, suivi gynécologique, broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), etc. Je vois les familles, et parfois plusieurs générations, jusqu’aux petits-enfants. Nous savons beaucoup de choses d’eux, ils le savent et veulent nous revoir, parfois pour qu’on les aide à se reconstruire : “Vous avez connu ma mère (décédée prématurément) quand elle était jeune… Qu’est-ce qui lui est arrivé ?” Bien sûr, théoriquement, le respect du secret médical nous oblige à ne rien dire. Mais, humainement et émotionnellement, ils ont besoin d’avoir une image de leurs parents pour se reconstruire. Alors je les valorise et j’explique : “Ils ont beaucoup souffert et ont essayé de s’en tirer avec beaucoup de courage…” Le Courrier des addictions : Quand avez-vous été nommé professeur de médecine générale ? Vous avez été l’un des premiers ? P.J. : En 2000, j’ai d’abord été nommé maître de conférences associé responsable de l’enseignement théorique du 3e cycle de médecine générale à Paris-Descartes (Paris-V). Jusqu’en 2003. De 2003 à 2011, j’ai été professeur associé de médecine générale à Paris-Descartes et directeur des enseignements du DES de médecine générale. Enfin, en 2011, j’ai été titularisé professeur en médecine générale à ParisDescartes et coordonnateur du diplôme d’étude supérieure (DES) de médecine générale. Nous sommes actuellement 30 en France à être professeurs titulaires de médecine générale. Je représente également la médecine générale au sein du Collège universitaire national des enseignants en addictologie (CUNEA). Aujourd’hui, comme tous les professeurs d’université (PU), je gère un certain nombre d’internes de médecine générale (350, ici), dont je coordonne les DES. Soit 2 jours à plein temps dans la semaine. Pour la partie “soins” de ma vie, j’ai mon cabinet auquel je me rends dès 7 h 30 et j’y reste parfois jusqu’à 21 h 00. Enfin, je dois assurer la partie “recherche” de mon poste avec ce PHRC Bacloville que j’ai lancé et coordonne. À Paris-Descartes, nous avons plusieurs recherches en cours en médecine générale (pneumopathies, inégalités sociales, etc.). Pour ma part, je gère aussi une recherche sur l’empathie, menée en association avec l’Institut de psychologie de Paris-Descartes. Le Courrier des addictions : Vous avez été l’un des piliers du réseau ville-hôpital Paris Rive Gauche (VIH, VHC et alcool). Les réseaux sont-ils toujours d’actualité ? P.J. : J’en ai été effectivement membre de 1993 à 2006. Et j’en étais même un fervent militant au point de me présenter comme suppléant contre Balladur dans le XVe arrondissement de Paris pour en faire valoir “la cause” et contrer “la maîtrise comptable” des lois Juppé. J’ai obtenu… 3 % des voix, ce qui n’est pas si mal, vu qu’il a tout de même été mis en ballottage… Ils sont toujours d’actualité, bien sûr, car il n’est pas possible de prendre correctement en charge des patients atteints d’hépatites par exemple, alcoolodépendants, ou toxicomanes, tout seul, dans son cabinet. Mais ils ont besoin d’être repensés, redynamisés, dotés de moyens, évalués. Justement, je fais actuellement un 8 21/09/12 15:18 cours dans le cadre de la capacité d’addictologie sur ce sujet. Améliorer nos compétences relationnelles Le Courrier des addictions : Vous êtes membre du conseil d’administration de la Société médicale Balint : les groupes Balint ont-ils un intérêt spécifique en addictologie ? P.J. : Et comment ! En médecine générale globalement, et en addictologie plus particulièrement. J’ai eu la chance, comme étudiant à Bobigny en 1973, de rencontrer “des médecins Balint” et de me trouver au même étage de la faculté que cet homme remarquable qu’était le Pr Leibovici (psychiatre et psychanalyste). Dès ces années-là, je me suis beaucoup investi dans cette approche… et ne l’ai plus quittée ! Mise au point par Michaël Balint, psychiatre et psychanalyste anglais, cette technique vise à réunir un groupe de professionnels du secteur de la santé afin de les confronter, en groupe, à une description, puis à une réflexion, quant à la relation de chacun avec ses patients et les autres professionnels. En général, les groupes de parole s’organisent avec une dizaine ou une quinzaine de professionnels, animés par une personne formée spécialement. Ils travaillent autour de leur ressenti, leurs émotions, les problèmes qu’ils peuvent rencontrer lors de leur pratique, surtout autour de cas cliniques qu’ils ont eu à traiter. C’est une formation à la relation thérapeutique qui travaille sur le “moi professionnel”. L’enjeu est important puisqu’il s’agit d’améliorer ses compétences relationnelles de médecin, de repérer que, dans la relation thérapeutique, prend place un contre-transfert qui est un aspect primordial de la prise en charge des patients. En bref : apprendre à écouter et à entendre. Ici, à ParisDescartes, en médecine générale, le groupe Balint est obligatoire pour tous nos internes pendant le stage chez le praticien, à raison d’un groupe toutes les 3 semaines. Je propose, en quatrième année de médecine, un enseignement optionnel aux externes, lors de leur premier stage, quand ils sont confrontés à la mort, aux injustices, aux questions d’argent, de pouvoir… À tout ce qui fait et fera leur vie de médecin ! Nous avons aussi créé avec le Pr Consoli un DU “Psychothérapies et médecine générale”. Enfin, dans le cadre du développement professionnel continu (DPC), je propose des séminaires de 2 jours “Addictologie et Balint”. LE BACLOFèNE EN BREF Le baclofène, commercialisé depuis 1974 sous le nom de Liorésal® (Novartis), est un dérivé aromatique halogéné de l’acide gammaaminobutyrique (GABA). Il appartient à la classe des myorelaxants à point d’impact médullaire agoniste du récepteur GABA-B inhibant les réflexes mono- et polysynaptiques au travers de la moelle épinière. Son effet se concentre sur la relaxation des muscles squelettiques. Il est essentiellement indiqué dans le traitement des contractures musculaires involontaires (spasticité) d’origine cérébrale ou survenant au cours d’affections neurologiques comme la sclérose en plaques. Aujourd’hui, son utilisation dans le traitement de l’alcoolodépendance s’appuie sur le fait qu’en stimulant les récepteurs GABA-B, présents à la surface des neurones à dopamine, le neuromédiateur associé au plaisir, il permet d’en diminuer la libération et donc l’appétence pour la consommation d’alcool. Il ne rendrait donc pas abstinent, mais indifférent à l’alcool (nouveau paradigme proposé par le Pr Ameisen). Les études observationnelles menées avec ce médicament ont bien montré qu’il avait une efficacité réelle chez des patients dépendants, à des posologies très variables, très supérieures (jusqu’à 300 mg/j) à celles utilisées dans les contractions musculaires (30 à 75 mg/j et jusqu’à 120 mg à l’hôpital). Malheureusement, la plupart de ces essais ont été faits sur des durées limitées (4 à 12 semaines), avec des effectifs réduits, et des protocoles différents. Par ailleurs, les effets indésirables, déjà bien connus avec des doses moindres, doivent faire l’objet d’un suivi de pharmacovigilance : en effet, à fortes concentrations, le baclofène peut induire, en clinique, une sédation, des nausées, des vertiges, une somnolence, une confusion mentale, des troubles moteurs. Ils sont la plupart du temps bénins et transitoires. D’où la décision de lancer en France deux essais cliniques randomisés contre placebo et en double aveugle : l’un à l’hôpital sous l’égide du Pr Michel Reynaud (hôpital Paul-Brousse, Villejuif) [ancien protocole Detilleux] financé par l’industrie pharmaceutique, et le second en ville, “Bacloville”, coordonné par le Pr Philippe Jaury et financé par des fonds publics complétés par un donateur. Dans le premier (“Alpadir”) qui devrait débuter en fin d’année, les 320 patients suivis pour une alcoolodépendance seront traités par jusqu’à 180 mg de baclofène après sevrage. Le maintien de l’abstinence sera évalué à 6 mois. Le second, commencé cette année en juin, inclura au total 320 patients ayant un problème avec l’alcool (dépendants ou non), recrutés dans des cabinets de ville. Les patients, sevrés ou non, débuteront à la dose de 15 mg/j qui sera augmentée progressivement en fonction de l’efficacité et de la tolérance ressenties par le patient. La dose maximale sera de 300 mg/j. Le Courrier des addictions : On demande beaucoup aux médecins généralistes aujourd’hui. Mais ont-ils les moyens d’être à la hauteur de ces attentes et exigences ? P.J. : Non, ce n’est pas possible de former tout le monde : à la pédiatrie parce que nous allons manquer de pédiatres, à l’allergologie, la prise en charge des hépatites, des pathologies de la vieillesse, de l’obésité et du surpoids, des addictions, etc. Il faut connaître ses limites, toujours, et chercher à se former dans les domaines qui s’imposent dans notre pratique, travailler en réseau. L’essentiel est de conserver notre pratique, sa globalité, sa proximité, sa continuité, sa fonction de premier recours : ce sont les champs de compétences de la médecine générale. En ce qui concerne l’addictologie, c’est vrai que la formation reçue en la matière à la fac est notoirement insuffisante. Mais, une fois les médecins installés, le DPC comporte l’évaluation des pratiques professionnelles et la formation médicale continue proprement dite. Nous pouvons également suivre les activités d’associations professionnelles comme l’Association nationale pour la recherche et l’étude sur les hépatopathies chroniques (ANGREHC*), dont je fais partie. Ou encore la nouvelle association, Addictolib**, qui a pour but de stimuler les rencontres professionnelles, les actions de formation et de recherche et regrouper au niveau national les médecins libéraux addictologues, promouvoir l’addictologie comme spécialité clinique reconnue et valorisée en médecine de ville, en introduire la représentation dans les instances régionales et nationales. Baclofène : une exception française ? Le Courrier des addictions : Comment en êtes-vous venus à vous intéresser, toujours en pionnier, au baclofène ? P.J. : De même que j’ai été amené à prescrire de l’Eubispasme®, puis du Temgésic®, à la demande de soins des patients (jusqu’à 80 comprimés par jour, soit l’équivalent de 2 comprimés de Subutex® à 8 mg !), j’ai essayé le baclofène, en juillet 2008 pour répondre à 9 Addict sept 2012.indd 9 la souffrance d’une patiente. Elle est venue me consulter avec “Le dernier verre”, le livre d’Olivier Ameisen sous le bras, en me demandant si je l’avais lu. “Vous me prescririez du baclofène ?” J’avais repéré cette molécule sur une liste de médicaments en discussion exposée lors d’un congrès THS, avec des conclusions plutôt très mitigées. De retour à mon cabinet, je l’avais testé, à la dose de 3 comprimés par jour. Effectivement, ça ne marchait pas ! J’ai tout de même tenté le coup pour cette patiente avec une posologie croissante. Elle a pris 20 comprimés pendant 6 mois. Au bout du compte, elle ne se rendait même Le Courrier des addictions (14) ­– n ° 3 – juillet-août-septembre 2012 21/09/12 15:18 plus compte qu’elle n’avait pas fini son verre ! Elle était devenue indifférente à l’alcool. “Avant, je finissais toujours la bouteille”, disait-elle (actuellement, 4 ans après, elle en prend toujours 3 par jour avec le même excellent résultat). Bien sûr, comme pour la substitution aux opiacés, j’ai vu arriver de plus en plus de patients dans mon cabinet. C’est toujours ce qui se passe lorsqu’on est une poignée de prescripteurs qui se “mouillent” pour expérimenter de nouvelles modalités de prise en charge. À ce moment-là, j’ai été contacté par Gilles Demigneux, un généraliste alcoologue de Sainte-Anne. “Je suis sûr que tu en prescris”, me dit-il. Il m’a stimulé pour continuer l’expérience. Nous nous sommes alors réunis à la clinique Montsouris (“Lioréseau”), le Dr Gilles Demigneux, les Dr Heim et Moulin, psychiatres à Paris (clinique Montsouris), le Dr Renaud de Beaurepaire (psychiatre à l’hôpital Paul-Guiraud, Villejuif) et moi, pour échanger nos expériences et mettre sur pied une cohorte de patients. Maintenant, j’ai 4 ans de recul et une file active de 200 patients. Le Courrier des addictions : Quels ont été les résultats de cette étude observationnelle, coup d’envoi au PHRC qui vous préoccupe actuellement ? P.J. : Avec Renaud de Beaurepaire, nous avons mené, pendant 1 an, une étude sur 132 patients (181 inclus), tous demandeurs d’une aide de prise en charge, pour analyser l’efficacité et la tolérance du baclofène haut dosage chez les patients alcoolodépendants. Les résultats ont été exposés par Constance AlexandreDubrœucq, lors de sa soutenance de thèse dans notre faculté de médecine, et sont parus en mars dernier dans la revue Alcohol & Alcoholism. Nous avons défini 65 variables***. La cohorte comptait 49 femmes et 83 hommes, de 47,3 ans en moyenne. La prise d’alcool moyenne avant traitement était de 192 g/j. Quatre-vingt cinq pour cent d’entre eux avaient déjà essayé un médicament contre l’alcoolisme. Un an après la mise sous traitement, 106 patients avaient “une consommation adaptée” (soit 80 %) dont 78 abstinents et 28 “une consomma- Le Courrier des addictions (14) ­– n ° 3 – juillet-août-septembre 2012 Addict sept 2012.indd 10 haut dosage, car le baclofène n’est pas prescrit dans cette indication, sauf à titre expérimental : actuellement, en France, peutêtre 20 000 patients, voire plus, seraient sous baclofène et plus de 300 médecins en prescriraient hors AMM ! tion normale” selon la norme OMS. Soit, en incluant les 45 perdus de vue comme des échecs, 60 % avec une consommation adaptée dont 44 % d’abstinents. La dose moyenne de baclofène (progressivement croissante sans limitation dans la posologie jusqu’à la réduction du craving, voire sa suppression) était de 128 mg/j. Le craving, sur une échelle visuelle analogique allant de 0 à 10, passait de 9,25 (± 1,93) à 2,24/10 (± 1,93) au bout du traitement. La moyenne globale des CDT (carbohydrate deficient transferrin) avant le traitement était de 3,61 (normale pour le laboratoire : < 1,30), avec une très grande disparité entre les patients (de 0,2 à 20 ; écart type : 4,09). Après la mise sous traitement, la CDT était de 1,90, soit une diminution de la moyenne de près de 50 % (écart type : 2,68). La moyenne globale des gammaglutamyl transférase (GGT) avant le traitement était de 190. Il était passé à 61. Là encore avec une grande variabilité individuelle (écart type : 371, puis 76). Nous avons relevé des effets indésirables comme la somnolence, la fatigue, des vertiges et céphalées, transitoires et mineurs, chez 85 % des patients. Toutefois, parmi les 26 patients en échec, 6 avaient dû abandonner à cause de ceux-ci. Enfin, l’inefficacité du traitement était clairement associée à la présence de troubles psychiatriques en général, à une anxiété chez les patients ne ressentant pas de baisse de craving, à certains effets indésirables : fatigue/somnolence, dépression, sensation d’une certaine confusion et de troubles respiratoires. Après avoir présidé un jury de thèse d’une autre interne sur l’alcool avec Henri-Jean Aubin, ce dernier (merci à lui) m’a poussé à proposer un PHRC, le premier fait en médecine ambulatoire avec des médecins généralistes. Il figure sur le site américain clinicaltrials.gov. Et il n’y a pas d’autres études en cours dans le monde sur le baclofène haut dosage en double aveugle versus placebo sur 1 an ! C’est vraiment une grande aventure ! Sur la scène internationale, nous sommes une exception, comme pour la buprénorphine L’“émotion” based medicine Le Courrier des addictions : Où en êtes-vous de la mise en place de ce fameux PHRC Bacloville ? C’est L’evidencebased medicine que tous les médecins attendent ? P.J. : … L’emotion-based medicine, car il a été imposé par “la communauté” des médecins généralistes et surtout des patients. Je souligne d’ailleurs que l’Association des utilisateurs du baclofène et sympathisants (AUBES), [voir encadré p. 11], réseau patientsmédecins dont je fais partie, en est partenaire officiel. Mais, oui, bien sûr, cet essai clinique randomisé en double aveugle contre placebo pendant 1 an en milieu ambulatoire, multicentrique, est aussi et surtout la recherche de preuves scientifiques de l’intérêt de ce médicament dans cette indication ! j’en ai écrit le premier protocole en mai 2010. Le projet a été déposé en décembre 2010, accepté en juin 2011 et a démarré en juin 2012… (62 patients inclus en 2 semaines). 4 Il doit s’achever en 2013. J’en suis l’investigateur et le coordinateur. La responsable scientifique en est le Pr Claire Le Jeunne, (ancienne vice-présidente de la commission de transparence, vice-doyen de la faculté de médecine de Paris-Descartes et chef du service de médecine interne de l’hôpital Hôtel-Dieu). Il inclut 320 patients (dont 160 recevront le placebo) suivis par 60 médecins investigateurs, dans 9 régions. Ils seront suivis pendant 1 an avec 2 consultations le premier mois et le dernier mois, et 1 fois par mois les autres mois. En début d’étude, on prescrira une augmentation très progressive des doses par paliers de 5 mg, en fonction de l’efficacité et de la tolérance. Le patient sera contacté par téléphone ou vu en consulta- tion tous les 15 jours pendant la phase de croissance du traitement, lorsque la dose prescrite est supérieure à 200 mg par jour. L’objectif principal est de montrer l’efficacité à 1 an du baclofène comparé au placebo, sur la proportion des patients qui ont une consommation d’alcool nulle ou à faible niveau de risque selon les normes de l’OMS. Les objectifs secondaires sont de décrire la distribution des posologies efficaces, d’en évaluer la tolérance en recherchant tous les effets indésirables, notamment aux posologies élevées, en essayant si possible de différencier ce qui est dû à la molécule, à l’arrêt de l’alcool et à la potentialisation alcool-baclofène, de mieux caractériser les patients pour lesquels cette molécule est efficace (par l’utilisation de l’échelle anxiété/dépression HAD, par celle du craving ou Obsessive Compulsive Drinking Scale, par l’utilisation du DSM-IV pour la dépendance). Bacloville s’attache aussi à décrire l'évolution des patients sous traitement du point de vue de la consommation totale et moyenne mensuelle d’alcool, du nombre de jours d'abstinence, et de “heavy drinking days”. Il analysera également la quantité cumulée d’alcool absorbée pendant le dernier mois de traitement et évaluera la qualité de vie sous traitement (échelle SF36). Enfin, il étudiera l’évolution des paramètres biologiques, notamment hépatiques et rénaux. Nous espérons, effectivement, qu’il mettra fin à un débat passionnel qui a tant alimenté ces dernières années de nombreuses polémiques et prises de position partisanes. Au détriment de l’intérêt des patients. v * www.angrehc.com ** Ses membres doivent être titulaires de la capacité ou du DESC d’addictologie clinique et pratiquer cette discipline en exercice libéral. Addictolib, 7, rue Jean-Bart, 75006 Paris. *** Thèse de doctorat en médecine de Constance Alexandre-Dubrœucq, dirigée par le Pr Philippe Jaury, université Descartes Paris-V, soutenue le 14 avril 2011. Parution : Rigal L, Alexandre-Dubroeucq C, de Beaurepaire R, Le Jeunne C, Jaury P. Abstinence and 'low-risk' consumption 1 year after the initiation of high-dose baclofen: a retrospective study among 'high-risk' drinkers. Alcohol Alcohol 2012;47(4):439-42. 10 21/09/12 15:18 Pour en savoir plus − Legleye S, Rosilio T, Nahon S. Alcoolisation, un phénomène complexe. In: Baromètre santé 2005. Premiers résultats. Paris, INPES, 2006. − Krupitsky EM, Burakov AM, Ivanov VB et al. Baclofen administration for the treatment of affective disorders in alcoholic patients. Drug Alcohol Depend 1993;33:157-63. − Addolorato G, Caputo F, Capristo E, Colombo G, Gessa GL, Gasbarrini G. Ability of baclofen in reducing alcohol craving and intake: II. Preliminary clinical evidence. 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AUBES, l'Association des Utilisateurs du BaclofènE et Sympathisants AUBES est une association née en janvier 2010, du mouvement conjoint de patients désireux de bénéficier du baclofène et de quelques médecins, dont le Dr Bernard Jousseaume, médecin généraliste et prescripteur de la première heure, son fondateur. Ses objectifs : – diffuser l’information sur l’efficacité du traitement ; – regrouper, informer, fédérer patients et soignants autour de la prescription ; – inciter les pouvoirs publics à autoriser la prescription dans le traitement des addictions ; – promouvoir la recherche sur les effets cliniques et les mécanismes d’action de la molécule dans le cadre des addictions. AUBES a organisé plusieurs colloques nationaux, participé à de nombreuses formations de médecins et mis sur pied 2 forums : l’un, d’entraide des malades, l’autre, pour les professionnels de santé (http:// www.alcool-et-baclofene.fr/). Association AUBES : 41, impasse des Mas-du-Soleil, 83110 Sanary-sur-Mer. − Jaury P. Hépatite C : les insuffisances de la prise en charge en médecine générale. Panorama du Médecin 2001; 4781:19. − Jaury P. La substitution et après. In: La dictature des drogues et des virus. Frisons-Roche 2002:336-42. − Jaury P. Les addictions comportementales. In: La dictature des drogues et des virus. Frison-Roche 2002;301-5. − Jaury P. Des groupes Balint pour les résidents : pourquoi pas ? La Revue du Praticien-MG 2002;16(585):1305-6. − Jaury P. Hépatites C, suivi en médecine générale, les blocages. Revue THS 2002;IV:822-5. − Jaury P. Hépatite C : la ponctionbiopsie hépatique n’est plus un préalable au traitement. Consulter en Médecine Générale, FMC Hebdo 2002;10:10-4. − Jaury P. Groupes Balint. Encycl Med Chir AKOS 2003;1-0015:3p. − Jaury P. Histoire de chasse ? Le Courrier des Addictions 2003;5:13. − Jaury P. Quand le généraliste se fait psy. Le Généraliste 2004;2277:20. − Jaury P, Fabre M. Le généraliste, le toxicomane et le psychanalyste. La Revue du Praticien-MG 2004;18(646/7): 432-5. − Jaury P. Six cas cliniques. In: Cas cliniques en médecine générale. Flammarion 2004. Services Internet www.edimark.fr À lire sur le site Internet d’Edimark (www.edimark.fr) dans La Lettre du Pharmacologue n° 1 de janvier-février-mars 2012 : “Nouvelle approche pharmacoépidémiologique dans le champ de l’addictovigilance” de L. Wainstein, C. Victorri-Vigneau et P. Jolliet. 11 Addict sept 2012.indd 11 − Jaury P. Groupes Balint. In: La relation médecin-malade. EMC, Elsevier 2004:55-60. − Velluet L, Jaury P. Formation à la relation thérapeutique en D2. La Revue du Praticien-MG 2005;19(700/1): 902-4. − Jaury P. Cannabis et médecine générale. EMC, Elsevier. Traité de Médecine AKOS 2006;7-0997:6p. − Jaury P, Peyrebrune C. Les rôles et les pratiques des médecins généralistes. In: Le traité d’addictologie. Flammarion 2006:289-95. − Jaury P, Fabre M. 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