SOMMAIRE Président : F. PAYE (Paris) Introduction F. PAYE (Paris) 1. Radiologie des pancréatites aiguës J. CAZEJUST (Paris) 2. Réanimation et nutrition des pancréatites aiguës T. LESCOT (Caen) 3. Indications et modalités du traitement chirurgical N. CHAFAÏ (Paris) 4. Indications et modalités du traitement endoscopique I. NION (Evry) Conclusion : quel traitement choisir? F. PAYE (Paris) FCC 19 – Pancréatites aiguës LA RADIOLOGIE DANS LA PRISE EN CHARGE DES PANCREATITES AIGUËS NECROSANTES J. Cazejust (Paris) Service de radiologie Hôpital Saint Antoine 75012 Paris Alors que le diagnostic positif d’une pancréatite aiguë est clinico-biologique, l’imagerie est au centre de la prise en charge des pancréatites aiguës tant pour le diagnostic étiologique que surtout pour le diagnostic de gravité et la recherche de complications. Les principales complications à rechercher sont infectieuses et hémorragiques. L’imagerie permet de guider le traitement de ces complications, en particulier en choisissant la technique optimale pour le traitement des nécroses infectées (chirurgicale, endoscopique ou radiologique). Rôle de l’imagerie diagnostique L’imagerie doit aider au diagnostic étiologique, en recherchant des calculs biliaires, vésiculaires et leurs complications (calcul enclavé, dilatation des voies biliaires). Pour ce faire l’examen de première intention est l’échographie abdominale qui doit être réalisée dans les 24 premières heures de la symptomatologie. En cas d’examen non conclusif, le scanner est une méthode de substitution efficace pour la recherche de dilatation des voies biliaires, mais les calculs ne sont visibles au scanner que dans 50% des cas. L’IRM est plus sensible et plus spécifique pour la détection des calculs, mais son accessibilité limitée en urgence. Le diagnostic de gravité d’une pancréatite aiguë est clinque et biologique avec les scores de Ranson et APACHE II, mais également radiologique. Le rôle majeur de l’imagerie est de déterminer la gravité de la pancréatite aiguë en déterminant son type (oedémateuse ou nécrosante) et en recherchant des complications (surinfection de nécrose, hémorragie digestive). Plusieurs index de gravité scannographiques ont été proposés. L’index de sévérité scannographique (CTSI) (3), qui donne la meilleure concordance avec la gravité clinico-biologique, la survenue de complication et le taux de mortalité comprend l’évaluation de l’inflammation de la glande pancréatique elle-même (dit score de Balthazar) et du pourcentage de nécrose du parenchyme pancréatique. Le CTSI modifié (MCTSI) (4) équivalent en termes de pronostic et d’évaluation de la gravité comprend 3 items : inflammation de la glande pancréatique, pourcentage de nécrose du parenchyme pancréatique et complications extra-pancréatiques (cf tableau 1). Les scores CTSI et MCTSI sont comparables pour évaluer la gravité des pancréatites aiguës et significativement supérieurs au score Apache II pour la décision d’intervention nécessaire, le diagnostic d’une infection de nécrose et permettent une meilleure évaluation de la gravité (5). FCC 19 – Pancréatites aiguës Les pancréatites aiguës graves sont principalement l’apanage des pancréatites nécrosantes (6). Elles représentent 20% des pancréatites aiguës, avec un taux de mortalité de 10 à 25% (< 1% pour les pancréatites œdémateuses). Le risque de surinfection est de 30 à 70%. Le taux de mortalité est de 67% en cas de nécrose pancréatique infectée si > 50% de la glande est nécrosée. Au total, les pancréatites aiguës graves représentent 80% des causes de décès secondaire à une pancréatite aiguë (7). Le pic de nécrose pancréatique est atteint à J5, donc un scanner réalisé trop précocement peut être faussement rassurant. Complications Les complications vasculaires comprennent les complications hémorragiques et thrombotiques. Les hémorragies sont le plus souvent d’origine artérielle par érosion d’une artère digestive (artère gastroduodénale ou artère splénique le plus souvent), ou formation d’un faux-anévrysme (dans 3.5 à 10% des pancréatites aiguës graves) et plus rarement d’origine veineuse ; tandis que les thromboses sont presque exclusivement veineuses, notamment de la veine splénique (10 à 40% des cas) avec risque d’hypertension portale segmentaire. Les complications infectieuses sont fréquentes : elles touchent 30 à 71% des patients ayant une nécrose encapsulée (9) avec un taux de mortalité de 67% (10). Le pic de surinfection survient environ 3 semaines après le début de la pancréatite nécrosante (11). Il convient de noter que la surinfection des pseudokystes est rare, alors que le risque de contamination bactérienne d’un pseudokyste stérile par un drainage non approprié est de 8% (9). Traitement radiologique des collections d’origine pancréatiques : Tout d’abord, il faut distinguer les collections liquidiennes, des collections nécrotiques et des collections infectées. Le diagnostic n’est pas toujours évident et le seul argument radiologique pour une nécrose infectée est la présence de bulles d’air dans la collection. Dans tous les autres cas, la ponction est nécessaire pour pouvoir affirmer l’infection de la nécrose. La place de la ponction-aspiration est encore mal définie en raison du faible nombre de données réellement exploitables. En particulier, il n’y a pas d’étude comparant l’aspiration à l’aiguille fine au drainage de collections nécrotiques stériles chez des patients instables. Une étude rétrospective comparant ponction et drainage de collections liquidiennes stériles chez des patients stables montre que dans le groupe drainage il y a significativement moins d’interventions ultérieures que dans le groupe ponction, mais avec un risque plus élevé d’infections ultérieures secondaires au geste (12). La ponction aspiration ne se discute pas dans le traitement des collections infectées, qui doivent être drainées. FCC 19 – Pancréatites aiguës L’indication à retenir de la ponction aspiration reste la suspicion de surinfection de nécrose sur les paramètres clinico-biologiques. Le drainage percutané est une alternative efficace à la chirurgie (6). Il peut se discuter dans plusieurs situations : soit rapidement au cours de l’évolution d’une pancréatite nécrosante chez un patient instable avant chirurgie (bridge), soit à visée thérapeutique « exclusive », soit associé à d’autres techniques, soit après traitement incomplet (mais dans ce cas, le succès clinique est variable). La technique de drainage percutanée est variable d’un centre à l’autre, elle peut aller de la mise en place d’un drain unique à une « nécrosectomie percutanée » avec mise en place de multiples drains. Le calibre minimum des drains doit être de 12F, mais les changements de drains doivent se discuter en cas d’inefficacité de la prise en charge initiale pouvant aller jusqu’à des calibres de 30F. En théorie, il faut poser un drain par collection indépendante et au moins trois irrigations par jour sont nécessaires. En pratique cependant, il n’y a pas de recommandation pour la taille ni le nombre de drains « radiologiques » à poser. Les voies d’abord trans ou rétropéritonéales sont possible, bien que la voie rétropéritonéale soit la voie préférentielle, permettant d’éviter contamination, fistule digestive et facilitant l’approche « pas à pas » (13). Des trois séries radiologiques rétrospectives les plus récentes, on peut retenir : 1- Le drainage permet d’éviter ou de différer la chirurgie à une date optimale (14) 2- Il n’y a pas de différence si la nécrose est infectée ou non (15) 3- Le meilleur facteur prédictif de l’évolution est la présence d’une défaillance multiviscérale (15) 4- Le drainage percutané est plus efficace si le score de Ranson < 3 et le délai de drainage > 18 jours après le début de la maladie (16). Dans une revue systématique de drainages percutanés en première intention de pancréatite nécrosante incluant 11 études et 384 patients publiée en 2011 (17), il n’y avait qu’un seul essai randomisé, seules 4 études décrivaient les défaillances viscérales (67% des cas / 116 patients) et 70% des patients avaient une nécrose infectée. Le traitement était réalisé par drainage percutané seul dans 56% des cas et le taux de mortalité globale de 17.4%. Deux études prospectives évaluent le succès clinique du drainage seul à 35 et 33% (13,18). L’approche « pas à pas » (step-up approach) diminue les complications et la mortalité comparativement au groupe nécrosectomie d’emblée ; mais les complications à type de fistule externe étaient notées dans 27% des cas. Même s’il n’existe pas d’algorythme universel établi, on peut retenir qu’une nécrose stérile ne nécessite pas de drainage percutané en première intention, tandis qu’une nécrose infectée pourrait être traitée en première intention par drainage percutané. FCC 19 – Pancréatites aiguës Dans le cas de la nécrose stérile, la prise en charge que nous proposons est : scanner à J7J10 pour évaluer l’évolution de la nécrose, l’apparition de bulles d’air et rechercher une autre complication. En cas de mauvais état clinique et de scanner non contributif : discuter la ponction aspiration. Conclusion Le scanner dans la pancréatite aigüe nécrosante a pour but principal d’évaluer la nécrose et les complications vasculaires. Le drainage percutané est une alternative, d’efficacité variable, aux autres techniques (endoscopique ou chirurgicale) pour le traitement des nécroses pancréatiques. L’efficacité semble maximale si chaque collection indépendante est drainée, dans un délai de plus de 15 jours après le début de la maladie, chez des patients à l’état clinique relativement conservé (les défaillances multiviscérales étant le facteur pronostic principal de mortalité plus puissant que l’infection de nécrose). Références : 1. O'Connor. Imaging of acute pancreatitis. AJR 2011 2. Swaroop. Severe acute pancreatitis. JAMA 2004 3. Balthazar. Acute pancreatitis: value of CT in establishing prognosis. Radiology 1990 4. Mortele. A modified CTSI for evaluating acute pancreatitis: improved correlation with patient outcome. AJR 2004 5. Bollen. Comparative Evaluation of the Modified CT Severity Index and CT Severity Index in Assessing Severity of Acute Pancreatitis. AJR 2011 6. Thoeni. The revisited Atlanta Classification of AP: its importance for the radiologist and its effect on treatment. Radiology 2012 7. Freeman. Intervention for Necrotizing Pancreatitis. Pancreas 2012 9. Maher. Acute pancreatits : the role of imaging and interventional radiology. CVIR 2004 10. Beger . Bacterial contamination of pancreatic necrosis : a prospective study. Gastroenterology 1986 11. Bradley. A clinically based classification system for acute pancreatits. Arch Surg. 1993 12. Wasler. Sterile fluid collections in acute pancreatitis: catheter drainage versus simple aspiration. CVIR 2006 13. van Santvoort. A step-up approach or open necrosectomy for necrotizing pancreatitis. NEJM 2010 14. Bruennler. Percutaneous necrosectomy in patients with acute, necrotizing pancreatitis. Eur Radiol 2008 FCC 19 – Pancréatites aiguës 15. Mortele. CT-guided percutaneous catheter drainage of acute necrotizing pancreatitis: clinical experience and observations in patients with sterile and infected necrosis. AJR 2009 16. Baudin. CT-guided percutaneous catheter drainage of acute infectious necrotizing pancreatitis: assessment of effectiveness and safety. AJR 2012 17. van Baal. Systematic review of percutaneous catheter drainage as primary treatment for necrotizing pancreatitis. Br J Surg 2011 18. Horvath. Safety and efficacy of video-assisted retroperitoneal debridement for infected pancreatic collections: a multicenter, prospective, single-arm phase 2 study. Arch Surg. 2010 19. Rocha. Impact of radiologic intervention on mortality in necrotizing pancreatitis: the role of organ failure. Arch Surg. 2009 20. Bucher. Minimally invasive necrosectomy for infected necrotizing pancreatitis. Pancreas 2008 21. Tang. Percutaneous catheter drainage in combination with choledochoscope-guided debridement in treatment of peripancreatic infection. World J Gastroenterol 2010 FCC 19 – Pancréatites aiguës REANIMATION ET NUTRITION DES PANCREATITES AIGUES SEVERES T. Lescot, B. Bonnot (Paris) Réanimation chirurgicale digestive, Département d’Anesthésie Réanimation Hôpital Saint-Antoine 75012 Paris On estime à environ 11 000, le nombre de patients hospitalisés chaque année pour pancréatite aigüe (PA). Dans sa dernière révision parue en 2012, la classification d’Atlanta définit trois grades de sévérité de la pancréatite aigüe : « bénigne » (mild acute pancreatitis) si il n’existe ni dysfonction d’organe ni complication systémique, « modérément sévère » (moderately severe pancreatitis) lorsqu’il existe, de façon transitoire, (<48 heures après l'admission) soit une défaillance d’organe, soit une complication systémique ou « sévère » (severe acute pancreatitis) lorsqu’une défaillance d’organe persiste au-delà de 48 heures 1. Les formes bénignes se rencontrent chez environ 2/3 des patients et ne justifient le plus souvent pas d’une admission en réanimation. La prise en charge initiale des formes sévères et modérément sévères doit s’attacher à (1) évaluer la gravité de l’atteinte, (2) traiter précocement les différentes dysfonctions d’organes et (3) assurer un apport proteinoénergétique qualitativement et quantitativement adapté. Lorsqu’une dysfonction d’organe est présente, le patient doit être transféré dans une unité de réanimation. Parmi les 108 patients hospitalisés en réanimation pour pancréatite aigüe dans notre centre au cours des cinq dernières années, 86 ont été inclus dans une étude observationnelle rétrospective (données personnelles non encore publiées). Une dysfonction d’organe était présente à l’admission chez 3/4 des patients. La détresse respiratoire représentait la défaillance la plus fréquemment retrouvée (2/3 des défaillances). Elle s’explique par une dysfonction diaphragmatique, des épanchements pleuraux et une inflammation 2 pouvant conduire au développement d’un syndrome de détresse respiratoire aigu (SDRA); une ventilation artificielle est d’ailleurs habituellement nécessaire chez environ 2/3 de patients hospitalisés en réanimation pour pancréatite aigue3. Une dysfonction hémodynamique est fréquente (40% dès notre série) conséquence à la fois d’une hypovolémie et d’un syndrome de réponse inflammatoire systémique. Le traitement symptomatique guidé par un monitorage hémodynamique associe une optimisation des apports liquidiens et l’administration de catécholamines. Enfin, une insuffisance rénale aigue compliquait 20 % des patients de notre série. Son mécanisme est le plus souvent mixte : FCC 19 – Pancréatites aiguës fonctionnel par hypovolémie relative et organique dans le cadre d’un syndrome inflammatoire systémique marqué. Si de nombreux scores pronostics du devenir ont été développés à partir d’éléments cliniques, biologiques et scanographiques, peu sont en fait utilisés en pratique clinique. A la place il paraît plus aisé d’apprécier le nombre de défaillances d’organes et leur évolution. La persistance d’une défaillance d’organe au-delà des 48 premières heures suivant l’admission est en effet associée à un plus mauvais devenir 4, appuyant la dernière révision de la classification d’Atlanta des différentes formes de pancréatite aigüe. De même, lorsqu’une défaillance se prolonge au-delà du 7ème jour d’admission en réanimation, la mortalité hospitalière est doublée par rapport aux patients dont la défaillance d’organe cède durant la première semaine (données personnelles non publiées). Bien que toujours controversée, il semble qu’une antibiothérapie prophylactique de l’infection de nécrose ne permette pas d’améliorer le devenir des patients et n’est donc pas recommandée mais peut-être discutée en cas de défaillances polyviscérales 5. L’optimisation des apports nutritionnels est d’importance. Les aliments constituent l’unique source d’énergie indispensable à la vie humaine. Lors d’une agression, les priorités métaboliques changent. Dans ce contexte, le catabolisme accru de la masse maigre destiné à ré-orienter le métabolisme vers les processus de cicatrisation et d’immunité se fait essentiellement aux dépends des muscles. Si les besoins nutritionnels ne sont pas couverts par les apports, un déficit proteino-energétique se développe et est associé à une plus grande fréquence d’infections, un allongement de la durée de ventilation artificielle et de la durée de séjour en réanimation 6. Le praticien doit donc s’attacher à assurer un apport nutritionnel compris entre 25 et 30 kcal/kg/jour soit 2000 à 2400 kcal/j pour un poids de 80 kg7. La voie entérale doit toujours être privilégiée même si cette nouvelle recommandation peine encore à s’imposer 8,9. L’ajoût de probiotiques n’est pas recommandé dans cette indiction, les données récentes d’un essai multicentrique randomisé rapportant une surmortalité dans le groupe des patients traités par probiotiques 10. L’infection des formes nécrosantes constitue un tournant dans l’évolution de la maladie. Elle doit être suspectée en cas de bulles d’air pancréatiques au scanner, de fièvre et d’hyperleucocytose persistante ou bien en cas d’apparition de nouvelles dysfonctions d’organes. Sa confirmation repose sur l’examen bactériologique de ponctions aspirations à l’aiguille fine de la nécrose pancréatique, guidées par scanner. Son traitement impose le drainage des collections infectées associé à une antibiothérapie adaptée. Le drainage des FCC 19 – Pancréatites aiguës collections infectées peut être proposé par voie percutanée sous contrôle radiologique, (échographie ou scanner), par une voie trans abdominale ou retro péritonéale. La pancréatite aiguë est une maladie grave lorsque se développe une dysfonction d’organe. Une admission en service de réanimation est fréquente dans ce contexte et vise à la suppléance des grandes fonctions vitales par le traitement symptomatique de chacune des défaillances. L’optimisation des apports énergétique doit être rapide: la nutrition entérale doit être privilégie en première intention. L’infection de la nécrose doit être suspectée et recherchée en cas de syndrome infectieux. Références 1 Banks PA, Bollen TL, Dervenis C, et al. Classification of acute pancreatitis--2012: revision of the Atlanta classification and definitions by international consensus. Gut 2012; 62: 102–11. 2 Pastor CM. Pancreatitis-Associated Acute Lung Injury: New Insights. Chest 2003; 124: 2341–51. 3 Jung B, Carr J, Chanques G, et al. Epidemiologie, pronostic et complications infectieuses nosocomiales des pancreatites aigues graves en reanimation : etude prospective multicentrique a partir de la base de donnees CClin Sud-Est. Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation 2011; 30: 8–8. 4 Buter A, Imrie CW, Carter CR, Evans S, McKay CJ. Dynamic nature of early organ dysfunction determines outcome in acute pancreatitis. Br J Surg 2002; 89: 298–302. 5 De Waele JJ. A role for prophylactic antibiotics in necrotizing pancreatitis? Why we may never know the answer ... Crit Care 2008; 12: 195. 6 Villet S, Chiolero RL, Bollmann MD, et al. Negative impact of hypocaloric feeding and energy balance on clinical outcome in ICU patients. Clinical Nutrition 2005; 24: 502–9. 7 Kreymann KG, Berger MM, Deutz NEP, et al. ESPEN Guidelines on Enteral Nutrition: Intensive care. Clinical Nutrition 2006; 25: 210–23. 8 Thomson AA, Subramaniam KK, Davies AA. Nutritional therapy in acute pancreatitis-- time to take stock. Nutrition 2012; 28: 731–2. 9 Davies AR, Morrison SS, Ridley EJ, et al. Nutritional therapy in patients with acute pancreatitis requiring critical care unit management: A prospective observational study in Australia and New Zealand*. Critical Care Medicine 2011; 39: 462–8. 10 Besselink MG, van Santvoort HC, Buskens E, et al. Probiotic prophylaxis in predicted severe acute pancreatitis: a randomised, double-blind, placebo-controlled trial. The Lancet 2008; 371: 651–9. FCC 19 – Pancréatites aiguës Traitement chirurgical de la pancréatite aiguë grave N. Chafai, F. Paye (Paris) Centre de chirurgie générale et digestive hôpital saint Antoine –Paris APHP La pancréatite aiguë (PA) est une pathologie potentiellement sévère pouvant entrainer des complications locales, régionales et générales justifiant une prise en charge multidisciplinaire. Si le traitement demeure médical dans plus de 85 % des cas, un traitement chirurgical est parfois requis, essentiellement dans les formes nécrosantes (1). Certaines complications aiguës associées imposent de façon formelle une intervention chirurgicale en urgence, notamment en cas de perforation digestive, d’infarctus mésentérique, d’hémorragie intra abdominale active ou de syndrome du compartiment abdominal (2). La prise en charge de la nécrose pancréatique isolée fait par contre encore l’objet de nombreuses controverses. Les principales questions, qui sont toujours d’actualité, sont : qui opérer (quelles indications), quand opérer (dans quels délais) et comment opérer ? Qui opérer ? La nécrose pancréatique et/ou des tissus péri pancréatiques survient dans 10 à 20 % des cas de PA (3). Néanmoins, la prise en charge chirurgicale spécifique de cette nécrose demeure rare comme en témoigne une série anglaise récente portant sur 1535 malades, sur une période de 8 ans, dont seulement 1,8% ont nécessité une nécrosectomie chirurgicale (2). Actuellement, quatre situations doivent faire craindre la survenue de complications graves associées à la nécrose pancréatique et donc mener à une attitude interventionnelle plus agressive. La première indication qui est formelle et la plus fréquente (plus de 50% des cas) est la surinfection de la nécrose pancréatique, suspectée ou avérée, responsable d’un syndrome septique non contrôlé par l’antibiothérapie. Elle doit conduire à un drainage, quelles qu’en soient les modalités, pour assurer une détersion des foyers septiques intra-abdominaux source de complications systémiques avec défaillances viscérales (4). Cette surinfection peut être prouvée par une ponction radioguidée à l’aiguille fine, permettant une analyse bactériologique et mycologique, mais qui n’est positive que dans 34 à 50% des cas (1).Un signe radiologique indirect de surinfection est la présence de bulles de gaz extra digestives notamment au sein de foyers de nécrose ou de collections liquidiennes. FCC 19 – Pancréatites aiguës La deuxième indication est la persistance ou l’aggravation de défaillances viscérales malgré une réanimation maximale. Cette situation, fréquente en pratique clinique, doit faire craindre une complication viscérale associée ou un faux négatif de la ponction bactériologique. Le bénéfice des interventions de sauvetage est loin d’être démontré dans cette situation grave quand la nécrose s’avère finalement stérile et la mortalité post-opératoire est de 40 %, mais elles peuvent être salvatrices si elles découvrent et traitent une perforation digestive notamment par nécrose colique possible dans ce contexte (2). Une troisième situation, plus rare, est la persistance ou l’apparition d’un syndrome inflammatoire ou septique chez un malade qui se dégrade progressivement avec dénutrition, en dehors de tout foyer infectieux autre retrouvé et dont les collections nécrotiques persistent ou se majorent a plus de 6 semaines du début de la PA (3). Ces deux dernières situations sont sujettes à des critères plus subjectifs et sont donc moins consensuelles. La quatrième situation, souvent associée aux précédentes, est l’apparition d’un syndrome du compartiment abdominal détecté par la mesure de la pression vésicale qui doit faire envisager une intervention de décompression dont les modalités sont variables suivant les équipes. Quand opérer ? Après avoir identifié la population qui va nécessiter une prise en charge agressive il reste à déterminer quel est le délai optimal par rapport au début de la PA. Les premières études cliniques dans ce sens, dans les années 90, ont montré que la nécrosectomie « précoce » (48 à 72h après le début de la maladie) était associée à un risque relatif de mortalité 3,4 fois plus élevé qu’en cas de résection de nécrose « tardive » (plus de 12 jour du début de la PA) (5). Cette constatation a été largement rapportée par la suite et confirmée par des études plus récentes, la chirurgie devant être, si possible, retardée au maximum après le début des symptômes, avec un délai minimum de 2 à 3 semaines (6). Ainsi, dans les séries récentes, pour Babu et al. le délai moyen était de 34 jours entre l’admission et la nécrosectomie chirurgicale (2) et pour Rodriguez et al. de 52,4 jours (3). Le bénéfice de ces interventions retardées résulte du fait que la mortalité précoce est due à des défaillances multi viscérales réfractaires alors que la mortalité tardive est généralement induite par un sepsis d’origine intra abdominale qui serait lui plus facilement accessible à un traitement chirurgical (7). La période initiale de la PA est en effet marquée par un processus inflammatoire diffus des espaces retro et intra péritonéaux responsable d’un syndrome généralisé de réponse inflammatoire systémique (le SIRS des anglo-saxons) (8). Puis dans un deuxième temps apparaissent les foyers de nécrose qui s’organisent puis s’encapsulent (6). Une intervention trop précoce risque donc de ne pas permettre un débridement efficace, les zones FCC 19 – Pancréatites aiguës nécrotiques n’étant pas encore bien délimitées par le processus évolutif de la PA, mais une intervention trop tardive induit un risque de décès du patient, secondaire à une complication septique. L’analyse de la littérature reste néanmoins difficile car les patients opérés précocement au cours de l’évolution de la maladie (dans les 2 à 3 premières semaines) et dont la mortalité post-opératoire est la plus élevée, atteignant 40 à 50% dans certaines séries rétrospectives, sont aussi ceux dont la sévérité de la PA initiale, jugée sur les scores pronostiques, est maximale (1). Ainsi une étude américaine, portant sur 167 malades, comparant deux groupes où la chirurgie était pratiquée avant et après le 28ème jour, a montré un taux de mortalité significativement différent, respectivement de 20% et 5%, et aussi un score moyen APACHE II significativement plus sévère dans le groupe précoce (11 vs 8) (3). Comment opérer ? Les différentes techniques disponibles peuvent être divisées en deux grands groupes. La chirurgie conventionnelle : Sachant que la nécrose pancréatique et péri pancréatique est un phénomène évolutif, un des objectifs de ce traitement chirurgical est d’assurer une détersion pérenne des foyers nécrotiques. La technique associant débridement, nécrosectomie, drainage et irrigationlavage continue intra abdominal est la plus répandue. Il s’agit d’une intervention standardisée (9). Elle débute par une laparotomie antérieure, plutôt bi sous costale que médiane, qui donne un large jour sur la cavité péritonéale. Elle permet de réaliser un véritable débridement intra abdominal en ouvrant toutes les zones de diffusion des coulées de nécrose pancréatique, à savoir, les gouttières pariéto coliques et espaces pré rénaux, le bloc duodéno pancréatique, la racine du mésentère et du méso colon transverse. Après ouverture de l’arrière cavité des épiploons, la loge pancréatique est également accessible. Les foyers nécrotiques peuvent alors être détergés en totalité et les collections évacuées. L’étape suivante est la mise en place de drains de bon calibre, dans les zones de nécrosectomie, qui vont permettre en post opératoire des lavages continus à grand débit (plusieurs litres/24 heures) au sérum physiologique. Si ces espaces sont très cruentés ou hémorragiques, un packing intra abdominal est utilisable, constitué par exemple de sacs de Mikulicz. Les drains et irrigations sont maintenus en post opératoire tant que la nécrose et/ou la surinfection persistent puis seront enlevés progressivement, habituellement après plusieurs semaines. Le but de cette opération est d’obtenir une détersion complète et durable de l’abdomen et donc d’éviter si possible les ré-interventions pour drainages ou nécrosectomie itératives. Cette technique a aussi comme avantage de permettre une cholécystectomie en cas de cause biliaire à la PA, avec éventuel drainage biliaire FCC 19 – Pancréatites aiguës transcystique, ainsi que la confection d’une jéjunostomie d’alimentation très utile pour la longue période post opératoire. Cette large voie d’abord permet également de traiter d’éventuelles complications digestives associées à type de perforations ou nécroses intestinales parfois passées inaperçues et découvertes en per opératoire. Cette procédure chirurgicale de nécrosectomie, drainage et lavage peut parfois être proposée par une voie d’abord chirurgicale rétro péritonéale (ou lombotomie) uni ou bilatérale si les foyers sont localisés aux espaces rétropéritonéaux. Cette nécrosectomie étant réalisée à l’aveugle peut être parfois dangereuse avec un risque hémorragique ou de plaies digestives. De plus, elle ne permet pas d’associer la cholécystectomie et la jéjunostomie d’alimentation et fait l’impasse sur d’éventuelles lésions digestives associées D’autres modalités chirurgicales ont été proposées et abandonnées car inefficaces ou trop morbides comme les résections pancréatiques réglées. La technique de ventre ouvert (ou laparostomie) nécessite des chirurgies itératives et rapprochées qui sollicitent des moyens et les équipes soignantes de façon répétée (1,6). Elle est aussi associée à une morbidité importante, notamment par fistules digestives et est aujourd’hui abandonnée Les techniques mini invasives Le 21ème siècle a vu l’avènement des approches mini invasives dans la prise en charge des PA nécrosantes. Ces techniques ont bénéficié des progrès réalisés ces dernières années en matière de chirurgie laparoscopique, de radiologie et d’endoscopie interventionnelles. Véritable alternative à la chirurgie conventionnelle, elles continuent de se développer et sont actuellement considérées comme faisables et sûres (6,10). Certaines équipes proposent donc de réaliser ces nécrosectomies chirurgicales par un abord abdominal antérieur ou rétro péritonéal, à l’aide d’un laparoscope, la cœlioscopie remplaçant la laparotomie ou lombotomie conventionnelles. Des trocarts opérateurs sont donc positionnés au bloc opératoire et la nécrosectomie est réalisée par une voie d’abord sous contrôle scopique. Ceci permet principalement de diminuer le traumatisme pariétal et semble réduire peut être le taux de fistules post opératoires (11). Conclusion Au cours de l’évolution d’une PA grave, une attitude interventionnelle s’impose en cas de surinfection prouvée ou suspectée de la nécrose pancréatique chez un malade septique ou qui ne s’améliore pas malgré une réanimation active. La nécrosectomie chirurgicale réalisée précocement après le début des symptômes doit être évitée car le taux de mortalité est alors très élevé. Il est recommandé d’attendre au moins 3 à 4 semaines sauf si une complication grave associée à la nécrose est suspectée devant un sepsis incontrôlé ou parfois devant une défaillance multiviscérale mal contrôlée par la réanimation. La necrosectomie endoscopique FCC 19 – Pancréatites aiguës est en plein essor et concurrence aujourd’hui les techniques chirurgicales classiques ou mini-invasives mais elle nécessite des équipes d’endodocopistes entrainées à ces procédures longues et dont l’effet bénéfique sur la mortalité n’est pas à ce jour encore parfaitement démontré. Références 1 Netto MZ, Paye F. Surgical treatment of severe acute pancreatitis. Rev Prat. 2011 Feb;61(2):226-8 2 Babu BI, Sheen AJ, Lee SH, et al. Open pancreatic necrosectomy in the multidisciplinary management of postinflammatory necrosis. Ann Surg. 2010 May;251(5):783-6 3 Rodriguez JR, Razo AO, Targarona J, et al. Debridement and closed packing for sterile or infected necrotizing pancreatitis: insights into indications and outcomes in 167 patients. Ann Surg. 2008 Feb;247(2):294-9 4 Millat B, Borie F, Guillon F. Surgical treatment of sterile and infected pancreatic and peripancreatic necrosis. Gastroenterol Clin Biol. 2001 Jan;25(1 Suppl):1S112-8 5 Mier J, León EL, Castillo A, et al. Early versus late necrosectomy in severe necrotizing pancreatitis. Am J Surg. 1997 Feb;173(2):71-5 6 Brisinda G, Mazzari A, Crocco A, et al. Open pancreatic necrosectomy in the multidisciplinary management of postinflammatory necrosis. Ann Surg. 2011 May;253(5):1049-51 7 Beattie GC, Mason J, Swan D, et al. Outcome of necrosectomy in acute pancreatitis: the case for continued vigilance. Scand J Gastroenterol. 2002 Dec;37(12):1449-53 8 Besselink MG, van Santvoort HC, Nieuwenhuijs VB, et al.; Dutch Acute Pancreatitis Study Group. Minimally invasive 'step-up approach' versus maximal necrosectomy in patients with acute necrotising pancreatitis (PANTER trial): design and rationale of a randomised controlledmulticenter trial [ISRCTN13975868]. BMC Surg. 2006 Apr 11;6:6 9 Warshaw AL, Jin GL. Improved survival in 45 patients with pancreatic abscess. Ann Surg. 1985 Oct;202(4):408-17 10 Castellanos G, Piñero A, Doig LA, et al. Management of infected pancreatic necrosis using retroperitoneal necrosectomy with flexible endoscope: 10 years of experience. Surg Endosc. 2012 Jul 18 11 Parekh D. Laparoscopic-assisted pancreatic necrosectomy: A new surgical option for treatment of severe necrotizing pancreatitis. Arch Surg. 2006 Sep;141(9):895-902 FCC 19 – Pancréatites aiguës Indications et modalités du traitement endoscopique I. Nion Larmurier, B. Desaint (Paris) Unité d’endoscopie digestive. Hôpital Saint Antoine, 75012 Paris La présence d’une nécrose pancréatique est un des deux principaux facteurs de gravité de la pancréatite aiguë avec la défaillance viscérale. L’incidence de l’infection de celle-ci augmente avec l’étendue des zones nécrotiques et le temps. La révision récente de la classification d’Atlanta rappelle que la nécrose pancréatique est collectée généralement à la 4ème semaine. Il s’agira d’envisager le traitement de la nécrose dans la phase plus tardive de la pancréatite aiguë après un délai minimal de 30 à 40 jours par rapport au début de la pancréatite et seulement en cas de nécrose infectée non contrôlée. (1, 2, 3) Pendant des années, la seule possibilité de drainage de la nécrose ou des collections infectées a reposé sur la nécrosectomie chirurgicale par laparotomie dont la mortalité variait de 11 à 39 %, les complications de 34 à 95 % avec un risque important d’insuffisance pancréatique. Des techniques mini invasives ont été développées depuis et incluent le drainage percutané radiologique, la nécrosectomie par voie endoscopique, la nécrosectomie transmesocolique sous contrôle laparoscopique et la nécrosectomie par voie retropéritonéale video assistée. Modalités de la nécrosectomie endoscopique L’objectif du traitement endoscopique est de contrôler le sepsis en débridant les tissus pancréatiques et péripancréatiques, évacuant le matériel purulent, et drainant la collection sans toutefois obtenir un débridement total. Ceci sera associé au traitement endoscopique spécifique d’une sténose ou d’une éventuelle communication avec les canaux pancréatiques par la mise en place d’une prothèse canalaire au cours d’un cathétérisme rétrograde du Wirsung. La première étape consiste à créer un accès transgastrique (idéalement à la face postérieure) ou plus rarement transduodénal à la cavité rétropéritonéale par ponction sous échoendoscopie à l’aiguille de 19 Gauge suivie d’un élargissement de l’ouverture à l’aide d’un cystostome. Le contrôle échoendoscopique permet de déterminer le site optimal de drainage et de réduire le risque hémorragique en repérant les vaisseaux et en dépistant une éventuelle hypertension portale. Ce geste doit être fait sous insufflation au C02 afin de minimiser le risque d’embolie gazeuse. Après insertion d’un fil guide dans la collection sous FCC 19 – Pancréatites aiguës guidage fluoroscopique, est mis en place un drain nasokystique pour le lavage et une ou plusieurs prothèses en queue de cochon ou une prothèse métallique pour le drainage (figure A). La deuxième étape, réalisée généralement après 48 h et en l’absence d’amélioration, consiste à dilater davantage l’orifice par un ballonnet de diamètre variant de 15 à 30 mm puis à introduire un gastroscope dans la cavité permettant l’ irrigation, l’aspiration et un débridement endoscopique de la nécrose à l’aide de divers instruments d’endoscopie interventionnelle non spécifiques à ce geste ( anses, paniers, pinces…) (figure B). (2) La nécrosectomie est généralement réalisée en plusieurs séances (en moyenne 1 à 4) séparées de 2 à 4 jours jusqu’à ce que la majorité des débris nécrotiques ait été enlevée et le sepsis contrôlé. Enfin, le drainage de la cavité résiduelle doit se faire à l’aide des prothèses en double queue de cochon pendant une durée de 6 à 12 semaines. (2, 3, 4) Principales étapes de la nécrosectomie endoscopique (2) D’ après Van Brunschot et al Clinical Gastroenterology and Hepatology 2012 ;1 :1190-1201. Treatment of necrotizing pancreatitis) FCC 19 – Pancréatites aiguës Globalement, selon les études rétrospectives multicentriques récentes, l’efficacité de la procédure varie de 75 à 91 %, avec une morbidité de 14 à 33 % et une mortalité de 6 à 11 %. Les principales complications sont la perforation et les hémorragies. La mortalité est liée à des hémorragies massives et des embolies gazeuses (diminution avec insufflation au C02). A noter que le nombre moyen de séances varie de 3 à 6 et le délai moyen par rapport au début de la pancréatite est de 40 jours. Le tableau 1 résume ainsi les 3 principales études rétrospectives récentes allemande, américaine et japonaise. (3, 5, 6) Etude GEPARD* Etude US** Etude JENIPaN *** Patients 93 104 57 Nécrose infectée 76% 42% 100% Douleurs persistantes 88% 61% ND Nombre moyen de 6.2%(1-35) 3.7 (1-13) 5(1-20) 43 jours (11-158) 46 jours (6-510) 50 jours (13-436) Succès 80% 91.3% 75% Complications (a) 26% 14% 33% Mortalité 7.5% 5.7% 11% séances Délai par rapport à la PA (a) complications : hémorragies mineures ou majeures, perforations péritonéales, fistules, pneumopétitoine, embolies gazeuses. * Seifert H et al. Gut 2009;58:1260-1266; ** Gardner TB et al. Gastrointest Endosc 2011;73:718-726 *** I.Yasuda et al. Endoscopy 2013;45 : 627-634. La nécrosectomie endoscopique, bien que moins invasive par rapport au traitement chirurgical, reste un traitement avec une morbidité élevée qui nécessite une prise en charge par une équipe multidisciplinaire avec des endoscopistes interventionnels, des radiologues et des chirurgiens afin de prendre en charge les éventuelles complications du geste. Indications Il est actuellement recommandé une approche graduée « Minimally Step Up approach » associant des techniques de nécrosectomie mini invasives en fonction de l’évolution du sepsis. Par rapport à la chirurgie ouverte, la stratégie step-up a pour objectif principal le contrôle de la source de l’infection plutôt qu’obtenir l’ablation complète de l’ensemble de la nécrose infectée. (2) FCC 19 – Pancréatites aiguës L’étude néerlandaise randomisée PANTER a mis en évidence le bénéfice des techniques miniinvasives par rapport à la chirurgie ouverte en comparant, chez 88 patients, une approche dite step up (drainage percutané ou transgastrique endoscopique) suivi d’un éventuel débridement rétropéritonéal sous coelioscopie en cas de non-amélioration au bout de 72 heures à la chirurgie ouverte (7). Le critère de jugement principal était la survenue de complications majeures (décès, survenue d’une défaillance multiviscérale, perforation d’organes creux, saignements). Le risque de survenue de complications majeures et de défaillance viscérale était statistiquement supérieur dans le groupe chirurgie ouverte comparé au groupe approche mini-invasive (69 %vs 40 %, p<0,006 ; 42% vs12%,p<0,001) et le risque de survenue d’un diabète séquellaire et d’une insuffisance pancréatique exocrine était également statistiquement moindre dans le groupe approche mini-invasive (16 % vs 38 %, p<0,02 ; 7% vs 33%,p<0,002). En revanche, la mortalité globale n’était pas statistiquement significative (19 % pour la chirurgie ouverte vs 16 % pour l’approche mini-invasive). A noter que 35 % des patients dans le groupe step-up ont été traité avec un drainage percutané seul. La place de la nécrosectomie endoscopique parmi les techniques mini invasives a été étudiée dans une étude randomisée du même groupe, l’étude PENGUIN, qui a comparé la nécrosectomie par voie transgastrique à la nécrosectomie par voie retropéritonéale video assistée ou transpéritonéale chez 20 patients avec comme objectif principal l’évolution du profil inflammatoire en post-procédure (évolution du taux d’interleukine- 6 [IL-6]) et comme objectifs secondaires la survenue de complications majeures (défaillance multiviscérale, saignement intra-abdominal, fistule entérocutanée ou pancréatique et décès) (figure C) (8) Figure C : description des deux techniques (JAMA. 2012;307(10):1053-1061). FCC 19 – Pancréatites aiguës Le taux d’IL-6, pro inflammatoire, baissait significativement chez 80 % des patients du groupe endoscopie vs 20 % du groupe chirurgie (RR=0,60 ; 95 % CI [0,16-0,80] ; p=0,04). Figure D : évolution du taux d’interleukine 6 dans le temps en fonction du geste endoscopique ou chirurugical (8). Aucun patient du groupe endoscopie n’a présenté de défaillance multiviscérale en postprocédure contre 50 % dans le groupe chirurgie (0 % vs 50 %, RR : 0,50 ; 95 % CI [0,120,76] ; p=0,03). Le taux de fistule pancréatique post-procédure était significativement diminué dans le groupe endoscopie (10 % vs 70 % ; RR ; 0,60 ; 95 % CI [0,17-0,81] ; p=0,02). Enfin le taux de mortalité était de 10 % soit quatre fois moindre dans le groupe endoscopie sans cependant atteindre la significativité statistique (RR=0,30 ; 95 % CI [0,080,60] ; p=0,3). A noter encore un effet bénéfique du traitement endoscopique sur le risque de développement d’une insuffisance pancréatique exocrine (30% dans le groupe chirurgical contre 0% dans le groupe endoscopie ; p ,004). Conclusion La nécrosectomie endoscopique doit être seulement discutée en cas de survenue d’une infection de la nécrose de préférence plus de 4 semaines après le début de la pancréatite aigue. Ce geste doit être réalisé dans un centre ayant une expertise en endoscopie interventionnelle et dans la gestion des pancréatites aigues sévères en raison de la morbi mortalité liée à ce geste. Une approche multidisciplinaire « step up »de la nécrose infectée doit être privilégiée avec dans un premier temps un drainage percutané radiologique ou transgastrique endoscopique puis secondairement, en cas de persistance du sepsis, un débridement par voie endoscopique ou par voie transmesocolique sous contrôle laparoscopique ou retropéritonéale video assistée. FCC 19 – Pancréatites aiguës Références: 1: Peter A Banks et al, Gut Jan 2013;62:102–111. Classification of acute pancreatitis—2012: revision of the Atlanta classification and definitions by international consensus 2: Van Brunschot et al. Clinical Gastroenterology and Hepatology 2012 ;1 :1190-1201. Treatment of necrotizing pancreatitis 3: Seifert et al. Gut 2009; 58:1260-6. Transluminal endoscopic necrosectomy after acute pancreatitis: a multicentre study with long term follow-up( the GEPARD Study) 4: Gardner T B et al. Gastrointest Endosc 2009;69:1085–1094. A comparison of direct endoscopic necrosectomy with transmural endoscopic drainage for the treatment of walledoff pancreatic necrosis. 5 : Gardner TB et al. Gastrointest Endosc 2011;73:718-726. Direct endoscopic necrosectomy for the treatment of walled-off pancreatic necrosis: results from a multicenter U.S. series. 6 : Yasuda et al. Endoscopy August 2013;45 : 627-634. Japanese multicenter experience of endoscopic necrosectomy for infected walled-off pancreatic necrosis: The JENIPaN study. 7 : Van Santvoort HC, et al. N Engl J Med 2010 ;362:1491–502. A step up approach or open necrosectomy for necrotizing pancreatitis. 8: Bakker OJ et al . JAMA 2012; 307:1053–61. Endoscopic transgastric vs surgical FCC 19 – Pancréatites aiguës