Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume VI, n° 3, mai-juin 2002
rait d’union entre hormone et actions physiologiques, le récepteur prend, sur un
mode célérissime, une place d’importance grandissante dans de multiples
domaines de l’endocrinologie : domaines physiologique, physiopathologique, dia-
gnostique, pronostique et, enfin, thérapeutique.
Le concept basique associant un récepteur à une hormone a, depuis longtemps, volé
en éclats. Nombre d’hormones peptidiques agissent en effet à travers moultes sous-
variétés de récepteurs, chacune étant vectrice d’effets hormonaux différenciés, spéci-
fiques du ou des tissus cibles au sein du ou desquels elle est exprimée. Les hormones
se liant à des récepteurs endocellulaires et agissant comme facteurs de transcription
n’échappent plus à cette règle. Des sous-types de récepteurs, médiant des effets dif-
férenciés, ont été mis en évidence pour une majorité de stéroïdes hormonaux et pour
les hormones thyroïdiennes. Ces dernières sont parfaitement illustratives, par la variété
de leur système de réception cellulaire et de ses implications en physiologie et physio-
pathologie. L’excellent article de V. Vlaeminck-Guillem et J.L. Wémeau fait le point
sur les avancées les plus récentes concernant les différentes formes des récepteurs
nucléaires des hormones thyroïdiennes, leurs actions physiologiques, en tant qu’ago-
nistes ou, au contraire, antagonistes, et leur implication potentielle dans des modèles
pathologiques aussi variés que l’insensibilité aux hormones thyroïdiennes, les adé-
nomes hypophysaires ou les cancers. En outre, ils soulignent que la T3 est susceptible
d’exercer des effets par d’autres voies, impliquant des récepteurs mitochondriaux
d’une part, des récepteurs membranaires d’autre part, rejoignant, sur ce dernier point,
ce qui paraît de plus en plus vraisemblable pour les hormones stéroïdes.
La dimérisation des récepteurs est une étape nécessaire à la transmission de nombreux
messages hormonaux au sein de la cellule cible. L’importance de la constitution d’ho-
modimères de récepteurs membranaires est bien illustrée par les résultats de l’utilisa-
tion d’antagonistes hormonaux comme le pegvisomant. Sans effet physiologique
propre, cet antagoniste peptidique de la GH s’oppose à la liaison de la GH à ses récep-
teurs, à leur dimérisation et, ainsi, à ses effets physiologiques. On imagine aisément
l’intérêt thérapeutique d’une telle approche. L’hétérodimérisation des récepteurs est
un processus bien décrit pour les hormones thyroïdiennes. C’était en apparence un
phénomène moins courant pour les récepteurs à sept domaines transmembranaires
exprimés à la surface cellulaire. Des modèles in vitro avaient néanmoins suggéré que
de telles associations hétérodimériques étaient possibles, soit entre les sous-types de
récepteurs d’une même hormone (somatostatine, par exemple), soit, même entre
récepteurs d’hormones différentes (somatostatine et dopamine, par exemple). Les
effets de la liaison du ligand à cet hétérodimère apparaissent alors très particuliers. Ce
phénomène d’hétérodimérisation des récepteurs à sept domaines transmembranaires
et ses conséquences potentielles sont remarquablement décrits dans l’article de
V. Contesse, deuxième partie de ce dossier thématique de réceptologie.
L’existence d’altérations fonctionnelles des récepteurs hormonaux comme mécanisme
physiopathologique d’affections endocriniennes est connue depuis la description de
mutations inactivatrices – ou au contraire activatrices – de récepteurs physiologique-
ment exprimés par les tissus cibles. Les trois excellents volets de ce dossier abordent
chacun des aspects particuliers de l’implication des récepteurs hormonaux dans des
cadres pathologiques aussi variés que tumorigenèse (V. Vlaeminck-Guillem et
J.L. Wémeau), l’hypertension artérielle prééclampsique (V. Contesse) ou l’expression
Éditorial
De l’intérêt
grandissant pour
les récepteurs,
illégitimes
ou non
J.M. Kuhn*
* Service d’endocrinologie et maladies
métaboliques, hôpital de Bois-Guillaume,
CHU de Rouen.
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T
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illégitime de récepteurs surrénaliens (I. Bourdeau et A. Lacroix). Cette dernière
terminologie sous-entend soit la surexpression de récepteurs eutopiques, ce qui rend
un tissu anormalement sensible à un stimulus physiologique, soit l’expression de
récepteurs aberrants, ce qui fait acquérir au tissu en question une sensibilité anormale
à un ou plusieurs facteurs avec lesquels il n’a aucun lien physiologique connu. La mise
en évidence de ce type de processus physiopathologique est à la fois d’un haut intérêt
intellectuel et une ouverture vers de nouvelles approches thérapeutiques.
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