Cancer du testicule dossier Nouveau standard de chimiothérapie dans le traitement des tumeurs germinales non séminomateuses de mauvais pronostic : résultats de l’étude GETUG 13 New standard of chemotherapy in the treatment of poor prognosis nonseminomatous germ cell tumors: results of GETUG 13 trial Les tumeurs germinales non séminomateuses (TGNS) de mauvais pronostic sont des situations rares. Le pronostic reste sombre : seule la moitié des patients est en vie à long terme après le traitement comportant une chimiothérapie par 4 cycles de BEP et, éventuellement, un traitement de rattrapage et une chirurgie des masses résiduelles. Le Groupe d’étude des tumeurs urogénitales (GETUG) a mené une étude comparant un protocole de chimiothérapie dose-dense en cas de décroissance lente des marqueurs au traitement standard. Cette étude de phase III internationale et multicentrique avait pour objectif principal d’évaluer la survie sans progression (SSP) à 3 ans. Il s’agit de la première étude dans ce groupe de population mettant en évidence une différence significative de la SSP ; ce protocole devient ainsi un traitement standard. Summary RÉSUMÉ A. Fléchon*, H. Boyle* Mots-clés : Tumeur germinale non séminomateuse – Chimiothérapie – Dose-dense – Décroissance lente des marqueurs – Survie sans progression. L * Département d’oncologie médicale, centre Léon-Bérard, Lyon. 142 es tumeurs germinales sont les tumeurs les plus fréquentes de l’homme jeune, mais restent une pathologie rare. Les patients ayant une maladie métastatique sont classés en groupes pronostiques selon la classification internationale de consensus établie en 1997 (1). Cette classification permet de déterminer le nombre de cycles de chimiothérapie en fonction du taux des marqueurs, du site de la tumeur primitive et des localisations métastatiques. Le mauvais pronostic ne concerne que les patients atteints d’une tumeur germinale non séminomateuse (TGNS). Ils ont soit une tumeur du testicule ou du rétropéritoine– avec un taux élevé de marqueurs Poor prognosis nonseminomatous germ cell tumors are rare. The prognosis is poor as only half of the patients, who received standard chemotherapy with 4 cycles of BEP with or without salvage treatment and surgery of residual disease, are alive. The French Group on Genito-Urinary Tumors developed a trial based comparing a dose-dense chemotherapy regimen in case of unfavorable serum tumor marker decline to the standard treatment. It was a multicentric, international phase III trial with the aim to evaluate the progression-free survival at 3 years. It is the first study in this situation which shows a significant statistical difference in the group with unfavorable serum tumor marker decline who received the dose-dense regimen. This regimen is the new standard of treatment. Keywords: Nonseminomatous germ cell tumor – Chemotherapy – Dose-dense regimen – Unfavorable decline serum marker tumor – Progression-free survival. (AFP > 1 000 ng/ ml, hCG totale > 50 000 UI/ l ou LDH > 10 fois la normale du laboratoire) ou des métastases touchant d’autres sites que le poumon [foie, os, cerveau, etc.]), soit une tumeur primitive médiastinale – quels que soient le taux des marqueurs et les sites métastatiques. Le taux de survie globale (SG) est estimé à 48 % pour l’ensemble de ce groupe de patients. État des lieux Depuis plus de 20 ans, le traitement des patients atteints d’une TGNS de mauvais pronostic repose sur Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - no 4 - octobre-novembre-décembre 2013 Nouveau standard de chimiothérapie dans le traitement des tumeurs germinales non séminomateuses de mauvais pronostic : résultats de l’étude GETUG 13 l’administration de 4 cycles de BEP (bléomycine + étoposide + cisplatine), suivis de la chirurgie d’exérèse de l’ensemble des masses résiduelles. L’étude de S.D. William et al., publiée en 1987, avait montré, chez les patients ayant une tumeur de mauvais pronostic, la supériorité de 4 cycles de BEP sur 4 cycles de PVB (cisplatine + vinblastine + bléomycine) en termes de SG [2]. Aucune des études réalisées jusqu’à maintenant n’a permis d’augmenter la survie des patients. Différentes approches ont été proposées : l’augmentation des doses de certains produits comme le cisplatine (3, 4), la modification des molécules de chimiothérapie, comme le remplacement de la bléomycine par l’ifosfamide (5-7), la réalisation de protocoles avec une alternance afin de diminuer la résistance des cellules au cisplatine (8-19) et, enfin, l’intensification des doses de chimiothérapie avec support de cellules souches hématopoïétiques (20-22). Aucune de ces études (tableaux I, II et III) n’a modifié le pronostic de ces patients. Tableau I. Protocoles avec augmentation des doses ou remplacement d’une molécule par une autre. Auteurs Traitement Patients (n) Évolution Ozols et al. (3) Double dose de platine PVeBV/PVB 52 SG à 5 ans : 78 versus 48 % (p = 0,06) Nichols et al. (4) Double dose de platine 4BEP 100/4BEP 200 153 SG à 2 ans : 74 versus 74 % (p = NS) Nichols et al. (5) 4BEP/4VIP L’ifosfamide remplace la bléomycine 304 SG à 2 ans : 71 versus 74 % (p = NS) Schmoll et al. (6) CT haute dose séquentielle VIP haute dose + GCSF DLT Phase I-II 221 SSP à 5 ans : 68 % SpSG à 5 ans : 73 % Hartmann et al. (7) 1 VIP + 3 HD-VIP Phase I-II 53 SG à 5 ans : 75 % SpSG : survie globale spécifique ; VIP : vinblastine, ifosfamide, cisplatine ; GCSF : Granulocyte Colony-Stimulating Factor ; DLT : dose limitante tolérée. Tableau II. Protocoles avec une alternance. Auteurs Traitement Culine et al. (8) CISCA/VB//BEP Patients (n) 190 SG à 5 ans : 59 versus 69 % (p = 0,24) Évolution Logothetis et al. (9) CISCA/VB 48 SG : 80 % Bosl et al. (10) EP/VAB-6 41 SG : 30 % Lewis et al. (11) BOP/VIP 91 SSP à 2 ans : 66 % De Wit et al. (12) BEP//BEP/PVB 234 SSP à 5 ans : 80 % (p = 0,27) SG à 5 ans : 80 % (p = 0,32) Bower et al. (13) POMB/ACE 105 SG à 5 ans : 75 % Kaye et al. (14) BEP/EP//BOP/VIP-B 299 SSP à 1 an : 60 versus 53 % (p = 0,21) Germà-Lluch et al. (15) BOMP/VIP 38 SSP à 3 ans : 58 % Fizazi et al. (16) BOP-CISCA// POMB-ACE 58 SSP à 3 ans : 65 % Christian et al. (17) CBOP/BEP 52 SG à 5 ans : 71 % Anthoney et al. (18) BOP/BEP 43 SSP à 3 ans : 72 % Fosså et al. (19) CBOP/BEP 66 SSP à 1 an : 82 % SG à 2 ans : 84,5 % Tableau III. Protocoles de chimiothérapie intensive avec support de cellules souches hématopoïétiques. Auteurs Traitement Patients (n) Évolution Droz et al. (20) PVeBV/PVB 115 SG à 5 ans : 69 versus 44 % (p = 0,045) Motzer et al. (21) 4BEP/2BEP + 2 CarboPEC 219 SG à 2 ans : 71 % (p = 0,94) Daugaard et al. (22) 4 BEP /1PEI+3 HD PEI 137 inclus SSP : 44,8 versus 58,2 % (p = 0,06) sur 222 prévus SG : 86,1 versus 72,9 % (p > 0,1) Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - no 4 - octobre-novembre-décembre 2013 143 Cancer du testicule dossier Étude GETUG 13 L’équipe de l’institut Gustave-Roussy et celle du Memorial Sloan-Kettering Cancer Center ont montré que les patients ayant une décroissance lente des marqueurs avaient une moins bonne survie que ceux ayant une décroissance rapide (23, 24). La décroissance lente des marqueurs (AFP et hCG totale), dans l’étude du Pr Fizazi, est observée sur la période s’écoulant entre J1 et J21 du cycle de chimiothérapie. Aucune étude n’ayant montré un impact des protocoles alternés ou des doses intensifiées, le Pr Fizazi, en collaboration avec le GETUG, a fait le pari d’associer au traitement standard des molécules efficaces en seconde ligne, comme le paclitaxel et l’oxaliplatine, en créant un protocole dose-dense chez les patients présentant une décroissance lente des marqueurs. Cette étude, dénommée GETUG 13, a été réalisée de novembre 2003 à mai 2012. Il s’agissait d’un essai de phase III avec bénéfice individuel direct, randomisé, ouvert, multicentrique en groupes parallèles. Objectifs L’objectif principal était de comparer la survie sans progression (SSP) à 3 ans chez des patients atteints d’une TGNS de mauvais pronostic et présentant une décroissance défavorable des marqueurs tumoraux après 1 cycle du protocole BEP, traités après randomisation soit par 3 cycles supplémentaires de BEP, soit par un protocole dose-dense appelé paclitaxel-BEPoxaliplatine/cisplatine-ifosfamide-bléomycine. Les objectifs secondaires étaient les suivants : ✓ évaluer le taux de réponse, la SG et la toxicité dans les 2 groupes de traitement chez les patients présentant une décroissance lente des taux sériques des marqueurs tumoraux ; 1 × BEP Paclitaxel-BEP + oxaliplatine + G-CSF /3 semaines × 2 cycles Cisplatine, ifosfamide, bléomycine + G-CSF /3 semaines × 2 cycles Cisplatine 20 mg/m2/j à J1-J5 Étoposide 100 mg/m2/j à J1-J5 Bléomycine 30 U/sem. Paclitaxel 175 mg/m2 à J1 BEP Oxaliplatine 130 mg/m2 à J10 G-CSF 263 μg/j (à l’exception des jours de CT) Cisplatine 100 mg/m2 à J1 Ifosfamide 2 g/m2 à J10, J12 et J14 Mesnum Bléomycine 25 U/j à J10-J14 (i.v. continue) G-CSF Figure 1. Bras dose-dense [d’après Fizazi K et al., J Clin Oncol 31, 2013(Suppl.), abstr. LBA4500]. 144 ✓ évaluer le taux de réponse, la SSP, la SG et la toxicité chez les patients présentant une décroissance rapide des taux sériques des marqueurs tumoraux. Critères d’inclusion Les critères d’inclusion étaient les suivants : être un homme âgé de plus de 16 ans, porteur d’une TGNS prouvée soit par l’examen histologique, soit par les taux sériques élevés d’hCG ou d’AFP. Les sujets pouvaient avoir une tumeur primitive : testiculaire, rétropéritonéale ou médiastinale. Ils présentaient tous une maladie disséminée (stades cliniques II ou III), classée comme ayant un mauvais pronostic selon les critères de l’International Germ Cell Cancer Collaborative Group (IGCCCG) : TGNS médiastinale primitive (quel que soit le stade), métastases viscérales extrapulmonaires, hCG > 50 000 UI/l, AFP > 10 000 ng/ml ou LDH > 10 fois la limite supérieure de la normale. Ils n’avaient pas reçu de chimiothérapie antérieure. Les fonctions rénale, hépatique et hématologique étaient normales, et ils n’étaient pas porteurs du VIH. Ils n’avaient pas d’antécédent de tumeur maligne (sauf carcinome basocellulaire de la peau) et avaient tous signé un consentement éclairé. Schéma de traitement (figure 1) Les patients recevaient tous un premier cycle de chimiothérapie par le protocole BEP : cisplatine 20 mg/m2/j i.v. × 5 jours, étoposide 100 mg/m2/j i.v. × 5 jours, bléomycine 30 mg/j i.v./i.m. à J1, J8 et J15. Les patients chez qui une décroissance favorable des taux sériques des marqueurs tumoraux était obtenue recevaient 3 cycles supplémentaires de BEP. Les autres étaient randomisés pour recevoir : ✓ soit 3 cycles supplémentaires de BEP ; ✓ soit le protocole séquentiel dose-dense : paclitaxel-BEP-oxaliplatine/cisplatine-ifosfamide-bléomycine. Méthodologie L’évaluation reposait sur la SSP. La progression était définie comme : ✓ une élévation confirmée de l’hCG ou de l’AFP sériques sur 2 mesures successives ; ✓ l’apparition de nouvelles lésions ; ✓ une augmentation unidimensionnelle de 25 % de la taille des lésions tumorales. L’évaluation de la SG était définie comme le délai entre la date d’enregistrement et la date du décès ou du dernier suivi. Les réponses étaient classées de la façon suivante : ✓ réponse complète à la chimiothérapie (RCc) : mar- Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - no 4 - octobre-novembre-décembre 2013 Nouveau standard de chimiothérapie dans le traitement des tumeurs germinales non séminomateuses de mauvais pronostic : résultats de l’étude GETUG 13 queurs tumoraux normaux sans signe évolutif clinique ou radiologique ; ✓ réponse complète pathologique (RCp) : marqueurs tumoraux normaux et masses résiduelles complètement réséquées et ne contenant que du tissu nécrotique ou un tératome mature ; ✓ réponse complète chirurgicale (RCs) : marqueurs tumoraux normaux et masses résiduelles complètement réséquées contenant des lésions tumorales viables ; ✓ réponse incomplète (RI) : marqueurs tumoraux non normalisés ou toute autre réponse que celles définies plus haut ; ✓ progression (PM) : élévation confirmée de l’hCG ou de l’AFP sériques sur 2 mesures successives, apparition de nouvelles lésions ou augmentation de 25 % de la taille des lésions tumorales (en l’absence de growing teratoma). La toxicité était évaluée selon les critères CTC/NCI. Analyse statistique L’analyse statistique se fondait sur les données des séries précédentes, suggérant que la SSP à 3 ans des patients atteints de TGNS disséminée de mauvais pronostic et présentant une décroissance rapide du taux des marqueurs tumoraux (évaluée à J21) est d’environ 73 %, contre environ 46 % chez les patients présentant une décroissance lente. Ce dernier groupe de patients représente 80 % de l’ensemble des sujets atteints de TGNS disséminée de mauvais pronostic. Pour détecter une différence absolue de 20 % de la SSP à 3 ans (avec une puissance statistique de 80 % et une erreur de type 1 de 5 %, test du log-rank bilatéral) entre le groupe BEP et le groupe dose-dense (46 versus 66 %), avec la possibilité d’observer 80 événements pendant cette période, il était nécessaire d’inclure au total 196 patients, 98 par groupe. Comme environ 25 % des patients devaient présenter une décroissance rapide des marqueurs tumoraux, 260 patients au total ont été inclus dans cet essai avec un suivi de 3 ans. La SG était comparée entre les 2 groupes par un test du log-rank ajusté pour les facteurs de stratification. Le point de départ chronologique était la date d’enregistrement, et le suivi médian pour l’analyse était de 6 ans. Résultats Vingt-deux structures hospitalières ont participé à cette étude, dont 2 en dehors de la France : l’équipe du MD Anderson Cancer Center à Houston (États-Unis) et le centre de Bratislava (Slovaquie). Toutes les équipes ayant participé sont des centres experts dans la prise en charge des tumeurs germinales. Deux cent soixante-trois patients ont été enregistrés. Deux cent cinquante-quatre patients ont reçu le premier cycle de BEP, parmi lesquels 51 (20 %) ont présenté une décroissance rapide et ont été traités par 3 cycles de BEP supplémentaires, et 203 (80 %) ont présenté une décroissance lente (figure 2). Ces derniers ont été randomisés : 105 ont reçu le schéma à dose densifiée et 98 ont reçu 3 cycles de BEP supplémentaires. Le suivi médian est de 4,1 ans (0,3-8,8 années). TGNS haut risque (IGCCCG) (n = 263) Premier BEP J21 : marqueurs (n = 254) Décroissance favorable (n = 51) Décroissance défavorable (n = 203) 4 BEP (total) R Chimiothérapie dose-dense (n = 105) 4 BEP (total) [n = 98] Figure 2. Bras de traitement [d’après Fizazi K et al., J Clin Oncol 31, 2013(Suppl.), abstr. LBA4500]. Dès les 10 premiers patients, le protocole a été amendé avec l’arrêt de l’administration de l’oxaliplatine à J1 du quatrième et du cinquième cycle en association avec le cisplatine, en raison d’une toxicité neurologique de grade 3. Tous les patients sous BEP ont reçu du G-CSF. Les caractéristiques des patients sont présentées dans le tableau IV. Tableau IV. Caractéristiques des patients [d’après Fizazi K et al., J Clin Oncol 31, 2013(Suppl.), abstr. LBA4500]. Défavorable BEP Dose-dense Favorable BEP (n = 98) (n = 105) (n = 51) Mauvais pronostic selon l’ IGCCCG 100 % 100 % 100 % hCG > 50 000 UI/l ou AFP > 10 000 ng/ml et/ou LDH > 10 N 74 (76 %) 78 (74 %) 27 (53 %) Métastases autres que pulmonaires 58 (59 %) 59 (56 %) 32 (63) Tumeur médiastinale primitive 28 (29 %) 29 (28 %) 9 (18 %) La SSP à 3 ans dans le groupe de décroissance défavorable passe de 48 % dans le bras standard à 59 % dans le bras dose-dense (HR = 0,66 ; IC95 : 0,44-1,00 ; p = 0,05) [figure 3, p. 146]. L’objectif principal de cette étude est atteint. Dans le groupe décroissance rapide, la SSP à 3 ans est de 70 %. Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - no 4 - octobre-novembre-décembre 2013 145 Cancer du testicule dossier Survie sans progression (%) 100 80 60 40 Défavorable BEP Défavorable dose-dense Favorable BEP 20 0 0 Patients à risque 98 105 51 1 2 3 4 Années 5 6 7 8 46 60 37 37 47 33 31 41 28 30 34 22 20 22 19 9 12 13 2 7 7 1 4 1 HR = 0,66 (0,49 ; 0,88), p = 0,01 Conclusion Figure 3. Survie sans progression à 3 ans [d’après Fizazi K et al., J Clin Oncol 31, 2013(Suppl.), abstr. LBA4500]. 100 Survie globale (%) 80 60 40 Défavorable BEP Défavorable dose-dense Favorable BEP 20 0 0 Patients à risque 98 105 51 L’analyse de la SG (figure 4) chez les patients ayant une décroissance lente ne montre pas de différence significative, avec un HR de 0,78 (0,46-1,31 ; p = 0,34) et une SG à 3 ans de 78 % dans le bras dose-dense versus 65 % dans le bras BEP. La SG des patients ayant une décroissance rapide des marqueurs traités par 4 BEP est de 84 % à 3 ans, elle est significativement différente de celle des patients ayant une décroissance lente des marqueurs. La toxicité neurologique était plus importante dans le bras dose-dense, de 23 versus 4 % ; le pourcentage de neutropénie fébrile était de 17 % dans les 2 bras, et les taux de décès toxique, de 1 %, étaient identiques, faibles, dans les 2 bras. Parmi les patients avec une décroissance lente des marqueurs qui ont reçu un traitement de rattrapage, 6 % des sujets traités dans le bras dose-dense ont eu une chimiothérapie intensive avec support de cellules souches hématopoïétiques, versus 16 % dans le bras BEP. 1 2 3 4 Années 5 6 7 8 68 76 44 47 56 39 37 47 33 35 37 25 25 23 22 10 13 15 3 7 9 2 4 2 Figure 4. Survie globale [d’après Fizazi K et al., J Clin Oncol 31, 2013(Suppl.), abstr. LBA4500]. Grâce à l’investissement fort de 2 équipes étrangères (MD Anderson Cancer Center et NCI Bratislava) et de 20 centres français, cette étude a pu être menée à bien au prix de 9 ans d’efforts. C’est la première étude qui confirme l’importance de la décroissance des marqueurs entre J1 du premier et du second cycle de chimiothérapie comme facteur prédictif de la SSP et de la SG. Quatre-vingts pour cent des patients ayant une tumeur de mauvais pronostic ont une décroissance lente. D’autre part, cette étude montre que l’utilisation d’un traitement dose-dense permet de réduire le risque de progression et de décès de 34 % (HR = 0,66 ; p = 0,05) chez les patients ayant une décroissance lente des marqueurs par rapport au traitement standard de 4 cycles de BEP. En raison de l’ensemble de ces résultats, il est indispensable de calculer la décroissance des marqueurs entre J1 et J21 du premier cycle de chimiothérapie chez ce groupe de patients et de proposer un traitement dosedense chez ceux ayant une décroissance lente. En raison de la complexité du protocole, il est primordial que ces patients soient traités dans les centres experts. ■ Remerciements. Nous tenons à remercier le Pr Karim Fizazi pour nous avoir cordialement transmis la présentation qu’il a effectuée au congrès américain en oncologie clinique de 2013. A. Fléchon déclare ne pas avoir de liens d’intérêts. 146 Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - no 4 - octobre-novembre-décembre 2013 Nouveau standard de chimiothérapie dans le traitement des tumeurs germinales non séminomateuses de mauvais pronostic : résultats de l’étude GETUG 13 Références patients with intermediate- and poor-risk metastatic nonseminomatous germ cell tumors: Genito-Urinary Group of the French Federation of Cancer Centers Trial T93MP. J Clin Oncol 2008;26(3):421-7. 17. Christian JA, Huddart RA, Norman A et al. Intensive gnostic factor-based staging system for metastatic germ cell cancers. International Germ Cell Cancer Collaborative Group. J Clin Oncol 1997;15(2):594-603. 2. Williams SD, Birch R, Einhorn LH, Irwin L, Greco FA, Loehrer PJ. 9. Logothetis CJ, Samuels ML, Selig D, Swanson D, Johnson DE, vincristine, cisplatin/bleomycin, etoposide, cisplatin chemotherapy: an alternating, dose intense regimen producing promising results in untreated patients with intermediate or poor prognosis malignant germ cell tumours. Br J Cancer 2004;90(3):601-6. 1. International Germ Cell Consensus Classification: a pro- Treatment of disseminated germ cell tumors with cisplatin, bleomycin, and either vinblastine or etoposide. N Engl J Med 1987;316(23):1435-40. 3. Ozols RF, Ihde DC, Linehan WM, Jacob J, Ostchega Y, Young RC. A randomized trial of standard chemotherapy v a high-dose chemotherapy regimen in the treatment of poor prognosis non seminomatous germ cell tumors. J Clin Oncol 1988;6(6):1031-40. von Eschenbach AC. Improved survival with cyclic chemotherapy for non seminomatous germ cell tumors of the testis. J Clin Oncol 1985;3(3):326-35. 10. Bosl GJ, Geller NL, Vogelzang NJ et al. Alternating cycles of etoposide plus cisplatin and VAB-6 in the treatment of poor-risk patients with germ cell tumors. J Clin Oncol 1987; 5(3):436-40. induction chemotherapy with CBOP/BEP in patients with poor prognosis germ cell tumors. J Clin Oncol 2003;21(5):871-7. 18. Anthoney DA, McKean MJ, Roberts JT et al. Bleomycin, 19. Fosså SD, Paluchowska B, Horwich A; EORTC GU Group. Intensive induction chemotherapy with C-BOP/BEP for intermediate- and poor-risk metastatic germ cell tumours (EORTC trial 30948). Br J Cancer 2005;93(11):1209-14. 4. Nichols CR, Williams SD, Loehrer PJ et al. Randomized study 11. Lewis CR, Fossà SD, Mead G et al. BOP/VIP – a new 20. Droz JP, Kramar A, Biron P et al.; Genito-Urinary Group of cisplatin dose intensity in poor-risk germ cell tumors: a Southeastern Cancer Study Group and Southwest Oncology Group protocol. J Clin Oncol 1991;9(7):1163-72. platinum-intensive chemotherapy regimen for poor prognosis germ cell tumours. Ann Oncol 1991;2(3):203-11. 5. Nichols CR, Catalano PJ, Crawford ED et al. Randomized an alternating regimen of PVB and BEP in patients with poorprognosis metastatic testicular non-seminoma; a randomised study of the EORTC Genitourinary Tract Cancer Cooperative Group. Br J Cancer 1995;71(6):1311-4. of the French Federation of Cancer Centers (GETUG). Failure of high-dose cyclophosphamide and etoposide combined with double-dose cisplatin and bone marrow support in patients with high-volume metastatic nonseminomatous germ cell tumours: mature results of a randomised trial. Eur Urol 2007;51(3):739-46. comparison of cisplatin and etoposide and either bleomycin or ifosfamide in treatment of advanced disseminated germ cell tumors: an Eastern Cooperative Oncology Group, Southwest Oncology Group, and Cancer and Leukemia Group B Study. J Clin Oncol 1998;16(4):1287-93. 6. Schmoll HJ, Kollmannsberger C, Metzner B; German Testicular Cancer Study Group. Long-term results of first-line sequential high-dose etoposide, ifosfamide, and cisplatin chemotherapy plus autologous stem cell support for patients with advanced metastatic germ cell cancer: an extended phase I/II study of the German Testicular Cancer Study Group. J Clin Oncol 2003;21(22):4083-91. 7. Hartmann JT, Gauler T, Metzner B et al.; German Testicular Cancer Study Group. Phase I/II study of sequential dose-intensified ifosfamide, cisplatin, and etoposide plus paclitaxel as induction chemotherapy for poor prognosis germ cell tumors by the German Testicular Cancer Study Group. J Clin Oncol 2007;25(36):5742-7. 8. Culine S, Kramar A, Théodore C et al.; Genito-Urinary Group of the French Federation of Cancer Centers Trial T93MP. Randomized trial comparing bleomycin/etoposide/cisplatin with alternating cisplatin/cyclophosphamide/doxorubicin and vinblastine/bleomycin regimens of chemotherapy for 12. De Wit R, Stoter G, Sleijfer DT et al. Four cycles of BEP versus 21. Motzer RJ, Nichols CJ, Margolin KA et al. Phase III ran- Treatment of men with metastatic non-seminomatous germ cell tumours with cyclical POMB/ACE chemotherapy. Ann Oncol 1997;8(5):477-83. domized trial of conventional-dose chemotherapy with or without high-dose chemotherapy and autologous hematopoietic stem-cell rescue as first-line treatment for patients with poor-prognosis metastatic germ cell tumors. J Clin Oncol 2007;25(3):247-56. 14. Kaye SB, Mead GM, Fossa S et al. Intensive induction- 22. Daugaard G, Skoneczna I, Aass N et al. A randomized 13. Bower M, Newlands ES, Holden L, Rustin GJ, Begent RH. sequential chemotherapy with BOP/VIP-B compared with treatment with BEP/EP for poor-prognosis metastatic nonseminomatous germ cell tumor: a Randomized Medical Research Council/European Organization for Research and Treatment of Cancer study. J Clin Oncol 1998;16(2):692-701. 15. Germà-Lluch JR, Garcia del Muro X, Tabernero JM et al. BOMP/EPI intensive alternating chemotherapy for IGCCC poorprognosis germ cell tumors: the Spanish Germ Cell Cancer Group experience (GG). Ann Oncol 1999;10(3):289-93. 16. Fizazi K, Prow DM, Do KA et al. Alternating dose-dense chemotherapy in patients with high volume disseminated non-seminomatous germ cell tumours. Br J Cancer 2002; 86(10):1555-60. phase III study comparing standard dose BEP with sequential high-dose cisplatin, etoposide, and ifosfamide (VIP) plus stemcell support in males with poor-prognosis germ cell cancer. An intergroup study of EORTC, GTCSG, and Grupo Germinal (EORTC 30974). Ann Oncol 2011;22(5):1054-61. 23. Fizazi K, Culine S, Kramar A et al. Early predicted time to normalization of tumor markers predicts outcome in poorprognosis nonseminomatous germ cell tumors. J Clin Oncol 2004;22(19):3868-76. 24. Mazumdar M, Bajorin DF, Bacik J, Higgins G, Motzer RJ, Bosl GJ. Predicting outcome to chemotherapy in patients with germ cell tumors: the value of the rate of decline of human chorionic gonadotrophin and alpha-fetoprotein during therapy. J Clin Oncol 2001;19(9):2534-41. agenda 11e Biennale monégasque de cancérologie Grimaldi Forum, Monaco Renseignements : www.biennalecancero2014.com Mercredi 29 janvier – samedi 1er février 2014 Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - no 4 - octobre-novembre-décembre 2013 147