Correspondances en Onco-urologie - Vol. II - n° 1 - janvier-février-mars 2011
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Mécanismes de résistance aux antiangiogéniques dans le cancer du rein
indépendante du VEGF. Notons aussi que l’interféronα
a une action inhibitrice du FGF(12). D’autres molécules
inhibitrices du FGF sont en cours de développement.
Néo-angiogenèse alternative par l’IL-8
Dans des cellules de cancer du côlon rendues dé-
cientes en facteurs de transcription HIF, la chémokine
IL-8 semble avoir un rôle dominant dans la généra-
tion et le maintien de la microcirculation tumorale.
Un anticorps anti-IL-8 était capable de bloquer la néo-
angiogenèse tumorale. L’IL-8 pourrait donc jouer un rôle
proangiogénique dans des situations où la voie VEGF
est déréglée (par des mutations) ou bloquée par des
traitements anti-VEGF(13).
Néo-angiogenèse alternative
par le Placental Growth Factor
Le Placental Growth Factor (PlGF) est un homologue du
VEGF qui intervient dans le switch angiogénique. Un
anticorps anti-PlGF est capable d’inhiber la croissance
et l’apparition de métastases dans plusieurs tumeurs,
y compris dans celles qui résistent aux inhibiteurs du
récepteur du VEGF(14). En outre, les taux plasmatiques
de PlGF sont augmentés chez les malades atteints
d’un carcinome du rein et recevant du sunitinib(15).
Cependant, le sunitinib bloque le VEGFR1, qui est aussi
le récepteur du PlGF. Le blocage du PlGF ne serait donc
probablement pas un traitement actif en cas de résis-
tance aux anti-VEGF dans le carcinome du rein.
Néo-angiogenèse alternative
par le blocage de la voie Tie-2/Ang-2
L’axe formé par l’angiopoïétine2 (Ang-2) et son récep-
teur Tie-2 semble avoir de nombreuses fonctions, parmi
lesquelles la néo-angiogenèse en parallèle avec l’axe
du VEGF(16). Dans des études précliniques, l’inhibi-
tion de Ang-2 a mené à la suppression de la crois-
sance tumorale(17). L’Ang-2 stimule la production de
métallo protéinases matricielles (MMP) via les récepteurs
des intégrines(18). Les MMP stimulent à leur tour la
sécrétion du VEGF(19). Les MMP servent à détruire la
membrane basale, nécessaire à la néovascularisation.
En outre, les taux plasmatiques d’Ang-2 semblent aug-
menter chez les patients traités par sunitinib. L’inhibition
d’Ang-2 pourrait donc freiner ou prévenir la néovas-
cularisation en cas de résistance aux traitements ciblant
le VEGF. L’AMG-386, une immunoglobuline liée au
récepteur Tie-2, est capable de bloquer la xation de
l’Ang-2 à son récepteur. La combinaison d’AMG-386
et de sorafénib a permis un taux de réponse de 29 %
chez des malades atteints d’un carcinome du rein, dont
certains étaient résistants aux anti-VEGF(20).
Pour nir, notons que J.Garcia-Donas(21) a présenté,
à l’ESMO2010, un abstract montrant une associa-
tion statis tiquement signicative entre 1SNP (Single
Nucleotide Polymorphism) dans le VEGF et 2SNP dans le
VEGFR-3 et le temps jusqu’à progression sous sunitinib :
les malades dont le système VEGF fonctionne mal répon-
dent moins bien au traitement anti-VEGF, peut-être
parce que l’angiogenèse tumorale repose davantage
sur d’autres mécanismes proangiogéniques chez eux.
Résistance par l’activation
de voies alternatives de croissance
An d’assurer leurs possibilités de croissance, les cellules
tumorales ont besoin de nouveaux vaisseaux, mais elles
mettent aussi en œuvre un ensemble de mécanismes
de croissance qui impliquent des récepteurs de surface
suivis de cascades intracytoplasmiques, elles-mêmes
aboutissant à l’activation de facteurs de transcription
nucléaires et à l’expression de nombreux gènes. Les
voies de transmission intracellulaires sont diciles,
mais le complexe de mTOR semble jouer un rôle central.
Cette voie est très souvent activée dans les cellules
du cancer du rein, bien que ce ne soit jamais de façon
constitutionnelle. Ainsi, les inhibiteurs de la voie mTOR,
tels que l’évérolimus, ont pu prouver une ecacité,
même modeste, dans le cancer du rein résistant aux
traitements antiangiogéniques. Dans l’étude RECORD-1,
portant sur 410malades atteints d’un cancer du rein
réfractaire aux anti-VEGF, la SSP était de 4,0mois sous
évérolimus, contre 1,9mois sous placebo. Le taux de
réponse objective n’était cependant que de 1 %.
J.L.Perez-Gracia et al. ont collecté du sérum lors de
l’instauration du traitement et au moment de l’évalua-
tion de la réponse, réalisée par RECIST chez 31patients
traités par sunitinib(22). Le sérum de 6patients avec
des phénotypes extrêmes de réponse claire (3patients)
ou de progression rapide (3patients) a été analysé :
174cytokines impliquées dans l’angiogenèse et la pro-
lifération tumorale ont été recherchées. Les taux des
cytokines des 2groupes ont été comparés. Vingt-sept
des 174cytokines variaient de façon signicative selon
que les patients avaient présenté une réponse partielle
ou une progression de la maladie. Les 6cytokines les
plus pertinentes du point de vue statistique et biolo-
gique (TNFα, MMP-9, ICAM-1, BDNF, SDF-1α et VEGF)
ont été analysées chez 22malades évaluables, et les
résultats ont été corrélés au bénéce clinique (réponse
ou stabilisation de la maladie) ou à la progression. La
conclusion de J.L.Perez-Gracia etal. est que, dans le
sérum de malades atteints d’un cancer du rein méta-