Algèbre 07 – Groupe linéaire d’un espace vectoriel de dimension finie E ; sous-groupes de GL(E). Applications. Soit E un K-espace vectoriel de dimension n ≥ 1. 1. Sous-groupes remarquables du groupe linéaire Définition. Le groupe linéaire GL(E) de E est le groupe des endomorphismes inversibles de L(E). On identifie GL(E) avec le groupe GLn (K) des matrices A ∈ Mn (K) inversibles i.e. de déterminant non nul. Remarques. Si K = R ou C alors – GLn (K) est un ouvert dense de Mn (K), – A 7→ A−1 et (A, B) 7→ AB sont continues. Application. Si A, B ∈ Mn (R) alors χAB = χBA . Remarque. GLn (C) est connexe par arcs mais GLn (R) n’est pas connexe. Définition. On appelle groupe spécial linéaire de E et on note SL(E) le noyau de det : GL(E) → K∗ i.e. le groupe des endomorphismes de E de déterminant 1. 2. Générateurs et centre Définition. Soit f ∈ GL(E) avec f 6= idE et H un hyperplan de E stable f avec f|H = idH . On dit que f est une dilatation d’hyperplan H et de rapport λ 6= 1 s’il existe une base dans laquelle la matrice de f soit diag(1, . . . , 1, λ). Proposition. Deux dilatations sont conjuguées dans GL(E) si et seulement si elles ont même rapport. Définition. Soit f ∈ GL(E) avec f 6= idE et H = ker ψ un hyperplan de E stable f avec f|H = idH . On dit que f est une transvection d’hyperplan H et de droite hai s’il existe une base dans laquelle la matrice de f soit 1 .. . 1 i.e. si f (x) = x+ψ(x)a pour tout x ∈ E. 1 Exemple. 1 0 1 1 est une matrice de transvection. Proposition. Deux transvections sont conjuguées dans GL(E) et, si n ≥ 3, sont conjuguées dans SL(E). 1 λ 1 µ et sont conjuguées Remarque. La suite 1 → SLn (K) → GLn (K) → Remarque. 0 1 0 1 K∗ → 1 est exacte et on a GLn (K) ' SLn (K) o K∗ . −1 dans SL2 (K) si et seulement si λµ est un carré de K Définition. On appelle respectivement groupes ortho- Application. Z(GL(E)) est l’ensemble des hogonal, spécial orthogonal, unitaire et spécial unitaire, les mothéties de rapport λ ∈ K∗ ; Z(SL(E)) est celui des groupes homothéties de rapport une racine nè de l’unité dans K. t −1 – O(n) = {A ∈ GLn (R) ; A = A }, Remarque. Notons P GL(E) = GL(E)/Z(GL(E)) et – SO(n) = {A ∈ O(n) ; det A = 1}, P SL(E) = SL(E)/Z(SL(E)) ; si K est algébriquement – U(n) = {A ∈ GLn (C) ; A∗ = A−1 } et clos alors P GL(E) ' P SL(E) – SU(n) = {A ∈ U(n) ; det A = 1}. Théorème. Toute matrice A ∈ GLn (K) s’écrit sous la Remarque. O(n) et U(n) sont compacts mais pas forme A = τ · · · τ δτ · · · τ où les τ sont des transvec1 q 1 s i {A ∈ Mn (C); t A = A−1 }. tions et δ est une dilatation de rapport det A. On identifie SL(E) avec le groupe SLn (K) des matrices A ∈ Mn (K) de déterminant 1. Proposition. Si A ∈ O(n) alors il existe P ∈ O(n) et 0 < θ1 ≤ · · · ≤ θr < π tels que où Rθj P −1 AP = diag(Ip , −Iq , Rθ1 , . . . , Rθr ) cos θj sin θj = . − sin θj cos θj Corollaire. Les transvections engendrent SL(E). Les transvections et les dilatations engendrent GL(E). Application. GLn (R) a deux composantes connexes homéomorphes : GL+ n (R) = {A ∈ Mn (R); det A > 0} et + GL− (R) = {A ∈ M n (R); det A < 0}. De plus, GLn (R) n − et GLn (R) sont connexes par arcs. Application. O(n) a deux composantes connexes : Proposition. D(GL(E)) = D(SL(E)) = SL(E) sauf D(GL(F22 )) = D(SL(F22 )) ' A3 et D(SL(F23 )) ' H8 SO(n) et O− (n). Application. P SL(E) est simple si E 6= F22 et F23 . Proposition. Si A ∈ U(n) alors il existe P ∈ U(n) telle que P ∗ AP = diag(eiθ1 , . . . , eiθn ). 3. Le groupe orthogonal Application. U(n) et SU(n) sont connexes par arcs. Théorème de Burnside-Schur. Soit G un sous- Proposition (décomposition polaire). L’application groupe de GLn (C) alors : O(n) × Sym++ (n) → GLn (R), (O, S) 7→ OS G fini ⇐⇒ G d’exposant fini est un homéomorphisme. ⇐⇒ G de torsion et de type fini On a un résultat analogue pour (O, S) 7→ SO. La Exemple. Si G est un sous-groupe de GLn (C) d’expo- décomposition persiste sur Mn (K) mais sans l’unicité. sant 2 alors il existe k ≤ n tel que G ' (Z/2Z)k . Application. O(n) est un sous-groupe compact maximal de GLn (R). Application. Si GLn (C) ' GLm (C) alors n = m. Application. Deux matrices unitairement semblables de Mn (R) sont orthogonalement semblables. Application. L’enveloppe convexe de O(n) dans Mn (R) est la boule unité fermée (pour la norme ||| |||2 induite par la norme euclidienne de Rn ). Exemple. Si G est fini et (eh )h∈G est une base de E = C|G| , on pose ρ(g)(eh ) = egh , alors ρ est appelé représentation régulière de G. Exemple. Une représentation d’un groupe abélien est irréductible si et seulement elle est de degré 1. Corollaire. Pour tout A ∈ GLn (R), il existe Ω1 , Ω2 dans O(n) et D diagonale à coefficients strictement positifs telles que A = Ω1 DΩ2 . √ Application. d(M, O(n)) = t M M − I 4.3. Utilisation des matrices transvections au changement de base. On note Ei,j la matrice de Mn (R) dont tous les coefficients sont nuls sauf celui à la place (i, j) qui vaut 1. Alors, multiplier A ∈ Mn (R) 2 par I + αEi,j Proposition. Z(O(n)) = {±I} – à droite permet de remplacer la colonne cj par cj +αci Z(SO(n)) = {±I} si n est pair et {I} si n est impair – à gauche permet de remplacer la ligne li par li + αlj Remarque. SO(2) ' U est commutatif ; cela permet Pour échanger deux lignes k et `, on multiplie à gauche par (δi,τ (j) )i,j où τ est la transposition (k `). la définition des angles orientés. Proposition. Tout élément de O(n) est produit d’au Application. Si Λ est un sous-réseau de rang m d’un n plus n réflexions ; tout élément de SO(n) est produit réseau Γ de R alors il existe e1 , . . . , en et d1 , . . . , dn ∈ ∗ N , avec dj divise dj+1 , tels que Γ = Ze1 ⊕ · · · ⊕ Zen et d’au plus n renversements. Λ = Zd1 e1 ⊕ · · · ⊕ Zdm em . Application. SO(3) est simple. Application (méthode de Gauss). Si A ∈ Mn (R) alors Proposition. Tout sous-groupe compact de GLn (R) est il existe P ∈ GLn (R) avec P A triangulaire supérieure. conjugué à un sous-groupe de O(n). √ Proposition. On a min |||M |||2 = n et ce mini- Application (factorisation LU ). Soit A = (ai,j )1≤i,j≤n M ∈SLn (R) telle que (ai,j )1≤i,j≤k ∈ GLk (R) pour tout 1 ≤ k ≤ n. mum est réalisé exactement en SO(n). Alors A = LU avec L triangulaire inférieure à coefficients diagonaux égaux à 1 et U triangulaire supérieure. 4. Quelques applications 4.4. Classification des réseaux du plan. On identifie le plan R2 à C, on note P le demi-plan {z ∈ 4.1. Groupes d’isométries. C; Im z > 0} et on considère le groupe modulaire 2 }. On Proposition. Les sous-groupes finis de SO(3) sont iso- P SL2 (Z) ' SL 2 (Z)/{±I rappelle que SL2 (Z) est 0 −1 1 1 morphes à Z/nZ, Dn/2 , A4 , S4 ou A5 . engendré par et . 1 0 0 1 Remarque. A4 est le groupe du tétraèdre. Proposition. L’action de P SL2 (Z) sur P définie par S4 est le groupe du cube et de l’octaèdre. A5 est le groupe de l’icosaèdre et du dodécaèdre. az + b a b ·z = c d cz + d 4.2. Représentations linéaires. Définition. Soit G un groupe et E un C-e.v. (i) Une représentation linéaire de G est un morphisme ρ : G → GL(E) ; si dim E = n alors n est appelé degré de la représentation. (ii) Un sous-espace F de E est G-invariant si F est stable par tout ρ(g) ; si on pose ρ|F = ρ(g)|F alors ρ|F : G → GL(F ) est une sousreprésentation. (iii) ρ est irréductible si E et {0} sont les seuls sousespaces G-invariants. L (iv) ρ est totalement décomposable si E = Ei avec i∈I chaque Ei G-invariant et ρ|Ei irréductible. Proposition (Maschke). Si ρ est une représentation d’un groupe fini G et si F est G-invariant alors F admet un supplémentaire G-invariant. Proposition (Schur). Si ρ est une représentation irréductible de G alors les endomorphismes u ∈ L(E) qui commutent avec tous les ρ(g) sont les homothéties. Proposition (Weyl). Une représentation continue d’un groupe topologique compact est totalement décomposable. Exemple. Les représentations de degré 1 d’un groupe fini G sont les morphismes G → U. admet pour transversale le domaine D0 défini par – soit − 12 ≤ Re z < 21 et |z| > 1, – soit − 21 ≤ Re z ≤ 0 et |z| = 1. Proposition. À C∗ -homothétie près, les réseaux du plan sont en bijection avec D0 . Développements Théorème de Burnside-Schur. Sous-groupes compacts de GLn (R). Sous-groupes finis de SO(3). Références [1] M. Alessandri, Thèmes de géométrie. Groupes en situation géométrique, Dunod, 1999. [COM] F. Combes, Algèbre et géométrie, Bréal, 1998. [2] R. Goblot, Algèbre commutative, Masson, 1996. [3] R. Mneimné et F. Testard, Groupes de Lie classiques, Hermann, 1986. [4] D. Perrin, Cours d’algèbre, Ellipses, 1996. [5] J.-E. Rombaldi, Thèmes pour l’agrégation de mathématiques, EDP Sciences, 1999. [6] J.-P. Serre, Représentations linéaires des groupes finis, Hermann, 1998.