Item 284 : Les troubles de la conduction intra

publicité
Item 284 :
Les troubles de la conduction intra cardiaque
Introduction
Les troubles de la conduction peuvent être présents aux différents étages de la
conduction cardiaque :
-sino-auriculaire
-auriculaire
-auriculo-ventriculaire :
nœud auriculo-ventriculaire
faisceau de His et ses branches
-ventriculaire
A chaque étage, les troubles de conduction ont des étiologies, une clinique et un
traitement propre, c’est pourquoi nous allons les présenter successivement.
I- Physiologie et définition
Représentation schématique du tissu nodal intra-cardiaque
Faisceau de Bachmann
Nœud sinusal
Voies internodales
Antérieure
Moyenne
Postérieure
Nœud auriculo-ventriculaire
Tronc du faisceau de His
Branche gauche (faisceau de His)
Hémibranche antérieure
Hémibranche postérieure
Branche droite
(faisceau de His)
Purkinje
1
1 2
3
0
4
INa
ICa,L
ICa,T
Ech
Ito1
Ito2
IKr
IKs
IKur
Ikp ou ICl
IK1
If
Activité électrique normale du coeur
Les troubles conductifs intracardiaques sont secondaires à un ralentissement
ou un blocage des voies de conduction.
Il existe plusieurs types de troubles de conduction : les blocs sino auriculaires (BSA),
les blocs auriculaires, les blocs auriculo-ventriculaires (BAV), les blocs de branches
(BBD ou BBG) et les hémi blocs (atteinte de chacune des hémi branches de la
branche gauche du faisceau de His) ; lorsque l’un de ces hémi blocs s’associe à un
BBD, on parle de bloc bi fasciculaire, voire de bloc tri fasciculaire s’il existe de plus
un BAV associé.
II- Méthodes d’exploration
1. L’ECG standard
La fréquence,
L’onde P (durée, axe) (<0,11 sec, entre 0 et +80°)
La concordance P-QRS
L’espace PR (entre 0,12 et 0,20 sec)
Les QRS (durée< 0,11 sec, morphologie, axe : entre –10 et 70°)
La repolarisation
Les manœuvres provocatrices
(stimulation vagale, tests pharmacologiques)
2
2. L’électrocardiogramme ambulatoire (Holter) : si des anomalies sont repérées
sur cet enregistrement, elles auront une grande valeur si elles sont contemporaines
des symptômes ressentis par le patient.
Des progrès récents permettent d'implanter pour une durée d'environ un an un petit
enregistreur (Reveal) qui permettra, en cas de symptôme sévère mais peu fréquent,
de faire un diagnostic.
3. L’exploration électrophysiologique endocavitaire consiste à introduire des
sondes dans le coeur et à enregistrer l’activité électrique sélective de certaines
structures trop discrètes pour apparaître sur l’ECG de surface. C’est le cas pour le
faisceau de His dont l’activité est enregistrée par des électrodes situées au bout
d’une sonde placée à la partie haute de la tricuspide à cheval sur l’oreillette et le
ventricule droit où se projette le tissu de conduction.
On peut ainsi mesurer des intervalles auriculo-hisien (AH ou temps de conduction
nodal) et hiso- ventriculaire (HV ou temps de conduction hisien et sous-hisien). Une
stimulation fixe ou programmée permet en outre de rechercher d’autres causes de
syncope ou d’autres phénomènes pathologiques. Ces explorations ne doivent pas
être systématiques.
Technique d’enregistrement de l’activité électrique du faisceau de his
3
III- Bloc sino auriculaire
1. Les manifestations cliniques
Souvent asymptomatique
Parfois lipothymies
Rarement syncope
2. Les étiologies
Aiguës : IDM, digitaliques, hyperkaliémie (surtout chez le sujet âgé), infections aiguës
Chroniques : progressif, idiopathique ou héréditaire
3. Manifestations ECG
Les pauses sinusales : Elles correspondent à un BSA paroxystique, avec arrêt brutal
de la commande sinusale, et reprise après un temps plus ou moins long soit d'une
activité sinusale, soit d'un rythme d'échappement le plus souvent jonctionnel.
Les BSA permanents qui peuvent s'exprimer sous la forme :
. Soit d’un BSA du 1er degré : allongement de la conduction sino-auriculaire ; pas
d’anomalie à l’ECG, puisque l’activité du nœud sinusal n’est pas détectable.
. Soit d'un BSA du 2ème degré, réalisant dans son aspect le plus typique une
absence d'ondes P une fois sur deux; les ventriculogrammes sont tous précédés
d'une onde P normale.
. Soit d'un BSA du 3ème degré : aucune excitation sinusale n'est transmise à
l'oreillette. L'activation cardiaque est assurée par un centre automatique sous-jacent,
le plus souvent jonctionnel, avec une bradycardie à QRS fins le plus souvent non
précédés d'ondes P, ou parfois précédés d'ondes P négatives en D2 - D3, avec PR
court ; la fréquence de ces bradycardies jonctionnelles se situe au repos entre 40 et
60 / mn.
Schéma A
BSA
le diagramme décrit la conduction électrique du nœud sinusal aux ventricules :
à la 5e stimulation partant du nœud sinusal, on observe un blocage de conduction au
niveau sinusal, réalisant un BSA.
4
Schéma B
Sur le dernier schéma, on observe des ESA bloquées (les flèches montrent les ESA
bloquées au niveau des ondes T) ; c’est un diagnostic différentiel du BSA.
4. Une forme particulière : maladie de l’oreillette
Alternance tachycardie et bradycardie souvent dépistées sur l’enregistrement holter
Les manifestations cliniques
Parfois lipothymies
Rarement syncopes
Palpitations essentiellement
Enregistrement holter-ECG
5
à 20h30 : rythme sinusal.
à 21h : fibrillation cédant brutalement.
à 0h30 : grande bradycardie pouvant être symptomatique.
IV- Les blocs auriculaires
1. Les manifestations cliniques
Asymptomatiques
Troubles du rythme auriculaires
2. Les étiologies
Pathologies auriculaires
Séquelles de fermetures de CIA
Cardiopathies ischémiques …
3. Les manifestations ECG
V- Bloc auriculo-ventriculaire
1. Les manifestations cliniques
Etroitement liées au degré du bloc.
Essentiellement pour les BAV III (bradycardie).
Syndrome d’Adams-Stokes surtout pour les BAV paroxystiques malaises ou
syncopes à l’emporte pièce.
6
2. Les étiologies
Congénitaux (rares)
Blocs chroniques
- Idiopathiques ou dégénératifs:
sujets âgés, évolution progressive (dégénératif) avec souvent un trouble d’abord
latent (bloc de branche) pour évoluer vers un bloc complet souvent paroxystique au
début.
- Secondaires à une cardiopathie, une valvulopathie (RAo)
- Prédisposition génétique
Blocs aigüs
- Infarctus du myocarde inférieur, antérieur
- Maladies inflammatoires, infectieuses, endocardites
- Médicamenteux, traumatiques ou chirurgicaux
3. Manifestations ECG
- Un bloc AV du 1er degré (BAV I) : l’espace PR est allongé, supérieur à 0,20
seconde, de façon constante. A chaque onde P correspond (comme normalement)
un complexe QRS. Le bloc est haut situé, nodal (nœud AV).
- Un bloc AV du deuxième degré (BAV 2) dont on distingue 3 variétés, de gravité
croissante :
• L’allongement progressif de l’espace PR, aboutissant à une onde P bloquée
(non suivie de QRS), le cycle reprenant ensuite ; c’est la période de
Luciani-Wenckebach, ou bloc de type Mobitz I. Le siège du bloc est en
règle nodal.
7
•
Le bloc fortuit d’une onde P ou bloc de type Mobitz II : l’espace PR est
constant (normal ou allongé) ; par moments, une onde P n’est pas suivie
d’un complexe QRS. Le bloc est surtout de siège infra-nodal.
•
Le bloc de haut degré : le blocage de l’onde P y est cyclique, PR étant
constant. Un complexe QRS est absent toutes les 2 ou 3 ondes P (bloc 2/1,
3/1). La cadence ventriculaire est donc ralentie, de façon fixe ou variable.
Cette bradycardie peut entraîner des malaises avec perte de connaissance.
Le bloc est ici encore de siège distal.
- Un bloc AV complet ou du 3e degré (BAV3) se traduit par l’indépendance complète
des ondes P et des complexes QRS, ces derniers ayant une cadence plus lente que
celle des ondes P. Aucune onde P n’est conduite aux ventricules. Ceux-ci sont
tributaires de l’automatisme plus lent des structures sous-jacentes au siège du bloc.
il peuvent être à QRS fins, le siège est habituellement nodal ; ou à QRS larges, plus
haut, de siège infra-nodal.
8
- Synthèse des différents troubles de conduction :
4. Stratégie diagnostique
Le but de cette stratégie est d’éliminer ou de prouver la concordance entre les
symptômes et la survenue de troubles conductifs de haut degré.
a. Le patient présente des symptômes et l’ECG confirme le trouble conductif de haut
degré :
L’indication d’un pacemaker est formelle s’il ne s’agit pas d’un trouble aigu et
réversible.
b. Le patient présente des symptômes (syncope de type Adams Stocke surtout) mais
l’ECG n’est pas contributif :
. Soit l’ECG retrouve des troubles conductifs de type bloc de branche alternant ou
BBD et HBPG. Alors l’indication du PM est le plus souvent portée d’emblée.
. Soit l’ECG retrouve des troubles conductifs mineurs type BAV1 ou BAV2 mobitz
1 ou BBD + HBAG ou BBG isolé. Alors le trouble conductif de haut degré est
possible mais des investigations complémentaires sont nécessaires : exploration
électro-physiologique surtout.
. Enfin si l’ECG est normal et que le patient présente des symptômes fortement
évocateurs d’un trouble conductif de haut degré, on commencera par l’EEP et si, elle
aussi, est non contributive on pourra avoir recours à l’implantation d’un holter
implantable ou dans certains cas à la mise en place d’un stimulateur cardiaque.
9
c. Le patient est asymptomatique mais il présente un trouble conductif :
S’il s’agit d’un trouble conductif de haut degré (BAV 3, BAV 2 Mobitz 2) la pose de
PM est proposée en première intention. Sinon une surveillance simple est
nécessaire.
5. Traitements
a. Les blocs aigus
Les blocs aigus vont par définition régresser avec l'évolution de l'affection
responsable. L'indication thérapeutique dépend donc du degré du bloc et de sa
cause.
Les blocs du 1er degré sont seulement surveillés par des ECG réguliers ;
Les blocs du 2è et 3è degré nécessitent un monitorage ECG continu en unité de
soins intensifs.
Une perfusion d'isopropylnoradrénaline (Isuprel) est préparée en cas de
ralentissement ventriculaire excessif ou de torsade de pointe.
Enregistrement ECG de torsades de pointes :
En cas de composante vagale (infarctus aigu en particulier inférieur) l'Atropine 1
mg IVD peut être utilisée.
L'indication d'un entraînement électrosystolique temporaire par sonde
endocavitaire placée dans le ventricule droit dépend de l'importance de la
bradycardie, de l'étiologie (infarctus antérieur, surdosage en anti-arythmique) et de
sa tolérance hémodynamique. En période post-opératoire de chirurgie cardiaque, cet
entraînement est effectué par des électrodes épicardiques placées par le chirurgien.
Dans tous les cas, il faut traiter la cause : arrêt d'un médicament, traitement antiinfectieux ou anti-inflammatoire.
10
b. Les blocs chroniques
Les blocs du 1er degré sont seulement surveillés par des ECG réguliers.
Les blocs d'un plus haut degré justifient l'implantation d'un stimulateur cardiaque
définitif :
• BAV complet du 3ème degré ;
• BAV paroxystique documenté, même asymptomatique, après avoir éliminé
une cause iatrogène ;
• Bloc tri fasciculaire : BAV I + bloc de branche droit + hémibloc gauche même
asymptomatique ;
• Bloc bi fasciculaire : bloc de branche droit + hémibloc gauche si le patient est
symptomatique.
c. Nomenclature des pacemakers
Première lettre : cavité stimulée : A : oreillette ; V : ventricule ; D : oreillette et
ventricule.
Deuxième lettre : cavité permettant l’écoute (A, V, D).
Troisième lettre : phénomène provoqué par l’écoute : T (trigger) déclenche la
stimulation ; I (inhibition) inhibe la stimulation, D (I et T) déclenche et/ou inhibe la
stimulation.
Quatrième lettre : correspond à des fonctions complémentaires programmables,
exemple : la fréquence asservie.(R).
Les stimulateurs sont tous programmables : mode de stimulation, sensibilité
d’écoute, intensité et durée du courant de stimulation, délai AV, adaptation à l’effort,
commutation de mode.
VI- Bloc de branche
1. Etiologies
a. BBDroit
La forme dégénérative représente l'étiologie principale.
Les cardiopathies congénitales sont également responsables d'environ 20% des
blocs droits complets. Il s'agit essentiellement des cardiopathies avec retentissement
sur le coeur droit, comme la tétralogie de Fallot.
Le coeur pulmonaire chronique, l'HTAP, les cardiomyopathies primitives
représentent les autres causes de blocs de branche droits complets.
11
b. BBGauche
Le bloc de branche gauche n'a pas en soit de traduction clinique si ce n’est
celles des cardiopathies associées quand elles existent.
Toutes les cardiopathies peuvent se compliquer de blocs gauches, mais la
grande majorité des étiologies est représentée par la forme dégénérative (la plus
fréquente), les cardiopathies valvulaires aortiques, l'HTA, et les cardiomyopathies,
qu'elles soient d'origine ischémique ou primitive.
Chez l'enfant et le nourrisson, le bloc gauche est exceptionnel.
2. Manifestations ECG
Bloc de branche droit complet
•
•
•
•
1. Durée de QRS > 0,12 seconde (à mesurer dans la dérivation où le QRS
paraît le plus large, ou sur l'ensemble des dérivations).
2. Aspect RSR', où habituellement R'>R, dans les dérivations précordiales
droites, surtout V1.
3. Onde S large et empâtée (durée >0,04 seconde ou S >R) dans les
dérivations I et V6, parfois aussi en V5.
4. Retard de la déflexion intrinsécoïde > 0,05 seconde dans les précordiales
droites (surtout V1).
N.B.: la déflexion intrinsécoïde est le temps entre le début du QRS et la
modification de la pente.
•
5. Anomalie secondaire de repolarisation : onde T inversée dans les
précordiales droites V1 et V2 et parfois segment ST légèrement sous
dénivelé.
12
Anomalies de la branche gauche
a. Bloc de branche gauche complet
•
•
•
•
•
•
1. Durée de QRS > 0,12 seconde;
2. Onde R élargie et crochetée : aspect en M dans les dérivations V5-V6 et IaVL;
3. Absence habituelle des ondes q et s dans les mêmes dérivations;
4. Retard d'apparition de la déflexion intrinsécoïde (>0,05 seconde) en V5-V6;
5. Onde S profonde et large avec aspect QS ou rS dans les précordiales
droites, déplacement vers la gauche de la zone de transition;
6. Anomalie secondaire de repolarisation : onde T inversée et parfois léger
sous-décalage de ST dans les dérivations précordiales gauches et les
dérivations I, aVL, onde T positive et segment ST légèrement surélevé dans
les précordiales droites.
.
13
b. Hémibloc antérieur gauche
•
•
•
•
1. Déviation axiale gauche supérieure : QRS au delà de -30º; pour d'autres
auteurs au delà de -45º (de -30ºà -90º);
2. Aspect qR ou R dans les dérivations aVL et I;
3. Aspect rS dans les dérivations inférieures II, III, aVF, ou RS en II et rS en III
et aVF;
4. Durée de QRS normale ou légèrement allongée (0,09 à 0,12 seconde).
c. Hémibloc postérieur gauche
Beaucoup plus rare que le précédent (car la branche postérieure est plus épaisse
et donc plus dure à léser que la branche antérieure).
•
•
•
Déviation axiale droite au-delà de 120° ;
Aspect r1, q2, q3 initial, d’où l’aspect S1Q3 ;
Absence d’hypertrophie ventriculaire droite.
14
Blocs de branche incomplet droit ou gauche
Ils ont respectivement les mêmes critères que les blocs complets à l’exception de la
durée du QRS qui est de 0.08 à O.12 seconde.
BIBLIOGRAPHIE
•
•
•
•
•
•
•
•
http://www.med.univ-rennes1.fr/etud/cardio/troubles_du_rythme(3).htm
http://www.besancon-cardio.net/student/cours/37-blocav-ecg.htm
http://www.besancon-cardio.net/student/cours/36-blocbran-ecg.htm
http://www-sante.ujf-grenoble.fr/SANTE/alpesmed/corpus.htm
http://sprojects.mmi.mcgill.ca/heart/bro981107R7.html
http://www.esculape.com/cardiologie/zz_troublesdurythme-grenoble.html
Internat 2004 (KB) Cardiologie vasculaire, B. Besse- J. Lacotte- N. Lellouche,
édition Vernazobres-Grego
Cours du Pr. Le Marec « Les troubles de la conduction »
15
Téléchargement