Bilan Immuno-Inflammatoire Intestinal L’exploration des perturbations de l’écosystème intestinal a fait des avancées considérables. Ainsi le dépistage de l’inflammation de bas grade est devenu possible à travers le dosage de la β-défensine-2, celui de haut grade restant l’apanage de la calprotectine. Les IgA sécrétoires, grands acteurs de l’immunité humorale intestinale ont un rôle capital en tant que 1ière ligne de défense. La β-défensine-2 La β-défensine-2 est un peptide antimicrobien naturel, essentiellement vis-à-vis des bactéries Gram-. Elle possède également une activité pro-inflammatoire par stimulation du chimiotactisme des cellules dendritiques immatures et des polynucléaires neutrophiles. La β-défensine-2 est actuellement utilisée dans l’évaluation du continuum inflammatoire : allant du bas grade dans les TFI toutes formes confondues au haut grade dans les MICI… ce qui en fait un marqueur relativement ubiquiste. La calprotectine La calprotectine représente 60 % des protéines solubles du cytosol des polynucléaires neutrophiles. Elle est libérée par ces derniers et les monocytes/macrophages lors de leur activation ou de leur apoptose. La calprotectine est aujourd’hui le meilleur marqueur d’inflammation dans le domaine des MICI, des colites chroniques (surtout celles liées aux AINS) et du cancer colorectal. Chez l’enfant la calprotectine fécale a une excellente sensibilité pour détecter une inflammation digestive. De plus, lors des phases de rémissions, il existe une inflammation pariétale résiduelle non décelée par les scores cliniques ni par les marqueurs biologiques de l’inflammation. Elle est plus forte dans la MC que dans la RCH. Au total, le dosage de la calprotectine fécale est un examen non invasif, reflet de l’inflammation digestive de haut grade. Les IgA sécrétoires L’essentiel de l’immunité humorale intestinale est dévolue aux IgA sécrétoires, ceci étant une particularité de toutes les muqueuses. Les IgAs et le microbiote intestinal évoluent de manière symbiotique : d’une part le microbiote assure la maturation du GALT (Gut associated lymphoid tissue) et le maintien de son homéostasie et d’autre part les IgAs assurent l’évolution du microbiote vers son équilibre (Eubiose) atteint vers l’âge de 2 ans puis continue à le préserver. Des déséquilibres des IgAs peuvent être associés à des FR d’atopie/auto-immun (en cas de déficits) ou de l’inflammation suite à une stimulation par des bactéries de microbiote habituellement tolérés, avec comme conséquences une activation polyclonale des IgAs. CRPus Il peut être intéressant de corréler une éventuelle perturbation de l’écosystème intestinal avec une inflammation de bas grade systémique. Mai 2011 Bilan Immuno-Inflammatoire Intestinal © Groupe PiLeJe – Reproduction interdite 1/2 En effet, dès qu’il y a une inflammation de bas grade, un stress oxydant ou tout autre phénomène physiopathologique capable d’atteindre l’intégrité de la muqueuse intestinale ou de contourner l’effet barrière, on peut voir des manifestations systémiques. Lymphocytes CD25 Une des sous-populations lymphocytaires les plus importantes dans le domaine de la régulation de la tolérance est représentée par une panoplie de lymphocytes CD25+. Leur évaluation donnera une idée assez pertinente sur une éventuelle dysrégulation du volet tolérance. Lymphocytes Th17 Sous-population lymphocytaire de découverte récente, les Th17 sont très représentés dans le tube digestif. Leur signification n’est pas encore parfaitement connue, mais en tout état de cause, si elles sont augmentées de manière significative dans un cadre pro-inflammatoire, elles constituent un facteur de risque de potentialisation de l’inflammation. De plus, elles peuvent également participer, sur un terrain vulnérable, à la mise en place de maladies auto-immunes. Lymphocytes CD3- NKp46+ Les NKp46+ (NK4) sont divisés en 2 sous-populations, les NKp46+, RORγt- (sécrétant de l’IFNγ), et les NKp46+, RORγt+ (sécrétant de l’IL-22). L’IL-22 produite représente un nouvel acteur dans l’immunité des muqueuses et de la réparation des tissus. Ainsi par exemple, les NKp46+ protègent de la fibrose hépatique. Il existe donc une hétérogénéité fonctionnelle des ILCs (Innate Lymphoid Cells), présentes au sein de la muqueuse intestinale. Dans un modèle original de l’infection par L. monocytogenes, il a été démontré que les sous-populations lymphocytaires NKp46+ RORγt+ participaient à l’apparition de la réponse immunitaire intestinale, prédictive de leurs propriétés fonctionnelles, à savoir la sécrétion d’IL-22 par les NKp46+, RORγt+. Par conséquent, en vertu de leur spécialisation fonctionnelle, les sous-populations de NKp46+ constituent un des socles d’une famille émergente de lymphocytes, indispensables au niveau du maintien de l’homéostasie intestinale immunitaire. De plus, les NKp46+, RORγt- participent à la défense antitumorale et antivirale. Conclusion Ce bilan conjugue le dépistage de l’inflammation de bas et/ou de haut grade à 3 marqueurs fondamentaux de l’immunité intestinale. De plus, selon les résultats de ces différents paramètres, il permet de parfaitement individualiser la prise en charge notamment dans le domaine des pré-et-probiotiques. Indications Toutes les formes de pathologies intestinales fonctionnelles ou organiques Pathologies à distance : obésité, hépatosidérose, NASH, arthrites, certaines pathologies du SNC, fibromyalgies, SFC, certaines allergies… Mai 2011 Bilan Immuno-Inflammatoire Intestinal © Groupe PiLeJe – Reproduction interdite 2/2