Revue de presse
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. II - no 3 - juillet-août-septembre 2011
112
à 7, associé à un taux de PSA préopératoire
supérieur ou égal à 10 ng/ ml ou à une marge
positive. Le taux de PSA postopératoire devait
être inférieur ou égal à 0,2 ng/ ml. Neuf cent
quatre-vingt-trois patients ont été inclus
entre 2000 et 2007. L’étude a été arrêtée
après l’apparition de 3 cas de leucémie aiguë
dans le bras mitoxantrone. Cette publication
rapporte le suivi des 481 patients du bras
témoin de l’étude, traités par PT et hormono-
thérapie adjuvante pendant 2 ans. Avec un
suivi médian de 4,4 ans, la survie globale à
5 ans est de 96 %. Elle est de 92,3 % chez les
patients N+ (n = 79), de 97 % chez les patients
avec un score de Gleason supérieur ou égal
à 8 ou pT3b (n = 277), et de 96 % chez les
patients ayant un score de Gleason supérieur
ou égal à 7 avec un taux de PSA préopératoire
supérieur ou égal à 10 ng/ ml ou une marge
positive (n = 125). Vingt-sept pour cent des
patients avaient reçu une radiothérapie com-
plémentaire. Lorsque ces patients étaient
exclus de l’analyse, la survie globale était
similaire.
Commentaire. L’efficacité de la radiothérapie a
été démontrée chez les patients à haut risque de
récidive après PT. L’intérêt de l’hormonothérapie
est débattu chez ces sujets, en l’absence d’enva-
hissement ganglionnaire. L’étude GETUG20, qui
débute en France et qui randomise la leuproréline,
permettra d’évaluer l’intérêt de l’hormonothérapie
adjuvante dans cette situation. Les taux de survie
remarquables de l’étude SWOGS9921 vont dans
le sens de ce futur essai.
F. Rozet, Paris
•Dorff TB, Flaig TW, Tangen CM et al. Adjuvant androgen
deprivation for high-risk prostate cancer after radical prosta-
tectomy: SWOG S9921 study. J Clin Oncol 2011;29(15):2040-5.
La curiethérapie à haut débit
de dose comme traitement exclusif
du cancer de la prostate localisé
Entre 1996 et 2005, 2 grands groupes cali-
forniens (UCLA, Los Angeles, et William-
Beaumont Hospital, Oakland) ont traité par
curiethérapie exclusive à haut débit de dose
(high dose rate [HDR]) 298 patients souffrant
d’un cancer de la prostate localisé. Il s’agis-
sait, dans la majorité des cas, de patients
du groupe à bas risque (T1-T2a, taux de
PSA < 10 ng/ ml, score de Gleason ≤ 6) et de
patients du groupe intermédiaire “favorable”
(T2b ou taux de PSA < 15 ng/ ml ou score
de Gleason à 7). Les schémas utilisés étaient
différents dans les 2 centres : 42 Gy en 6 frac-
tions (avec 2 implantations à une semaine
d’intervalle) pour le premier, et 38 Gy en
4 fractions (avec une seule implantation) pour
le second. Les contraintes de dose étaient en
revanche identiques dans les 2 centres pour
la vessie, l’urètre et le rectum. Avec un suivi
médian de 5,2 ans, les résultats (donnés à
8 ans) font état d’un contrôle local de 99 %,
d’une survie sans récidive biochimique de
97 % (définie par le Nadir +2), et d’une survie
globale de 95 %. La toxicité urinaire est faible,
avec 10 % de toxicité de grade 2 transitoire
(essentiellement impériosités et pollakiurie),
et 3 % de grade 3 (rétention urinaire). Les
auteurs rapportent moins de 1 % de toxicité
gastro-intestinale.
Commentaire. Les résultats présentés sont
excellents. Soulignons cependant qu’il ne s’agit
pas d’un essai randomisé, que le faible nombre
de patients traités sur 9ans suggère une forte
sélection des malades, que les auteurs continuent
de fonder leurs schémas sur un rapport α/β très
bas (1,2-1,5Gy) du cancer de la prostate, alors
que des données récentes retrouvent des chiffres
un peu plus élevés (3-4Gy, sinon plus), que le
schéma à 2implantations et 6fractions est relati-
vement “lourd” pour le patient, et, enfin, que les
déplacements de l’applicateur entre 2fractions,
obligeant à le repositionner avant chaque séance,
ont mené les équipes à réduire de façon drastique
le nombre de séances. De ce fait, au William-
Beaumont Hospital, les protocoles actuels ne
proposent que 2fractions, et un essai pilote y a
même démarré avec une séance unique de curie-
thérapie HDR ! Notons enfin un avantage potentiel
de la technique HDR −avantage non noté par les
auteurs− sur les implants permanents (de grains
d’iode ou de palladium) : cette technique HDR, si
elle est réellement prouvée comme équivalente,
reviendrait beaucoup moins cher…
J.M. Cosset, Paris
•Demanes DJ, Martinez AA, Ghilezan M et al. High-dose-rate
monotherapy: safe and effective brachytherapy for patients
with localized prostate cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys
2011 (Epub ahead of print).
Escalade de dose
par association radiothérapie
externe-curiethérapie HDR
pour le cancer de la prostate
localisé de haut risque et de risque
intermédiaire : résultats à 10ans
De 1992 à 2007, 472 patients ont été traités
au William-Beaumont Hospital par une asso-
ciation de radiothérapie externe et de curie-
thérapie HDR. Tous les patients présentaient
au moins l’un des critères suivants : un taux
de PSA supérieur à 10 ng/ ml, un score de
Gleason supérieur ou égal à 7, ou un stade
clinique supérieur ou égal à T2b. Tous les
patients ont reçu la même radiothérapie
externe de 46 Gy. En revanche, le complé-
ment de curiethérapie à haut débit (boost) a
varié. Initialement, il s’agissait de 3 séances,
dont la dose unitaire a été successivement
de 5,5 Gy, 6,0 Gy et 6,5 Gy ; les auteurs sont
ensuite passés à 2 séances, successivement
de 8,25 Gy, 8,75 Gy, 9,50 Gy, 10,50 Gy et
11,50 Gy. En calculant la dose biologique
équivalente (BED) avec un rapport α/ β de
1,2 Gy, les auteurs ont comparé les patients
qui avaient reçu moins de 268 Gy (équiva-
lent) et ceux qui avaient reçu plus de 268 Gy.
Avec un suivi médian de 8,2 ans, le taux de
rechutes biochimiques était de 43,1 % pour
les patients du groupe basse dose versus
18,9 % pour les patients du groupe haute
dose (p < 0,001). La même différence signi-
ficative en faveur du groupe haute dose était
retrouvée pour le taux de rechute clinique
(p < 0,001) et le taux de métastases à dis-
tance (p < 0,028). En analyse multivariée, la
BED (p = 0,017), le PSA initial (p < 0,001) et le
score de Gleason (p = 0,004) étaient tous des
facteurs significatifs de rechute biologique.
Les taux de toxicité urinaire de grade 3 étaient
de 2 et 3 %, respectivement, pour les basses
et hautes doses. Le taux de complications
intestinales de grade 3 était inférieur à 0,5 %.
Les auteurs concluent à une amélioration très
significative du taux de rechute (biochimique
ou clinique) liée à l’augmentation de la dose,
sans pour cela observer de toxicité accrue.
Commentaire. De nombreuses études récentes,
dont au moins 5essais randomisés, ont clairement
montré que l’escalade de dose en radiothérapie
COU-II-NN3-0911.indd 112 28/09/11 15:36