Correspondances en Onco-Urologie - Vol. II - n° 2 - avril-mai-juin 2011
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Revue de presse
double aveugle, a comparé l’efficacité et la
tolérance du dénosumab à celles du zolé-
dronate chez 1 901 patients de 342 centres
(39 pays). Ces patients n’avaient jamais été
traités par biphosphonate antérieurement
et ils ont reçu soit du dénosumab (n = 950)
à la dose mensuelle s.c. de 120 mg associé
à un placebo i.v., soit du zolédronate i.v. à
une dose adaptée à la fonction rénale avec
un placebo s.c. (n = 951). Ils recevaient des
suppléments en calcium et en vitamine D. Le
critère de jugement principal était le temps
jusqu’au premier événement osseux (Skeletal-
Related Events [SRE]) défini par une fracture
pathologique, une irradiation ou une chirurgie
osseuse, une compression médullaire.
Le dénosumab permet de retarder de façon
statistiquement significative le premier SRE
(hazard-ratio [HR] = 0,82 ; IC95 : 0,71-0,95
[p = 0,008]). Le temps médian jusqu’au
premier événement osseux est de 20,7 mois
(IC95 : 18,8-24,9 mois) versus 17,1 mois (IC95 :
15,0-19,4 mois) avec le zolédronate, soit une
différence de 3,6 mois.
Il réduit également les autres SRE (HR = 0,82 ;
IC95 : 0,71-0,94 [p = 0,004]) ainsi que les mar-
queurs de turn-over osseux comme le uNTx et
le BSAP. À l’exception des hypocalcémies plus
fréquentes avec le dénosumab (13 % versus
6 % [p < 0,001]), les effets indésirables ont
été identiques dans les 2 groupes, et notam-
ment en ce qui concerne les ostéonécroses
de la mâchoire (2,3 % versus 1,3 % respecti-
vement [p = 0,09]). Le dénosumab vient donc
de montrer − en présence de métastases
osseuses − sa supériorité dans la prévention et
le retard de l’apparition des SRE. Il ne modifie
pas en revanche la survie globale.
Commentaire. Deux autres essais de phaseIII
ont confirmé la supériorité du dénosumab dans
les cancers du sein(2) ou d’autres tumeurs
solides avec des métastases osseuses (les
myélomes également)[3]. L’analyse intégrée
de 5 723patients inclus dans les 3études de
phaseIII a montré que le dénosumab permettait
de retarder la survenue du premier SRE avec un
délai median de 8,3mois (27,7mois versus
19,5mois ; HR=0,83 ; IC95 : 0,76-0,90) ainsi que
les SRE suivants de 18 %. L’Autorisation de mise
sur le marché est en cours…
P. Beuzeboc, Paris
1.Fizazi K, Carducci M, Smith M et al. Denosumab versus
zoledronic acid for treatment of bone metastases in men
with castration-resistant prostate cancer: a randomised,
double-blind study. Lancet 2011;377(9768):813-22.
2.Stopeck AT, Lipton A, Body JJ et al. Denosumab compared
with zoledronic acid for the treatment of bone metastases
in patients with advanced breast cancer: a randomized,
double-blind study. J Clin Oncol 2010;28(35):5132-9.
3.Henry DH, Costa L, Goldwasser F et al. Randomized,
double-blind study of denosumab versus zoledronic acid in
the treatment of bone metastases in patients with advanced
cancer (excluding breast and prostate cancer) or multiple
myeloma. J Clin Oncol 2011;29(9):1125-32.
4.Lipton A, Siena S, Rader MB et al. Denosumab versus
zoledronic acid (ZA) for treatment of bone metastases in
advanced cancer patients: an integrated analysis. ESMO
2011.
Molécule S-1 dans le cancer du rein
La molécule S-1 est un analogue du 5 fluoro-
uracile (5-FU), tégafur associé à un agent
inhibiteur de la dihydropyrimidine déshydro-
génase et inhibiteur de la phosphorylation du
FU au niveau intestinal. La molécule S-1 admi-
nistrée par voie orale a comme intérêt d’être
plus active que le 5-FU, avec une moindre
toxicité digestive. Cette molécule a été testée
chez 45 patients atteints d’un cancer du rein
métastatique réfractaire aux cytokines, et elle
montre un taux de réponse de 24,4 % d’après
les critères RECIST. Aucune réponse complète
n’a été notée. La réponse objective est iden-
tique quel que soit le groupe pronostique
des patients d’après les critères du Memorial
Sloan-Kettering Cancer Center. La médiane de
SSP est de 9,2 mois, avec une survie médiane
non encore atteinte.
Ce traitement s’accompagne de peu d’effets
indésirables. Les principales toxicités de grade
3-4 sont l’anorexie et la neutropénie (8,9 %).
Une réduction de dose de la molécule S-1 a
été observée chez 27 % des patients. Il existe
une corrélation entre l’expression ARN de
la thymidilate synthase (TS) et la réponse
objective. En cas de taux d’expression ARN
bas de la TS, les réponses objectives sont plus
fréquentes et la survie sans progression est
prolongée. Du fait du profil de cette molécule,
celle-ci pourrait être associée avec des antian-
giogéniques ou des inhibiteurs de mTOR. Le
S-1 devrait enrichir l’éventail, déjà important
(8 produits), des molécules actuellement dis-
ponibles dans le cancer du rein.
Commentaire. Cette molécule est plus efficace
que le 5-FU, et présente une toxicité digestive
moindre. Avant de la considérer comme intégrée
à l’arsenal thérapeutique, il faudrait l’évaluer sur
des patients européens. En effet, elle a été évaluée
au Japon, et il se peut que le profil enzymatique
des patients et la pharmacocinétique soient diffé-
rents d’une population à l’autre. L’association
se révélerait potentiellement intéressante avec
les inhibiteurs de tyrosine kinase ou de mTOR en
raison de l’absence de toxicité croisée.
S. Oudard, Paris
•Naito S, Eto M, Shinohara N et al. Multicenter phase II trial
of S-1 in patients with cytokine-refractory metastatic renal
cell carcinoma. J Clin Oncol 2010;28(34):5022-8.
Corrélation entre la SSP à2
ou 3ans et la SG à 5ans chez
les patients traités par cystectomie
radicale pour une tumeur
de la vessie envahissant le muscle
La survie globale (SG) à 5 ans constitue le
critère de jugement principal utilisé dans
l’évaluation des traitements systémiques péri-
opératoires des tumeurs de la vessie infiltrant
le muscle. Cette large étude rétrospective
avait pour objectif de savoir si les données
de survie sans progression (SSP) à 2 ans ou
3 ans permettaient d’anticiper les résultats
de SG à 5 ans.
Les données de 2 724 patients traités entre
1980 et 2008 dans 10 centres européens et
américains ont été examinées. Tous avaient
bénéficié d’une cystectomie radicale suivie
pour 844 (31 %) d’entre eux d’une chimio-
thérapie adjuvante. Les patients métastatiques,
avec des marges positives, ayant reçu une
radiothérapie péri-opératoire ou une chimio-
thérapie néo-adjuvante étaient exclus. L’étude
de la survie était effectuée selon la méthode de
Kaplan-Meier ; l’analyse de l’association entre
les SSP à 2 ans ou SSP à 3 ans et la SG à 5 ans
selon le modèle de Cox. Les SSP à 2 ans et SSP
à 3 ans étaient respectivement de 63 % et 57 %,
la SG à 5 ans, de 47 %. La concordance globale
entre SSP à 2 ans et SG à 5 ans était de 79 %,
celle entre SSP à 3 ans et SG à 5 ans, de 81 %,
REIN
VESSIE