TESTICULES

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R ev u e
de
presse
Coordination : Philippe Beuzeboc et Stéphane Oudard (Paris)
REIN
TESTICULES
Tumeurs solides après TGNS
du testicule
diapositives
COMMENTÉES EN LIGNE
Rendez-vous
sur
edimark.fr
et retrouvez
les diapositives
de synthèse
des articles résumés
Effets des mutations de BAP1 et PBRM1
sur la survie des patients avec carcinomes
à cellules claires sporadiques
Si l’augmentation du risque de tumeur solide après
l’irradiation d’un séminome testiculaire était bien
établie, nous ne savions toujours pas si une chimiothérapie par cisplatine majorait le risque. Une étude
s’est intéressée plus spécifiquement à ce risque
chez les patients guéris d’une tumeur germinale
non séminomateuse (TGNS) et qui ont été traités
par une chimiothérapie à base de cisplatine (sans
radiothérapie) [1].
Le SIR (Standardized Incidence Ratio), calculé en divisant le nombre de cancers observés par le nombre
attendu dans la population générale, a été mesuré
à partir de 12 691 patients provenant de 16 registres
du programme SEER (Surveillance, Epidemiology, and
End Results) entre 1980 et 2008 : 6 013 ont été traités
par chimiothérapie, 6 678 par chirurgie seule. L’âge
moyen au diagnostic était de 28 ans.
Deux cent dix tumeurs solides ont été enregistrées.
Aucune augmentation du risque n’a été observée
pour les patients traités par chirurgie (SIR = 0,93 ;
IC95 : ­0,76-1,14 ; 99 seconds cancers), alors qu’il a été
retrouvé une augmentation de 40 % dans le groupe
chimiothérapie (SIR = 1,43 ; IC95 : 1,18-1,73 ; 111 seconds
cancers), avec un risque multiplié par 3 à 7 pour les
cancers du rein (SIR = 3,37 ; IC95 : 1,79-5,77), de la
­thyroïde (SIR = 4,4 ; IC95 : 2,19-7,88) et des tissus mous.
Des augmentations non significatives du risque de
tumeur vésicale, cérébrale et pancréatique ont été
relevées. Le délai médian de survenue après chimiothérapie a été de 12,5 ans.
Commentaire. M.H. Greene (2), le premier, avait suggéré
que le cisplatine pouvait avoir un rôle carcinogène, en montrant que, expérimentalement, il était capable d’induire des
tumeurs chez l’animal. C’est la première étude à faire état,
chez l’homme, d’une augmentation du risque de deuxième
cancer. Ce risque semble perdurer après 20 ans. L’importance
d’éventuels cofacteurs, notamment l’arrêt du tabac, doit aussi
être prise en compte…
TESTICULES-REIN (122-4)
P. Beuzeboc, Paris
PROSTATE (124-7)
CANCERS UROTHÉLIAUX
(127-8)
SÉMINOME (128)
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1. Fung C, Fossa SD, Milano MT et al. Solid tumors after chemotherapy
or surgery for testicular nonseminoma: a population-based study. J Clin
Oncol 2013;31(30):3807-14.
2. Greene MH. Is cisplatin a human carcinogen? J Natl Cancer Inst
1992;84:306-12.
Dans le carcinome à cellules claires du rein (CCCR)
ont été établis des groupes pronostiques : pour
des stades localisés, traités par chirurgie, des facteurs comme le stade TNM, la nécrose et le grade
de Fuhrman influencent le pronostic. Les tumeurs
métastatiques sont classées en haut risque, risque
intermédiaire et faible risque selon des critères clinicobiologiques qui ne sont à l’heure actuelle que
mal définis. La mutation de BAP1 se retrouve dans
15 % des CCCR, et PBRM1 est le plus souvent muté de
façon exclusive. Cette analyse a comparé la SG des
patients selon leur statut BAP1 et PBRM1. Les cas de
145 patients atteints de CCCR ont été étudiés. Les sujets
étaient répartis en 2 groupes : PBRM1 muté exclusivement, et BAP1 muté. Cette étude a été réalisée au
Southwestern Medical Center de l’université du Texas
(UTSW), entre 1998 et 2011. Une deuxième cohorte
indépendante (n = 327), déterminée à partir du Cancer
Genome Atlas (TCGA), a été utilisée pour la validation.
Dans les 2 cohortes, plus de 80 % des patients avaient
une maladie localisée ou locorégionale initialement.
Les 2 cohortes étaient globalement similaires (plus
de patients métastatiques dans la cohorte du TCGA).
La médiane de SG dans la cohorte de l’UTSW était
significativement plus courte pour les patients dont la
tumeur était porteuse d’une mutation de BAP1 : 4,6 ans
(IC95 : 2,1-7,2) versus 10,6 ans (IC95 : ­9,8-11,5) [HR = 2,7 ;
IC95 : ­0,99-­7,6 ; p = 0,044]. La médiane de SG dans la
cohorte du TCGA était de 1,9 an (IC95 : ­0,6-­3,3) pour
les patients porteurs d’une mutation de BAP1, et de
5,4 ans (IC95 : ­4,0-6,8) pour les patients porteurs d’une
mutation de PBRM1 (HR = 2,8 ; IC95 : ­1,4-­5,9 ; p = 0,004).
Les patients ayant les 2 mutations représentaient une
minorité (3 dans la cohorte de l’UTSW et 4 dans la
cohorte du TCGA) et présentaient une SG inférieure
(médiane : 2,1 ans pour la cohorte de l’UTSW, et 0,2 an
pour la cohorte du TCGA).
Commentaire. Malgré un faible effectif, cette étude
permet d’établir une première classification moléculaire
du CCCR fondée sur des sous-types génétiques moléculaires
distincts. Il pourrait en résulter une réponse différente
aux thérapeutiques. Les mutations de BAP1 et de PBRM1
peuvent déclencher la tumorigenèse, entraînant des
tumeurs plus agressives. Ainsi, la découverte des mutations
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Revue de presse
de BAP1 et de PBRM1 dans le CCCR pourrait
ouvrir la voie à une prochaine génération de
thérapies ciblées.
M. Guilhen, Paris
• Kapur P, Pena-Llopis S, Christie A et al. Effects on survival
of BAP1 and PBRM1 mutations in sporadic clear-cell renalcell carcinoma: a retrospective analysis with independent
validation. Lancet Oncol 2013;14(2):159-67.
Trithérapie dans les tumeurs
de Bellini métastatiques
Les carcinomes des tubes collecteurs du rein,
ou tumeurs de Bellini, représentent moins
de 1 % des cancers du rein. Très agressifs, le
plus souvent métastatiques d’emblée, ils ne
répondent pas aux traitements classiques
utilisés dans les autres cancers du rein.
Les équipes de l’hôpital européen GeorgesPompidou, de l’institut Gustave-Roussy et
de Créteil (1) ont publié 5 cas de tumeurs
de Bellini métastatiques traitées par cette
“trithérapie” (2 patients ont eu du carboplatine à la place du cisplatine). Ils ont
reçu une médiane de 4 cycles suivis d’une
maintenance par bévacizumab, avec
une tolérance acceptable. Il est rapporté
3 réponses partielles, une réponse complète et une stabilisation. La médiane de
survie sans progression a été de 15,1 mois
(IC 95 : 5,6-20,4 mois), avec une médiane
de survie globale de 27,8 mois (IC95 : 12,4non atteinte).
Commentaire. Partageant des caractéristiques
morphologiques ou biologiques avec les tumeurs
urothéliales, les tumeurs de Bellini peuvent
être sensibles à des chimiothérapies à base de
platine. S. Oudard et al. (2) avaient rapporté les
résultats encourageants d’une étude de phase
II multicentrique française combinant gemcitabine et cisplatine. Le taux de réponse objective
était de 26 %, la survie sans progression de
7,1 mois (IC95 : 3-11,3 mois). L’augmentation
de l’expression du VEGF associée à un stade et
à un grade plus élevés et à une diminution de
la survie globale a servi de rationnel aux essais
avec le bévacizumab dans les tumeurs urothéliales métastatiques. Cette triple association,
gemcitabine-cisplatine et bévacizumab, fait
actuellement l’objet d’une étude de phase III
aux États-Unis. Cette étude, CALGB 90601, qui
évalue 6 cycles de GCis + bévacizumab versus
placebo, a prévu d’inclure 500 patients pour
détecter une baisse du HR de 35 % (équivalant
à une augmentation de la SG, qui passe de
13,8 mois à 18,6 mois).
De ce fait, évaluer cette combinaison dans les
carcinomes des tubes collecteurs du rein était
un enjeu fort. Le GETUG (Groupe d’études des
tumeurs urogénitales) est en train d’activer une
étude prospective de phase II.
P. Beuzeboc, Paris
1. Pécuchet N, Bigot F, Gachet J et al. Triple combination of
bevacizumab, gemcitabine and platinum salt in metastatic
collecting duct carcinoma. Ann Oncol 2013;24:2963-7.
2. Oudard S, Banu E, Vieillefond A et al. Prospective multicenter phase II study of gemcitabine plus platinum salt for
metastatic collecting duct carcinoma: results of a GETUG
(Groupe d’Etudes des Tumeurs Uro-Génitales) study. J Urol
2007;177:1698-702.
Nécrose tubulaire aiguë :
une complication rare
des inhibiteurs de mTOR
Les principaux effets indésirables des inhibiteurs de mTOR sont les stomatites, les rashs,
les pneumopathies interstitielles, la fatigue,
les dyslipidémies et les hyperglycémies.
Jusqu’à présent, il n’avait pas été décrit de
toxicité rénale sévère avec ces agents. Les
équipes de néphrologie de l’hôpital de la
Pitié-Salpêtrière et l’équipe de cancérologie
de l’institut Gustave-Roussy viennent de
rapporter 4 cas de nécrose tubulaire aiguë
prouvée histologiquement.
Le tableau commence par une insuffisance
rénale d’installation très rapide (entre 7 et
21 jours). Il faut insister sur la réversibilité
possible de cette toxicité à condition de
stopper tôt le traitement. L’arrêt de l’inhibiteur de mTOR a permis une régression rapide
des troubles rénaux dans 2 cas. Mais, dans les
2 autres cas, une insuffisance rénale a persisté, nécessitant la poursuite des dialyses
dans un cas…
Commentaire. Les facteurs prédisposants
éventuels ne sont pas connus. Néanmoins, les
patients ayant une insuffisance rénale préexis-
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tante présentent un taux plus élevé d’insuffisance rénale aiguë nécessitant le recours à la
dialyse. Vu le développement des indications
des inhibiteurs de mTOR, notamment dans les
cancers du sein, les cliniciens devront maintenant surveiller de plus près la fonction rénale
des patients…
P. Beuzeboc, Paris
• Izzedine H, Escudier B, Rouvier P et al. Acute tubular necrosis
associated with mTOR inhibitor therapy: a real entity biopsyproven. Ann Oncol 2013;24(9):2421-5.
Pazopanib versus sunitinib
dans le cancer du rein
métastatique à cellules claires
Le pazopanib et le sunitinib ont fait la
preuve de leur efficacité en termes de
survie sans progression (SSP), respectivement comparés à un bras placebo et
à un traitement par interféron alpha dans
le cancer du rein métastatique à cellules
claires. Le pazopanib était associé à moins
d’effets indésirables, comme la fatigue, le
syndrome mains-pieds, les mucites et la
myélosuppression ; cependant, il y avait une
augmentation de la cytolyse hépatique. De
façon à vérifier cette hypothèse d’efficacité
comparable et de moindre toxicité avec le
pazopanib, une étude de phase III randomisée (R = 1:1), prospective, multicentrique,
en ouvert, a été réalisée et a comparé le
pazopanib (400 mg × 2 j en continu) au
sunitinib (50 mg/j, 4 semaines sur 6). Le
critère principal était la SSP (HR ≥ 1,25),
avec un objectif de non-­infériorité du
pazopanib par rapport au sunitinib. Les
patients étaient stratifiés en fonction du
statut de performance (PS) ECOG, des LDH
(1,5 versus > 1,5 x/N) et d’une néphrectomie
antérieure (oui versus non). D’août 2008 à
septembre 2011, 1 110 patients ont été
randomisés (557 dans le bras pazopanib et
553 dans le bras sunitinib) : la SSP médiane
était de 8,4 mois pour le pazopanib et de
9,5 mois pour le sunitinib (HR = 1,05 ; IC95 :
0,90-1,22). Le taux de réponse objective,
évalué par le comité indépendant de relecture radiologique, était en faveur du bras
pazopanib (31 % versus 25 % ; p = 0,03).
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R ev u e
Après la survenue de 502 décès, les survies
globales étaient identiques entre les
2 bras : 28,4 mois pour le pazopanib versus
29,3 mois pour le sunitinib. Concernant la
toxicité des antiangiogéniques, la durée de
traitement, pour les 2 molécules, a été de
8 mois. La proportion de patients arrêtant
le traitement était plus élevée dans le bras
pazopanib (24 versus 20 %), notamment
du fait d’une élévation des transaminases
(6 versus 1 %). Les effets indésirables (tous
grades confondus) le plus fréquemment rencontrés avec le sunitinib étaient la fatigue
(63 versus 55 %), le syndrome mains-pieds
(50 versus 29 %), les mucites (27 versus 14 %),
l’hypothyroïdie (24 versus 12 %), la dysgueusie (36 versus 26 %), l’épistaxis
(18 versus 9 %) et les troubles hématologiques. Par opposition, une élévation des
transaminases (60 versus 43 %), le changement de la couleur des cheveux (30 versus
10 %), l’alopécie (14 versus 8 %) et la perte
de poids (15 versus 6 %) étaient plus souvent
rapportés avec le pazopanib. L’évaluation
de la qualité de vie (questionnaires FACIT-F,
FKSI-19, CTSQ et SQLQ) durant les 6 premiers
mois était, de façon positive, en faveur du
pazopanib. Cependant, les évaluations ont
été faites à J28, qui correspondait pour le
sunitinib à la pire date. Aucune information n’est donnée à J42, après 2 semaines
de repos de sunitinib.
Commentaire. Le recrutement pour cette
étude a dû s’effectuer en 2 fois : en effet, il y a
eu un amendement pour augmenter la taille
de l’échantillon de patients (initialement de
876 patients) du fait de la non-obtention de
631 évaluations indépendantes de progression radiologique. La SSP pour le sunitinib est
inférieure à ce qu’elle était dans l’étude pivot de
phase III comparativement à l’interféron alpha
(SSP de 11 mois ; IC95 : 10-12). Concernant la toxicité et la qualité de vie, cet essai est très en faveur
de l’utilisation du pazopanib et va dans le sens
de l’étude PISCE de la préférence patient. Il sera
intéressant de voir quel choix les oncologues
feront quant au type d’inhibiteur de tyrosine
kinase, à l’avenir.
S. Oudard, Paris
• Motzer RJ, Hutson TE, Cella D et al. Pazopanib versus sunitinib in
metastatic renal-cell carcinoma. N Engl J Med 2013;369:722-31.
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de
presse
PROSTATE
Traquer l’origine clonale
du cancer de la prostate létal
Il y a beaucoup de controverses
autour du surtraitement du cancer
de la prostate localisé, ce qui implique
la nécessité de trouver les caractéristiques
moléculaires associées à la progression et à
la létalité de la maladie, dont il ne faut pas
oublier qu’elle constitue la deuxième cause
de mortalité par cancer chez l’homme après
le cancer bronchique. Les tumeurs primaires
sont souvent multifocales et hétérogènes.
Néanmoins, malgré l’hétérogénéité, le fait
que les lésions dans différents sites anatomiques partagent une majorité d’altérations
génétiques suggère une origine clonale des
cellules métastatiques létales…
À partir du séquençage de l’ensemble du
génome et des analyses moléculaires de différents prélèvements d’un patient décédé
de sa maladie (17 ans après le diagnostic fait
à l’âge de 48 ans), une équipe de l’hôpital
Johns-Hopkins a traqué l’évolution du “clone
létal” au cours du temps, depuis la tumeur
primitive jusqu’à l’évolution métastatique.
De façon surprenante, ces analyses ont révélé
que le “clone létal” provenait d’un site primaire de petite taille, de relativement bas
grade, et non d’une lésion volumineuse de
plus haut grade ou d’une métastase ganglionnaire sur la pièce de prostatectomie
avec curage ganglionnaire. Il a été identifié
85 mutations codantes, 226 réarrangements inter­chromo­somiques et 207 intra-­
chromosomiques communs au niveau de
plusieurs sites métastatiques différents. Une
amplification (> 60 copies) du récepteur
aux androgènes était présente au niveau
de toutes les métastases. Le nombre élevé
d’anomalies partagées indiquait une origine
monoclonale. En revanche, l’altération d’ATRX
représentait un événement tardif dans ce
cas particulier.
Commentaire. Bien qu’il soit difficile de généraliser à partir d’un cas, ces données mettent en
exergue combien, pour l’avenir, il pourra se révéler
important de développer des marqueurs pronostiques et prédictifs, telles les altérations d’anti­
oncogènes (PTEN ou p53) ou de SPOP, tous connus
pour être des cibles récurrentes de mutations,
et d’apprécier l’hétérogénéité tumorale entre la
tumeur primaire et les différentes métastases. Ce
cas illustre aussi l’intérêt de prélèvements longitudinaux au cours de l’évolution du cancer. (L’article
est disponible gratuitement sur PubMed.)
P. Beuzeboc, Paris
• Haffner MC, Mosbruger T, Esopi DM et al. Tracking the
clonal origin of lethal prostate cancer. J Clin Invest 2013;
123(11):4918-22.
Taux d’androgènes, biomarqueurs
pronostiques dans les cancers
de la prostate métastatiques
résistants à la castration (CPRCm)
Dans cet article ont été analysées les
relations entre les taux d’androgènes
circulants à l’inclusion dans l’essai COUAA-301 et la survie globale. L’essai de phase III
COU-AA-301 a permis l’enregistrement de
l’acétate d’abiratérone (AA) avant l’admi­
nistration de docétaxel ; 797 patients ont été
traités par AA + prednisone, et 398, par prednisone (P) + placebo. Les taux circulants de
testostérone, d’andro­stènedione et de sulfate
de déshydroépiandro­stérone (DHEA) ont été
mesurés par des techniques de dosage ultrasensibles. Quel que soit le bras de traitement,
la médiane de survie augmente avec chaque
quartile de testostéronémie. Les taux circulants d’androgènes dans l’étude sont très
significativement associés à la survie globale
(p < 0,0001) en analyse bi- et multivariée. Les
patients présentant des taux de testostérone
au-dessus de la médiane (17,8 mois pour AA,
15,8 mois pour P) ont une survie prolongée
par rapport à ceux avec un taux en dessous
de la médiane (13,6 mois pour AA, 9,3 mois
pour P). Il en est de même pour les taux
d’andro­stènedione et de DHEA. Les auteurs
ont conclu que la testostéronémie pourrait
être utile comme facteur de stratification
dans les futurs essais de CPRCm.
Commentaire. Selon ces résultats, qu’il
convient de valider, les tumeurs évoluant dans
un contexte de faibles concentrations hormonales d’androgènes apparaissent comme des
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - no 4 - octobre-novembre-décembre 2013
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Revue de presse
entités biologiques distinctes plus agressives,
indépendamment du traitement reçu. En outre,
ils suggèrent qu’aucun androgène ne prédomine.
Les variations des androgènes circulants sont
mal comprises. Le potentiel différent des divers
agonistes et antagonistes de la LH-RH et des
polymorphismes de CYP17 et d’autres enzymes
de la régulation des androgènes pourrait jouer
un rôle. L’acétate d’abiratérone, qui agit en diminuant la biosynthèse des androgènes à la fois au
niveau des testicules, des glandes surrénales et
des cellules tumorales, conserve son efficacité
par rapport à la prednisone, quels que soient les
niveaux d’androgènes, mais le bénéfice est plus
marqué pour les plus faibles taux d’androgènes
circulants (alors que ce sont les patients ayant des
taux de testostéronémie au-dessus de la médiane
qui vont vivre le plus longtemps).
P. Beuzeboc, Paris
• Ryan CJ, Molina A, Li J et al. Serum androgens as prognostic
biomarkers in castration-resistant prostate cancer: results
from an analysis of a randomized phase III trial. J Clin Oncol
2013;31(22):2791-8.
Aflibercept versus placebo
combiné au docétaxel +
prednisone dans le traitement
des CPRCm (VENICE) : une étude
de phase III, en double aveugle,
randomisée
Le docétaxel associé à la prednisone
est le traitement standard de première
intention du cancer de la prostate métastatique résistant à la castration. Un grand
nombre d’études de phase III, qui évaluent
des combinaisons avec le docétaxel (forte
dose de calcitriol ; immunothérapie de
type G-VAX, inhibiteurs de l’endothéline-1
[atrasentan et zibotentan], antiangiogéniques
[lénalidomide et bévacizumab]), se sont
avérées négatives. L’aflibercept est un
nouvel antiangiogénique (VEGF-trap) qui
inhibe les isoformes des VEGF-A et B ainsi
que de PIGF1 et 2. Alors qu’aucune étude
de phase II n’a été réalisée, une phase III a
été élaborée sur la base des résultats des
phases I et II avec le docétaxel hors prostate. Cette étude de phase III randomisée
(R = 1:1), appelée VENICE, prospective, multi-
centrique et en double aveugle, compare le
docétaxel (75 mg/m2 toutes les 3 semaines)
à la prednisone (10 mg/j) + placebo versus
docétaxel + aflibercept (6 ­mg/­kg i.v. toutes
les 3 semaines). Le critère principal était la
survie globale (SG) en intention de traiter.
Les patients étaient stratifiés en fonction
de l’ECOG PS (0-1 versus 2). Après 2 ans et
demi d’inclusion (août 2007- février 2010),
1 224 hommes ont été randomisés (612 dans
chaque bras), et le suivi médian des patients
a été de 35 mois.
Aucune différence de SG n’a été notée :
22,1 mois pour l’aflibercept et 21,2 mois pour
le bras placebo (p = 0,38). Par ailleurs, aucune
différence n’a non plus été rapportée en termes
de survie sans progression (SSP), de PSA-SSP et
de délai jusqu’au premier événement osseux.
Concernant la toxicité (grade 3-4), celle-ci a
été plus importante dans le bras aflibercept :
troubles digestifs (30 % versus 8 %) comprenant
notamment les diarrhées (6 % versus 3 %), les
nausées et vomissements (3 % versus < 1 %)
et les perforations (3 % versus < 1 %). Un très
grand nombre de symptômes attribués à l’aflibercept ont été enregistrés : épistaxis, fatigue,
hypertension, protéinurie, dysphonie, neutropénie et infections. Le taux de décès toxiques
était de 3,4 % pour l’aflibercept et de 1,5 % pour
le bras placebo. Malheureusement, du fait de
l’absence d’enregistrement des comorbidités à
l’inclusion dans cette population âgée, aucune
information n’est quantifiable quant aux causes
possibles de la majoration des toxicités dans
le bras aflibercept. Les critères d’inclusion des
patients de cette étude ont été calqués sur
l’étude faite avec le docétaxel en 2004.
Commentaire. Aucun rationnel de phase II n’a
été réalisé dans le cancer de la prostate avec le
docétaxel et l’aflibercept. Mille deux cent vingtquatre patients ont été inclus pour des résultats négatifs, avec 3,4 % de décès toxiques. La
connaissance des antiangiogéniques, notamment de l’aflibercept, aurait dû nécessiter
une plus grande prudence dans le choix de la
population et le suivi des patients. L’absence
de facteurs prédictifs de réponse aux antiangiogéniques ne permet pas de définir une
sous-population pouvant en bénéficier. Les
protocoles de phase III en cours concernant
le docétaxel ± le tasquinimob ou le custirsen
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(OGX-011) ont peu de chance d’être positifs
dans ce contexte.
S. Oudard, Paris
• Tannock IF, Fizazi K, Ivanov S et al.; VENICE Investigators.
Aflibercept versus placebo in combination with docetaxel
and prednisone for treatment of men with metastatic castration-resistant prostate cancer (VENICE): a phase 3, doubleblind randomised trial. Lancet Oncol 2013;14(8):760-8.
Essai randomisé évaluant
une radiothérapie externe
hypofractionnée pour le cancer
de la prostate
L’objectif de cet essai était de déterminer si
une escalade de dose, utilisant un schéma
d’hypofractionnement, était susceptible de
réduire le taux de rechute chez des patients
irradiés pour cancer prostatique. De 2002 à
2006, 303 patients atteints de cancer prostatique (de bas à haut risque) ont été randomisés dans un bras “classique” de 76 Gy en
38 fractions de 2 Gy et un bras hypofractionné
délivrant 70,2 Gy en 26 fractions de 2,7 Gy (ce
schéma étant calculé comme étant équivalent
à 84,4 Gy en fractionnement-étalement classique). Avec un recul médian de 68,4 mois, les
taux de rechute à 5 ans sont similaires dans les
2 bras de l’essai : 21,4 % dans le bras classique
et 23,3 % dans le bras hypofractionné (NS).
En termes de toxicité, aucune différence n’est
trouvée entre les 2 bras dans l’étude globale.
En revanche, pour les patients avec un score
urinaire initial (International Prostate Score
Symptom [IPSS]) > 12, une différence très
significative (p < 0,001) en termes de toxicité
urinaire est retrouvée, en défaveur du bras
hypofractionné. Les auteurs concluent que
le seul avantage du bras hypofractionné dans
cet essai est de réduire la durée totale du traitement et le nombre de séances.
Commentaire. Cet article était attendu avec
impatience depuis un abstract d’Alan Pollack,
rapporté en 2009 ; cet abstract avait lancé un
pavé dans la mare du “biologiquement correct”,
en calculant, à partir des données de cet essai,
un rapport alpha/bêta de 6,5 Gy, très significativement supérieur au chiffre de 1,5 Gy imposé
au fil des ans par nombre de radiobiologistes.
Ce rapport très bas est à la source de tous les
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R ev u e
protocoles d’hypofractionnement actuels pour
le cancer prostatique. Pour des raisons obscures
(pressions des reviewers ?), A. Pollack ne reprend
curieusement pas ici son calcul précis du rapport
alpha/bêta, mais, pour qui sait lire entre les lignes,
le résultat est le même. Le schéma hypofractionné
utilisé ici avait été calculé avec le rapport alpha/
bêta “classique” de 1,5 Gy ; comme noté plus haut,
ce schéma était censé délivrer une dose équivalant à 84,4 Gy par fractions de 2 Gy ; les auteurs
attendaient donc logiquement de cette escalade
de dose significative (8,4 Gy !) une amélioration
plus ou moins marquée de la survie sans récidive.
Le résultat est sans appel : aucune différence en
termes de rechutes (cliniques ou biologiques). Le
chiffre des rechutes est même un peu plus élevé
dans le bras hypofractionné (mais sans différence
significative). Cela signifie donc que le calcul initial
était probablement faux, et que le sacro-saint
rapport alpha/bêta de 1,5 Gy pour le cancer de
la prostate est très probablement, en réalité, plus
élevé. Cet article doit faire réfléchir tous ceux qui se
lancent, peut-être un peu vite, dans l’hypofractionnement pour le cancer prostatique, d’autant que
les mauvaises nouvelles ne s’arrêtent pas là : pour
les patients de cet essai présentant des troubles
urinaires significatifs initiaux (IPSS > 12), l’hypo­
fractionnement est responsable d’une incidence
cumulative de grades 2 urinaires très significativement supérieure (p < 0,001) à celle observée après
irradiation classique. Cette observation, qui rejoint
certaines données sur la toxicité aiguë de l’essai de
E.E. Yeoh et al. (article de 2006), pourrait remettre
en question l’inclusion dans les essais d’hypofractionnement même modéré (les doses par séance
utilisées ici n’étaient “que” de 2,7 Gy) des patients
présentant des troubles urinaires initiaux.
J.M. Cosset, Paris
• Pollack A, Walker G, Horwitz EM et al. Randomized trial of
hypofractionated external-beam radiotherapy for prostate
cancer. J Clin Oncol 2013;31(31):3860-8.
Radium-223 alpha-émetteur
et survie dans le cancer
de la prostate métastatique
Plus de 90 % des patients présentant
un cancer de la prostate résistant à la
castration ont des métastases osseuses,
qui constituent une cause majeure de morbimortalité.
126
COU-NN4-2013.indd 126
de
presse
Le radium 223 dichlorure (radium-223) est une
cible alpha-émetteur qui se lie sélectivement
aux zones de remodelage osseux dans les
métastases osseuses, en particulier au stroma
osseux nouvellement formé, et émet des particules alpha à h​​ aute énergie. Le rayonnement
de ces particules induit principalement des
cassures double brin de l’ADN responsables
d’un effet cytotoxique puissant et très localisé
à la lésion cible. Le court chemin de ces particules alpha permet également que les effets
toxiques sur le tissu sain adjacent, et en particulier sur la moelle osseuse, restent minimes.
ALSYMPCA est une étude de phase III, randomisée, en double aveugle, internationale,
comparant l’efficacité et la tolérance du
radium-223 au placebo chez des patients
atteints d’un cancer de la prostate résistant
à la castration, avec métastases osseuses, prétraités ou non éligibles au docétaxel. Neuf cent
vingt et un patients ont été inclus en intention
de traiter suivant un ratio 2:1. Les patients dans
le groupe radium-223 ont reçu 6 injections,
toutes les 4 semaines, de radium-223 à la dose
de 50 ­kBq/­kg i.v.
L’objectif primaire de l’étude a été atteint : à
l’analyse finale, la médiane de survie globale
(SG) était de 14,9 mois dans le groupe
­radium-223 et de 11,3 mois dans le groupe
placebo, soit une réduction de 30 % du
risque de décès (HR = 0,70 ; IC95 : 0,58-0,83 ;
p < 0,001). Le bénéfice du radium-223 sur la
SG était retrouvé dans tous les sous-groupes.
Dans l’analyse actualisée, le bénéfice du
radium-223 se confirme, avec une médiane
de SG de 14,9 mois versus 11,3 mois dans le
groupe placebo.
L’analyse des objectifs secondaires d’efficacité est en faveur du radium-223 par rapport
au placebo ; il permet de prolonger significativement le temps jusqu’au premier événement osseux symptomatique (médiane
de 15,6 mois versus 9,8 mois ; HR = 0,66 ;
p < 0,001), le temps d’augmentation des
phosphatases alcalines totales (HR = 0,17 ;
IC95 : 0,13-0,22 ; p < 0,001), ainsi que le temps
jusqu’à l’augmentation du PSA (HR = 0,64 ;
IC95 : 0,54-0,77 ; p < 0,001). Le nombre de
patients qui ont présenté des effets indésirables dans le groupe radium-223 était plus
faible que dans le groupe placebo pour tous
les événements indésirables (93 % versus
96 %), les effets indésirables de grade 3 ou 4
(56 % versus 62 %), sans différence cliniquement significative.
Commentaire. Il s’agit d’une étude de phase III
franchement positive qui offre une autre molécule dans le traitement de deuxième ligne du
CPRCm. Celle-ci se démarque par son très bon
profil de tolérance, mais reste limitée par la restriction des métastases viscérales. Actuellement
on dispose de plusieurs autres molécules (cabazitaxel, abiratérone acétate et enzalutamide)
et d’autres sont en cours d’essai ; des études de
stratégie s’imposent pour le choix et la hiérarchisation des traitements.
S. Oudard, Paris
• Parker C, Nilsson S, Heinrich D et al. Alpha emitter
radium-223 and survival in metastatic prostate cancer.
N Engl J Med 2013;369(3):213-23.
Étude de phase III évaluant
le zibotentan en combinaison
avec le docétaxel dans les CPRCm
Le docétaxel associé à la prednisone
est le traitement standard de première
intention du cancer de la prostate métastatique résistant à la castration (CPRCm). Le
site de prédilection métastatique est l’os.
L’activation du récepteur de ­l’endothéline A
induit la prolifération de cellules tumorales
prostatiques et un pouvoir métastatique.
Le zibotentan est un puissant inhibiteur de
­l’endothéline A (ZD4054) qui a démontré,
dans 2 phases II randomisées, qu’il s’accompagnait d’une augmentation de la survie
chez des patients ayant peu de symptômes
avec des métastases osseuses (1, 2). Dès
lors une étude de phase III randomisée
(R = 1:1), prospective, multicentrique,
en double aveugle, a été réalisée dans le
cadre du programme ENTHUSE, en phase
métastatique chez des patients résistant à
la castration. Cette étude comparait le docétaxel + zibotentan au placebo. Les patients
recevaient soit docétaxel (75 ­mg/­m2 toutes
les 3 semaines) + prednisone (10 mg/j) +
placebo, soit docétaxel + zibotentan
(10 mg p.o.). Le critère principal était la
survie globale (SG) en intention de traiter.
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Revue de presse
Les patients étaient stratifiés en fonction du
centre et 1 052 hommes ont été randomisés
(524 dans le bras zibotentan, 528 dans le
bras placebo). Aucune différence de SG n’a
été notée : 20,0 mois pour le zibotentan et
19,2 mois pour le bras placebo (p = 0,96).
Par ailleurs, aucune différence non plus n’a
été rapportée en termes de survie sans progression (SSP), de réponse PSA ≥ 50 % (53,2 %
versus 56,4 %), de PSA-SSP, de délai jusqu’au
premier événement osseux, de temps jusqu’à
détérioration clinique (9,3 versus 10,0 mois)
et de qualité de vie. Peu de toxicités de
grade 3-4 ont été rapportées avec le
zibotentan ; les effets indésirables les plus
classiques avec ce type de molécule étaient :
les œdèmes (52,7 %), la diarrhée (35,4 %),
l’alopécie (33,9 %) et les nausées (33,3 %).
Commentaire. Cette étude est négative : aucun
effet sur la survie n’a été relevé et la toxicité surajoutée est faible. L’étude avec l’atrasentan est également négative et a été close à la première analyse
intermédiaire. Aucun marqueur n’a été retrouvé
qui permette de sélectionner une population spécifique. Cette classe médicamenteuse n’est plus à
l’heure actuelle étudiée dans le cancer prostatique.
S. Oudard, Paris
• Fizazi KS, Higano CS, Nelson JB et al. Phase III, randomized,
placebo-controlled study of docetaxel in combination with
zibotentan in patients with metastatic castration-resistant
prostate cancer. J Clin Oncol 2013;31:1740-7.
1. James ND, Caty A, Borre M et al. Safety and efficacy of
the specific endothelin-A receptor antagonist ZD4054 in
patients with hormone-resistant prostate cancer and bone
metastases who were pain free or mildly symptomatic: a
double-blind, placebo-controlled, randomized, phase 2 trial.
Eur Urol 2009;55:1112-23.
2. James ND, Caty A, Payne H et al. Final safety and efficacy
analysis of the specific endothelin A receptor antagonist
zibotentan (ZD4054) in mCRPC patients and bone metastases who were pain-free or mildly symptomatic for pain:
a double-blind, placebo-controlled, randomized phase II
trial. BJU Int 2010;106:966-73.
Docétaxel toutes les 2 semaines
versus 3 semaines dans le CPRC :
un essai randomisé de phase III
L’administration i.v. toutes les
3 semaines de docétaxel combiné avec
de la prednisone orale est de nos jours la
chimiothérapie de première intention pour
le cancer de la prostate métastatique résis-
tant à la castration. L’hypothèse a été émise
selon laquelle l’administration toutes les
2 semaines de docétaxel serait mieux tolérée
et permettrait des traitements plus longs,
avec moins d’effets indésirables. Pour tester
cette hypothèse, une étude de phase III, prospective, multicentrique, randomisée et en
ouvert a été réalisée. Dans le groupe I, les
injections de docétaxel avaient lieu toutes
les 3 semaines. Dans le groupe II, elles avaient
lieu toutes les 2 semaines. Il s’agissait d’une
analyse per protocole : 176 patients dans le
groupe I recevaient 75 ­mg/­m2 de docétaxel
le premier jour d’un cycle de 3 semaines et
170 patients dans le groupe II recevaient
50 ­mg/­m 2 de docétaxel le premier et le
quinzième jour d’un cycle de 4 semaines.
Dans les 2 groupes, les patients recevaient
également 10 mg/j de prednisolone par
voie orale. Un jour avant l’instauration
du traitement avec docétaxel et jusqu’à 1
ou 2 jours après, ils recevaient aussi 7,5 à
8,0 ­mg/­j de dexaméthasone. Le critère principal de l’étude était le temps de l’échec du
traitement (TTTF) : il a été plus long dans le
groupe II que dans le groupe I (5,6 mois [IC95 :
5,0-6,2] versus 4,9 mois [­ 4,5-5,4 ; HR = 1,3 ;
IC95 : 1,1-1,6 ; p = 0,014]), avec un gain absolu
de 0,7 mois. Le temps jusqu’à progression
(TTP) a aussi été meilleur dans le groupe II
que dans le groupe I (15,8 mois [13,6-18,1]
versus 14,6 mois [13,2-16,0 ; HR = 1,3 ; IC95 :
1,0-1,6, p = 0,047]). La survie globale a été
significativement plus importante dans le
groupe II que dans le groupe I (19,5 mois
­[15,9-23,1] versus 17,0 mois [15,0-19,1 ; HR =
1,4 ; IC95 : ­1,1-1,8, p = 0,021]). L’évaluation de la
réponse biologique à la chimiothérapie avec
le dosage du PSA (≥ 50 %) n’a montré aucune
différence majeure (49 versus 42 % ; p = 0,48).
Les toxicités de grade 3-4 sont survenues de
façon plus fréquente dans le groupe I que
dans le groupe II. En matière de toxicité
hématologique, anémie et thrombocytopénie, il n’y a pas eu de différences. Mais la
toxicité médullaire sur la lignée leuco­cytaire
a été plus importante dans le groupe I :
neutropénie (93 [53 %] versus 61 [36 %]),
leucopénie (51 [29 %] versus 22 [13 %]) et
infections neutro­péniques (43 [24 %] versus
11 [6 %]). Des neutropénies fébriles ont été
signalées chez 25 patients du groupe I (14 %)
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - no 4 - octobre-novembre-décembre 2013
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contre 6 (4 %) du groupe II. La qualité de vie
estimée par les patients a été similaire dans
les 2 groupes.
Commentaire. La différence en TTTF de 0,7 mois
est peu importante, mais la tolérance hématologique est meilleure, avec un avantage en survie
absolue de 2,5 mois. Chez ces patients dont les
2 tiers ont plus de 75 ans, avec de nombreuses
comorbidités, un traitement de 50 ­mg/­m2 de docétaxel pourrait être préféré au schéma classique
toutes les 3 semaines. Cependant, l’utilisation de
G-CSF dans les pays nordiques est rare et a pu
empêcher une bonne administration du schéma
75 mg/m2 toutes les 3 semaines. L’étude FIRSTANA
comparant le docétaxel au cabazitaxel en première ligne suite à l’étude TROPIC pourra peut-être
modifier la donne, avec une administration du
cabazitaxel en première ligne.
S. Oudard, Paris
• Kellokumpu-Lehtinen PL, Harmenberg U, Joensuu T et al.
2-Weekly versus 3-weekly docetaxel to treat castration-­
resistant advanced prostate cancer: a randomised, phase 3
trial. Lancet Oncol 2013;14:117-24.
CANCERS UROTHÉLIAUX
Nab-paclitaxel : étude de phase II
en deuxième ligne de cancers
urothéliaux métastatiques
Après une première ligne à base de
cisplatine (GC, MVAC), la médiane
de progression est d’environ 8 mois.
Les chimiothérapies de deuxième ligne
ont une activité marginale, avec un taux
de réponse de l’ordre des 5 à 20 % et une
médiane de survie sans progression (SSP)
de 3 à 4 mois. Seule la vinflunine a été enregistrée en Europe (mais pas aux États-Unis
dans cette indication), sur la base d’une étude
de phase III versus BSC (best supportive care)
récemment actualisée (1), montrant une amélioration de la survie globale (SG) [6,9 mois
versus 4,3 mois). Dans cette situation, les
Américains utilisent souvent le paclitaxel. Les
taux de réponse rapportés sont cependant
bas (10-13 %), avec une médiane de réponse
de 2 mois. Dans cet article publié dans le
Lancet Oncology (2), Y.J. Ko et al. rapportent
les résultats d’une étude de phase II cana-
127
03/01/14 17:20
R ev u e
dienne multicentrique (5 centres) réalisée
suivant un schéma en 2 étapes de Simon et
portant sur 48 patients traités à la dose de
260 mg/m2/21 jours. Ces résultats montrent
un taux de réponse de 27 %, une médiane
de SSP de 6 mois, et une médiane de SG de
19,8 mois. Les patients ont reçu une médiane
de 6 cycles.
Commentaire. Ces résultats (les meilleurs
rapportés dans cette situation) font discuter
d’éventuels biais. Un nomogramme prédictif
de la SSP en deuxième ligne métastatique a
été récemment développé, avec pour critères
pronostiques l’intervalle avec chimiothérapie
précédente, le taux d’hémoglobine, la présence
de métastases hépatiques et le statut de performance à l’inclusion (3). Dans cette étude, le
temps médian depuis l’arrêt de la chimiothérapie
antérieure par platine était de 4,86 mois. Sur les
46 patients analysés, 19 (41 %) avaient un facteur
de mauvais pronostic, 9 (20 %) en avaient 2,
6 (13 %) en avaient 3, et 4 (9 %) en avaient 4 ;
8 (17 %) n’en avaient aucun. Trente-trois patients
sur 48 avaient reçu une première ligne de chimiothérapie en phase métastatique, mais 15 étaient
en progression après une chimiothérapie néoadjuvante ou adjuvante. Sur le plan biologique,
le nab-paclitaxel pourrait avoir une plus grande
activité chez les patients dont la tumeur présente
une amplification de SPARC. Les auteurs posent
la question d’une éventuelle utilisation suivant
un schéma hebdomadaire, mais il faut noter
que l’expérience française du paclitaxel hebdomadaire par le GETUG (4) s’était montrée décevante, montrant seulement une amélioration de
la qualité de vie, avec une très faible efficacité en
termes de réponse objective (9 %).
P. Beuzeboc, Paris
1. Bellmunt J, Fougeray R, Rosenberg JE et al. Long-term
survival results of a randomized phase III trial of vinflunine
plus best supportive care versus best supportive care alone in
advanced urothelial carcinoma patients after failure of platinum-based chemotherapy. Ann Oncol 2013;24(6):1466-7.
2. Ko YJ, Canil CM, Mukherjee SD et al. Nanoparticle albuminbound paclitaxel for second-line treatment of metastatic
urothelial carcinoma: a single group, multicentre, phase 2
study. Lancet Oncol 2013;14(8):769-76.
3. Sonpavde G, Pond GR, Fougeray R et al. Time from prior
chemotherapy enhances prognostic risk grouping in the
second-line setting of advanced urothelial carcinoma: a
retrospective analysis of pooled, prospective phase 2 trials.
Eur Urol 2013;63:717-23.
4. Joly F, Houédé N, Noal S et al. Do patients with advanced
urothelial carcinoma benefit from weekly paclitaxel chemotherapy? A GETUG phase II study. Clin Genitourin Cancer
2009;7(2):E28-33.
128
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de
presse
SÉMINOME
Séminome de stade II : un cycle
de carboplatine néo-adjuvant
avant radiothérapie
lombo-aortique, l’expérience
monocentrique du Royal Marsden
Traditionnellement, les taux de récidive
des séminomes de stades IIA et IIB traités
par radiothérapie sont de l’ordre de 5 à
11 % (tableau). Dans la série de Toronto (1), sur
79 patients, le taux de rechute était de 10 %.
Dans une étude prospective de 30 centres
allemands (2) ayant inclus 94 patients, la
survie sans récidive avec un suivi médian de
70 mois était de 95 % pour les stades IIA et
de 89 % pour les stades IIB.
Les recommandations de 2011 de l’EUA
(European Association of Urology) stipulent
que la radiothérapie représente le traitement
standard et préconisent pour les stades IIA,
sur les aires lombo-aortique et iliaque
homolatérale, une dose de 30 Gy et, pour
les stades IIB, une dose de 36 Gy (3). L’équipe
du Royal Marsden (4) a traité, entre mai 1996
et novembre 2011, 51 patients (dont 8 étaient
en rechute d’un stade I) avec un seul cycle
de carboplatine ASC 7 suivi, 3 à 6 semaines
plus tard, d’une radiothérapie exclusivement lombo-aortique, avec une réduction
de dose de 35 à 30 Gy (en 15 fractions)
chez 39 patients. Il n’a été constaté aucune
rechute (IC95 : 93-100) avec un suivi médian
de 55 mois (8-151 mois), 74 % des patients
ayant été suivis au-delà de 2 ans. Il n’a été
constaté aucune toxicité de grade 4.
Commentaire. Même si la chimiothérapie permet
de guérir pratiquement 100 % des cas de stade II
avec 4 cycles d’EP ou 3 cycles de BEP, une réflexion
sur la désescalade thérapeutique est en cours
pour essayer de diminuer les risques de complications à distance (second cancer, complications
cardiovasculaires tardives, etc.). En France, cette
chimiothérapie est habituellement réservée aux
tumeurs volumineuses de stade IIC (> 5 cm) [5].
L’objectif du schéma thérapeutique développé au
Royal Marsden a été de contourner les faiblesses
de la radiothérapie, les rechutes survenant quasi
exclusivement hors des champs d’irradiation ;
l’hypothèse était de pouvoir éradiquer avec un
seul cycle de carboplatine les micrométastases
occultes situées hors champ. Le but semble
atteint… Ce taux de contrôle de 100 % obtenu
par la prescription d’un cycle de carboplatine
néo-adjuvant a été salué par les groupes suisse
(SAKK) et allemand (German Testicular Cancer
Study Group), qui mènent également une étude
prospective évaluant un cycle de carboplatine
ASC7 (6). En France, l’essai GETUG T04 mené par
Y. Loriot et al. à l’institut Gustave-Roussy aborde le
problème autrement, en évitant la radiothérapie,
avec également une désescalade de la chimiothérapie. Après 2 EP, les patients n’ayant plus
d’hyperfixation au PET scan seraient traités par
un cycle de carboplatine.
P. Beuzeboc, Paris
Tableau. Radiothérapie pour les séminomes de stade II (d’après [4]).
Auteur
Cohorte
Nombre
de patients
Stade
Rechute
(%)
Survie spécifique à 5 ans
(%)
Patterson (2001) 1970-1997
80
IIA
IIB
13
27
95
Zagars (2001)
1960-1999
44
IIA
IIB*
0
13
100
Classen (2003)
1991-1994
87
IIA
IIB
5
15
100
Chung (2004)
1981-1999
95
IIA
IIB
IIC
8
10
55
95
Detti (2009)
1965-2005
83
IIA*
10
99
Domont (2011)
1980-2001
33
IIA
IIB*
IIC*
0
29
75
94
* Beaucoup ont eu des champs sus-diaphragmatiques.
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - no 4 - octobre-novembre-décembre 2013
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Revue de presse
1. Chung PW, Gospodarowicz MK, Panzarella T et al. Stage II
testicular seminoma: patterns of recurrence and outcome
of treatment. Eur Urol 2004;45(6):754-9.
2. Classen J, Schmidberger H, Meisner C et al. Radiotherapy for
stages IIA/B testicular seminoma: final report of a prospective
multicenter clinical trial. J Clin Oncol 2003;21(6):1101-6.
3. Albers P, Albrecht W, Algaba F et al.; European Association
of Urology. [EAU guidelines on testicular cancer: 2011 update.
European Association of Urology]. Actas Urol Esp 2011;
36(3):127-45.
4. Horwich A, Dearnaley DP, Sohaib A, Pennert K, Huddart RA.
Neoadjuvant carboplatin before radiotherapy in stage IIA
and IIB seminoma. Ann Oncol 2013;24(8):2104-7.
5. Domont J, Massard C, Patrikidou A et al. A risk-adapted
strategy of radiotherapy or cisplatin-based chemotherapy in
stage II seminoma. Urol Oncol 2013;31(5):697-705.
6. Papachristofilou A, Cathomas R, Bedke J, Souchon R,
Kolb C, Gillessen S. Optimizing treatment of seminoma
stage IIA/B step by step. Ann Oncol 2013;24(9):2463.
Chimiothérapie adaptée au risque
dans le séminome métastatique
La majorité des séminomes testiculaires
est diagnostiquée au stade I. Vingt à 30 %
des séminomes testiculaires sont métastatiques, et seuls 5 % ont une dissémination
sus-diaphragmatique. Les stades IIA et IIB
(adénopathies rétropéritonéales < 5 cm)
peuvent être traités par radiothérapie ; les
autres sont du ressort de la chimiothérapie,
les tumeurs séminomateuses étant chimiocurables. Les rares séminomes médiastinaux
primitifs sont aussi habituellement traités par
chimiothérapie. Du fait de leur rareté, peu
d’essais ont concerné les formes évoluées de
séminomes. Cette étude GETUG S99, coordonnée par K. Fizazi, ayant inclus 132 patients
présentant un séminome pur métastatique,
traités entre 1999 et 2008, s’est intéressée à
2 cohortes :
✓ la première, de 108 tumeurs considérées comme de bon pronostic selon la
classification de l’International Germ Cell
Cancer Collaborative Group (IGCCCG) ou
du Medical Research Council, traitée par
4 cycles d’EP (cisplatine 20 mg/m2 et étoposide 100 mg/m2 5 jours tous les 21 jours) ;
✓ la deuxième, de 24 tumeurs de pronostic
intermédiaire (présence de métastases viscérales extrapulmonaires ou de métastases
sus-diaphragmatiques et LDH > 2 N), traitée
par 4 cycles de VIP (ifosfamide 1,2 g/m 2
J1-J5/21 jours avec cisplatine et étoposide
aux mêmes doses) sous couverture de G-CSF.
Avec une médiane de suivi de 4,5 ans, la
survie sans progression (SSP) à 3 ans a été de
Abonnez-vous
sur
93 % dans la première cohorte, de 87 % (IC95 :
85-97), et de 83 % (IC95 : 63-93) dans le groupe
intermédiaire (p = 0,03). Deux patients sont
décédés, dont 1 d’un choc septique. Les
survies globales dans les 2 groupes ont été
respectivement de 99 % (IC95 : 92-100) et 87 %
(IC95 : 67-95).
Commentaire. Le traitement optimal des
séminomes métastatiques est mal défini. Dans
les formes de bon pronostic, il est recommandé
soit 3 BEP soit 4 EP. Pour les formes de pronostic
intermédiaire, 4 BEP représentent le standard, le
VIP étant habituellement réservé au traitement
des rechutes. Un PET scan est indiqué en cas de
masses résiduelles (au moins celles supérieures
à 3 cm) au décours de la chimiothérapie, avant
de décider de leur exérèse.
P. Beuzeboc, Paris
• Fizazi K, Delva R, Caty A et al. A Risk-adapted Study of cisplatin and etoposide, with or without Ifosfamide, in patients
with metastatic seminoma: results of the GETUG S99 multicenter prospective study. Eur Urol 2013 [Epub ahead of print].
Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens
d’intérêts.
Au sommaire du prochain numéro
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Cancer du rein,
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