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l’infertilité féminine. La fertiloscopie a l’avantage de pouvoir
être pratiquée sous anesthésie locale, en externe, ce qui réduit
les coûts et l’incidence des complications de l’anesthésie géné-
rale. De plus, elle permet de voir les organes pelviens dans leur
position anatomique sans manipulation grâce à l’hydroflottation.
Cette étude a inclus 60 femmes suivies pour infertilité secon-
daire sur une période d’un an. Les critères d’inclusion étaient
une infertilité secondaire > 2 ans, une ovulation normale, des
examens gynécologique et échographique pelviens normaux,
une hystérographie normale (sauf dans quatre cas pour les-
quels on suspectait un spasme tubaire) et un spermogramme
normal (sauf dans deux cas d’oligospermie). La fertiloscopie
était pratiquée en deuxième partie de cycle, sous anesthésie
générale et par un chirurgien expérimenté, juste avant la cœlio-
scopie, pratiquée par un autre chirurgien ne connaissant pas les
résultats de l’examen précédent.
Après introduction d’une aiguille de Veress dans le cul-de-sac
vaginal postérieur, puis d’un trocard de 3 mm, une solution de
sérum physiologique était instillée dans le cul-de-sac de
Douglas et un endoscope semi-rigide permettait l’exploration
pelvienne. Une épreuve au bleu de méthylène rendait compte
de la perméabilité tubaire. La durée moyenne du geste était de
15 minutes. Une hystéroscopie évaluait la cavité utérine.
L’exploration par fertiloscopie a été réalisée chez 54 patientes.
L’examen de la face postérieure de l’utérus et du Douglas, des
trompes et des ovaires était possible dans 100 et 95 % des cas.
Les cas d’échec (6/60, soit 10 %) étaient liés à un utérus rétro-
versé (3 cas) ou à un pelvis inflammatoire et adhérentiel
(3 cas). L’évaluation des adhérences est moins précise par fer-
tiloscopie, en particulier lorsqu’il s’agit d’adhérences péri-ova-
riennes. Quelques lésions d’endométriose n’ont pas été vues
par fertiloscopie du fait d’un processus adhérentiel associé. En
sachant que les faux négatifs ne sont appréciés qu’en cas
d’exploration complète du pelvis, la sensibilité est de 92,3 %,
la spécificité de 100 %, la valeur prédictive positive de 100 %
et la valeur prédictive négative de 92,3 %.
Commentaire
La fertiloscopie est une technique dérivant de la culdoscopie
qui a été abandonnée après l’avènement de la cœlioscopie. La
disponibilité de fibres optiques de faible calibre avec une
bonne résolution d’image fait réévaluer l’accès vaginal pour le
bilan d’infertilité. Cette étude tend à démontrer la faisabilité de
la fertiloscopie.
Cette technique comporte plusieurs avantages : sa réalisation
sous anesthésie locale, en externe, procurant un confort certain
aux patientes. Elle devrait donc être mieux acceptée et tolérée.
Elle permettrait de plus une interactivité entre la patiente et
son chirurgien durant toute la procédure. Cependant, ces avan-
tages demeurent théoriques puisque aucun d’entre eux n’a été
évalué dans cette étude.
La seule contre-indication relative est la rétroversion utérine.
Les limites de cette méthode sont : la vision limitée à la partie
postérieure du pelvis, une vue panoramique cœlioscopique du
pelvis plus familière pour les chirurgiens, l’absence de manipu-
lation annexielle, les possibilités exclusivement diagnostiques.
Comme l’ont très bien souligné les auteurs, la fertiloscopie
impose une stricte sélection des indications. Elle pourrait être
considérée comme une alternative à la cœlioscopie dans un
cadre diagnostique de bilan d’infertilité chez des patientes sup-
posées avoir un pelvis anatomiquement normal. En cas d’ano-
malie, elle ne permet cependant aucun geste chirurgical fonc-
tionnel, conservateur et/ou radical. Actuellement, seule la
normalité du pelvis après exploration complète doit être consi-
dérée comme satisfaisante. Elle apporte néanmoins une alter-
native supplémentaire dans l’arsenal du bilan d’infertilité.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
❒Brossens I, Campo R, Gordts S. Office hydrolaparoscopy for the diagnosis of
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•
•Méta-analyse sur la précision
des prélèvements d’endomètre
dans le diagnostic des cancers
de l’endomètre et des hyperplasies
V. Gilly, C. Poncelet.
Paul F, Dijkhuizen HLJ, Mol BWJ, Brolmann HAM,
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the diagnosis of patients with endometrial carcinoma and
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Résumé
L’évaluation histologique endométriale par biopsie ou échan-
tillon de cellules endométriales (pipelle, canule de Novak,
lavage) est une méthode alternative moins invasive que le
curetage après dilatation cervicale, hystéroscopie ou hystérec-
tomie. À ce jour, le curetage utérin est la méthode de référence
pour le diagnostic de la pathologie endométriale chez les
femmes saignant anormalement. Cette méta-analyse évaluait et
comparait la sensibilité et la spécificité d’un échantillonnage
endométrial comparé au curetage, à l’hystéroscopie ou à l’hys-
térectomie pour le diagnostic d’adénocarcinome de l’endo-
mètre et pour celui d’hyperplasie endométriale atypique.
Pour le diagnostic de cancer de l’endomètre, 39 études ont per-
mis de calculer la sensibilité et 19 études la spécificité. La
symptomatologie des patientes et le type d’études analysées ne
semblaient pas modifier les résultats en termes de sensibilité et
de spécificité des méthodes d’échantillonnage. La sensibilité de
la pipelle (91 %) était significativement supérieure à celle des
autres méthodes (57 à 80 % ; p < 0,05), avec une spécificité de
93 à 100 % en fonction de l’examen utilisé comme référence.
La sensibilité des différentes méthodes, et notamment de la
pipelle, était meilleure chez les femmes ménopausées.
Parmi les études sur l’hyperplasie atypique, 19 ont permis le
calcul de la sensibilité et 17 celui de la spécificité. La sensibi-
lité de la pipelle (82,3 %) était significativement supérieure à
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La Lettre du Gynécologue - n° 261 - avril 2001