Symposium “Une nouvelle option thérapeutique pour les patients dépendants à l’alcool” 20 mg de chlorhydrate de nalméfène ( ≈ 18 mg de produit actif) En prise orale Un comprimé chaque jour où le patient perçoit L’alcoologie, restée longtemps en France sur un “banc de touche” de la clinique, a enregistré coup sur coup, en 1 an, 2 vraies innovations thérapeutiques contre l’alcoolodépendance, dont l’objectif n’est plus l’abstinence totale : le nalméfène a obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne le 25 février 2013 dans le traitement de la dépendance à l’alcool, avec pour indication la “réduction de la consommation d’alcool chez les patients adultes présentant une dépendance à l’alcool avec une consommation d’alcool à haut risque (plus de 60 g/j pour un homme, plus de 40 g/j pour une femme), ne présentant pas de symptômes physiques de sevrage et ne nécessitant pas un sevrage immédiat” (figure 1). Le baclofène a, lui, obtenu, le 14 mars 2014, une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), après l’échec des autres traitements disponibles chez les patients alcoolodépendants, dans les 2 indications suivantes : aide au maintien de l’abstinence après sevrage chez des patients dépendants à l’alcool et réduction majeure de la consommation d’alcool jusqu’au niveau faible de consommation, tel que défini par l’OMS chez des patients alcoolodépendants à haut risque. Un vrai changement de paradigme dans la prise en charge des patients alcoolodépendants, salué, développé et discuté largement au cours des dernières journées de la Société française d’alcoologie des 19, 20 et 21 mars derniers à Paris en particulier, en ce qui concerne le nalméfène, au cours du symposium organisé par les laboratoires Lundbeck, le 21 mars. L e Dr Benoît Trojak, du service de psychiatrie et d’addictologie du CHU de Dijon, a établi la liste “des 5 bénéfices d’une stratégie de réduction des risques pour la diminution significative de la consommation d’alcool” (voir page 18). Mickaël Naassila, professeur à l’UFR de pharmacie d’Amiens (université de Picardie JulesVerne, groupe de recherches sur l’alcool et les pharmacodépendances, Inserm Eri 24) a, pour sa part, détaillé la place du système opioïde dans la neurobiologie de l’alcool. Actif : nalméfène 18 mg + intervention psychosociale Actif Contrôle Randomisation 1:1 Données sur la consommation d’alcool au cours des 4 semaines précédentes Contrôle : placebo + intervention psychosociale Contrôle Principal critère d’inclusion : dépendance à l’alcool (DSM-IV) 1 mois Visite 1 V2 V3 V4 1-2 semaines de sélection Visites mensuelles V5 24 semaines en double aveugle, traitement à la demande V10 V11 V12 4 semaines 4 semaines en double aveugle, de suivi : arrêt du traitement tolérance Figure 2. Schémas des études de suivi à 6 mois ESENSE 1 et ESENSE 2. le risque de boire de l’alcool (de préférence 1 à 2 heures avant le moment où il anticipe une consommation d’alcool), ou, s’il a commencé à boire, dès que possible Utilisation quotidienne possible si les patients perçoivent le risque de boire tous les jours 1 comprimé par jour maximum RCP Selincro® 2013 ; Mann K et al. Biol Psychiatry 2013;73:706-13 ; Gual A et al. Eur Neuropsychopharmacol 2013;23:1432-42 ; Van den Brink et al. Poster at Research Society on Alcoholism 2012. Figure 1. Schéma de prise du nalméfène. Le Pr Amine Benyamina, de l’université Paris-Sud, Inserm 669 (hôpital Paul-Brousse) a exposé les résultats des études ESENSE 1, ESENSE 2, et SENSE (figure 2), dont Le Courrier des addictions s’est fait largement l’écho depuis 2 ans. “La majorité des patients alcoolodépendants ne souhaitent pas en effet arrêter complètement leur consommation, et l’objectif d’‘abstinence sinon rien’ qu’on leur proposait jusqu’alors était un frein très important à leur prise en charge, a-t-il observé. Résultat : moins de 10 % des malades dépendants à l’alcool en Europe et 8 % en France consultent et/ou sont traités pour leur dépendance.” D’où l’intérêt majeur du progrès clinique que permet ce nouveau traitement qui propose un “soin plus attractif ” et dont l’objectif de réduction de la consommation est maintenant largement intégré dans les recommandations internationales : celles du NIAAA 2005 et 2008 (National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism), pour les États-Unis, de l’EMA 2010 (European Medicines Agency’s), pour l’Europe, et du NICE 2011 (National Institute for Clinical Excellence) pour la Grande-Bretagne : les études ont montré que le nalméfène, utilisé à la dose de 18 mg par jour, entraîne une réduction de 40 % de la consommation totale d’alcool le premier mois et de plus de 60 % à la fin de l’étude (6 ou 12 mois). Et aucun problème majeur n’a été relevé quant à la tolérance du produit, même si les sujets qui ont reçu la molécule ont présenté significativement plus de vertiges, de nausées, de fatigue, de troubles du sommeil et de céphalées que les “sujets placebo”. Ces effets indésirables, notables, sont d’ailleurs restés modérés et transitoires. v FAR 17 Le Courrier des addictions (16) – n° 2 – avril-mai-juin 2014