Bac pro 3 ans :
Quel avenir pour les élèves de collège ?
Quelle orientation ?
Morbihan
Jusqu’à présent, un élève de troisième avait un large choix d’orientation entre une filière générale et
technologique et une filière professionnelle.
A la différence d’autres pays, l’enseignement professionnel public français ne s’est pas construit autour
de l’apprentissage, mais autour de l’idée qu’on pouvait apprendre un métier à l’école, et que cet
enseignement, différent, alliant culture générale et professionnalisation pouvait être vecteur
d’émancipation et de promotion sociale...
La filière professionnelle proposait donc un grand nombre de CAP, de BEP, formations diplômantes
de niveau V généralement reconnues par les conventions collectives. Les élèves titulaires d’un BEP ou
d’un CAP pouvait choisir de continuer en Bac professionnel (niveau IV) pendant deux ans, ce qui
permettait même à certains d’intégrer un BTS et donc d’obtenir un niveau III.
Ce parcours progressif permettait à nombre d’élèves en difficulté de reprendre confiance en eux, de
trouver une nouvelle motivation, et d’atteindre par ce biais un baccalauréat ayant dans bien des filières
une véritable reconnaissance dans le monde du travail (73% des titulaires d’un bac pro trouvent un
travail, contre 66% pour les autres baccalauréats...).
La généralisation du bac pro en trois ans, qui se prétend être une revalorisation de la voie
professionnelle, risque au contraire, de voir encore plus se dégrader les formations en Lycée
professionnel et technique. L’offre d’orientation va se réduire comme une peau de chagrin pour les
élèves de troisième. Le seul choix possible sera : Lycée général, CAP, Bac Pro 3ans.
En effet, l’existence de la voie technologique est plus que compromise avec la concurrence d’un bac pro
3 ans. Cela est d’autant plus vrai que le ministère envisage de réduire le nombre de bac pro. Ainsi, des
69 existants actuellement, il ne devrait en rester qu’une vingtaine... issus de regroupements de divers
spécialisations dans un tronc commun généraliste.
Les conséquences seront :
- Une offre limitée de formations et d’effectifs...
- Une orientation contrainte et forcée en CAP pour des élèves qui auraient pu auparavant aller
en BEP et poursuivre en bac pro.
- Un développement non négligeable de l’apprentissage niveau CAP... Ce qui correspond aux
volontés patronales. Nombre de sections des CFA ne parviennent pas à faire le plein malgré la
publicité autour de cette « voie de la réussite »...
Cette régression s’inscrit dans la réforme des collèges où nombre de matières vont devenir
optionnelles. Il ne restera plus qu’un socle minimum de connaissances pour les élèves les plus
en difficultés. Il s’agit d’un nivellement par le bas que recherche le MEDEF qui a besoin d’une
main d’uvre corvéable à merci. L’alignement de l’enseignement professionnel sur
l’enseignement général : même nombre d’année, même appellation n’est qu’un leurre !
Les diplômes seront remplacés par des certifications. L’État continue sa politique de
désengagement vis-à-vis de l’éducation nationale.
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