SOMMAIRE La cholécystectomie cœlioscopie avec sphinctérotomie endoscopique per-opératoire sans lithiase de la voie biliaire principale S.ROHR, B.ROMAIN, C.BRIGAND, N. CHILINTSEVA Lithiase de la voie biliaire principale le tout coelioscopique F. RECHE, A. TUDOR, C. LETOUBLON, C. ARVIEUX Lithiase de la voie biliaire principale de rencontre. Que Faire ? A. AYAV FCC 5 LA LITHIASE DE LA VOIE BILIAIRE PRINCIPALE EN 2010 LA CHOLECYSTECTOMIE CŒLIOSCOPIE AVEC SPHINCTEROTOMIE ENDOSCOPIQUE PER-OPERATOIRE SANS LITHIASE DE LA VOIE BILIAIRE PRINCIPALE S. ROHR , B. ROMAIN, C.BRIGAND, N. CHILINTSEVA La relative difficulté de la réalisation d’une extraction de calculs cholédociens par cholédocotomie fait par cœlioscopie et l’impossibilité dans environ 1/3 des cas d’extractions de calculs cholédociens par le canal cystique a fait proposer de réaliser lors du même temps opératoire une cholécystectomie par cœlioscopie et une sphinctérotomie endoscopique per-opératoire. Faisabilité succès de la méthode Plusieurs études ont montré la faisabilité de la méthode avec un taux de vacuité de la voie biliaire de 92 à 100% (1, 2, 3, 4). La technique de la sphinctérotomie endoscopique est d’autant plus fiable que le geste de sphinctérotomie endoscopique est fait par un endoscopiste entraîné et que sont associées des techniques de repérage de la papille et de guidage de l’endoscope vers le cholédoque. La technique qui nous parait la plus efficiente a été décrite par Cavina (2) avec des modifications détaillées par Enochsson(1) L’artifice consiste à introduire un guide par la cystique qui traverse la papille et qui est récupéré par le duodénoscope permettant un bon positionnement du sphinctérotome. La sphinctérotomie pour être plus efficace peut être associée à des techniques de litothritie voir de pose temporaire de stent. Avantages de la méthode Cette approche évite les ERCP inutiles pouvant être responsable de pancréatite aiguë avec une incidence de 1 à 13% ( 5,6) Le pourcentage d’ERCP inutiles peut atteindre 10% même avec des critères cliniques et échographiques très stricts (7). La cholangio-IRM faite devant un doute diagnostique n’empêchera pas des ERCP inutiles, ayant une sensibilité de 93 à 100% et une spécificité variant de 73 à 100% selon les séries (8) L’avantage principal est de pouvoir faire le geste lors d’une seule anesthésie générale comme lors de la réalisation d’une cholécystectomie et d’une cholédocotomie Par ailleurs, la durée d’hospitalisation (en dehors de complications) est courte presque identique à une cholécystectomie par cœlioscopie (1,4) Le diamètre des calculs n’est pas un obstacle à la technique, de même que le nombre de calculs. L’existence de très nombreux calculs peut amener à poser une prothèse provisoire avec un contrôle ultérieur. La taille du cholédoque constitue une difficulté à la réalisation de la SE per-opératoire. Comparativement à une cholédocotomie, le risque paraît moindre. FCC 5 LA LITHIASE DE LA VOIE BILIAIRE PRINCIPALE EN 2010 Limites de la méthode Les limites de la méthode sont secondaires éventuellement à des particularités anatomiques, papille située bas dans le 2ème duodénum, papille éventrée, diverticule duodénal, présence d’un calcul enclavé au dessus de la papille, antécédents de gastrectomie de type Billroth, sténose bulbaire ou duodénale. Les échecs dus à ces particularités anatomiques sont de l’ordre de 2 à 4% (9). Ce taux est faible. Néanmoins, un échec de SE per-opératoire signifie une nette augmentation du temps opératoire du fait de la nécessité secondaire d’une cholédocotomie soit par cœlioscopie soit par laparotomie. Ces échecs pourraient être majorés par la réalisation de la sphinctérotomie endoscopique en décubitus dorsal ou en décubitus latéral (4) Les méthodes d’extraction habituelles par sphinctérotomie endoscopique ne libèrent complètement les voies biliaires que dans 85 à 90%. ( 8) Par ailleurs l’extraction des calculs volumineux nécessitera des techniques associées de litothritie mécanique ou électrique de réalisation souvent délicate, faite par un endoscopiste très entraîné. La réalisation d’un traitement séquentiel peropératoire dépend directement d’une bonne collaboration entre le chirurgien et l’endoscopiste. L’endoscopiste doit être très disponible en sachant que la sphinctérotomie endoscopique ne sera réalisée dans des cas sélectionnés qu’une fois sur deux (4). Nous avions étudié l’évolution du traitement séquentiel dans le service (4). De 1994 à 1995, 6% de traitement en 1 temps de lithiase du cholédoque était réalisé sur un total de 110 patients, ce pourcentage était de 38% de 1996 à 1997 sur un total de 97 patients ; dans la période plus actuelle de 2008 à 2009, ce pourcentage était de 4% sur un total de 72 patients. Inconvénients de la méthode Les inconvénients de la méthode sont liés à la réalisation de la sphinctérotomie endoscopique. Les complications de la sphinctérotomie endoscopique ont une incidence de 5 à 13% avec une mortalité liée au geste inférieur à 1% (8). Les complications du cathétérisme rétrograde associé à une sphinctérotomie endoscopique sont à type de pancréatite aiguë ( 2 à 6%), d’hémorragie de la papille ( 1 à 3%) d’ infection biliaire ( 1.5 à 3%) de perforation duodénale ( 0.5 à 1%) Les complications tardives sont à type de récidive de la LVBP, de sténose de la sphinctérotomie endoscopique et/ou d’angiocholite par reflux. L’incidence de ces complications varie de 5 à 18%, ce taux étant d’autant plus élevé que les patients sont suivis plus de 10 ans (8). Cette méthode séquentielle est en concurrence avec la réalisation d’une sphinctérotomie endoscopique préopératoire. Une étude prospective randomisée récente comparant 2 x 100 patients a répondu à cette question (9). Il n’y avait aucune différence en terme de lithiase résiduelle, de temps opératoire et de complications. La seule différence concerne le temps d’hospitalisation (groupe SE perop + VSC = 1.3 j en moyenne (1-4 j), groupe SE postop + VSC = 3 jours en moyenne ( 2-11). Aucune étude prospective randomisée n’a comparé cette technique à la cholédocotomie idéale ou à la cholécystectomie avec sphinctérotomie postopératoire. FCC 5 LA LITHIASE DE LA VOIE BILIAIRE PRINCIPALE EN 2010 Conclusions Cette approche en un temps nous semble utile et efficace en évitant des cholangiograhies rétrogrades inutiles et dangereuses avec une durée d’hospitalisation très courte en dehors de complications. Néanmoins, les cholangiographies rétrogrades inutiles préopératoires ont régressé avec les progrès de l’imagerie par résonance magnétique. Cette approche n’est toutefois pas dénuée de complications qui peuvent être graves. De ce fait, la cholédocotomie coelioscopique nous paraît être d’une grande utilité en présence d’une voie biliaire principale dilatée. La limite majeure de la technique nous semble être la disponibilité de l’endoscopiste. Pour pallier à cet inconvénient, il nous semblerait intéressant de former des chirurgiens à cette technique, comme dans des pays voisins (Allemagne ou Italie). FCC 5 LA LITHIASE DE LA VOIE BILIAIRE PRINCIPALE EN 2010 1) Enochsson L, Lindberg B, Swahn F etal Intraoperative endoscopic retrograde cholangiopancreatography (ERCP) to remove common bile duct stones during routing laparoscopic cholecystectomy does not prolong hospilization Surg End 2004; 18: 367-371 2) Cavina E, Framceschi M, Sidoti F etal laparoendoscopic “rendez-vous” a new technique in the choledocolothiasis treatment Hepatogastroenterology 1998; 45: 1430-1435 3) Iodice G, Giardiello C, Francica G etal Single-step treatment of gallbladder and bile duct stones : a combined endoscopic-laparoscopic technique Gastrointest Endosc 2001; 53 : 336-338 4) Meyer C, Vo Huu Le J, Rohr S etal Management of common bile duct stones in a single operation combining laparoscopic cholecystectomy and perioperatoire endoscopic sphincterotomy Surg Endosc 1999; 13: 874-877 5) Dickinson RJ, Davies S Post ERCP pancreatits and hyperamylasenia : the role of operative and patients factors En J Gastroenterol Hepatol 1998; 10: 423-428 6) Poon RT, Yung C, Lo CM etal Prophylactic effect of somatotastin on post ERCP pancreatits a randomized controlled trial Gastroint Endosc 1999; 49 : 593-598 7) Coppola R, Riccioni ME, Ciletti S et al Selective use of endoscopic retrograde cholangio pancreatography to facilitate laparoscopic cholecystectomy without cholangiography = a review of 1139 consecutive cases Surg Endosc 2001; 15: 1213-1216 8) Gayal F, Millat B Lithiase de la voie biliaire principale Rapport AFC , collection Arnette, Paris 1999 9) Ahmed AE, Gamal KE, Yussef Pn Preoprative versus intraoperative endoscopic sphincterotomy for management of common bile duct stones Surg Endosc published online 17 sept. 2010 FCC 5 LA LITHIASE DE LA VOIE BILIAIRE PRINCIPALE EN 2010 LITHIASE DE LA VOIE BILIAIRE PRINCIPALE LE TOUT COELIOSCOPIQUE Dr Fabian RECHE, Dr Alexandru TUDOR, Pr Christian LETOUBLON, Pr Catherine ARVIEUX. Clinique Universitaire de Chirurgie Digestive et de l’Urgence BP 217, 38043 CHU Grenoble 9 Introduction Environ 10% des patients devant subir une cholécystectomie présentent une lithiase de la voie biliaire principale (LVBP). Dans cette situation le traitement définitif comporte donc, en plus de la cholécystectomie, l’obtention de la vacuité complète du cholédoque. Sur le plan historique il est aussi intéressant de noter qu’avant l’ère de la coelioscopie, le traitement chirurgical d’une lithiase de la VBP était réalisé dans le même temps de la cholécystectomie dans plus de 90% des cas. Depuis, dans la majorité des équipes, les pratiques ont radicalement évoluées avec un abandon progressif du dogme du traitement en un temps de la maladie lithiasique au profit de l’extraction endoscopique par cholangiographie rétrograde endoscopique (CPRE) des LVBP. Parallèlement, les techniques de détection préopératoire sont devenues de plus en plus sophistiquées (Bili-IRM) tout comme le matériel permettant de réaliser une endoscopie biliaire et d’extraire des lithiases avant ou après la cholécystectomie. Le rapport Cochrane datant de 2006 (MARTIN, Cochrane Database Rev 2006) a comparé les résultats de la chirurgie et de la CPRE dans le traitement de la LVBP. Il relève que la chirurgie était supérieure à la CPRE en matière d’efficacité à l’époque de la laparotomie mais que les résultas étaient comparables depuis l’avènement de la cholécystectomie par laparoscopie. L’abord combiné peropératoire associant laparoscopie et CPRE (IODICE, Gastrointest Endosc 2001, GHAZAL Int J Surg 2009) permet de ne plus exposer au dilemme du choix entre les deux techniques et est désormais adopté dans certains pays avec d’excellents résultats en terme de coût et d’efficacité (ENOCHSSON Surg Endosc 2004, FERNANDEZ Int Surg 2003) Série du CHU de Grenoble De mars 2004 à Juin 2010, chez 85 patients opérés d’une cholécystectomie dans la Clinique Universitaire de Chirurgie Digestive et de l’Urgence du CHU de Grenoble il a été suspecté en préopératoire ou il a été découvert sur la cholangiographie per-opératoire (CPO) une LVBP. 47 patients (55%) avait été opérés par laparoscopie première. Il y avait 33 femmes et 14 hommes d’un age moyen de 59 ans (min 22/max 93). - Chez 24 patients (51%), le traitement de la lithiase a été « tout laparoscopique ». La durée moyenne d’intervention était de 208 minutes (min 105 / max 370). Chez 2 patients, l’extraction de la lithiase s’est faite par voie trans-cystique. Chez les 22 autres patients l’extraction s’est faite par cholédocotomie, puis suture cholédocienne sur drain de Kehr chez 13 patients (59%), sur drain trans-cystique chez 6 patients (27%) sans drainage biliaire chez 3 patients (14%). Des complications sont survenues chez 8 patients (33%), sans mortalité. Il s’agissait de 3 fistules biliaires (dont une ayant nécessité d’un lavage-drainage par coelioscopie), d’une collection abdominale et une sepsis à gram (-) traité par antibiothérapie, d’une lithiase résiduelle traitée par CPRE, d’un épanchement pleural, et d’un hématome de paroi pour saignement sur orifice de trocart. La durée moyenne de l’hospitalisation était de 7,6 jours (1-38 jours). - Chez 16 patients (34 %) il a été réalisé une conversion en laparotomie dont les causes étaient : Des difficultés dans la dissection due à des phénomènes inflammatoires importants : 9 patients, une hémorragie au niveau du pédicule hépatique : 2 patients, une plaie du grêle : 1 patient, une sonde de Dormia incarcérée : 1 patient, un problème technique (cholédoscope flexible non disponible) : 1 patient, un calcul intra hépatique : 1 patient et disposition anatomique de la voie biliaire : 1 patient. FCC 5 LA LITHIASE DE LA VOIE BILIAIRE PRINCIPALE EN 2010 - Chez 7 patients il existait un doute ou une décision de non traitement de la LVBP et un drain trans-cystique a été laissé en place : 3 patients ont bénéficié d’une CPRE associé à une sphinctérotomie devant la confirmation d’une LVBP. Discussion Notre expérience dans le traitement tout coelioscopique de la LVBP montre que cette technique est faisable sur le plan technique, à condition de disposer d’une installation et d’un matériel adéquats, permettant de réaliser un cholangiogramme, une cholédocotomie, une cholédoscopie et une extraction des lithiases. L’extraction par voie trans-cystique n’a été possible que chez 10% des patients de notre série alors qu’elle est réalisée au moins chez la moitié des patients dans la plupart des séries publiées (NATHANSON, Ann Surg 2005). La durée moyenne d’une intervention associant une cholécystectomie à une extraction dune lithiase de la VBP était de 208mn dans notre série. Une augmentation de 50 à 100% de la durée opératoire par rapport à une cholécystectomie standard est retrouvée dans la littérature, y compris dans les centres expérimentés (PETELIN, Surg Endos 2003). En ce qui concerne les complications, la mortalité de notre série est nulle, mais le taux de complication chirurgicale élevé (33%), ce qui est retrouvé dans d’autre étude randomisée où la morbidité chirurgicale de la cholédocotomie par laparoscopie est de 17% (NATHANSON, Ann Surg 2005). La mortalité est plus élevée (1%) et le taux de complication chirurgicale (7%) plus faible dans la série de PETELIN où un seul opérateur a réalisé plus de 3000 cholécystectomies avec extraction de 326 lithiases de la VBP. Dans les séries rapportant l’expérience de l’approche combinée laparoscopie + CPRE peropératoire la durée opératoire n’est prolongée que de 20%, la morbidité est inférieure à 10% et la clairance du cholédoque obtenue dans 100% des cas (IODICE, Gastrointest Endosc 2001, FERNANDEZ, Int Surg 2003, ENOCHSSON Surg Endosc 2004, GHAZAL Int J Surg 2009). Pour résumer, les arguments en faveur et contre les différentes approches devant une LVBP sont résumés dans le tableau suivant : Traitement Avantages Inconvénients CPRE Pas de suture de la VBP Risque de pancréatite Risque de cholécystite (si pré-op) Risque d’hémorragie Deux anesthésies Durée totale d’hospitalisation prolongée Si impossibilité d’extraction de la lithiase, nécessité nouvelle anesthésie. Traitement Traitement en un Allongement du temps opératoire (X2) laparoscopique temps Drainage prolongé (trans-cystique, Kehr) Fuite biliaire, abcès Sténose VBP si cholédocotomie Traitement combiné Traitement en un Risque de pancréatite laparoscopie + CPRE temps Risque de cholécystite (si pré-op) Durée d’hospitalisation Risque d’hémorragie minimale Allongement du temps opératoire (X 1,2) Pas de suture de la VBP Nécessité de coordination entre le chirurgien et le gastroentérologue. FCC 5 LA LITHIASE DE LA VOIE BILIAIRE PRINCIPALE EN 2010 Conclusion Dans notre expérience, le traitement tout laparoscopique de la LVBP est possible au prix d’un allongement sensible de la durée opératoire et d’une augmentation du taux de complications chirurgicales. L’extraction par voie trans-cystique est grevée d’une faible morbidité et doit être systématiquement tenté. Le traitement tout laparoscopique avec cholédocotomie doit être réservé à des patients sélectionnés (absence d’inflammation pédiculaire, cholédoque >8mm) et à des chirurgiens entraînés en chirurgie biliaire et en coelioscopie. Le traitement en un temps associant laparoscopie et CPRE est la voie d’avenir. Références ENOCHSSON et al. Intraoperative ERCP to remove common bile duct stones during routine laparoscopic cholecystectomy does not prolong hospitalization: a 2-year experience. Surg Endosc (2004) 18 : 367-371. FERNANDEZ et al. Management of common bile duct stones: the stae of the art in 2000. Int surg (2003) 88: 159-163. GHAZAL et al. Single step treatment of gallbladder and bile duct stones: a combined endoscopic-laparoscopic technique. Int J Surg (2009) 7:338-346. IODICE et al. Single-step treatment og gallbladder and bile duct stones: a combined endoscopic–laparoscopic technique. Gastrointestinal Endosc (2001) 53:336-338. MARTIN et al. Surgical versus endoscopic treatment of bile duct calculi. Cochrane Database Rev (2006) NATHANSON et al. Postopérative ERCP versus laparoscopic choledochotomy for clearance of selected bile duct calculi. A randomized trial. Ann Surg (2005) 242:188-192. PETELIN JB. Laparoscopic bile duct exploration. Lessons learned from>12 years’ experience. Surg Endos (2003) 17:1705-1715. FCC 5 LA LITHIASE DE LA VOIE BILIAIRE PRINCIPALE EN 2010 LITHIASE DE LA VOIE BILIAIRE PRINCIPALE DE RENCONTRE. QUE FAIRE ? Pr AYAV Service de Chirurgie Digestive. CHU Nancy L’incidence de la lithiase de la voie biliaire principale (LVBP) de rencontre est estimée à 5 à 8% des 1 cholecystectomies coelioscopique au cours desquelles une cholangiographie peropératoire est réalisée. Ce chiffre ne tenant pas compte des cas « suspectées » de LVBP sur le bilan préopératoire. Plusieurs possibilités s’offrent alors au chirurgien : 1- Conversion en laparotomie 2- Extraction des calculs par voie coelisocopique 3- Réaliser une CPRE per opératoire 4- Proposer une CPRE post opératoire. I- Conversion en laparotomie Les indications de conversion sont principalement : les difficultés d’abord du pédicule hépatique, l’absence de matériel nécessaire pour réaliser une extraction des LVBP sous coelio, l’absence d’expérience du chirurgien, et surtout éviter une CPRE postopératoire. L’analyse de la littérature comparant la laparotomie à la CPRE postopératoire montre des résultats comparables en terme de morbi-mortalité, de réussite de vidange complète de la VBP, de durée d’hospitalisation et de coût. Cependant, il convient de noter que toutes ces études sont « anciennes ».1 Nous pouvons donc conclure que ce n’est pas une faute de convertir surtout si il n’y a pas de possibilité de réaliser une CPRE postopératoire. De plus si la conversion a été faite avant le diagnostic de LVBP, c.a.d. avant la cholangio perop, dans ce cas il faut réaliser l’extraction des calculs. II- Le tout coelioscopique De nombreuses études ont montré la faisabilité du tout coelisocopique. Cependant, cela reste un geste techniquement difficile, et nécessitant une certaine expérience du chirurgien ainsi que du matériel adapté. Il faut distinguer l’extraction des LVBP par voie trans-cystique de l’extraction par cholédocotomie, qui sont 2 interventions totalement différentes, et qui gardent chacune leurs indications. En effet, l’extraction transcystique ne sera possible que pour des calculs de faible taille et situés sous l’implantation du canal cystique. Inversement la cholédocotomie sera nécessaire pour les calculs > 1cm, situés au dessus de l’implantation cystique, ou alors en cas d’échec de l’abord trans-cystique. Martin et al rapportent un taux de réintervention de 8% après cholédocotomie contre 0,5% après extraction 2 trans-cystique. Dans une étude randomisée, Nathanson et al ont comparé cholédocotomie à CPRE postopératoire. 3 Bien qu’il n’y ait pas de différence en terme de morbidité globale ou de durée d’hospitalisation, les auteurs rapportent un taux de 14% de fistule biliaire après cholédocotomie vs 0% après CPRE (p=0,01). Les auteurs concluant qu’il ne faut pas faire de cholédocotomie si la VBP n’est pas dilatée et si il y a une inflammation du pédicule hépatique. FCC 5 LA LITHIASE DE LA VOIE BILIAIRE PRINCIPALE EN 2010 Nous pouvons conclure que le tout coelioscopique par voie trans-cystique doit être privilégié, par contre la cholédocotomie doit être réservée aux VBP dilatées (>1cm), si il n’y a pas d’inflammation pédiculaire, et aussi si le matériel est disponible ainsi que le chirurgien expérimenté. III- La CPRE per opératoire 4 Une étude suèdoise a évalué l’intérêt d’un CPRE peropératoire en cas de découverte de LVBP. Afin de faciliter la CPRE, un drain trans-cystique était inséré et poussé en transpapillaire. Cette stratégie augmente la durée opératoire, permet une extraction des LVBP dans 94% des cas, et n’augmente pas la durée d’hospitalisation. Cette stratégie paraissant séduisante est difficilement applicable dans notre pratique quotidienne. IV- La CPRE post opératoire La CPRE post opératoire permet d’obtenir une vidange complète de la VBP dans plus de 95% des cas, même si cela peut nécessiter plusieurs tentatives de CPRE. 1,3 La question soulevée est celle de nécessité ou non de laisser un drain trans-cystique lors de la cholecystectomie . Collins et al rapportent 26% de faux positif lors des cholangiographies peropératoires, et que dans encore 26% des cas les lithiases de la VBP vont se vidanger spontanément à 6 semaines.5 Ce qui revient à dire que dans plus de 50% des cas, la CPRE est probablement inutile lorsqu’il y a une suspicion de LVBP sur la cholangiographie peropératoire. Ces auteurs préconisent donc de toujours laisser un drain trans-cystique pour réaliser une opacification postopératoire, ce d’autant qu’ils ne rapportent aucune morbidité relative à ce drain. De plus, en cas d’échec de CPRE, ce drain trans-cystique peut faciliter la CPRE en autorisant la réalisation d’un « RendezVous » en passant un guide trans-cystique et transpapillaire Nous pouvons donc dire que laisser un drain trans-cystique, qui est un geste simple, permettrait d’éviter près de 50% de CPRE « inutiles ». CONCLUSION La cholangiographie peropératoire permet de découvrir une lithiase non suspectée de la VBP dans plus de 5% des cas. L’extraction trans-cystique mérite d’être tentée systématiquement sauf en cas de gros calculs et de calculs au dessus de l’implantation cystique. En cas d’échec, la conversion en laparotomie ne peut pas être opposable. Cependant, notre préférence ira à la mise en place d’un drain trans-cystique pour confirmer en postopératoire la LVBP et éventuellement faciliter la CPRE (technique du rendez vous). Ce drain trans-cystique pourrait également faciliter la réalisation d’une CPRE per opératoire, mais qui est malheureusement très difficile à mettre en œuvre dans nos institutions. La cholédocotomie, même si elle est faisable, n’est pas simple et peut avoir une morbidité spécifique. FCC 5 LA LITHIASE DE LA VOIE BILIAIRE PRINCIPALE EN 2010 BIBLIOGRAPHIE 1- Surgical versus endoscopic treatment of bile buct stones (Review). Martin DJ, Vernon D, Toouli J. Cochrane database Syst Rev 2006, April 19 ; (2) 2- Towards T-tube free laparoscopic bile duct exploration : a methodologic evolution during 300 consecutive procedures. Martin IJ, Bailey IS, Rhodes M, et al. Ann Surg 1998 ; 228 : 29-34 3- Postoperative ERCP versus laparoscopic choledochotomy for clearance of selected bile duct calculi. A randomized trial. Nathanson L, O’Rourke N, Martin IJ, et al. Ann Surg 2005 ; 242 : 188-192 4- Intraoperative endoscopic retrograde cholangiopancreatgraphy (ERCP) to remove common bile duct stones during routine laparoscopic cholecystectomy does not prolong hospitalization. A 2 year experience. Enochsson L, Lindberg B, Swahn F, Arnelo U. Surg Endosc 2004 ; 18 : 367-371 5- A prospective study of common bile duct calculi in partients undergoing laparoscopic cholecystectomy. Natural history of choledocholithiasis revisited. Collins C, Maguire D, Ireland A et al. Ann Surg 2004 ; 239 : 28-33 FCC 5 LA LITHIASE DE LA VOIE BILIAIRE PRINCIPALE EN 2010