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Intérêt du dosage en cas de pathologie intestinale
La prématurité(4) fait aujourd’hui l’objet d’un grand intérêt dans les services de gastroentérologie pédiatrique, l’un des
problèmes de cette période de vie étant le tube digestif (le néo-néonatologiste, au départ, s’est beaucoup intéressé
au cerveau et au poumon parce que c’était vital, délaissant le tube digestif). Il existe notamment, chez le nouveau-né,
une maladie très grave qui est l’entérocolite ulcéro-nécrosante (ECUN)(5) et qui représente une urgence digestive du
prématuré. Cette pathologie est marquée par des signes radiologiques, cliniques comme du sang dans les selles, un
ballonnement abdominal, un trouble hémodynamique. Elle présente différents stades (stades de Bell) et entraîne des
séquelles jusqu’au grêle court (nécrose de l’intestin), obligeant à opérer ces enfants pour retirer une grosse partie du
grêle(6).
Due à la prématurité, à la colonisation bactérienne anormale (microbiote), à l’alimentation entérale, à l’immaturité
intestinale(7), l’ECUN constitue donc la pathologie digestive que l’on craint chez le nouveau-né prématuré (elle est
beaucoup plus rare chez l’enfant né à terme). Et l’enjeu du médecin néonatologiste va être de prévenir son apparition.
En 2003, une publication a étudié l’utilisation du dosage de la Calprotectine chez le prématuré avec une entéroco-
lite(8). Comparé aux enfants sains, une augmentation signicative du taux de Calprotectine est observée chez les
prématurés atteints d’ECUN (288 μg/ml contre 98 μg/ml). Même démonstration en 2007, dans une autre publication
incluant sept prématurés présentant une ECUN avec perforation digestive(9) : le taux augmente signicativement
(> 2 000 µg/g). On commence alors à parler de marqueur : la Calprotectine, de par sa tendance à l’augmentation, a
peut-être un intérêt pour le diagnostic de l’entérocolite chez le prématuré.
Des taux seuils pour mieux orienter le diagnostic
Dans un travail réalisé dans le service en 2009(10) chez les prématurités sains, ceux qui avaient une entéropathie mo-
dérée et ceux porteurs d’ECUN, les dosages de Calprotectine apparaissent plus élevés chez les enfants ayant une
entéropathie par rapport aux bébés sains. L’idée d’établir un seuil est alors venue, pour pouvoir signier qu’au-delà
de tel taux, l’enfant présente une entérocolite de façon certaine ou bien un problème digestif. Des seuils à 363 μg/g
ont été trouvés dans le groupe sains versus symptomatologie digestive et à 636 μg/g dans le groupe ECUN versus
entéropathie. Cet essai a permis de donner une représentation des taux de Calprotectine pouvant orienter vers une
pathologie future ou actuelle de l’enfant prématuré. Une autre publication parue en 2008 sur quatorze prématurés
a émis le même type d’observations(11) : le taux de Calprotectine fécale augmente chez des prématurés « malades »
versus « sains », avec un seuil établi à 350 µg/g pour l’apparition d’une pathologie intestinale sévère. Dans ces
études, le souhait était de mettre en lumière les taux seuils pouvant permettre de basculer vers le malade ou celui
qui ne l’est pas.
Un marqueur de souffrance intestinale
En 2010, un travail s’est déroulé sur quarante-sept prématurés(12) en prenant un seuil un peu plus bas (205 μg/g ;
sensibilité et spécicité différentes), avec la conclusion qu’à ce seuil, les enfants étaient plus malades et plus sus-
ceptibles d’avoir des arrêts alimentaires et des problèmes d’entérocolite ou d’entéropathie. La même année, des
chirurgiens ont obtenus, dans une étude sur 226 prématurés, dont 35 suspects d’ECUN(13), différents marqueurs, en
prenant des seuils de Calprotectine fécale à 286 μg/g. Les seuils sont apparus très élevés chez les enfants porteurs
de pathologies de type entérocolite.
La Calprotectine se positionne donc comme un marqueur intéressant en période néonatale mais non utilisé pour
l’instant en pratique quotidienne. L’idéal serait pourtant de pouvoir effectuer le dosage en routine et de faire, sans
attendre, le diagnostic devant des signes digestifs. Chez les adultes, il existe des kits tout près de dosage de Calpro-
tectine, qui n’existent pas encore chez l’enfant.