CR séance du 30 mars 2016 VF Page 2/4
QUESTIONS-RÉPONSES-COMMENTAIRES
Claude MONNERET (C) : merci pour ce tour d’horizon et merci de finir sur une note d’optimisme, puisque des traitements
existent déjà et que la vaccination se développe.
Monique ADOLPHE (Q) : je découvre beaucoup de choses sur ce virus. Vous avez dit que c’est asymptomatique et que cela
devient « méchant » en phase chronique. Comment fait-on pour traiter les personnes infectées ?
(R) : de très nombreuses personnes ont été exposées mais n’ont pas développé la maladie ni au stade aigu, ni en phase
chronique. Mais, pour les personnes immunodéprimées (transplantées d’organes, maladies hématologiques, VIH…),
l’infection est inaperçue au stade aigu car il n’y a pas de bilans biologiques réguliers ; elle va évoluer et se développer au
niveau chronique, où sera fait le diagnostic ; il est essentiel car dans cette phase, il est alors possible de traiter et donc de
guérir. Les outils de tests virologiques sont à ce stade très importants ainsi que la connaissance de la pathologie.
Liliane GRANGEOT-KEROS (Q) : si j’ai bien compris, après l’arrêt du traitement à la ribavirine, il y a un rebond virologique.
À quoi cela correspond-il ? Est-ce fréquent et que fait-on pour ces patients ?
(R) : en fait, on observe une guérison chez environ 80 % des patients traités pendant trois mois par la ribavirine. Pour 20
% d’entre eux, il y a une rechute qui induit un nouveau traitement de six mois. La plupart éliminent alors le virus mais il
subsiste quelques échecs dus, semble-t-il, à une évolution du virus vers une capacité réplicative plus importante. Une sorte
de résistance à la ribavirine s’exprime chez ces personnes pour lesquelles il faudra, pour l’avenir, de nouvelles molécules.
Ce sujet est actuellement délicat car le développement de nouvelles molécules est long. L’interféron, qui pourrait être actif,
n’est pas utilisable car il suscite des rejets chez les transplantés.
Comme de nombreuses molécules efficaces ont été développées dans le domaine de l’hépatite C, les recherches actuelles
portent sur leur activité sur le virus de l’hépatite E. Une publication fait état d’un effet in vitro du sofosbuvir sur le VHE
mais il ne semble pas avoir d’activité antivirale in vivo.
Yves JUILLET (Q) : vous avez parlé du vaccin GSK et de celui disponible en Chine. Faudrait-il avoir une stratégie vaccinale
nouvelle ? La situation actuelle est-elle appropriée pour couvrir les besoins ?
(R) : le vaccin GSK n’est plus développé. Le débouché du vaccin pose un problème qui explique pourquoi GSK n’a pas
poursuivi le développement de son vaccin. Dans les pays en voie de développement, il aurait un intérêt, en particulier pour
les femmes jeunes car la mortalité est de 20 % chez les femmes enceintes que l’on ne peut pas traiter. En revanche, dans
les pays industrialisés, seules les personnes immunodéprimées feront une forme grave et, si le diagnostic est fait, il est
possible de traiter et guérir. Il n’y a donc pas de visibilité à court terme sur l’intérêt du vaccin. Quant aux États-Unis, ils
commencent à peine à s’intéresser à ce type d’hépatite, car ils n’en faisaient pas, jusqu’alors, le diagnostic.
Jean-Gérard GOBERT (Q) : la résistance à la ribavirine ne risque-t-elle pas de s’étendre ? Pourrait-elle poser des
problèmes ?
(R) : je ne le pense pas. Le mécanisme antiviral de la ribavirine est très complexe. Il agit, un peu comme l’interféron, par
un effet antiviral mais surtout immunomodulateur. Son mécanisme d’action n’est pas sélectif, elle ne bloque pas une
protéine virale. Du fait de la complexité de ce mécanisme, je ne pense pas qu’il y ait un risque de diffusion de résistance à
un niveau élevé.
Rachid BENHIDA (Q) : on connaît un peu le mécanisme de la ribavirine sur l’hépatite C, car elle potentialise l’action de
l’interféron, Mais s’agissant d’un inhibiteur de polymérase de l’hépatite C nous imaginons que l’action serait moindre
puisque les polymérases de l’hépatite E sont différentes.
(R) : in vitro, les études sont intéressantes, le sofosbuvir bloque la réplication du virus de l’hépatite E ; in vivo, les données
sont manquantes ; celles non encore publiées montrent qu’il n’a aucun effet sur la charge virale. En fait, dans le traitement
des affections dues à l’hépatite E et C, le traitement au sofosbuvir ne conduit pas à une diminution de la charge virale du
virus de l’hépatite E.
2.2 COMMUNICATIONS
« La calprotectine fécale : un outil performant pour le diagnostic et le suivi des maladies inflammatoires
chroniques de l’intestin »
Nathalie KAPEL, PUPH, EA 4065 « Ecosytème intestinal, probiotiques, antibiotiques », Faculté de Pharmacie
Paris Descartes, Laboratoire de Coprologie Fonctionnelle, GH Pitié-Salpêtrière, proposée par la 3ème section
La stratégie diagnostique et thérapeutique de prise en charge des patients atteints de Maladies inflammatoires chroniques de
l’intestin (MICI) a évolué ces dernières années pour intégrer au côté des outils classiques que sont la radiologie et
l’endoscopie, la calprotectine fécale comme biomarqueurs de l’inflammation de la muqueuse intestinale.
La calprotectine est une protéine sécrétée dans la lumière intestinale principalement par les polynucléaires neutrophiles. Les
études cliniques (et méta-analyses qui en découlent) ont montré les performances de ce dosage pour le diagnostic
différentiel entre MICI et Syndrome de l’Intestin Irritable (SII) avec une sensibilité et une spécificité supérieures à 0,90
chez l’adulte au seuil de 50 µg/g. De plus, la concentration fécale de la calprotectine étant corrélée au degré d’inflammation
muqueuse, son dosage permet non seulement une évaluation personnalisée de l’activité inflammatoire de la maladie et de la
réponse thérapeutique, mais aussi de différencier des symptômes organiques des manifestations fonctionnelles associées.
Enfin, ce dosage pourrait constituer un facteur prédictif du risque de rechute mais ici les seuils proposés ne sont pas encore
consensuels.