DOSSIER Cancer du sein : peut-on influer sur son destin ? Intérêt des thérapies ciblées Interest of targeted therapies Florence Coussy*, Marc Espié** L es thérapies ciblées connaissent un véritable essor depuis ces 10 dernières années. Les premiers traitements médicamenteux ciblés sont la chimiothérapie, ciblée sur l’ADN et l’hormonothérapie ciblée sur les récepteurs hormonaux (non étudiés dans cet article). L’analyse des différentes voies de signalisation contrôlant la prolifération, la mobilité, l’invasion cellulaire, l’apoptose et l’angiogenèse a permis de mettre en évidence de nombreuses cibles : membranaires (récepteurs), cytoplasmiques (transduction du signal), nucléaires (PARP) et extracellulaires (angiogenèse, stroma). Le terrain d’étude est vaste, seules quelques-unes de ces molécules ont été évaluées en phase 3. L’intérêt des thérapies ciblées est majeur et leur but est l’augmentation de la survie sans ajout de toxicité notable. En adjuvant, l’objectif premier est l’étude de la survie. Lors de la chimiothérapie néoadjuvante (CNA), la réponse complète pathologique (pRC) paraît un très bon facteur pronostique, significativement lié à la survie globale (SG) et à la survie sans récidive (SSR). Pour la majorité des thérapies ciblées, l’association entre la pRC et la survie reste à confirmer. Thérapies ciblant l’HER * Chef de clinique du centre des maladies du sein, hôpital SaintLouis, Paris. ** Chef de service du centre des maladies du sein, hôpital SaintLouis, Paris. L’HER est un récepteur transmembranaire à tyrosine kinase. À l’exception de l’HER2, les autres membres de cette famille (HER1, 3, 4) ont des ligands connus. Tableau I. Études néoadjuvantes évaluant l’intérêt de l’utilisation du trastuzumab (comparaison bras avec et sans trastuzumab). Étude Année Nombre de patientes Suivi (ans) Buzdar et al. (1) 2007 42 Gianni et al. (2) 2010 Untch et al. (3) 2010 pRC p SSR p 3 65,2 % versus 26 % 0,016 100 % versus 85 % 0,041 228 3 38 % versus 19 % 0,0007 71 % versus 56 % 0,013 445 - 31,7 % versus 15,7 % < 0,0001 - - pRC : réponse complète pathologique ; SSR : survie sans récidive. 22 | La Lettre du Gynécologue • n° 376 - novembre 2012 Leur homo- ou hétérodimérisation permet l’activation des voies intracellulaires (PI3K/Akt, Ras/Raf/ MEK/ERK, etc.) impliquées dans la prolifération, la migration et l’apoptose cellulaire. HER2 est surexprimé dans 20 % des cancers mammaires. Trastuzumab Le trastuzumab est le premier anticorps développé ciblant l’HER2. Il cible le domaine extracellulaire de ce récepteur, inhibant ainsi la croissance cellulaire. Son action antitumorale est médiée par différents mécanismes comme l’inhibition de la transduction du signal, l’induction de l’apoptose, l’inhibition de l’angiogenèse, l’immunité (Antibody Dependent Cellmediated Cytotoxicity [ADCC]), etc. L’introduction de ce traitement a modifié le devenir des patientes ayant des tumeurs surexprimant l’HER2. Le trastuzumab a obtenu l’autorisation de mise sur le marché en adjuvant et néoadjuvant pour une durée totale de traitement de 1 an. ◆◆ En néoadjuvant (tableau I) Trois études de phase 3 ont comparé la chimiothérapie seule ou associée au trastuzumab, en termes de réponse pathologique et de survie. Dans ces 3 essais, le taux de pRC est plus important dans le groupe traité par trastuzumab. La SSR, étudiée dans 2 essais, est meilleure lors de l’utilisation du trastuzumab. L’étude princeps de Buzdar et al. (1) a été arrêtée prématurément après l’inclusion de 42 patientes du fait de la supériorité du bras avec trastuzumab (les patientes recevant 4 cures de taxol sur 24 heures suivies de 4 cures de 5-fluorouracil-épirubicinecyclophosphamide [FEC] 60 associées ou non au trastuzumab).Une des particularités de cette étude est l’association concomitante d’une anthracycline et du trastuzumab sans toxicité cardiaque majeure. L’étude NOAH (2) a inclus des tumeurs localement avancées ou inflammatoires. Les patientes étaient randomisées entre chimiothérapie (3 cycles de doxorubicine-taxol puis 4 cycles de taxol puis 3 cycles de CMF) associée ou non au trastuzumab. Il existe Points forts Mots-clés »» L’étude des thérapies ciblées connaît un véritable essor depuis quelques années. »» Le trastuzumab en néoadjuvant et adjuvant permet une amélioration de la survie sans récidive et de la survie globale. La toxicité cardiaque est non négligeable, en particulier chez les patientes ayant été traitées par anthracyclines. »» Les associations de thérapies anti-HER2 (lapatinib ou pertuzumab avec le trastuzumab) permettent une amélioration de la réponse complète histologique mais leurs résultats en termes de survie sont en attente. Le profil de toxicité est à prendre en compte, en particulier avec le lapatinib. »» Le bévacizumab, thérapie anti-angiogénique, permet une meilleure réponse histologique complète en néoadjuvant, mais le sous-groupe des patientes en bénéficiant reste à définir. une meilleure pRC (38 % versus 19 % ; p = 0,001) et SSR à 3 ans (71 % versus 56 % ; p = 0,013) dans le groupe traité par trastuzumab. La SG à 3 ans est comparable dans les 2 groupes (87 % dans le groupe trastuzumab, 79 % dans le groupe chimiothérapie seule). Il y a eu 2 % de toxicité cardiaque de grade 3 (évaluée par la classification NCT-CTC). Le GeparQuattro (3) confirme l’intérêt de l’utilisation du trastuzumab en néoadjuvant (taux de pRC dans le bras trastuzumab de 31,7 %). L’essai TECHNO (4) évaluant l’intérêt de la chimiothérapie associée au trastuzumab met en évidence que la pRC (après trastuzumab) est un facteur pronostique significativement lié à la SSR (RR = 2,5 ; IC 95 : 1,2-5,1 ; p = 0,013) et à la SG (RR = 4,9 ; IC95 : 1,4-17,4 ; p = 0,012). Une analyse rétrospective de 583 patientes ayant reçu des anthracyclines de manière concomitante au trastuzumab en néoadjuvant montre une augmentation de la toxicité cardiaque (OR = 1,95 ; IC95 : 1,16-3,29) par rapport à une chimiothérapie sans trastuzumab (5). ◆◆ En adjuvant (tableau II) Les études évaluant l’intérêt du trastuzumab en adjuvant diffèrent par le type de chimiothérapies utilisées, les fréquence et durée du traitement par trastuzumab et le type de cancer traité (taille, envahissement ganglionnaire, etc.). Parmi les premières études, l’une publiée en 2005 (6) a étudié l’intérêt du tratuzumab après chimiothérapie néoadjuvante ou adjuvante. Il existe une meilleure SSR dans le groupe ayant reçu du trastuzumab (85,8 % versus 77,4 % ; p < 0,0001). Le BCIRG 006 (7) a évalué 3 bras de traitement adjuvant chez les patientes HER2+ : AC-taxotère (AC-T), AC-taxotère-traztuzumab (AC-TH) et taxotère-carboplatine-trastuzumab (TCH). L’analyse après 65 mois de suivi met en évidence que les 2 bras ayant reçu du trastuzumab présentent des taux supérieurs de SSR (75 % pour AC-T ; 84 % pour AC-TH ; 81 % pour TCH) et de SG (87 % pour AC-T ; 92 % pour AC-TH ; 91 % pour TCH) par rapport au bras sans trastuzumab. Il n’y a pas de différence entre les 2 bras traités par trastuzumab. Il y a eu plus de toxicité cardiaque dans le groupe ayant reçu des anthracyclines. Cette étude souligne la place du trastuzumab, indispensable en adjuvant chez les patientes HER2+ et la faisabilité d’une chimiothérapie sans anthracycline chez les patientes HER2+. Une méta-analyse récente de 6 essais adjuvants (HERA [8], FinHer [9], PACS 04 [10] NSABP B31 [11], BCIRG 006 [7], NCCTG N9831 [12]) montre un bénéfice de l’utilisation du trastuzumab en adjuvant en termes de SSR et de SG (13). Les résultats complémentaires des études PHARE et HERA, présentés à l’ESMO 2012, confirment la durée d’utilisation de 1 an du trastuzumab en adjuvant. Une étude rétrospective chez 12 500 patientes a mis en évidence un risque relatif de cardiopathie et de dysfonction cardiaque de 7,19 (IC95 : 5-10,35) chez les patientes ayant reçu des anthracyclines et du trastuzumab versus celles indemnes de traitement (14). Cette toxicité peut être limitante et l’évaluation de la fonction cardiaque doit être réalisée régulièrement pendant le traitement (électrocardiogramme et échographie ou scintigraphie cardiaque) et au moindre signe clinique. Cancer du sein Thérapies ciblées Survie Highlights »» The study of the targeted therapies knows a real development since a few years. »» Trastuzumab, in neo-adjuvant and adjuvant studies, allows an improvement of the disease free survival and overall survival. The cardiac toxicity is significant, in particular for patients treated by anthracyclines. »» Association of therapies antiHER2 (lapatinib or pertuzumab with trastuzumab ) allows an improvement of the pathological complete response but their results in term of survival are in expectation. The profile of toxicity is important to know in particular with lapatinib. »» Bevacizumab, anti-angiogenic therapy, allows a better pathological complete response in neo-adjuvant studies but the subgroup of the patients with benefice remains to define. Keywords Breast cancer Targeted therapies Survival Tableau II. Études néoadjuvantes évaluant l’intérêt du trastuzumab (comparaison bras avec et sans trastuzumab). Année Nombre de patientes Suivi médian (ans) SSR p SG p Smith et al. (6) 2007 3 401 4 78,6 % versus 72,2 % < 0,0001 89,3 % versus 87,7 % 0,11 Joensuu et al. (7) 2009 232 5 73,3 % versus 83 % 0,12 91,3 % versus 82,3 % 0,094 Spielmann et al. (8) 2009 528 3 78 % versus 81 % 0,41 95 % versus 96 % - Romond et al.(9) 2009 1 736 3,9 85,8 % versus 75,8 % < 0,001 93,5 % versus 89,4 % < 0,001 Slamon et al. (10) 2011 2 147 5,4 84 % versus 75 % < 0,001 92 % versus 87 % < 0,001 Perez et al. (11) 2011 2 036 5 84 % versus 80 % 0,019 - - Étude La Lettre du Gynécologue • n° 376 - novembre 2012 | 23 DOSSIER Cancer du sein : peut-on influer sur son destin ? Lapatinib Le lapatinib est une molécule de prise orale permettant l’inhibition de EGFR/HER2. Il inhibe l’activité tyrosine kinase intracellulaire de HER2 et HER1, bloquant ainsi les voies MAPK/Erk1/2 et PI3K/Akt. Cette molécule a actuellement l’autorisation de mise sur le marché pour les cancers mammaires avancés et métastatiques. Il peut être utilisé seul ou en association avec le trastuzumab afin de permettre une synergie entre ces 2 molécules, et contourner une éventuelle résistance au trastuzumab. ◆◆ En néoadjuvant L’étude Néo-ALTTO, essai de phase 3, a randomisé 455 patientes entre 3 bras de traitements : trastuzumab, lapatinib ou une association des 2, suivi d’une chimiothérapie par paclitaxel hebdomadaire. Le taux de pRC (objectif premier) est plus important lors de l’association des 2 molécules qu’avec le trastuzumab seul (51,3 % versus 29,5 % ; p = 0,0001). Il n’y a pas de différence significative entre les bras comparant trastuzumab et lapatinib seuls. Le taux de conservation mammaire a été identique dans les 3 groupes. Il n’y a pas eu de toxicité cardiaque majeure, mais les patientes traitées par lapatinib ont présenté plus de diarrhées de grade 3 (23 % dans le groupe lapatinib, 2 % dans le groupe trastuzumab et 21 % dans le bras associant les 2 thérapies ciblées) [15]. L’essai CHERLOB (16), phase 2 randomisée, compare lors d’une chimiothérapie de type paclitaxel puis FEC 75, l’ajout du trastuzumab ou du lapatinib ou des 2 thérapies ciblées. Cette étude a mis en évidence un meilleur taux de pRC dans le groupe recevant l’association des 2 thérapies ciblées (48 % versus 28 % pour trastuzumab seul et 32 % pour lapatinib seul). Le Geparquinto (17) est un essai randomisé comparant une chimiothérapie néoadjuvante de type 4 EC (épirubicine-cyclophosphamide)-4 taxotère, associée de manière concomitante (et donc précoce) soit au trastuzumab soit au lapatinib. Cette étude montre que le trastuzumab présente une efficacité supérieure à celle du lapatinib en termes de pCR (30,3 % versus 22,7 % respectivement ; p = 0,04). L’observance dans le bras lapatinib était moins bonne, en particulier à cause des diarrhées (33 % des patientes ont arrêté le traitement dans le bras lapatinib versus 14 % dans le groupe trastuzumab). Le NSABP41 (18) montre une supériorité de l’association des 2 thérapies ciblées mais sans différence entre les bras trastuzumab ou lapatinib seuls (les taux de pRC sont respectivement de 60,4 %, 49,1 % et 47,4 %). 24 | La Lettre du Gynécologue • n° 376 - novembre 2012 L’étude de phase 2, TBCRC 006, étudie le double blocage HER sans chimiothérapie. Le taux de pRC est de 28 %, mettant en évidence l’efficacité de l’utilisation conjointe du trastuzumab et du lapatinib sans chimiothérapie. Ces données suggèrent que l’association des 2 thérapies ciblées à la chimiothérapie permet un meilleur taux de pRC que l’utilisation d’une seule thérapie ciblée, avec des effets indésirables qui restent modérés. La tolérance du lapatinib paraît tout de même moindre que celle du trastuzumab et a engendré davantage d’arrêts de traitement. Les données sur la survie sont encore en attente. Deux études majeures prospectives en adjuvant (TEACH et ALTTO) sont en cours pour déterminer l’intérêt de l’association de ces 2 molécules ainsi que la meilleure séquence d’administration. Pertuzumab Le pertuzumab est un anticorps se liant à l’HER2 inhibant son hétérodimérisation avec HER1, 3, 4. Son association avec le trastuzumab a pour but de permettre un meilleur blocage de la voie HER. L’essai NeoSphere (19), phase 2 randomisée, compare 4 traitements néoadjuvants : docétaxel + trastuzumab + pertuzumab, docétaxel + trastuzumab, docétaxel + pertuzumab, pertuzumab + trastu-zumab. Le meilleur taux de pRC (sein et ganglion) est observé dans le groupe traité par l’association pertuzumab, trastuzumab et docétaxel (39 % versus 21 % dans le groupe docétaxel + trastuzumab, et 18 % dans le groupe docétaxel + pertuzumab). Il est intéressant de noter que le taux de pRC dans le bras associant les 2 thérapies ciblées sans chimiothérapie est de 11 %. Contrairement au lapatinib, le pertuzumab ne semble pas augmenter la toxicité du traitement. Ainsi, pour le bras d’association trastuzumab + pertuzumab, les toxicités de grade supérieur à 3 sont quasiment nulles. Il existe donc un bénéfice statistiquement significatif de l’association trastuzumab + pertuzumab, en plus de la chimiothérapie, pour améliorer le contrôle antitumoral. Cela est en particulier vrai pour les tumeurs n’exprimant pas les récepteurs hormonaux, pour lesquelles le taux de pCR atteint 63 %. Trastuzumab-DM1 (T-DM1) Cette association couple le trastuzumab à un dérivé de la maytansine (inhibiteur de la polymérisation des microtubules). T-DM1 associe les propriétés de DOSSIER ciblage HER2 du trastuzumab et la délivrance ciblée d’un composant antimicrotubule hautement efficace (DM1). Après liaison à HER2, T-DM1 subit une internalisation permettant une libération intracellulaire du DM1. Sa toxicité, en particulier cardiaque, est moindre que l’association trastuzumab-docétaxel. Son efficacité en adjuvant et néoadjuvant est en cours d’évaluation (NCT01196052). Thérapie anti-angiogénique L’angiogenèse, processus impliqué dans le développement des vaisseaux, joue un rôle essentiel dans la croissance tumorale locale et le développement de métastases. Le Vascular Endothelial Growth Factor (VEGF) est un des promoteurs le plus puissant. Bévacizumab Il s’agit d’un anticorps monoclonal recombiné humanisé ciblant le VEGF et empêchant son interaction avec ses récepteurs de type tyrosine kinase VEGFR1 et 2. Ce blocage induit donc l’arrêt de la prolifération des vaisseaux. ◆◆ En néoadjuvant Le Geparquinto (20) a randomisé les patientes HER2 négatives (HER2–) en 2 bras de traitements : chimiothérapie (EC), associée ou non au bévacizumab, puis chez les patientes ayant une réponse échographique : poursuite du traitement par taxotère associé ou non au bévacizumab. Le taux de pRC est plus important dans le groupe bévacizumab (18,4 % versus 14,9 % ; p = 0,04). Le sous-groupe bénéficiant de l’ajout du bévacizumab sont les tumeurs triplenégatives (39,3 % versus 27, 9 % ; p = 0,003, avec ou sans bévacizumab). L’étude du NSABP 40 (21) a aussi mis en évidence une meilleure réponse pathologique dans le groupe ayant reçu du bévacizumab (34,5 % versus 28 % ; p = 0,02). Cette efficacité est, à la différence du Geparquinto, plus importante dans le groupe des tumeurs ayant des récepteurs hormonaux positifs. La toxicité du bévacizumab est marquée, entre autres, par la survenue d’une hypertension artérielle et de toxicité rénale. BEVERLY 1 (22), étude de phase 2, évalue l’intérêt du bévacizumab à la chimiothérapie néoadjuvante lors du cancer du sein inflammatoire, HER2–. Les premiers résultats montrent un bon taux de pRC de 27 % associé à un profil de toxicité acceptable. Les données de survie sont en cours d’analyse. Ces différentes études montrent une augmentation de la pRC lors de l’utilisation du bévacizumab. Mais, l’identification du sous-groupe en bénéficiant le plus est encore à l’étude. L’essai BEVERLY 2 (23), étude de phase 2, étudie l’intérêt de l’ajout du trastuzumab et du bévacizumab dans le traitement néoadjuvant des cancers inflammatoires HER2+, traités par chimiothérapie de type : 4 cycles de 5-FU, épirubicine, cyclophosphamide et bévacizumab puis 4 cycles de docétaxel, bévacizumab et trastuzumab. Le taux pRC (objectif premier) est de 63,5 %, associé à une tolérance correcte. La fatigue et les nausées sont retrouvées chez 69 % des patientes ainsi que 48 % de neutropénie de grade 3-4. Quatre patientes (8 %) ont eu une insuffisance cardiaque. ◆◆ En adjuvant Plusieurs essais sont en cours (BEATRICE, NSABP 46, BETH). Inhibiteur de mTOR La voie de la phosphatidyl-inositol-3-kinase (PI3K) joue un rôle majeur, en régulant notamment la croissance cellulaire, la progression du cycle cellulaire et la survie cellulaire. La dérégulation de cette voie est impliquée dans de nombreux processus tumoraux, et représente une cible particulièrement intéressante pour les traitements anticancéreux. En aval de la PI3K, mammalian Target Of Rapamycin (mTOR) est une kinase jouant un rôle de commutateur du métabolisme cellulaire. Évérolimus Il s’agit d’un inhibiteur de mTOR, ayant comme effet une diminution de la prolifération cellulaire et de l’angiogenèse. ➤➤ Le Geparquinto (24) ne montre pas d’intérêt en termes de pRC de l’ajout d’évérolimus à 12 semaines de paclitaxel en néoadjuvant chez les patientes n’ayant pas répondu à un traitement par EC. ➤➤ Une étude de phase 2 randomisée, comparant en néoadjuvant l’association létrozole et évérolimus versus létrozole seul chez les patientes dont le cancer exprime les récepteurs hormonaux, a mis en évidence un meilleur taux de réponse clinique dans le groupe ayant reçu de l’évérolimus (68 % versus 59 %) [25]. L’évérolimus, qui apparaît comme un reverseur de résistance à l’hormonothérapie en phase métastatique, permet d’augmenter la réponse en néoLa Lettre du Gynécologue • n° 376 - novembre 2012 | 25 DOSSIER Cancer du sein : peut-on influer sur son destin ? adjuvant. Sa toxicité, en particulier hématologique et pulmonaire, peut être limitante. Inhibiteur de PARP Les poly (ADP-riboses) polymérases (PARP) sont des enzymes impliquées dans la réparation de l’ADN, en particulier des cassures simple brin. Les inhibiteurs de PARP empêchent donc la réparation de l’ADN, et induisent l’apoptose. Iniparib L’essai NeoPARP est une étude de phase 2 randomisée, qui compare en situation néoadjuvante le paclitaxel seul hebdomadaire pendant 3 mois (n = 47) chez des patientes ayant un cancer du sein triple-négatif à du paclitaxel associé à l’iniparib 1 fois par semaine (n = 46) ou 2 fois par semaine (n = 48). Le taux de réponse histologique est globalement identique dans les 3 bras (21,3 %, 21,7 % et 18,8 % respectivement), montrant l’absence de bénéfice dans le cancer du sein triple-négatif de l’iniparib. Les essais sur l’intérêt des inhibiteurs de PARP dans le cancer du sein sont décevants, mais les études doivent continuer avec d’autres molécules et en sélectionnant mieux les patientes. Conclusion L’utilisation du trastuzumab en néoadjuvant et adjuvant a modifié le devenir de nos patientes HER2+ en améliorant de manière significative leur survie. La toxicité cardiaque n’est pas négligeable et une surveillance adéquate est indiquée. L’ajout d’une thérapie ciblée en plus du trastuzumab (double blocage), en situation néoadjuvante, chez les patientes HER2+ est associé à une meilleure efficacité antitumorale. Le bévacizumab est une molécule intéressante en néoadjuvant, mais le sous-groupe qui en bénéfice reste à déterminer. La toxicité des thérapies ciblées est variable, le pertuzumab semble une molécule bien tolérée. L’observance du lapatinib, du fait des diarrhées, est moins optimale. L’impact sur la survie de ces derniers traitements reste encore à démontrer et nous attendons les résultats de plusieurs études en adjuvant. ■ Références bibliographiques 1. Buzdar AU, Valero V, Ibrahim NK et al. Neoadjuvant therapy with paclitaxel followed by 5-fluorouracil, epirubicin, and cyclophosphamide chemotherapy and concurrent trastuzumab in human epidermal growth factor receptor 2-positive operable breast cancer: an update of the initial randomized study population and data of additional patients treated with the same regimen. Clin Cancer Res 2007;13(1):228-33. 2. Gianni L, Eiermann W, Semiglazov V et al. 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