“Quand un peu de pollen, juste assez pour jaunir le bout des doigts, était appliqué sur la muqueuse nasale, certains des
symptômes du rhume des foins apparaissaient de façon constante”. Charles H. Blackley, 1873
Depuis cette remarquable première expérimentation “les doigts dans le nez”, la technologie de la provocation nasale s’est
améliorée. Ce test consiste en l’exposition contrôlée de l’organe cible, la muqueuse nasale, à une substance supposée
responsable des troubles des voies aériennes du patient.
La première ligne de défense des voies aériennes est assurée par le nez. S’il n’est pas bouché, il joue un rôle important dans
la filtration, l’humidification, le réchauffement de l’air inspiré. La muqueuse nasale est exposée aux pollutions atmosphériques,
chimiques, physiques ou allergéniques. Chez les sujets atopiques, comme l’avait montré Blackley, le dépôt d’allergènes sur cet
organe cible déclenche une cascade de manifestations.
Dès la première minute, le malade ressent une sensation de prurit nasal et/ou oculaire précédant des éternuements, puis une
rhinorrhée antérieure, voire postérieure. Enfin, quand le nez ne coule plus, on peut établir des scores cliniques ; malheureu-
sement, la subjectivité des patients est aléatoire vis-à-vis de l’obstruction nasale. Des méthodes d’évaluation sont alors sou-
vent nécessaires pour objectiver ce trouble : la mesure de la résistance nasale des voies aériennes (RNA) en inspiration qui va
quantifier la gêne à l’écoulement de l’air et, plus simplement, la mesure du peak-flow nasal inspiratoire (PFNI).
MATÉRIEL
La rhinomanométrie. Elle consiste en l’enregistrement simultané de la différence de pression narino-choanale (⌬P) et du débit aérien
nasal (V) au cours du cycle ventilatoire. Le rapport ⌬P/V détermine la résistance nasale (RN). Le débit est mesuré par un pneumo-
tachographe (PNT) et la différence de pression par un capteur relié à une sonde buccale maintenue entre les lèvres serrées.
La rhinomanométrie est dite postérieure (RP) quand la respiration se fait à l’aide d’un masque nasal. De ce fait, on mesure la
résistance des deux narines : résistance nasale totale (RT).
La rhinomanométrie est dite antérieure (RA) quand on mesure la résistance d’une seule narine, l’autre étant artificiellement
obstruée. Il faut ensuite mesurer la résistance de l’autre narine.
La résistance totale est calculée selon la formule : 1/RT = 1/R droite + 1/R gauche .
La RA met en évidence le cycle nasal. Au repos, la respiration nasale s’effectue par une seule narine, l’autre étant plus ou
moins bouchée par un mécanisme vasomoteur : vasodilatation des plexus veineux de la muqueuse nasale (effet “air bag”).
Toutes les deux heures environ, changement de narine : celle qui est bouchée se débouche et, inversement, l’autre se bouche !
Il faut connaître ce phénomène car, lors de tests de provocation nasale, certains patients déclarent avoir une narine bouchée,
ce qui peut fausser le score clinique. En revanche, la RA permet de dépister des anomalies des conduits, lesquelles persistent
après usage de pulvérisations de vasoconstricteurs.
Le PNIF fonctionne à l’inverse du peak-flow classique. Il suffit de faire une inspiration nasale maximale, bouche fermée.
L’appareil est muni d’un masque facial étanche.
COMMENT PRATIQUER UN TEST DE PROVOCATION NASALE (TPN) ?
Le test sera pratiqué en dehors des périodes d’exposition à l’allergène. Ex. : le TPN pollen de graminée se fera en hiver.
1. Demander au patient d’arrêter la prise d’antihistaminique 7 jours avant le test.
2. Reconvoquer, après traitement, les patients souffrant de rhinopathie infectieuse ou d’une obstruction nasale.
3. Mesurer le VEMS avant le TPN : s’il existe une obstruction bronchique nette, le TPN est déconseillé, car il peut, lors d’une
fausse manœuvre (inhalation bronchique), provoquer un bronchospasme sévère.
4. Préparer la solution allergénique (Laboratoires Allerbio et Stallergenes). L’allergène lyophilisé est mis en solution avec du
sérum physiologique dans des flacons munis d’un bouchon aérosolisateur qui, à chaque activation manuelle, nébulise
0,1 ml d’un aérosol dont les particules ont un diamètre favorable au dépôt nasal par impaction (MMD : 57,4 µm).
5. Les solutions sont préparées à des dilutions croissantes exprimées en IR/ml (IR : indice de réactivité). En général, la dose
de départ est de 1 IR et la dose cumulée maximale est de 3 à 5 IR.
6. Les poudres non solubles peuvent être déposées à l’aide d’un écouvillon sur la muqueuse du cornet inférieur de chaque narine.
Fiche à détacher et à archiver
N°14
La Lettre du Pneumologue - Vol. IV - n° 2 - mars-avril 2001
Fiche
Test de provocation nasale (TPN)
J.F. Dessanges*
I
technique
Sous la responsabilité de leurs auteurs
Test de provocation nasale (TPN)
* Service de physiologie-
explorations fonctionnelles,
hôpital Cochin, Paris.