Cancer et activité physique

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Cancer et activité physique
Messages clés
L’activité physique se définit comme « tout mouvement corporel produit par la contraction des
muscles squelettiques, et dont le résultat est une augmentation substantielle de la dépense
énergétique par rapport à la dépense de repos ».
Un grand nombre d’études indique que les personnes physiquement actives ont un risque
diminué d’incidence et de mortalité par cancer, quelle que soit sa localisation. Les données les plus
probantes concernent le cancer du sein et du colon.
L’exercice physique fait désormais partie des moyens bien décrits pour réduire la fatigue et
améliorer la qualité de vie, quel que soit le cancer. Son efficacité est établie et sa pratique
recommandée pendant et après le traitement. Tout comme l’alimentation, c’est un des seuls
facteurs de risque modifiables intentionnellement.
La promotion de l’activité physique est un des axes principaux de l’action du PNNS et du plan
national de lutte contre l’obésité, déclinés au sein de campagnes, guides et outils d’information.
Activité physique: définition
Exemples d'activités physiques
Objectifs du Programme National Nutrition Santé (PNNS)
Activité physique et cancer: les données scientifiques disponibles
Activité physique : définition
L’activité physique au sens large inclut tous les mouvements effectués dans la vie quotidienne, et ne se réduit
pas à la seule pratique sportive.
Plus précisément, l'activité physique se définit comme « tout mouvement corporel produit par la contraction
des muscles squelettiques, et dont le résultat est une augmentation substantielle de la dépense énergétique
par rapport à la dépense de repos » (Caspersen, 1985).
Les principales caractéristiques d’une activité physique donnée sont l’intensité, la durée, la fréquence et le
contexte dans lequel elle est pratiquée.
L’intensité représente, en valeur absolue ou relative, l’effort demandé par la réalisation d’une activité donnée
et en pratique, son coût énergétique (en kcal/min).
Exemples d’activités physiques (marche, vie quotidienne, loisirs, sport) en fonction de leur
intensité et de leur durée
Intensité Exemples d'activités
Durée
Marche lente (4 km/h).
Faible
Laver les vitres ou la voiture, faire la poussière, entretien mécanique.
45
minutes
Pétanque, billard, bowling, frisbee, voile, golf, volley­ball, tennis de table (en dehors de la
compétition)
Marche rapide (6km/h).
Jardinage léger, ramassage des feuilles, port de charge de quelques kilos.
Modérée
Danses de salon.
30
minutes
Vélo ou natation "plaisir", aqua­gym, ski alpin.
Marche en côte, randonnée en moyenne montagne.
Elevée
Bêcher, déménager.
20
minutes
Jogging (10 km/h), natation "rapide", VTT, saut à la corde, football, basket­ball, sports
de combat, tennis (en simple), squash.
Source : Ministère de la santé, 2005, Activité physique : arguments scientifiques, pistes pratiques
En fonction du contexte, plusieurs situations de pratique sont possibles (Berthouze, 2001):
l’activité physique lors des activités professionnelles,
l’activité physique lors des activités de loisirs (incluant les activités sportives),
l’activité physique dans le cadre du travail domestique (comme par exemple le ménage, du bricolage),
l’activité physique dans le cadre des déplacements (par exemple le transport vers son lieu de travail),
l’activité physique élémentaire quotidienne (toilette, repas…).
Les notions d’inactivité physique et de sédentarité sont à bien différencier. L’inactivité physique est définie par
le manque ou l’absence d’activités physiques d’intensité au moins modérée. Alors qu’un comportement
sédentaire est décrit pour quelqu’un ayant des occupations dont la dépense énergétique est proche de la
dépense de repos, telles que regarder la télévision ou des vidéos, travailler sur ordinateur, lire … Le temps
passé dans une « activité écran » (télévision, vidéo, jeux vidéo, ordinateur, …) est actuellement l’indicateur de
sédentarité le plus utilisé. Activité physique et sédentarité sont donc deux dimensions différentes et
indépendantes, associées respectivement de façon favorable et défavorable à une bonne santé. La dépense énergétique (kcal) est produite par la réalisation d’une activité physique. Elle correspond au
produit de l’intensité par la durée de cette activité. Elle dépend donc de l’activité physique pratiquée mais
aussi de l’individu qui la pratique (condition physique de base, corpulence, âge, etc.). Objectifs du Programme National
Nutrition Santé (PNNS)
Dans le cadre du Programme National Nutrition Santé (PNNS) lancé en 2001, une deuxième phase de 2006 à
2010 vise à améliorer l’état de santé de la population française en agissant sur l’un de ses déterminants
majeurs qu’est la Nutrition. Dans ce cadre, la nutrition est systématiquement entendue comme l’équilibre
entre les apports liés à l’alimentation et les dépenses liées à l’activité physique.
C’est la raison pour laquelle le PNNS a fait de la promotion de l’activité physique l’un des axes principaux de
son action décliné au sein de campagnes d’information, guides et outils d’information au niveau national et
local. La recommandation de maintien de santé : « 30 minutes d’activité physique modérée (équivalent à la
marche à allure soutenue) au moins 5 jours par semaine » se diffuse ainsi de plus en plus. Dans ce cadre,
l’objectif du PNNS est d’augmenter la proportion d’adultes effectuant une activité physique quotidienne,
c'est­à­dire de passer de 60 % à 75 % pour les hommes, et de 40 % à 50 % pour les femmes, et de
combattre dès l'enfance la sédentarité.
Les rapports montrent que, actuellement, près des 2/3 des adultes pratiquent au moins 30 minutes d’activité
physique modérée au moins 5 jours par semaine soit 63,2 % des adultes (PNNS, 2010).
Depuis 2001 deux phases de ce programme (PNNS1 2001–2005 et PNNS2 2006–2010) se sont donc déroulées.
Elaboré tous les 5 ans le nouveau programme PNSS 3 (2011­2015) prévoit de mettre en œuvre de nouvelles
actions. Les objectifs de l’Axe 2 du PNNS3 sont :
augmenter chez les adultes, en 5 ans, la proportion de personnes située dans la classe
d’activité physique : « élevée » de 20 % au moins chez les hommes et de 25 % au moins chez les
femmes ; « moyenne » de 20 % au moins.
augmenter l’activité physique et lutter contre la sédentarité chez les enfants et les
adolescents atteindre, en 5 ans, au moins 50 % d’enfants et adolescents de 3 a 17 ans ayant une
activité physique d’intensité élevée trois fois par semaine pendant au moins une heure.
diminuer de 10 % au moins, en 5 ans, le temps moyen journalier passe par les enfants
et les adolescents de 3 a 17 ans devant un écran
Promouvoir l’activité physique et sportive adaptée chez les personnes atteintes de
maladies chroniques (Axe 2 mesure 2, action 19)
Activité physique et cancer : les
données scientifiques disponibles
Un grand nombre d’études indique que les personnes physiquement actives (hommes ou femmes) ont un
risque diminué d’incidence et de mortalité par cancer quelle que soit sa localisation. Les effets conjoints de
l’alimentation et d’autres comportements de santé rendent parfois difficile l’interprétation de ces études. Les
données du WCRF de 2011 (Colorectal Cancer Report, 2011), confirment que la diminution de risque chez
les patients (hommes et femmes) physiquement les plus actifs comparés aux moins actifs, est semblable selon la
localisation (distal ou proximal) de la tumeur dans le côlon (Boyle, 2012). Une autre étude publiée en 2014 décrit
également ) l'effet bénéfique de l'activité physique vis­à­vis du cancer du côlon (Aleksandrova K, 2014), Pour le
cancer du sein chez la femme, les résultats actualisés du WCRF de 2014 (Breast Cancer Survivors Report,
2014) montrent une diminution de risque avant la ménopause de 23% chez les patientes les plus actives comparés
à celles pratiquant une activité physique réduite (Wu, 2013). Chez les femmmes post ménauposiques, la diminution
du risque est de 30% (Lee, 2003). D'autres résultats suggèrent également que l'activité physique pourrait exercer
un effet protecteur vis­à­vis du cancer du poumon (Steindorf, 2006). Les principaux mécanismes susceptibles d’expliquer l'effet bénéfique de l'activité physique sur le risque de
cancer en général, sont liés à son impact sur le poids et l'adiposité abdominale. L’activité physique pourrait
diminuer spécifiquement le risque de cancer du côlon via l’accélération du transit intestinal, réduisant ainsi le temps
d’exposition de la muqueuse digestive aux cancérogènes d’origine alimentaire. Concernant les cancers du sein
après la ménopause et de l’endomètre, l’activité physique exercerait un rôle protecteur, notamment en diminuant le
taux d’estrogènes et en stimulant l’immunité (en particulier sur les taux circulants d’insuline et d’autres facteurs liés
à l’hormone de croissance (IFG1).
Plusieurs travaux scientifiques ont conclu qu’une activité physique régulière démarrée après le diagnostic de
cancer du sein diminue significativement la mortalité globale, la mortalité par cancer du sein et le nombre de
récidives du cancer du sein. Ainsi dans l'étude américaine portant sur 121 700 infirmières, le risque de décès
par cancer du sein ou de récidive d'un cancer du sein est diminué de 20 à 50 % chez les femmes qui
marchent 3 à 5 heures par semaine, par rapport à celles qui marchent moins de 3 heures par semaine
(Holmes, 2005). Ces résultats ont été confirmés par l'étude WHEL (Women's Healthy Eating and Living
Study) qui rapporte un risque de rechute réduit de 44 % pour les femmes qui marchent 30 minutes par jour
6 fois par semaine (Saquib, 2007).
L’exercice physique fait partie des moyens désormais bien décrits pour améliorer la fatigue quelque soit le
cancer. L’efficacité de l’exercice physique est établie et son utilisation est recommandée pendant et après le
traitement. Cependant des études sont encore à poursuivre pour pouvoir déterminer le type d’exercice
optimal et le moment le plus opportun (Cramp, 2008 ; Cramp, 2012).
En ce qui concerne les patientes atteintes d’un cancer du sein, l’activité physique pratiquée pendant le
traitement améliore leur qualité de vie, leur état psychologique, leurs capacités physiques et leurs chances de
guérison (Touillaud, 2013 ; Foucaut (a), 2014 ; Foucaut (b), 2014 ). Elle limite les risques de surcharge
pondérale et d’ostéoporose. Ces bénéfices se font sans effet indésirable ni danger, à condition de respecter
les critères de sélection, de mise en place et de suivi des patientes (Recommandations pour la pratique
clinique Saint­Paul de Vence, 2009).
Dans ce contexte, l’activité physique doit être proposée aux patients et facilitée (Référenciel AFSOS, 2013).
De nombreux exercices sont possibles chez les personnes atteintes d’un cancer.
Des protocoles de recherche sont en cours afin de permettre de valider dans le contexte français, l’apport de
programmes d’activités physiques auprès de patients atteints de cancer, afin d’obtenir son application de
manière institutionnelle et pratique.
L’Institut National du Cancer (INCa) a publié le 30 mars 2017 un état des lieux des connaissances sur les
bénéfices de l’activité physique chez les patients atteints de cancer. Ce rapport et sa synthèse donnent
également des clés pratiques aux professionnels de santé pour l’instauration ou le maintien d’une activité
physique pendant et après un cancer. Ce rapport conclut à un bénéfice de l’activité physique sur :
la prévention ou la correction d’un déconditionnement physique ;
un maintien et/ou une normalisation de la composition corporelle ;
une réduction de la fatigue liée aux cancers et une amélioration globale de la qualité de vie ;
une amélioration de la tolérance des traitements et de leurs effets à moyen et long terme ;
un allongement de l’espérance de vie et une réduction du risque de récidive.
"Plus l'activité physique est initiée (ou préservée) tôt dans le parcours de soins, plus ses effets seront
bénéfiques sur le patient. Ces bénéfices sont observés pour une pratique mixte (cardio­
vasculaire/renforcement musculaire), comportant des exercices d’intensité modérée à élevée, 30 minutes par
jour au moins 5 fois par semaine. Une pratique de faible niveau constitue toujours un acquis par rapport à
l’état sédentaire. Les professionnels de santé ont un rôle important à jouer concernant l’engagement des
patients dans la pratique d’une activité physique régulière et adaptée à leur condition clinique et dans la
réduction des temps de sédentarité. Sur la base de ces connaissances, l’Institut préconise notamment
l’intégration de l’activité physique dans le panier de soins oncologiques de support. "
Sources rédactionnelles : INCa ; PNNS ; Recommandations Saint­Paul de Vence.
Auteur : Département Cancer et Environnement
Relecture : Sophie Berthouze, MCU­HDR, Centre de Recherche et d'Innovation sur le Sport (CRIS) – EA
647, Université Claude Bernard Lyon 1 ; Aude­Marie Foucaut, Doctorante en Activité Physique Adaptée,
Centre Léon Bérard, Lyon.
Nos autres fiches sur ce thème
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Pour aller plus loin
Etudes et publications scientifiques
AFSOS Rééducation, 2013 : Activité physique Adaptée et Cancer du sein
Aleksandrova K, 2014 : Combined impact of healthy lifestyle factors on colorectal cancer: a large Eu
Berthouze, Aranda, 2001 : Un logiciel pour la mesure de l'activité physique : le PAQAP
Buffart, 2013 : Evidence­based physical activity guidelines for cancer survivors: Current guidelines
Buffart, 2014 : Evidence­based physical activity guidelines for cancer survivors: current guidelines
Caspersen et al. 1985 : Physical activity, exercise, and physical fitness: definitions and [...]
Cramp et al. 2008 : Exercise for the management of cancerrelated fatigue in adults
Cramp, 2012 : Exercise for the management of cancer­related fatigue in adults.
Escalon, Beck, 2010 : Connaissances et comportements de la population française en matière [...]
Foucaut (a), 2014 : Reduction of health risk factors through an adapted physical activity program in
Foucaut (b), 2014 : Deterioration of Physical Activity Level and Metabolic Risk Factors After Early­
Friedenreich et al., 2002 : Physical activity and cancer prevention: etiologic evidence [...]
Holmes et al, 2005 : Physical Activity and Survival After Breast Cancer Diagnosis
Lee, 2003 : Physical activity and cancer prevention­data from epidemiologic studies
Roberts, Barnard, 2005 : Effects of exercise and diet on chronic disease
Romaguera D, 2015 : Pre­diagnostic concordance with the WCRF/AICR guidelines and survival in Europea
Saquib et al., 2007 : Weight gain and recovery of precancer weight after breast cancer [...]
Schmid D, 2014 : Association between physical activity and mortality among breast cancer and colorec
Steindorf K, 2006 : Physical activity and lung cancer risk in the European Prospective Investigatio
Touillaud, 2013 : Design of a randomised controlled trial of adapted physical activity during adjuva
Van Blarigan EL, 2015 : Role of Physical Activity and Diet After Colorectal Cancer Diagnosis
Wu Y, 2013 : Physical activity and risk of breast cancer: a meta­analysis of prospective studies.
Rapports et textes officiels
Académie de médecine, rapport 2012, Les activités physiques et sportives ­ La santé ­ La société
Anses, février 2016 : Actualisation des repères du PNNS ­ Révisions des répères relatifs à l'activité physique
et à la sédentarité
Inserm, 2008 : Expertise collective Activités physiques, contextes et effets sur la santé
INSERM, 2014 : Inégalités sociales de santé en lien avec l’alimentation et l’activité physique
Programme National Nutrition Santé (2006­2010)
Programme National Nutrition Santé (PNNS) 2010 : Bilan et mesures, dossier de presse
Programme National Nutrition Santé (PNNS) 2011­2015
WCRF & AICR, 2014: Ovarian Cancer Report. Food, Nutrition, Physical Activity and the prévention of
Ovarian Cancer
WCRF, AICR, 2011 : Colorectal Cancer 2011 Report : Food, Nutrition, Physical Activity and the prevention
of colorectal Cancer
WCRF/AICR, 2014 : Diet, nutrition, physical activity and Breast Cancer Survivors
World Cancer Research, 2010 : Rapport scientifique “Food, Nutrition, Physical Activity, and the Prevention
of Cancer: a Global Perspective”
Informations des publics
Guide PNNS, 2004 : La santé vient en bougeant
Agence de la santé publique Canada, 2010 : Guide d'activité physique pour une vie active saine
Colloque Sport et santé, 2010 : Intervention de Julien Carretier "Activité physique et cancer"
Conseil Régional Lorraine, guide pratique pour l'organisation d'une marche santé environnement
INCa, 2012. Activité physique et cancer, fiche repère
INCa, 2015 NUTRITION & CANCERS Alimentation, consommation d’alcool, activité physique et poids
MacMillan Cancer Support: Vidéo (en anglais) How being physically active can help you?
Note centre d'analyse stratégique, 2011 : comment inciter le plus grand nombre à pratiquer un sport
OMS, 2011 : L’exercice physique peut contribuer à réduire le risque de cancer du sein et du colon
Vidéos interventions 1er congrès national des professionnels des APA
INCa, 2017 : Bénéfices de l'activité physique pendant et après un cancer
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Mise à jour le 21 avr. 2016
Copyright 2016 ­ Centre Léon­Bérard
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