La lettre du neurologue - n° 4 - vol. V - avril 2001
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L’importance des troubles métaboliques ne
doit jamais être sous-estimée, même lors-
qu’une pathologie cérébrale a été identi-
fiée : leur correction est un facteur clé
dans la guérison de l’état de mal (1, 2).
Pathologies neurologiques
En urgence, le scanner cérébral est le
premier examen neuroradiologique à
demander (5) : il permet de visualiser
une hémorragie intracrânienne, un
œdème cérébral, un effet de masse, ano-
malies pouvant justifier un traitement
spécifique en urgence (neurochirurgie,
corticoïdes, Mannitol®). Les trauma-
tismes crâniens fermés se compliquent
rarement d’état de mal épileptique mais,
dans ce cas, la recherche d’une lésion
hémorragique justifiant un traitement
chirurgical est impérative (5).
En cas d’hypodensité au scanner, son
aspect (atteinte de la substance blanche
ou cortico-sous-corticale) et son rehaus-
sement après injection (gyriforme ou
annulaire) permettent souvent de tran-
cher entre processus expansif (tumeur
ou abcès) et infarctus cérébral.
L’extrême fréquence de l’accident vascu-
laire cérébral (AVC) explique qu’il repré-
sente la principale cause d’état de mal
épileptique (1), en phase aiguë ou au
stade séquellaire. Pourtant, les crises
d’épilepsie sont rares à la phase aiguë de
l’AVC : 5 % des cas environ, la fréquence
étant plus grande dans les thromboses
veineuses cérébrales (40 %) et dans les
hématomes lobaires (10-15 %) que dans
les infarctus (5 %). Cette rareté a deux
conséquences :
– il faut envisager le diagnostic de
thrombose veineuse cérébrale devant
tout infarctus ou hématome intracérébral
révélé par un état de mal épileptique et
effectuer une IRM ou un angio-scanner si
ce diagnostic apparaît plausible ;
– les toxiques potentiellement respon-
sables d’accident vasculaire cérébral
(alcool, cocaïne, amphétamines) doi-
vent être recherchés ainsi que d’éven-
tuels troubles métaboliques ou la prise
de médicaments proconvulsivants.
Les tumeurs cérébrales peuvent se révé-
ler par un état de mal épileptique (1).
La prescription de corticoïdes est justi-
fiée si le scanner montre un œdème
cérébral et que les diagnostics d’encé-
phalite ou d’abcès cérébral sont éli-
minés. Un abcès cérébral peut en effet se
révéler par un état de mal épileptique :
la cause la plus fréquente est la toxo-
plasmose cérébrale.
La ponction lombaire doit être systéma-
tique si le diagnostic étiologique reste
incertain et que le scanner ne montre pas
d’effet de masse. L’état de mal épilep-
tique est en effet fréquent dans les encé-
phalites et dans les méningites purulentes,
surtout en cas d’alcoolisme sous-jacent
(1). Si l’hypothèse étiologique la plus
vraisemblable est celle d’une méningite
purulente, le traitement antibiotique doit
impérativement être commencé avant le
scanner et la ponction lombaire.
Théoriquement, la ponction lombaire
devrait être effectuée après contrôle des
crises, du fait du risque d’engagement
cérébral induit par l’œdème cérébral asso-
cié. En pratique, si les crises persistent
ou que le scanner a montré un œdème
cérébral important, une perfusion de
Mannitol® peut être effectuée auparavant.
En dehors de la recherche d’une throm-
bose veineuse cérébrale, l’IRM encépha-
lique est un examen de deuxième inten-
tion, ne pouvant être réalisée qu’une fois
les crises contrôlées, du fait des artéfacts
liés aux mouvements du patient. Elle
peut objectiver un gliome de bas grade
non visible au scanner ou authentifier
une encéphalite herpétique débutante
(lésions bilatérales et asymétriques des
lobes temporaux). Toutefois, la décision
thérapeutique (Zovirax™ ou corticoïdes)
peut le plus souvent être prise sur la
conjonction des données cliniques, du
scanner et de la ponction lombaire.
SURVEILLANCE ULTÉRIEURE
Une fois les crises contrôlées et le trai-
tement étiologique débuté, une sur-
veillance clinique rapprochée pour
dépister une rechute ou une complica-
tion de l’état de mal doit être instaurée
(tableau III). Un contrôle biologique
(CPK, ionogramme, créatinine, glycémie)
doit être effectué à la sixième heure. Un
EEG est nécessaire pour vérifier l’absence
de crises “infracliniques”. Un dosage des
antiépileptiques doit être effectué. Bien
que les taux plasmatiques des antiépi-
leptiques ne soient pas validés comme
des taux “efficaces” au cours d’un état
de mal, ils peuvent aider en cas de réci-
dive pour décider de l’augmentation d’un
traitement ou du changement pour un
autre.
ÉTAT DE MAL ÉPILEPTIQUE
RÉFRACTAIRE
L’état de mal réfractaire est défini
comme la persistance des crises 45 à
60 minutes après le début du traite-
ment. Il faut d’abord rechercher les
erreurs potentielles dans la prise en
charge pouvant expliquer cet échec.
•Traitement à doses insuffisantes :
une nouvelle injection de FPH
(5 mg/kg) ou de PB (5 mg/kg) doit être
effectuée.
•Absence de traitement relais : de
manière systématique (Valium®) ou à la
troisième heure (Rivotril®), un traite-
ment relais doit être associé au traite-
ment initial si celui-ci ne comportait
que des benzodiazépines. La FPH et le
PB ont une durée d’action d’environ
8 heures, ce qui autorise un relais plus
tardif. En cas de traitement antiépilep-
tique antérieur, la reprise de celui-ci est
impérative. Dans les autres cas, le plus
simple est de poursuivre l’administration
de FPH ou de PB.
•Absence de traitement des complica-
tions métaboliques.
•Traitement étiologique non fait.
•Erreurs diagnostiques : pour certains
auteurs (2), 30 % des états de mal épi-
leptiques réfractaires sont en fait des
encéphalopathies d’autre nature. Elles
peuvent se ranger sous trois catégories
principales :
– encéphalopathies métaboliques ou
toxiques (encéphalopathie respiratoire
ou hépatique, syndrome sérotoniner-
gique responsable de confusion mentale
et de myoclonies, etc.) ;
– coma iatrogène, dû à l’administration
intempestive d’antiépileptiques, souvent
à la suite d’un EEG montrant des anoma-
lies périodiques focalisées ou “décharges
périodiques épileptiformes latéralisées”,
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