Correspondances en Onco-hématologie - Vol. V - n° 2 - avril-mai-juin 2010
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dossier thématique
Coordinatrice : M.C. Béné
un âge médian de 39 ans. Comme dans d’autres
études, une reconstitution précoce du taux global
de lymphocytes à J30 était significativement asso-
ciée à une meilleure survie globale en analyse
univariée (p < 0,001) mais aussi en analyse multi-
variée (p = 0,01), démontrant le caractère indé-
pendant en termes de facteur pronostique de ce
paramètre. De même, une reconstitution précoce
du taux de NK après allogreffe analysée à J60 est
associée dans cette étude à une meilleure survie
globale et sans progression en analyses univariée
(p = 0,01 ; p = 0,01) et multivariée (p = 0,007 ;
p = 0,002). L’impact pronostique favorable est
également observé pour les patients ayant une
reconstitution rapide des T CD4 (analyse à 6 et
12 mois), alors que la reconstitution T CD8 n’in-
fluence pas la survie. La reconstitution T et NK
n’est pas influencée par un sous-type particulier
d’hémopathies. Cette étude confirme l’influence
favorable en termes de survie d’une reconstitution
précoce lymphocytaire T globale et CD4 après allo-
greffe, mais démontre aussi qu’une reconstitution
NK précoce est peut-être encore plus favorable.
Il reste à préciser les facteurs influençant cette
reconstitution afin de pouvoir éventuellement
intervenir pour la potentialiser.
S. Giebel et al. (8) ont étudié chez 83 patients
ayant reçu une greffe myéloablative matchée
T-déplétée de donneur familial (n = 32) ou non
familial (n = 51), ainsi que chez les donneurs,
l’expression sur les cellules NK des récepteurs
KIR2DL1, KIR2DL2/3, KIR3DL1, NKG2A et la
reconstitution lymphocytaire T et B jusqu’à 1 an
après la greffe. Le pourcentage médian de cel-
lules NK exprimant KIR2DL1 augmente au fil du
temps, mais reste significativement en dessous
de celui observé chez les donneurs, qui se situe
aux alentours de 20 % (4,7 %, 5,6 %, 5,9 %, 9,1 %
et 12,6 % à 1 mois, 2 mois, 3 mois, 6 mois et 1 an
après allogreffe). La proportion de cellules NK/
KIR2DL1 post-greffe dépend du type de greffon
utilisé. Elle est plus importante à 1 mois chez les
patients ayant reçu des cellules souches péri-
phériques que chez ceux ayant reçu un greffon
médullaire (p = 0,02). Le pourcentage des cellules
exprimant KIR2DL2/L3 est significativement infé-
rieur à celui observé chez le donneur (≃ 25 %)
jusqu’à J100 avant de se normaliser aux valeurs du
donneur. Curieusement, l’expression de KIR3DL1
diminue progressivement au cours du temps,
alors qu’elle est normale (≃ 18 %) à 1 mois. De
même, l’expression de NKG2A, très élevée initia-
lement (90 % à 1 mois), diminue au fil du temps
pour rejoindre le taux normal observé chez le
donneur (≃ 47 %) à 1 an. L’expression de NKG2A
est également influencée par le type de greffon
(supérieure en cas de greffon médullaire) et par
le fait d’avoir reçu ou non des corticoïdes après la
greffe (60 % versus 48 % [p = 0,04]). Cette étude
démontre qu’il existe des profils différents de
reconstitution des récepteurs KIR après la greffe
et que les traitements reçus après la transplan-
tation peuvent influencer cette reconstitution.
✔
Alloréactivité NK et greffe de sang placen-
taire (CBT)
Le modèle de la greffe placentaire — où une com-
patibilité CMH parfaite n’est pas nécessaire du fait
de la présence de cellules T naïves non éduquées
dans le greffon — représente un domaine de choix
pour l’étude de l’alloréactivité NK. Néanmoins,
celle-ci a été peu explorée dans le contexte des
greffes de sang de cordon (9).
Deux abstracts se sont focalisés sur cette ques-
tion à l’ASH 2009 (10, 11). A. Ruggeri et al. (10)
ont analysé l’impact d’une alloréactivité NK
favorable dans le sens GVH dans une cohorte
de 137 patients, composée essentiellement
d’enfants (n = 124 ; âge médian : 3 ans) por-
teurs d’hémopathies non malignes et recevant
une greffe placentaire à conditionnement myé-
loablatif (48 %) ou atténué (52 %). Pour 23 % et
22 % des patients, il existait une incompatibilité
ligand/ligand intéressant les molécules HLA de
classe I des groupes 1 ou 2 dans le sens GVH et
dans le sens rejet. Cette étude démontre que ni la
prise de greffe ni la survie ne sont influencées par
l’incompatibilité NK ligand/ligand. L’incidence de
GVH aiguë était de 21 %, et seuls 10 % des patients
avec un mismatch NK ligand/ligand favorable
ont présenté une GVH aiguë de grade II-IV. De
manière intéressante, cette étude démontre que
dans ce contexte d’hémopathies non malignes,
l’alloréactivité NK joue probablement un faible
rôle, contrairement à ce qui est observé dans les
cancers hématologiques, en particulier la LAM.
Les auteurs concluent que la caractérisation du
mismatch NK ligand/ligand ne doit pas interve-
nir dans le choix du greffon placentaire dans ce
contexte.
L. Farnault et al. (11) se sont intéressés à la
réponse immune NK chez des enfants présentant
une infection virale à cytomégalovirus (CMV) ou
Epstein-Barr virus (EBV) après une greffe placen-
taire. Ils démontrent que les NK sont alors forte-
ment activées, avec une surexpression de NKG2A
et NKG2C, mais aussi de CD57 ; cette activation ne
se traduit cependant pas par une clairance virale.