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Cancer environnement > Expositions environnementales > Agents biologiques > Infections et cancer
Infections et cancer
L’infection par certains virus, bactéries et parasites a été identifiée comme un facteur de risque élevé pour
certains types de cancer.
Au niveau mondial, environ un cancer sur six chez l’homme (16%) a pour origine une infection virale,
bactérienne ou parasitaire avec des disparités importantes.
En Europe, on estime la part des cancers attribuables à une infection à environ 7% tandis que dans les pays
en voie de développement cette part est de 23%.
La plupart des cancers liés à des infections sont évitables par des mesures de prévention appropriées.
Le cancer du col de l’utérus, lié au papillomavirus humain (HPV), représente environ 50% des cancers
attribuables aux infections chez la femme. Chez l’homme, les cancers du foie et de l’estomac constituent 80%
des cancers attribuables aux infections (de Martel et al., 2012).
Les infections concernées
Tableau 1 : agents biologiques évalués par le Groupe de Travail des Monographies du CIRC
Tableau 2 : types de virus du papillome humain (HPV) évalués par le Groupe de Travail des Monographies
du CIRC
Mesures de prévention des cancers liés aux infections
Les infections concernées
Le premier cancer associé à une infection fut observé en Afrique grâce aux travaux de Denis Burkitt, en
1958, qui étudiait une forme particulière de lymphome B frappant des enfants ougandais. Huit ans plus tard,
Epstein et Barr ont identifié dans des cellules isolées du lymphome de Burkitt, la forme virale responsable,
appelé par la suite virus d’Epstein­Barr ou EBV.
Plusieurs agents infectieux sont aujourd’hui classés cancérogènes avérés pour l’homme (groupe 1) par le
CIRC (Bouvard et al., 2009 ; IARC, 2012). Ces agents sont listés dans le tableau 1 ci­dessous avec les
cancers pour lesquels les preuves de leur responsabilité sont suffisantes (cancers associés) ou encore limitées
(cancers suspectés).
Tableau 1 : Agents biologiques évalués par le Groupe de Travail des Monographies du CIRC
Agents du
Cancers associés
Cancers suspectés
Groupe 1
Virus Epstein­Barr
(EBV)
Carcinome du nasopharynx,
Lymphome de Burkitt, Lymphome non­hodgkinien associé à une immuno­
suppression,
Lymphome T/NK extra­nodal (de type nasal), Lymphome hogdkinien
Carcinome gastrique Carcinome de
type épithéliome lymphoïde Tableau 1 : Agents biologiques évalués par le Groupe de Travail des Monographies du CIRC
Agents du
Cancers associés
Cancers suspectés
Groupe 1
Virus de l’hépatite
B (VHB) Carcinome hépatocellulaire Cholangiocarcinome Lymphome non
hodgkinien
Virus de l’hépatite
C (VHC) Carcinome hépatocellulaire Lymphome non
hodgkinien* Cholangiocarcinome* Virus herpétique
associé au
Sarcome de Kaposi Lymphome primaire d’effusion Maladie de Castleman multicentrique sarcome de Kaposi
(KSHV)
Virus de
Sarcome de Kaposi Lymphome non­hodgkinien,
l’immunodéficience
Lymphome hodgkinien Cancer du col de l’utérus, de
humaine, type 1
l’anus, de la conjonctive
(VIH­1)
Cancer de la vulve, du vagin, du
pénis, Cancer de la peau non
mélanome, Carcinome
hépatocellulaire
Virus du papillome Carcinome du col de l’utérus, de la vulve, du vagin, du
humain type 16
pénis, de l’anus, de la cavité orale, de l’oropharynx et
(HPV­16)*
des amygdales Cancer du larynx Virus lymphotrope
T humain de type ­ Leucémie et lymphome de l’adulte à cellules T
1 (HTLV­1) ­
Carcinome gastrique non cardial, Helicobacter pylori Lymphome gastrique du tissu lymphoïde associé aux
muqueuses (MALT) de cellules B de faible malignité ­ Clonorchis sinensis Cholangiocarcinome
­ Opisthorchis
viverrini Cholangiocarcinome ­
Schistosoma
haematobium
Cancer de la vessie
*: Pour les autres types, voir le tableau 2 ci­dessous.
Tableau 2 : Types de virus du papillome humain (HPV) évalués par le Groupe de Travail des
Monographies du CIRC
Groupe**
Type de HPV
Commentaires
Types HPV alpha
1
16
Le plus puissant des HPVs, responsabilité avérée pour plusieurs types de
cancer
1
18, 31, 33, 35, 39, 45,
51, 52, 56, 58, 59
Preuves suffisantes pour le cancer du col de l’utérus
2A
68
Preuves limitées chez l’Homme et preuves mécanistiques solides pour le
cancer du col de l’utérus
2B
26, 53, 66, 67, 70, 73,
Preuves limitées chez l’Homme pour le cancer du col de l’utérus
82
2B
30, 34, 69, 85, 97
Classés par analogie phylogénétique avec les types de HPVs pour lesquels
les preuves sont suffisantes ou limitées chez l’Homme
3
6, 11
­
Types HPV bêta
Tableau 2 : Types de virus du papillome humain (HPV) évalués par le Groupe de Travail des
Monographies du CIRC
Groupe**
Type de HPV
Commentaires
2B
5 et 8
Preuves limitées pour le cancer de la peau chez les patients atteints
d’épidermodysplasie verruciforme
3
Autres types bêta et
gamma
­
**Classification du CIRC :
Groupe 1 : L’agent est cancérogène pour l’homme
Groupe 2A : L’agent est probablement cancérogène pour l’homme
Groupe 2B : L’agent est peut­être cancérogène pour l’homme
Groupe 3 : L’agent est inclassable quant à sa cancérogénicité pour l’homme
Groupe 4 : L’agent n’est probablement pas cancérogène pour l’homme
Voir aussi la fiche Classification du CIRC
Mesures de prévention des cancers liés
aux infections
La plupart des cancers liés aux infections sont évitables par des mesures de prévention, et/ou accessibles à
des traitements préventifs et curatifs :
La vaccination : VHB, HPV ;
Des mesures de prévention permettant d’éviter l’exposition aux agents infectieux : distribution de
seringues, sensibilisation au port du préservatif (VIH)… ;
La détection précoce des infections pour limiter les transmissions et permettre une prise en charge
thérapeutique de l’infection : VHB, VHC, VIH, Helicobacter pylori ;
Le traitement des patients infectés ;
La détection et la prise en charge des formes précancéreuses : frottis cervical pour le cancer du col de
l’utérus.
En France, le Plan Cancer 2009­2013 insiste sur l’importance de ces mesures de prévention :
Prévention primaire : vaccinations contre le VHB et les HPV recommandées par le Comité Technique des
Vaccinations­Haut Comité de Santé Publique, intégrées dans le calendrier vaccinal et prises en charge par
l'Assurance maladie. Cette prévention permet de réduire la transmission des infections dans la vie courante
et lors des soins.
Prévention secondaire : dépistage
Prévention tertiaire : traitement des infections
Les cancers attribuables aux infections
L’estimation de la proportion de cancers attribuables aux infections repose sur la connaissance de la
fréquence des infections dans une population et du risque de cancer associé à l’infection.
Une étude récente parue dans le British Journal of Cancer a estimé la proportion des cancers attribuables aux
agents infectieux les plus rencontrés au Royaume­Uni en 2010. Ainsi, 61 % des cancers de l’estomac chez
l’homme et 16 % des cancers du foie seraient respectivement attribuables à Helicobacter pylori et aux virus
de l’hépatite B ou de l’hépatite C. Ces chiffres n’excluent pas les éventuels co­facteurs de risque ­ par
exemple, la consommation d’alcool qui augmente notamment les risques de cancers du foie ­ (Parkin, 2011).
Une étude publiée en 2012 dans the Lancet Oncology, retrouve ces mêmes tendances au niveau mondial :
100% des cancers du col de l’utérus, 90% des cancers de l’anus, 14% des cancers de l’oro­pharynx, 10%
des cancers du larynx et 8% des cancers de la cavité orale seraient attribuables aux infections au virus HPV
(de Martel et al., 2012).
Cancer du col de l’utérus et virus HPV
Le cancer du col de l’utérus est le 2ème cancer le plus fréquent de la femme dans le monde, après le cancer
du sein. Il représente la première cause de mortalité par cancer dans les pays en voie de développement
(HAS, 2012).
En France, le cancer du col se situe au huitième rang des cancers de la femme. Son incidence a diminué
considérablement depuis la mise en place du dépistage individuel par le frottis cervico­utérin. Le frottis est un
examen simple et efficace qui permet de diagnostiquer les lésions précancéreuses afin de les traiter avant une
éventuelle progression vers un cancer. La Haute Autorité de Santé recommande de réaliser un frottis cervical
tous les trois ans chez les femmes de 25 à 65 ans (20 à 65 ans dans les régions d’outre­mer), après deux
frottis consécutifs négatifs à un an d’intervalle.
L’infection par certains types de papillomavirus humains (HPV) constitue la principale cause de cancer du col
de l’utérus. La transmission de ces virus se fait par voie sexuelle. Il existe différents types de virus HPV, les
plus fréquemment rencontrés sont les HPV de type 16 et 18, présents dans plus de 70% des cas de cancer
invasif du col utérin en France (Bull. Acad. Natle Méd., 2007).
Les femmes sexuellement actives sont susceptibles d’être infectées par un ou plusieurs virus HPV à un
moment ou à un autre de leur vie, le plus souvent dès le début de leur vie sexuelle. La prévalence de
l’infection est élevée avant 30 ans et diminue ensuite progressivement avec l’âge (INCa, 2010). Le plus
souvent, ces infections disparaissent spontanément sans signe clinique.
En France, la vaccination contre l’infection HPV est recommandée :
chez les jeunes filles de 14 ans avant l’exposition au risque de l’infection HPV
en rattrapage chez les jeunes filles et jeunes femmes de 15 à 23 ans qui n’auraient pas eu de
rapports sexuels ou, au plus tard, dans l’année suivant le début de leur vie sexuelle.
Le programme REMPAR (Recherche­Evaluation des Moyens de Prévention Anti­HPV en Rhône­Alpes) étudie
les pratiques de prévention du cancer du col de l’utérus et l’acceptabilité du vaccin chez les femmes de
Rhône­Alpes. Ce projet s’appuie sur une série de 4 études emboîtées sur des échantillons représentatifs de
médecins et leur patientèle, réalisées sur des périodes limitées dans le temps. Cette série est répétée à 3
périodes différentes de la diffusion du vaccin anti­HPV : au début de la commercialisation, 1 an après et 3 ans
après. (Haesebaert J et al., 2012 ; Lutringer­Magnin D. et al., 2011).
Autres exemples de maladies infectieuses chez
l'homme
Exemples de maladies infectieuses chez l'homme (source INRS, 2009)
Maladie
Agent
Réservoir Mode de transmission
Symptômes
Tuberculose
Mycobacterium
Homme
tuberculosis
Inhalation de particules en
suspension dans l'air et
contaminées par des
sécrétions bronchiques
humaines)
Le plus souvent
atteinte
pulmonaire
Forme
inapparente
Ictère
Hépatite C
Virus de
l'hépatite C
Homme
Accident exposant à du
sang infecté
Forme
chronique qui
peut se
compliquer d'un
cancer du foie
Fièvre
Légionellose
Legionella
pneumophila
Eau
Inhalation d'aérosols de
goutelles d'eau contaminée
Atteinte
pulmonaire
Sources rédactionnelles : CIRC.
Auteur : Unité Cancer et Environnement
Relecteurs : Pr Philippe Vanhems, Responsable du Pôle Santé, Recherche, Risques et Vigilances,
Groupement Hospitalier Edouard Herriot, Lyon ; Véronique Bouvard, PhD, Responsible Officer for meeting
Volume 100B, Unité des Monographies du CIRC.
Nos fiches sur ce thème
Cancer du col de l'utérus
Classification des substances cancérogènes par le CIRC
Cancer du foie
Cancer de la vessie
Cancers du sang
Pour aller plus loin
Etudes et publications scientifiques
Shlomai, 2014 : Virus associated malignancies: The role of viral hepatitis in hepatocellular carcino
Bouvard V. et al. A review of human carcinogens­Part B: biological agents
IARC, 2012 : Vol.100B, A Review of Human Carcinogens: Biological Agents
de Martel C. et al., 2012 : Global burden of cancers attributable to infections in 2008: a review...
Parkin DM., 2011 : Cancers attributable to infection in the UK in 2010
HAS, 2012, note de cadrage : Conditions de réalisation de la détection des papillomavirus humains
HAS, 2010 : Dépistage de l’infection à Helicobacter pylori ­ Pertinence et populations concernées
Académie Médecine, 2007 : vaccins papillomavirus humains. Leur place prévention cancer col utérin
Haesebaert J. et al. French women’s knowledge of and attitudes towards cervical cancer prevention an
Lutringer­Magnin D. et al. Perception et pratique de la vaccination HPV par les gynécologues...
Lutringer­Magnin D. et al. Human papillomavirus vaccination: perception and practice among French...
Informations des publics
INCa : Le cancer du col de l'utérus, état des lieux 2010
INPES, février 2012 : Prévention des lésions précancéreuses et cancéreuses du col de l’utérus
Kalecinski J., Pratiques et acceptabilité vaccination HPV auprès des médecins, des jeunes filles...
Lasset C. et al. Programme REMPAR, Opinions des médecins généralistes concernant la vaccination HPV,
Dossiers et autres ressources
INRS, 2010 : Risque biologique en milieu professionnel
INCa, dossier sur les agents infectieux
Site internet des monographies du CIRC
Inserm, dossier Cancers et Infections
Mise à jour le 21 avr. 2016
Copyright 2016 ­ Centre Léon­Bérard
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