É Revue de presse r R Cette étude avait pour objectif de rapporter l’effet, avant la transplantation, d’une monothérapie par bortézomib chez des patients candidats à une transplantation qui présentaient une immunisation anti-HLA spécifique du donneur (DSA). Elle a également évalué la capacité de ce traitement à améliorer les résultats d’une stratégie par plasmaphérèses. Les patients devaient avoir un cross-match cyto­ métrique B (BFXM) supérieur à 450 dirigé contre un donneur vivant potentiel. Quatre patients ont reçu 4 doses de bortézomib (chacune de 1,3 ­mg/­m2) et 4 patients en ont reçu 16. Le nombre de clones DSA a été déterminé par des tests Elispot. Cinq de ces patients ont bénéficié de plasmaphérèses après le traitement, et la réponse a aussi été analysée. Pour le groupe global de 8 ans, le traitement par bortézomib a permis la diminution des plasmocytes DSA dans la moelle. En revanche, le traitement n’a pas diminué les niveaux sériques de DSA. Il faut cependant noter que les patients avec plasmaphérèses qui avaient été traités par bortézomib ont montré une diminution significativement plus importante qu’un groupe contrôle sans bortézomib (figure). Cet article rapporte les résultats de l’étude ZEUS : celleci avait pour but d’explorer les résultats, après transplantation rénale, d’une stratégie fondée sur l’arrêt précoce des inhibiteurs de la calcineurine (ciclosporine, en l’occurrence) avec une conversion pour un inhibiteur de mTOR (évérolimus). Dans cette étude, 503 patients à faible risque immunologique ont été inclus. Ils recevaient des traitements par mycophénolate de sodium, des stéroïdes (≥ 5 ­mg/­j), du basiliximab. Le reste du traitement comportait de la ciclosporine, qui a été arrêtée après 4,5 mois, pour être remplacée par de l’évérolimus, avec des concentrations cibles entre 6 et 10 ­ng/­ml. Après 4,6 mois, seuls 300 patients ont pu être réellement inclus, et seuls 118 patients du groupe évérolimus et 145 du groupe ciclosporine ont terminé le suivi de l’étude à 12 mois, c’est-à-dire respectivement 76 % et 81 % des patients randomisés à 3 mois. Le débit de filtration glomérulaire des patients toujours sous évérolimus s’est amélioré significativement par rapport au groupe ciclosporine (71,8 ­ml/­mn/1,73 m2 versus 61,9 ­ml/­mn/­1,73 m2, respectivement). L’incidence du rejet aigu a été plus élevée dans le groupe évérolimus que dans le groupe ciclosporine (15 parmi 154 [10 %]) versus 5 parmi 146 [3 %] ; p = 0,036). Ont aussi été notées Commentaire. Le traitement par bortézomib ne cesse donc pas de faire l’actualité en transplantation. Il semble de plus en plus clair que, seul, il n’est pas suffisant pour contrôler la réponse anticorps. .... .... .... E n période prétransplantation, il pourrait être un agent intéressant d’une stratégie plus classique de désensibilisation (plasmaphérèses ou immunoglobulines polyvalentes associées ou non au rituximab). .... A près la greffe, la prise en charge de tels patients (sans ou avec rejet aigu humoral) reste sujette à discussion, même si la place du bortézomib semble moins claire. .... E nfin, son utilisation en cas d’apparition de DSA de novo à distance de la transplantation constitue une question importante. Ne doutons pas que les prochaines années verront apparaître des réponses à ces questions. .... .... CT2 - 2011 .... .... Étude ouverte de conversion des inhibiteurs de la calcineurine pour l’évérolimus nts, vous E. Thervet, Paris • Diwan TS, Raghavaiah S, Burns JM, Kremers WK, Gloor JM, Stegall MD. The impact of proteasome inhibition on alloantibody-producing plasma cells in vivo. Transplantation 2011;91(5):536-41. 700 600 Flow-cross-match B ays. Impact de l’inhibition du protéasome sur la production d’alloanticorps in vivo 500 400 300 200 100 0 BFXM < 300 p Post-échanges Inclusion Post-échanges plasmatiques plasmatiques A, groupe contrôle B, bortézomib 0/8 (0 %) 3/5 (60 %) 0,035 Inclusion Figure. Flow-cross-match B pré- et post-échanges. n des aires Le Courrier de la Transplantation - Vol. XI - n° 2 - avril-mai-juin 2011 89 Revue de presse E. Thervet, Paris • Budde K, Becker T, Arns W et al. Everolimus-based, calcineurin-inhibitor-free regimen in recipients of de-novo kidney transplants: an open-label, randomised, controlled trial. Lancet 2011;377(9768):837-47. 16,0 8,0 4,0 2,0 1,0 0,5 1990-1994 1995-1999 2000-2006 1990-1994 1995-1999 2000-2006 1990-1994 1995-1999 2000-2006 1990-1994 1995-1999 2000-2006 1990-1994 1995-1999 2000-2006 1990-1994 1995-1999 2000-2006 1990-1994 1995-1999 2000-2006 1990-1994 1995-1999 2000-2006 Commentaire. Cette étude intéressante confirme les études antérieures (CONCEPT et, dans une moindre mesure, SPARE THE NEPHRON) construites sur des schémas comparables. Il semble de plus en plus clair que la conversion des inhibiteurs de la calcineurine pour des inhibiteurs de mTOR est bénéfique pour la fonction rénale dans une population bien choisie de receveurs de transplantés rénaux. Elle répond aussi à quelques interrogations que posaient les études antérieures : le fait de laisser les stéroïdes dans le long terme ne semble pas diminuer le risque de rejet dans le groupe évérolimus, et les concentrations choisies (plutôt basses) d’évérolimus ne semblent pas améliorer la tolérance à ce traitement. Enfin, cette conversion a un prix : certains patients ne peuvent la tolérer car il existe une augmentation du risque de rejet aigu et quelques effets indésirables deviennent plus fréquents. Odds-ratio for Medication Use Within 4 Months une élévation des concentrations lipidiques et de l’excrétion protéique urinaire, et des concentrations plus faibles en hémoglobine. Anti- Diurétiques Inhibiteurs Autres Bêta- Bloqueurs calciques hyperbloquants du système plaquettaires tenseurs rénine angiotensine Statines Autres agents hypolipémiants Figure. Utilisation des traitements. ensemble sont les premières causes de morbimortalité dans cette population. De plus, cet état de fait est particulièrement vexant, puisqu’il existe des traitements qui ont fait la preuve de leur efficacité. Pourtant, ces traitements semblent sous-employés dans cette population. Traitements des maladies cardiovasculaires : résultats de l’étude PORT Cette cohorte est passionnante, puisqu’elle donne des informations sur l’utilisation actuelle (et donc le degré possible d’amélioration) des traitements à visée cardiovasculaire chez les patients transplantés rénaux. Cela est particulièrement important, car les ­maladies cardiovasculaires dans leur Commentaire. Les auteurs ont utilisé une base de données, appelée “Patient Outcomes in Renal Transplantation” (PORT), pour analyser ces informations. Cette base, issue de 10 centres dans le monde entier, inclut 14 236 receveurs d’une transplantation rénale et précise le suivi à 4 et 12 mois de la greffe. L’utilisation des traitements à visée cardiovasculaire a augmenté entre les périodes 1990-1994 et 2000-2006. Cela se caractérise par l’augmentation d’un facteur 12 pour les statines (OR = 12,28) mais aussi des bêtabloquants (OR = 3,74), des bloqueurs du système rénine-angiotensine (OR = 3,68) et des agents antiplaquettaires (OR = 1,93) [figure]. Logiquement, les patients qui ont présenté une complication cardiovasculaire reçoivent des traitements plus souvent que les autres. Cette amélioration doit être tempérée par 2 éléments : tout d’abord, bizarrement, les traitements n’étaient pas plus utilisés dans des populations à plus haut risque, comme celle des patients diabétiques. De plus, moins de 75 % des patients ayant dans leurs antécédents un événement cardiovasculaire reçoivent un traitement par statines et/ou antiplaquettaire. C ette étude est donc optimiste, mais montre tout le chemin qui reste à parcourir. E. Thervet, Paris • Pilmore HL, Skeans MA, Snyder JJ, Israni AK, Kasiske BL. Cardiovascular disease medications after renal transplantation: results from the Patient Outcomes in Renal Transplantation study. Transplantation 2011;91(5):542-51. Les articles publiés dans Le Courrier de la Transplantation le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction par tous procédés réservés pour tous pays. © juin 2001 - Edimark SAS (DaTeBe Éditions) Imprimé en France - EDIPS - 21800 Quetigny - Dépôt légal : à parution Deux suppléments sont routés avec ce numéro : - Supplément n° 2 – Novartis ISHLT (16 pages) ; - Supplément n° 3 – BMS ATC (20 pages). 90 Le Courrier de la Transplantation - Vol. XI - n° 2 - avril-mai-juin 2011