Une étude réalisée en Italie par Addolorato,
publiée dans la revue « the Lancet » en 20071,
a montré des résultats intéressants quant à une
aide pharmacologique dans la prise en charge
de l’addiction à l’alcool.
L’étude menée est partie de ces constats :
- la poursuite de la consommation d’alcool chez
les patients avec une cirrhose alcoolique
associée à une mortalité élevée ;
- l’exclusion fréquente des essais cliniques des
patients ayant une cirrhose alcoolique ;
- la toxicité hépatique des traitements médica-
menteux de la dépendance à l’alcool.
Par ailleurs, le baclofène montrerait une
efcacité sur la diminution du craving* et de
la consommation, ainsi qu’une amélioration
du maintien de l’abstinence à l’alcool. Il aurait
aussi la propriété d’avoir un faible métabolisme
hépatique.
L’objectif de l’étude était donc d’évaluer son
efcacité et sa tolérance dans l’arrêt et le
maintien de l’abstinence de la consommation
chez des sujets alcoolo-dépendants ayant une
cirrhose du foie.
Il s’agit d’une étude randomisée et contrôlée
en double aveugle. Les sujets ont été inclus
entre octobre 2003 et novembre 2006 dans
le service de médecine interne de l’université
catholique de Rome. Les critères d’inclusion
ont été : un âge entre 18 et 75 ans; la présence
des critères DSM-IV de dépendance à l’alcool;
la présence d’une cirrhose (OH, virales); une
consommation dans les 4 semaines (H>21
verres/s ou F>14 verres/s); et un membre de la
famille ressource.
La procédure consistait en un sevrage
hospitalier, puis une randomisation et une mise
en traitement pour 12 semaines : J1-J3 = 5 mg
de baclofène 3x/j ; puis augmentation à 10 mg
3x/j = 30 mg/j. L’évaluation était hebdomadaire
pendant 1 mois, puis tous les 15 jours. Les
variables étudiées ont été : le pourcentage
de patients abstinents à l’alcool (rechute>4
verres/j ou >14verres/s pdt 4s) et la différence
de craving entre les groupes.
Au total, 148 patient ont été recrutés, 84 inclus
et randomisés: 42 dans le groupe Baclofène, 42
dans le groupe Placebo. Après 12 semaines,
30 patients (71%) étaient abstinents dans le
groupe Baclofène contre 12 (29%) dans le
groupe Placebo ; la différence étant signicative
(p<o,o5). Pour le groupe Baclofène, il ressort :
- une augmentation de la durée d’abstinence;
- une plus grande probabilité d’abstinence et
d’absence de faux-pas ;
- une réduction signicative du craving* ;
- une amélioration des constantes biologiques ;
- une meilleure tolérance (moins de céphalées,
fatigue, vertiges, insomnie) et compliance.
Cette étude, dont la méthodologie est
particulièrement rigoureuse, ouvre des
perspectives. Outre la possibilité d’utiliser un
traitement pharmacologique bien toléré pour la
prise en charge de l’addiction à l’alcool de patients
cirrhotiques, c’est aussi l’action anti-craving qui
attire l’attention.
Cet aspect se dégage de manière claire dans
l’étude et pose la question d’une utilisation
pour tous les patients dépendants de l’alcool.
On retrouverait effectivement un effet dose
avec une posologie stable (de 10 mg 3x/j pour
l’étude) et une probable sécurité d’utilisation pour
un traitement au long court permettant d’éviter
la rechute. L’étude n’a toutefois duré que 12
semaines, restant insufsant pour extrapoler ses
constats dans la clinique.2
Sont parus en février 2010 d’autres résultats d’une
étude franco-américaine3 menée sur des patients
alcoolo-dépendants ayant reçu le traitement en
ambulatoire entre novembre 2008 et juin 2009.
Ces résultats montrent qu’à trois mois, 88 % des
patients ont totalement arrêté ou signicativement
diminué leur prise d’alcool, et que la plupart d’entre
eux ne ressentaient plus de craving. Les doses
de baclofène nécessaires ont été très variables :
allant de 15mg/jour à 300mg/jour. Environ deux
tiers des patients ont eu besoin d’une dose
supérieure à celle autorisée de 80mg/j.
Les auteurs précisent que rien ne permettait de
prévoir la dose nécessaire avant le traitement;
dose n’ayant apparemment pas de lien avec la
corpulence des patients, ni avec le sexe, bien que
des analyses précises n’aient été faites.
Bien que prometteurs, ces résultats demandent
à être conrmés et enrichis par de nouvelles
études avant toute utilisation dans la clinique
quotidienne.
*Dénition : Le craving - de l’anglais « désir ardent,
appétit insatiable »- désigne le désir irrépressible et
envahissant de reproduire le comportement d’addiction.
Ce doit être la cible principale lorsque l’on veut intervenir
efcacement.
Baclofène et addiction à l’alcool : des pistes ?
N° 04 - Avril 2010
Nos principaux services
destinés à soutenir les professionnels
et renforcer le suivi et la coordination
des soins des patients
• Des Formations
Soirées pluridisciplinaires
Apport de connaissances actualisées
et temps de partage entre les
professionnels.
Cycles continus Addictions
RPIB Alcool, Tabac, Cannabis,
Opiacés… destinés aux professionnels
de santé.
• Des Groupes d’Intervision
Échanges de pratiques autour de thèmes,
soutien technique aux professionnels
sur des temps de réunions.
• Une équipe psychosociale
Coordination des soins en lien avec
les intervenants, accompagnement
socio-éducatif, soutien psychologique
individuel, évaluation globale (ASI-MINI),
réunion clinique autour de patient.
• Un Délégué Santé Prévention
Visite au cabinet des médecins
généralistes de Gironde, information
sur les lieux ressources, les dispositifs
existants, les actions ponctuelles et/ou
locales,... en addictologie ou sur des
thématiques en lien.
• Un soutien technique mobile
A la demande des équipes et des
professionnels, accompagnement et
étayage sur le terrain autour de situations
problématiques.
• Une méthodologie à disposition
Réalisation d’état des lieux sur des
territoires déterminés. Mobilisation des
acteurs locaux autour d’un projet de
proximité.
• Une plateforme de coordination
Demande de renseignements, d’orien-
tations concernant le champ de
l’addictologie et son dispositif de prise
en charge.
Au 05.56.51.56.51 / 05.56.31.14.62
Références :
1-
Addolorato et al., Effectiveness and safety of baclofen for maintenance of alcohol abstinence in alcoholdependent
patients with liver cirrhosis : randomised, double-blind controlled study, in Lancet 2007; 370: 1915–22
2-
Article réalisé à partir d’un travail de synthèse de SAURA Y., interne en psychiatrie, Département d’addictologie,
Bordeaux.
3- Ameisen O., Beaurepaire R., Suppression de la dépendance à l’alcool et de la consommation d’alcool par le
baclofène à haute dose : un essai en ouvert, Annales médico-psychologiques, Doi : 10.1016/j.amp.2009.12.008
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La lettre des Réseaux de Santé
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pour la Qualité et la Coordination des Soins sur déci-
sion de la Mission Régionale de Santé (URCAM et ARH)
La lettre est éditée grâce au soutien
de la Mairie de Bordeaux
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