Santé e d x u a e s é R La lettre des onde ir G s n io t ic d Ad N° 04 - Avril 2010 Baclofène et addiction à l’alcool : des pistes ? Une étude réalisée en Italie par Addolorato, publiée dans la revue « the Lancet » en 20071, a montré des résultats intéressants quant à une aide pharmacologique dans la prise en charge de l’addiction à l’alcool. L’étude menée est partie de ces constats : - la poursuite de la consommation d’alcool chez les patients avec une cirrhose alcoolique associée à une mortalité élevée ; - l’exclusion fréquente des essais cliniques des patients ayant une cirrhose alcoolique ; - la toxicité hépatique des traitements médicamenteux de la dépendance à l’alcool. Par ailleurs, le baclofène montrerait une efficacité sur la diminution du craving* et de la consommation, ainsi qu’une amélioration du maintien de l’abstinence à l’alcool. Il aurait aussi la propriété d’avoir un faible métabolisme hépatique. L’objectif de l’étude était donc d’évaluer son efficacité et sa tolérance dans l’arrêt et le maintien de l’abstinence de la consommation chez des sujets alcoolo-dépendants ayant une cirrhose du foie. Il s’agit d’une étude randomisée et contrôlée en double aveugle. Les sujets ont été inclus entre octobre 2003 et novembre 2006 dans le service de médecine interne de l’université catholique de Rome. Les critères d’inclusion ont été : un âge entre 18 et 75 ans; la présence des critères DSM-IV de dépendance à l’alcool; la présence d’une cirrhose (OH, virales); une consommation dans les 4 semaines (H>21 verres/s ou F>14 verres/s); et un membre de la famille ressource. La procédure consistait en un sevrage hospitalier, puis une randomisation et une mise en traitement pour 12 semaines : J1-J3 = 5 mg de baclofène 3x/j ; puis augmentation à 10 mg 3x/j = 30 mg/j. L’évaluation était hebdomadaire pendant 1 mois, puis tous les 15 jours. Les variables étudiées ont été : le pourcentage de patients abstinents à l’alcool (rechute>4 verres/j ou >14verres/s pdt 4s) et la différence de craving entre les groupes. Au total, 148 patient ont été recrutés, 84 inclus et randomisés: 42 dans le groupe Baclofène, 42 dans le groupe Placebo. Après 12 semaines, 30 patients (71%) étaient abstinents dans le groupe Baclofène contre 12 (29%) dans le groupe Placebo ; la différence étant significative (p<o,o5). Pour le groupe Baclofène, il ressort : - une augmentation de la durée d’abstinence; - une plus grande probabilité d’abstinence et d’absence de faux-pas ; - une réduction significative du craving* ; - une amélioration des constantes biologiques ; - une meilleure tolérance (moins de céphalées, fatigue, vertiges, insomnie) et compliance. Cette étude, dont la méthodologie est particulièrement rigoureuse, ouvre des perspectives. Outre la possibilité d’utiliser un traitement pharmacologique bien toléré pour la prise en charge de l’addiction à l’alcool de patients cirrhotiques, c’est aussi l’action anti-craving qui attire l’attention. Cet aspect se dégage de manière claire dans l’étude et pose la question d’une utilisation pour tous les patients dépendants de l’alcool. On retrouverait effectivement un effet dose avec une posologie stable (de 10 mg 3x/j pour l’étude) et une probable sécurité d’utilisation pour un traitement au long court permettant d’éviter la rechute. L’étude n’a toutefois duré que 12 semaines, restant insuffisant pour extrapoler ses constats dans la clinique.2 Sont parus en février 2010 d’autres résultats d’une étude franco-américaine3 menée sur des patients alcoolo-dépendants ayant reçu le traitement en ambulatoire entre novembre 2008 et juin 2009. Ces résultats montrent qu’à trois mois, 88 % des patients ont totalement arrêté ou significativement diminué leur prise d’alcool, et que la plupart d’entre eux ne ressentaient plus de craving. Les doses de baclofène nécessaires ont été très variables : allant de 15mg/jour à 300mg/jour. Environ deux tiers des patients ont eu besoin d’une dose supérieure à celle autorisée de 80mg/j. Les auteurs précisent que rien ne permettait de prévoir la dose nécessaire avant le traitement; dose n’ayant apparemment pas de lien avec la corpulence des patients, ni avec le sexe, bien que des analyses précises n’aient été faites. Bien que prometteurs, ces résultats demandent à être confirmés et enrichis par de nouvelles études avant toute utilisation dans la clinique quotidienne. *Définition : Le craving - de l’anglais « désir ardent, appétit insatiable »- désigne le désir irrépressible et envahissant de reproduire le comportement d’addiction. Ce doit être la cible principale lorsque l’on veut intervenir efficacement. Références : 1- Addolorato et al., Effectiveness and safety of baclofen for maintenance of alcohol abstinence in alcoholdependent patients with liver cirrhosis : randomised, double-blind controlled study, in Lancet 2007; 370: 1915–22 2- Article réalisé à partir d’un travail de synthèse de SAURA Y., interne en psychiatrie, Département d’addictologie, Bordeaux. 3- Ameisen O., Beaurepaire R., Suppression de la dépendance à l’alcool et de la consommation d’alcool par le baclofène à haute dose : un essai en ouvert, Annales médico-psychologiques, Doi : 10.1016/j.amp.2009.12.008 © jake/fotolia Nos principaux services destinés à soutenir les professionnels et renforcer le suivi et la coordination des soins des patients • Des Formations Soirées pluridisciplinaires Apport de connaissances actualisées et temps de partage entre les professionnels. Cycles continus Addictions RPIB Alcool, Tabac, Cannabis, Opiacés… destinés aux professionnels de santé. • Des Groupes d’Intervision Échanges de pratiques autour de thèmes, soutien technique aux professionnels sur des temps de réunions. • Une équipe psychosociale Coordination des soins en lien avec les intervenants, accompagnement socio-éducatif, soutien psychologique individuel, évaluation globale (ASI-MINI), réunion clinique autour de patient. • Un Délégué Santé Prévention Visite au cabinet des médecins généralistes de Gironde, information sur les lieux ressources, les dispositifs existants, les actions ponctuelles et/ou locales,... en addictologie ou sur des thématiques en lien. • Un soutien technique mobile A la demande des équipes et des professionnels, accompagnement et étayage sur le terrain autour de situations problématiques. • Une méthodologie à disposition Réalisation d’état des lieux sur des territoires déterminés. Mobilisation des acteurs locaux autour d’un projet de proximité. • Une plateforme de coordination Demande de renseignements, d’orientations concernant le champ de l’addictologie et son dispositif de prise en charge. Au 05.56.51.56.51 / 05.56.31.14.62 Réseaux de santé financés par le Fonds d’Intervention pour la Qualité et la Coordination des Soins sur décision de la Mission Régionale de Santé (URCAM et ARH) La lettre est éditée grâce au soutien de la Mairie de Bordeaux 7, rue de l’Ormeau mort 33000 BORDEAUX - Tél 05.56.31.14.62 / 05.56.51.56.51 - Fax 05.57.81.71.19 Mail : [email protected] - http://www.resag.org la lettre des réseaux Le nouveau site Web de RéSag RéNAPSUD et AGIR33 ont travaillé au cours de l’année 2009 sur la conception d’un site Web unique ; remplaçant les précédents sites des deux réseaux. Son hébergement est assuré par Télé Santé Aquitaine qui a accompagné RéSAG dans la réalisation de cet outil. A compter d’avril, il est accessible à tous ; vous pourrez vous connecter sur www.resag.org. Vous y trouverez, dans l’espace public, toutes les activités/offres des réseaux : • Les formations proposées (soirées, groupes d’Intervisions, cycles…) • Les services proposés (coordination des soins, accompagnement psycho-social, DSP, orientations,….) • Des documents, des liens vers d’autres sites, des questionnaires d’évaluation,… • Les informations d’ordre général (équipe, vie associative,…) Vous découvrirez un outil synthétique et facile d’utilisation : • Un calendrier vous permet d’accéder en un « clic » aux activités du mois. • Un « clic » sur la carte vous permet de connaître les activités organisées dans les différents territoires. Vous pourrez également consulter, dans l’espace sécurisé, les annuaires des réseaux : • Des professionnels membres, en libéral ou en structure • Des structures et lieux ressources L’accès à cet espace nécessite d’avoir recours à une procédure d’inscription qui vous permettra de vous connecter. Cliquez sur « Identifiez-vous » et suivez les instructions. (la procédure est disponible, si nécessaire, en fichier.pdf) Vous pourrez nous écrire directement depuis le site, via l’espace « Contact » : N’hésitez pas à l’utiliser et nous faire part de vos observations et demandes. A vous de Surfer, dès maintenant… !!! Doc utile Le 1er référentiel RéSAG vient de sortir : « Traitement de Substitution aux Opiacés en médecine de ville ». Cet outil est destiné à l’ensemble des médecins généralistes et les pharmacies de Gironde, il a été validé sur le plan clinique et institutionnel. Il va être distribué lors des visites du Délégué Santé Prévention et des formations organisées par RéSAG sur les TSO à partir du mois de mai. Il a pour objectif de diffuser les recommandations de bonnes pratiques en matière d’initiation de traitements : • rappelant des principes de base de prescription de buprénorphine (seul TSO autorisé en primo-prescription par des médecins libéraux); • apportant des éléments utiles à la pratique en termes d’évaluation, de suivi, de situations-types et de soutiens possibles (contacts des addictologues locaux). Si vous faites partie des professionnels concernés et êtes intéressés par le référentiel, n’hésitez pas à nous le demander au 05.56.31.14.62 / 05.56.51.56.51. Pour connaître l’agenda des formations, rendez-vous sur : www.resag.org La lettre du réseau est une publication trimestrielle de RéSag Le Bureau RéNAPSUD : Jacques DUBERNET médecin généraliste-addictologue, Président. Marc AURIACOMBE professeur de psychiatrie et d’addictologie, Trésorier. Benoît FLEURY médecin hépato-gastro-entérologue-alcoologue, Vice Président. Yves DESTRIAU médecin généraliste-addictologue, Vice Président. Mélina FATSEAS, psychiatre-addictologue, Secrétaire. Claude BERTRAND, chargée de projets, Secrétaire adjointe. L’Equipe : Julie COLLOMBAT, coordinatrice. Martine MONDUGUET, secrétaire. Elise ROCHET, psychologue. Fabienne MICHEL, travailleur social. Le Bureau AGIR 33 : Christian PRULIERE médecin généraliste tabacologue, Président. Marc AURIACOMBE professeur de psychiatrie et d’addictologie, Vice Président. Benoît FLEURY médecin hépato-gastro-entérologue-alcoologue, Vice Président. Colette LAUGIER directrice CRAES-CRIPS, Vice Présidente. Pascale STEPANI, médecin hospitalier addictologue, Trésorière. Jean Michel DELILE, psychiatre addictologue, Secrétaire. Véronique GARGUIL psychologue, Secrétaire adjointe. L’Equipe : Philippe CASTERA, coordinateur médical. Nathalie OURMIAH, coordinatrice. Aurélie LAZES-CHARMETANT, chargée de mission. Catherine MEURANT, déléguée Santé Prévention. Sandrine RONDI, secrétaire de coordination.