DOSSIER Mots-clés Sports et gynécologie Activité sportive Cancer du sein Une activité sportive régulière peut réduire le risque de cancer du sein The role of physical activity in breast cancer A. Achouri 1, 2, A.S. Bats 1, 2, 3, C. Bensaid 1, C. Huchon 1, 2, F. Lecuru 1, 2, 3 A Keywords Physical activity Breast cancer 1. Service de chirurgie gynécologique et sénologique, hôpital européen Georges-Pompidou, AP-HP, 20, rue Leblanc, 75908 Paris Cedex 15. 2. Université Paris-Descartes, faculté de médecine, 15, rue de l'École-deMédecine, 75270 Paris Cedex 06. 3. Inserm, UMR S 747, université ParisDescartes. vec une incidence autour de 45 000 nouveaux cas par an, le cancer du sein représente un problème de santé publique. À côté des facteurs de risques majeurs que sont les antécédents familiaux et l’imprégnation estrogénique, l’impact de l’hygiène de vie sur l’apparition de cancer du sein est une question posée régulièrement par les patientes en consultation de gynécologie. Au centre des interrogations, outre la place de l’alimentation et des apports exogènes en estrogènes, la question de la pratique d’une activité physique régulière occupe une place importante. Il est admis par tous que la sédentarité augmente le risque de maladie métabolique (diabète, obésité, etc.) et de maladies cardio-vasculaires. Il semble également que la sédentarité augmente le risque de développer un cancer du sein (1). Depuis plus de trente ans, de nombreux auteurs ont étudié l’effet d’une activité sportive sur l’incidence et la mortalité par cancer du sein. Plus de 73 études (2) sur le sujet sont référencées et la majorité d’entre elles retrouve une réduction significative du risque de cancer du sein. En moyenne, la réduction du risque est de 25 %. Cet effet bénéfique s’exerce pour tout type d’activité. Mais il semble proportionnel à la fois à l’intensité de l’activité physique exercée et surtout à la durée hebdomadaire. Ainsi, la réduction du risque est de 28 % chez les femmes qui font au moins 6 heures de sport par semaine comparé à une baisse de 7 % en moyenne chez les patientes qui en font 3 heures. De même, quand on étudie la réduction du risque en fonction de la période de la vie ou de l’activité physique pratiquée, il semble que le bénéfice soit plus important pour une activité physique pratiquée à l’âge adulte et après 50 ans plutôt que dans l’enfance ou à l’adolescence. Si l’on considère certains sous-groupes, le bénéfice 28 | La Lettre du Gynécologue • n° 358-359 - janvier-février 2011 d’une activité physique régulière est observé principalement chez les patientes avec un ou plusieurs enfants, ménopausées avec un indice de masse corporelle normal et surtout sans histoire familiale de cancer du sein. De même, cet effet protecteur éventuel semble indépendant du statut hormonal de la tumeur et de son type histologique. L’hypothèse physiopathologique principale pouvant expliquer ces résultats reposent sur le fait que l’activité physique réduit le tissu adipeux et ainsi la production d’estrogènes par le biais de l’aromatase. Cependant, d’autres mécanismes sont probablement impliqués, faisant intervenir des facteurs de croissance et des enzymes impliqués dans le stress oxydatif (3). Cet effet bénéfique d’une activité physique régulière existe de façon très probable pour d’autres types de cancer comme celui du côlon et de l’endomètre (1). Ainsi, il est important d’inciter nos patientes à pratiquer une activité physique régulière qui ne peut qu’être bénéfique en réduisant à la fois le risque de maladie cardio-vasculaire et celui de cancer du sein. D’autant que des enquêtes donnent à penser que au moins un tiers des femmes françaises ont une activité physique insuffisante. Ce discours s’inscrit dans de plus larges recommandations diffusées par l’INCa sur l’importance de l’hygiène de vie dans la prévention de certains cancers dont celui du sein. ■ Références bibliographiques 1. World cancer research fund. American institute for cancer research. Food, nutrition, physical activity, and prevention of cancer: a global perspective. Washington DC: AICR, 2007. 2. Friedenreich CM. The role of physical activity in breast cancer etiology. Semin Oncol 2010;37(3):297-302. 3. McTiernan A. Mechanisms linking physical activity with cancer. Nat Rev Cancer 2008;8(3):205-11.